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      Derrière les tensions entre la Serbie et le Kosovo : l’OTAN et la Russie

      Alexandre Massaux · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 28 December, 2022 - 04:15 · 4 minutes

    L’ armée serbe vient d’être placée en alerte à la frontière du Kosovo, conséquence d’une longue dégradation des relations entre Belgrade et Pristina. Selon le gouvernement serbe, il s’agit de « protéger les Serbes au Kosovo ». Ce discours n’est pas sans rappeler celui de la Russie avant l’assaut de l’ Ukraine .

    Toutefois la situation dans les Balkans présente des particularismes qu’il ne faut pas ignorer, tout comme il ne faut pas ignorer le poids de l’OTAN et de la Russie derrière les acteurs locaux, qui laisse craindre un nouveau front indirect entre les deux adversaires ; même si l’intensité sera moins forte.

    Une situation locale différente de l’Ukraine

    Si la déclaration du gouvernement serbe peut faire penser à la rhétorique russe de protéger les populations russophones, la situation dans les Balkans révèle des tensions ethniques et religieuses bien plus présentes qu’en Ukraine. La Serbie de religion chrétienne orthodoxe (85 % de la population) fait face à un Kosovo de confession musulmane sunnite (95 % de la population en 2011). Ces religions continuent à avoir un impact majeur dans la vie des habitants locaux : un sondage de 2018 montrait que 83 % de la population kosovare et 70 % des Serbes se considèrent religieux (en comparaison, 39 % des Hongrois et des Autrichiens se considèrent comme religieux). De plus si les Serbes sont des Slaves, les Kosovars sont ethniquement des Albanais .

    Si l’Ukraine est elle aussi traversée par les questions de langue (russe et ukrainienne), voire religieuse (église orthodoxe de Russie contre celle d’Ukraine), la source des tensions est avant tout liée à des questions de nation. L’Ukraine est une frontière entre la Russie et l’Occident. Dans les Balkans ce sont les guerres religieuses et d’empire qui sont sources de tensions.

    Une attitude peu coopérative des deux côtés

    Le gouvernement du Kosovo cherche à blâmer Moscou pour cette hausse des tensions.

    La Russie chercherait selon eux à créer un nouveau front pour distraire de l’Ukraine. Néanmoins comme le fait remarquer le Dr James Carafano vice-directeur de l’Heritage Foundation (peu susceptible de russophile) : « Le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, s’est montré agressif même avec les alliés les plus fidèles du Kosovo. Il a même menacé les troupes de la KFOR (mission de l’OTAN au Kosovo). »

    Demokracia , un média kosovar, fait en effet part de tensions entre le commandant de la KFOR et le gouvernement du Kosovo.

    Le risque de l’activation du grand jeu politique entre l’OTAN et la Russie

    Même dans le cas où Moscou n’est pas à l’origine des tensions, il semble peu probable qu’elle reste en dehors du conflit. La Serbie est le pays d’Europe ayant l’opinion la plus positive de la Russie. Le think tank slovaque GLOBSEC avait avant 2022 sondé les opinions publiques des pays d’Europe centrale. La Serbie se démarquait avec 74 % de la population qui considéraient la Russie comme une victime de l’Occident et 71 % qui considéraient que l’OTAN provoquait la Russie. Une position méfiante pouvant s’expliquer par l’intervention de l’OTAN en Serbie en 1999.

    En cas de nouveau conflit entre le Kosovo et la Serbie, nul doute que la Russie sautera sur l’occasion pour soutenir la Serbie. Inversement, si la KFOR cherche actuellement à éviter le conflit et l’escalade, en cas d’attaque de la Serbie contre le Kosovo, elle risque d’entrer en conflit contre l’OTAN. D’autant plus que l’indépendance du Kosovo en 2008 a été surtout soutenue par les pays de l’OTAN et leurs alliés non occidentaux (même si certains pays européens ne la reconnaissent pas comme l’Espagne potentiellement à cause de la question de l’indépendance catalane). Et au contraire non reconnue par un certain nombre de pays à commencer par les BRICS (Brésil, Chine, Russie, Inde et Afrique du Sud).

    Et les Européens ?

    Comme le fait remarquer Dr James Carafano :

    «  Ni l’UE, ni l’Allemagne, ni l’Autriche, interlocuteurs traditionnels, n’ont exercé un leadership suffisant. La Croatie n’a pas été très active ces derniers temps. L’Albanie est distraite par des problèmes internes. La Hongrie et la Turquie ont été plus constructives (à mon avis). L’influence des États-Unis dans la région est toutefois significative. »

    La Hongrie comme la Turquie ont en effet tout intérêt à suivre de très près les évènements. Les Balkans furent des territoires des empires ottomans et hongrois et des minorités persistent. Ainsi, dans la province autonome de Voïvodine en Serbie, 20 % de la population est hongroise sous la période yougoslave et 300 000 personnes en 2008 . Compte tenu de l’importance donnée par Budapest aux minorités hongroises, la Hongrie risque d’être au cœur de l’actualité.

