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Retraites : la vraie réforme, c’est la capitalisation pour tous
ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February - 04:30 · 5 minutes
La réforme présentée aux Français vise à « sauver » le système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier à l’horizon 2030.
Les chiffres de l’INSEE sont implacables … Le véritable problème de notre système de retraites n’est pas pour 2030 mais pour 2040. C’est à partir de 2040 que la population active française commencera à décroître régulièrement jusqu’à la fin du siècle… Maintenir le niveau actuel des pensions sera t’il possible à l’avenir dans ces conditions ?
La retraite par répartition est conçue pour une population active en augmentation ou stable
Quand la population active diminuera franchement, maintenir le niveau des pensions deviendra impossible sans une adaptation profonde de notre système car si les marges de manoeuvre pour une réforme paramétrique existent actuellement, elles ne seront en aucun cas suffisantes après 2040. Nos taux de cotisations pour la retraite sont déjà parmi les plus élevés d’Europe avec 28 % de prélèvements sur le salaire brut ; ils ne pourront pas être augmentés au-delà… Reste le paramètre de l’âge de départ , mais le modifier substantiellement a un effet dévastateur sur la cohésion sociale et la paix civile.
Adapter notre système de retraite, ce n’est pas faire une réforme paramétrique dont tout le monde sait qu’elle ne suffira pas. C’est changer de logiciel !
Changer de logiciel, c’est instaurer une petite dose de capitalisation pour tous comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens.
La capitalisation existe déjà en France depuis de nombreuses années. Les pharmaciens , les fonctionnaires et les employés de la banque de France se sont déjà dotés de leurs propres fonds de pensions.
L’exemple de la caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens est particulièrement inspirant car le nombre de pharmaciens en activité à commencé à décroître à partir des années 2000. Avec 0,9 actif pour un pharmacien retraité, l’équilibre financier de la caisse de retraites des pharmaciens n’aurait pas pu être assuré sans les rendements de la capitalisation. Leur pilier de capitalisation leur a permis d’ économiser un milliard d’euros de cotisations sur les 4,7 milliards distribués au cours des 30 dernières années. Il leur a permis de maintenir le niveau des pensions tout en leur offrant une grande souplesse d’ajustement de l’âge de départ à la retraite.
Actuellement, le Français retraité moyen gagne légèrement plus que ce que gagne le salarié moyen. Sans l’apport des rendements d’un pilier de capitalisation pour compenser la démographie négative des actifs, une baisse drastique du niveau de vie des retraités est probable après 2040.
Les représentants politiques et syndicaux présentent souvent la capitalisation comme une menace qui ferait peser un risque sur l’avenir des retraites. Ce discours est paradoxal car refuser la capitalisation, c’est assumer une baisse certaine du futur niveau des pensions de peur de prendre un risque mesuré sur les marchés financiers pour une partie des sommes collectées. C’est finalement préférer la certitude d’une perte à la possibilité d’un gain !
Au cours du siècle passé, les rendements des marchés financiers ont été de 6,7 % en termes réels (après inflation). Un pilier de capitalisation permet à chacun de profiter de ces rendements en limitant les risques car les fonds sont répartis sur de nombreux actifs diversifiés et sont gérés par des professionnels. L’effet collatéral bénéfique à l’économie nationale de la mise en place de la capitalisation réside dans le fait que ces fonds sont investis dans l’économie réelle et permettent de financer le développement de nos entreprises et donc de créer des emplois.
Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif
La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. Avec un taux de prélèvement sur le salaire brut de 28 % pour les cotisations retraites, la plupart des Français n’ont évidemment pas les revenus nécessaires pour épargner en prévision de leur retraite car les ressources qui auraient permis cette épargne sont utilisées pour financer la retraite des autres. Seuls les hauts revenus ont les moyens de constituer une épargne en actions afin de profiter des dividendes boursiers. C’est une véritable inégalité.
En introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites, ce qui permet de profiter des rendements de la capitalisation sans prendre de risques excessifs, une partie des cotisations retraites d’un salarié ira sur son compte personnel de capitalisation, ce qui lui permettra de toucher des dividendes. La généralisation de la capitalisation permet une véritable redistribution sociale d’un avantage qui est aujourd’hui réservé aux hauts revenus.
Il est assez incompréhensible qu’une partie de notre personnel politique fustige les superprofits des actionnaires arguant qu’il s’agit là d’une injustice vis-à-vis des travailleurs modestes tout en refusant absolument la capitalisation pour tous, qui permettrait justement à chacun de profiter de ces dividendes. La cohérence voudrait qu’ils imitent les prises de positions de Jean Jaurès, dont ils revendiquent généralement l’héritage. En 1909, en première page de L’Humanité , Jean Jaurès prenait position pour la retraite par capitalisation afin que les ouvriers puissent bénéficier des avantages des rendement financiers procurés par les actions.
La décrue du nombre de pharmaciens en activité par rapport aux retraités à partir des années 2000 préfigure ce qui arrivera au niveau du pays tout entier à partir de 2040. En mettant en place tout de suite un pilier de capitalisation pour tous les Français, il sera possible de maintenir le niveau actuel des pensions.
Cela demande de l’audace et le courage de faire une véritable réforme au lieu de se contenter d’ajustements paramétriques.