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      Le sale petit secret du « droit à la paresse »

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 04:30 · 2 minutes

    Les opposants au recul de l’âge de la retraite proposée par la réforme mal ficelée portée par le gouvernement Macron ne s’embarrassent pas vraiment de nuances. Après avoir joué sur la corde du misérabilisme (les pauvres meurent avant la retraite), le complotisme (c’est Blackrock qui veut la réforme), voilà le « droit à la paresse » qui refait surface dans la comm des écolos et des radicaux.

    Une jeune militante écolo l’a rappelé récemment, « on a le droit d’avoir envie de faire autre chose que travailler. »

    Avant elle, Sandrine Rousseau s’était illustrée en défendant le parasitisme social au nom du droit à la paresse : les allocations chômage ne sont pas un filet de sécurité mais un moyen pour les individus d’éviter de travailler.

    La paresse contre « l’exploitation capitaliste »

    Parler de « droit à la paresse » renvoie à l’essai du gendre de Karl Marx Paul Lafargue, qui dans un essai aux tonalités lyriques expliquait que les lendemains qui chantent passaient par la limitation du temps de travail pour la classe ouvrière :

    « Si, déracinant de son cœur le vice qui la domine et avilit sa nature, la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer les Droits de l’homme, qui ne sont que les droits de l’exploitation capitaliste, non pour réclamer le Droit au travail qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… »

    Sauf qu’au « droit à la paresse » des uns répond une obligation de financer l’improductivité par les autres. Le lyrisme pseudo-libertaire masque le devoir pour tous les secteurs productifs de la société de subventionner ceux qui ne « veulent pas travailler ». Le « modèle social » au nom de cette rhétorique parasitaire n’a plus la solidarité comme justification mais l’entretien de nouvelles classes d’oisifs politiquement sélectionnées à des fins clientélistes.

    Le socialisme des populistes de plateau télé n’abolit plus l’exploitation, il la déplace pour faire peser le fardeau sur les actifs, les contribuables et les générations futures via la dette.

    Ses défenseurs devraient méditer le propos de Lénine, inspiré par Saint Paul, qui visiblement ne partage pas le même avis que Lafargue : « celui qui ne travaille pas ne mangera pas ».

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      Covid, masques, immunité naturelle : 3 piliers du covidisme s’effritent

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 March, 2023 - 03:50 · 5 minutes

    Trois piliers de la réponse mondiale à la crise covid sont en train de s’effriter en quelques semaines, et pour dire le moins, les médias français se font très discrets sur la question.

    Le virus sort probablement d’un labo

    Il est probable que le virus soit sorti d’un laboratoire chinois à Wuhan, selon le Département américain de l’énergie. Le Wall Street Journal rapporte que dans un rapport récent, le Département s’est aligné sur les conclusions du FBI, qui lui aussi pointe dans ses conclusions les responsabilités chinoises dans un accident à l’origine de la pandémie.

    La communauté américaine du renseignement reste toutefois divisée sur la question et accorde à l’hypothèse une confiance modérée. Quatre autres agences, ainsi qu’un groupe national de renseignement, estiment toujours que la pandémie est probablement le résultat d’une transmission naturelle et deux autres sont indécises.

    Interrogé sur le dernier rapport sur CNN dimanche, Jake Sullivan, conseiller en matière de sécurité nationale, a reconnu que la communauté du renseignement américain a des opinions diverses sur les origines de la pandémie :

    « Certains éléments de la communauté du renseignement sont parvenus à des conclusions d’un côté, d’autres de l’autre, et un certain nombre ont déclaré qu’ils n’avaient tout simplement pas assez d’informations pour être sûrs […] Pour l’instant, aucune réponse définitive ne se dégage du monde du renseignement. »

    Le ton de la classe médiatique était beaucoup plus tranché en 2020 où toute opinion suggérant une origine autre que zoonotique du virus était étiquetée comme « complotiste ». La recherche scientifique à l’époque est alors victime de l’anti-trumpisme dominant : parce que le président honni des élites progressistes avait suggéré une idée aussi sulfureuse, il fallait immédiatement la labelliser comme folle, complotiste ou d’extrême droite et ostraciser ceux qui osaient penser en dehors du cadre de l’autoritarisme sanitaire.

    C’est seulement après un article séminal de l’ex journaliste scientifique du New York Times Nicholas Wade que la question s’est dépolitisée et qu’on a pu lire sous la plume de Matt Ridley ou Yves Bourdillon des articles explorant sérieusement cette piste, désormais clairement envisagée par les organes politiques officiels.

    Des masques obligatoires sans grande utilité

    Le mois dernier, une analyse portant sur l’efficacité des masques pour réduire la propagation des maladies respiratoires, dont le Covid-19, a été publiée par la très prestigieuse Cochrane Review , sous la direction de Tom Jefferson, un épidémiologiste d’Oxford.