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      Guerre en Ukraine: une visite officielle russe en Serbie avortée

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 6 June, 2022 - 10:22 · 3 minutes

    Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ici photographié descendant d'avion en Turquie en 2016, n'a pas pu se rendre en Serbie ce lundi 6 juin, les pays voisins ayant fermé leur espace aérien. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ici photographié descendant d'avion en Turquie en 2016, n'a pas pu se rendre en Serbie ce lundi 6 juin, les pays voisins ayant fermé leur espace aérien.

    GUERRE EN UKRAINE - Interdit d’accès. En réponse à l’invasion de l’Ukraine , les pays européens situés autour de la Serbie ont fermé leur espace aérien à l’avion du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov , qui était attendu ce lundi 6 juin à Belgrade pour une visite officielle, a annoncé la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

    “Aujourd’hui (...), les pays entourant la Serbie, ont fermé le canal de communication, en refusant d’autoriser le survol de l’avion de Sergueï Lavrov, qui se rendait en Serbie”, a déclaré dimanche soir Maria Zakharova, citée par les agences de presse russes, à la chaîne de télévision italienne La7. “La délégation russe devait arriver à Belgrade pour des pourparlers. Mais les pays membres de l’UE et de l’Otan ont fermé leur espace aérien”, a-t-elle ajouté.

    De son côté, le président serbe Aleksandar Vučić a confirmé dans une publication Instagram avoir reçu des explications quant à l’absence de Sergueï Lavrov de la part de l’ambassadeur de Russie dans son pays.

    Selon le quotidien serbe Vecernje Novosti, il s’agit notamment des trois pays voisins de la Serbie: la Bulgarie, la Macédoine du Nord et le Monténégro.

    Les Russes “n’ont pas appris à se téléporter”

    La visite du ministre russe a ainsi été annulée, selon une source diplomatique russe citée par l’agence de presse Interfax. “La diplomatie russe n’a pas encore appris à se téléporter”, a expliqué cette source.

    Sergueï Lavrov doit s’exprimer sur le sujet lors d’une conférence de presse, annoncée d’urgence pour en milieu de journée ce lundi. Le Kremlin a d’ores et déjà dénoncé un ”acte hostile” de la part des différents pays ayant interdit leur survol.

    Pour sa part, le vice-président du Conseil de la Fédération, chambre haute du Parlement russe, Konstantin Kossatchev, a dénoncé lundi matin cette fermeture de l’espace aérien comme une démarche dirigée “contre la Russie en tant qu’État et la Serbie en tant qu’État”.

    “J’espère que la réaction sera commune et extrêmement sévère, non seulement sous forme de protestations diplomatiques, mais se traduira aussi par des actions pratiques, concrètes”, a écrit Konstantin Kossatchev sur sa chaîne Telegram, accusant l’Otan d’“ingérence directe” dans les relations entre la Russie et la Serbie.

    Une décision conforme aux sanctions prises contre la Russie

    Pour sa part, la diplomatie bulgare a défendu une décision “conforme au régime des sanctions de l’UE contre la Russie” en réponse à l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin.

    “Le ministère des Affaires étrangères de la République de Bulgarie (...) n’a pas donné l’autorisation diplomatique pour le survol du territoire bulgare pour les avions russes avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov” à bord, a indiqué la diplomatie bulgare dans un communiqué.

    La cheffe du gouvernement serbe Ana Brnabic a déclaré dimanche que la situation autour de cette visite était “exceptionnellement compliquée” en raison de l’impossibilité de survol de certains pays et que le président serbe Aleksandar Vucic travaillait lui-même à l’organisation de la visite.

    Sergueï Lavrov est visé depuis le 25 février, lendemain du début de l’offensive russe en Ukraine, par des sanctions de l’UE, tout comme le président russe Vladimir Poutine. Le chef de la diplomatie russe était censé rencontrer à Belgrade le président serbe, son homologue serbe Nikola Selakovic et le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe Porfirije.

    Fin février, Sergueï Lavrov, qui devait participer au Conseil des droits de l’Homme (CDH) de l’ONU et à la Conférence du Désarmement à Genève, a déjà dû annuler sa venue en Suisse en raison des sanctions lui interdisent le survol de l’Union européenne.

    À voir également sur le HuffPost : Total en Russie? On a interrogé les actionnaires sur l’invasion de l’Ukraine

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      Les mensonges qui nous ont conduit à la guerre.

      eyome · Saturday, 19 March, 2022 - 14:00