    La conclusion est sans appel :

    « Le résultat signifie que quel que soit l’agent pathogène ou le symptôme présenté aucune étude de haute qualité ne prouve que les masques médicaux ou chirurgicaux font une différence dans la transmission, ce qui est le but du port ou non d’un masque ou de toute autre intervention comme le lavage des mains. » explique le Dr Jefferson au micro du Podcast Trust the Evidence animé par son collègue Carl Heneghan.

    Mais, dans ce cas et celui de toutes les études utilisées par la classe politique pourquoi les rendre obligatoires ?

    « Ils ont été convaincus par des études non randomisées, des études d’observation imparfaites. » répond encore une fois Tom Jefferson, cette fois-ci à la journaliste Maryanne Demasi .

    L’étude ne prouve pas qu’à titre individuel, porté correctement, le masque est sans efficacité. Seulement, le rendre obligatoire pour toute une population devient problématique. Encore une fois, les moindres réserves relatives au port du masque pendant toute la crise covid étaient dénoncées à l’unisson par les politiques, les médias et les hypocondriaques comme parias.

    Les politiciens et les scientifiques sont faillibles, comme tout le monde, mais les outils technocratiques pour répondre à la pandémie sont politiques, produits par des choix réfléchis : en l’occurrence, les gouvernants ont choisi de transformer le port du masque en dogme et d’excommunier toutes les voix dissidentes au nom du bien commun sanitaire. Résultat : non seulement ils avaient tort, mais le port du masque a eu des effets catastrophiques en matière de développement pour les enfants . Bravo les « élites cognitives » !

    Le retour en grâce de l’immunité naturelle

    La revue médicale The Lancet a publié ce mois-ci une analyse de 65 études qui conclut qu’une infection préalable par covid – c’est-à-dire l’immunité naturelle – est au moins aussi protectrice que deux doses de vaccin à ARNm.

    Il a donc fallu trois ans pour que les autorités politiques et sanitaires reconnaissent ce principe autrefois assez peu controversé de l’intérêt de l’immunité naturelle pour lutter contre une pandémie.

    Cependant, au moment de la crise covid, parler d’immunité naturelle vous classait naturellement dans le camp des opposants au confinement et en faveur de la déclaration de Great Barrington , par laquelle 10 500 scientifiques et plus de 29 000 médecins en appelait à une gestion de crise moins restrictive, donc « rassuriste » pour reprendre la dénomination des cuistres qui se sont alignés sur l’autoritarisme sanitaire.

    « Le clergé de la santé publique craignait que la reconnaissance de l’immunité naturelle n’encourage les gens à être contaminés ou ne les décourage de se faire vacciner. La première crainte n’était pas fondée, et la seconde n’était pas une raison pour nier la réalité scientifique. Les responsables de la santé publique aux États-Unis se sont néanmoins retranchés et ont refusé d’accorder des exemptions aux vaccins obligatoires pour les personnes présentant une immunité naturelle, comme l’ont fait de nombreux pays européens » observe Allysia Findley dans le Wall Street Journal .

    Nous serions tentés d’ajouter : et l’immunité naturelle, c’est gratuit, contrairement aux vaccins. N’est-ce pas Ursula ?

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      Corée du Sud : justice libérale et couple de même sexe

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 08:06 · 7 minutes

    Contrairement au juge français, le juge coréen a su reconnaître des droits au couple de même sexe. En effet, le 21 février 2023, la Haute Cour de Séoul a considéré discriminatoire le traitement différencié des couples homosexuels au regard de la sécurité sociale. L’affaire qui est portée devant la Cour suprême trouve son origine dans l’absence de reconnaissance de la qualité d’ayant droit du compagnon de même sexe.

    Si cette décision de la justice sud-coréenne semble timide, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une première en Asie où Taïwan demeure le seul pays à avoir reconnu le mariage pour tous.

    La perspective française

    Un devoir de rétrospection nous oblige de rappeler le chemin semé d’embuches qu’a été le processus de reconnaissance des droits pour les couples de même sexe en France. En effet, avant le Pacte civil de solidarité (Pacs), la justice s’est montrée réticente à octroyer des droits aux unions homosexuelles.

    Aussi bien la Cour de cassation, le Conseil d’État que le Conseil constitutionnel, ont statué de manière restrictive en ce qui concerne les droits sociaux et familiaux. Ainsi, dans une décision du 11 juin 1989, la chambre sociale de la Cour de cassation a refusé la qualité de concubin aux couples de même sexe. Plus tard, le 17 décembre 1997, la même Haut juridiction a statué que le partenaire survivant d’un couple homosexuel ne pouvait pas bénéficier du transfert du bail.

    De même, le Conseil d’État s’est opposé à l’agrément à l’adoption pour les personnes homosexuelles et il a fallu qu’en 2008 la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) condamne la France pour que cette situation cesse. Aussi, dans une question prioritaire de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel a considéré que le refus du mariage pour les couples de même sexe n’était pas discriminatoire et demeurait donc conforme à la Constitution.

    Les juges français se sont systématiquement opposés au droit de filiation pour les familles homoparentales : pas d’adoption simple de l’enfant du conjoint de même sexe, pas d’inscription dans les registres de l’état civil pour les enfants issus d’une gestation pour autrui (GPA), pas de congé parental pour la compagne pacsée d’une mère lesbienne… Les rares décisions favorables ont eu lieu uniquement lorsqu’il existait déjà un lien de filiation entre une personne homosexuelle et un enfant ou quand la première était détentrice de l’autorité parentale. Dans ce cas et au nom de l’intérêt de l’enfant, certains droits ont parfois été reconnus aux familles homoparentales.

    Face à une justice récalcitrante, c’est donc au niveau du législateur que la reconnaissance des droits a pris forme : le Pacs en 1999, le « mariage pour tous » en 2013, la « PMA pour toutes » en 2021 et la reconnaissance de l’inscription de l’enfant né à l’étranger d’une GPA, par la même loi « bioéthique », en 2021.

    Une tradition judiciaire libérale

    La décision de la justice sud-coréenne s’inscrit dans une longue tradition judiciaire de nature libérale. La CEDH, dans l’affaire Dudgeon c./Royaume Uni (1981), a été la première instance internationale à statuer que les lois criminalisant l’orientation sexuelle violent les droits humains, notamment le droit au respect de la vie privée. Son arrêt révolutionnaire a conduit à la dépénalisation de l’homosexualité au Royaume-Uni, en Irlande du Nord et en Europe dans son ensemble.

    Le fait que l’accomplissement d’actes homosexuels en privé puisse heurter, choquer ou inquiéter des personnes qui trouvent l’homosexualité immorale, ne saurait autoriser le recours à des sanctions pénales quand les partenaires sont des adultes consentants, selon les juges de Strasbourg. Il s’agit simplement de l’application du principe de « non-nuisance » qui trouve sa formulation classique dans l’essai On Liberty de John Stuart Mill (1859) pour défendre une sphère d’intimité de l’individu : « La seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres » .

    La jurisprudence de la CEDH fut suivie notamment par celle de la Cour constitutionnelle de la Colombie en 1996, celle de la Cour constitutionnelle sud-africaine en 1998 ( National Coalition for Gay and Lesbian Equality v. Ministry of Justice ), celle de la Cour suprême des États-Unis en 2003 (Lawrence v. Texas) ou encore celle des juges de la Cour suprême de Delhi en 2018.

    C’est sur la base du respect de la vie privée, la privacy en anglais, que les juges ont considéré que le libre épanouissement de la personnalité passe par le respect de l’orientation sexuelle des personnes. C’est également sur cette base que l’adultère, la contraception, l’IVG et la pornographie furent dépénalisés.

    L’autonomie de l’individu en relation

    En traitant de l’autonomie de l’individu isolé ( Right to be left alone ), cette conception de la privacy fut considérée rapidement comme trop restrictive et elle n’a cessé d’évoluer vers une approche plus relationnelle où le droit de chacun à rechercher dans ses relations avec autrui les conditions de son libre épanouissement semble aussi fondamentale. La vie de couple apparait ainsi comme l’une des premières manifestations d’une vision élargie de la vie privée conçue désormais également comme autonomie relationnelle.

    C’est sur cette base et en fonction du principe d’égalité devant la loi, que la Cour suprême des États-Unis s’est prononcée le 26 juin 2015 en faveur de la légalité du mariage gay sur l’ensemble du territoire ( Obergefell v. Hodges). Ce fut également grâce à une décision du Tribunal suprême de 2010 que le Mexique a reconnu progressivement le mariage gay. Le 28 avril 2016, la Cour constitutionnelle de la Colombie met fin à des années d’incertitude juridique vécues par les couples homosexuels et réaffirme leurs droits en confirmant la validité du mariage homosexuel au nom des principes de liberté et d’égalité.

    Sans aller jusqu’à reconnaître le droit au mariage, la CEDH considère que la relation stable qu’entretient un couple homosexuel relève de la notion de vie familiale, ainsi que de celle de vie privée, au même titre que celle d’un couple hétérosexuel. De la même manière, la Cour suprême du Brésil a reconnu l’union civile pour les couples homosexuels (2011) et deux ans plus tard le Conseil National de Justice a annoncé que les tribunaux qui célèbrent les mariages ne pourront pas refuser les unions entre personnes de même sexe.

    Après avoir octroyé des droits sociaux et patrimoniaux aux couples homosexuels, la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a considéré, au nom de la liberté de circulation, que le conjoint d’un ressortissant de l’Union européenne sera reconnu quel que soit le pays où le couple réside, et ce peu importe si celui-ci autorise le mariage ou l’union civile aux couples de même sexe. Dans la droite ligne de cet arrêt, les juges de la CJUE obligent également l’État à délivrer un document d’identité sur la base d’un acte de naissance européen pour un enfant issu d’une PMA dans un couple de femmes.

    La fonction de juger

    Depuis longtemps, la philosophie du droit analyse le rapport que le juge entretient avec les mentalités de la communauté au sein de laquelle il rend justice.

    La société sud-coréenne demeure très conservatrice et les églises protestantes sont très mobilisées contre les droits LGBTI. Une conception conservatrice de la fonction de juger obligerait le juge à devoir traduire l’opinion majoritaire. Une autre compréhension de sa fonction (libérale constitutionnelle) verrait dans le juge l’interprète autorisé des libertés fondamentales y compris contre les valeurs dominantes et ceci afin de permettre le droit de chaque individu à son épanouissement personnel. La primauté de l’individu sur le collectif constitue le soubassement philosophique du raisonnement juridique.

    Dans l’interprétation de la règle de droit, le juge sud-coréen a su prendre une décision en fonction des principes généraux du droit libéral comme le respect de la vie privée, l’autodétermination et la non-discrimination lui permettant ainsi d’articuler un système de protection de la « différence homosexuelle » sans passer par des politiques identitaires, en assurant de la sorte l’indifférence juridique à l’égard de l’orientation sexuelle des personnes et des couples.

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      Corée du Sud : justice libérale et couple de même sexe

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 04:10 · 7 minutes

    Contrairement au juge français, le juge coréen a su reconnaître des droits au couple de même sexe. En effet, le 21 février 2023, la Haute Cour de Séoul a considéré discriminatoire le traitement différencié des couples homosexuels au regard de la sécurité sociale. L’affaire qui est portée devant la Cour suprême trouve son origine dans l’absence de reconnaissance de la qualité d’ayant droit du compagnon de même sexe.

    Si cette décision de la justice sud-coréenne semble timide, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une première en Asie où Taïwan demeure le seul pays à avoir reconnu le mariage pour tous.

    La perspective française

    Un devoir de rétrospection nous oblige de rappeler le chemin semé d’embuches qu’a été le processus de reconnaissance des droits pour les couples de même sexe en France. En effet, avant le Pacte civil de solidarité (Pacs), la justice s’est montrée réticente à octroyer des droits aux unions homosexuelles.

    Aussi bien la Cour de cassation, le Conseil d’État que le Conseil constitutionnel, ont statué de manière restrictive en ce qui concerne les droits sociaux et familiaux. Ainsi, dans une décision du 11 juin 1989, la chambre sociale de la Cour de cassation a refusé la qualité de concubin aux couples de même sexe. Plus tard, le 17 décembre 1997, la même Haut juridiction a statué que le partenaire survivant d’un couple homosexuel ne pouvait pas bénéficier du transfert du bail.

    De même, le Conseil d’État s’est opposé à l’agrément à l’adoption pour les personnes homosexuelles et il a fallu qu’en 2008 la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) condamne la France pour que cette situation cesse. Aussi, dans une question prioritaire de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel a considéré que le refus du mariage pour les couples de même sexe n’était pas discriminatoire et demeurait donc conforme à la Constitution.

    Les juges français se sont systématiquement opposés au droit de filiation pour les familles homoparentales : pas d’adoption simple de l’enfant du conjoint de même sexe, pas d’inscription dans les registres de l’état civil pour les enfants issus d’une gestation pour autrui (GPA), pas de congé parental pour la compagne pacsée d’une mère lesbienne… Les rares décisions favorables ont eu lieu uniquement lorsqu’il existait déjà un lien de filiation entre une personne homosexuelle et un enfant ou quand la première était détentrice de l’autorité parentale. Dans ce cas et au nom de l’intérêt de l’enfant, certains droits ont parfois été reconnus aux familles homoparentales.

    Face à une justice récalcitrante, c’est donc au niveau du législateur que la reconnaissance des droits a pris forme : le Pacs en 1999, le « mariage pour tous » en 2013, la « PMA pour toutes » en 2021 et la reconnaissance de l’inscription de l’enfant né à l’étranger d’une GPA, par la même loi « bioéthique », en 2021.

    Une tradition judiciaire libérale

    La décision de la justice sud-coréenne s’inscrit dans une longue tradition judiciaire de nature libérale. La CEDH, dans l’affaire Dudgeon c./Royaume Uni (1981), a été la première instance internationale à statuer que les lois criminalisant l’orientation sexuelle violent les droits humains, notamment le droit au respect de la vie privée. Son arrêt révolutionnaire a conduit à la dépénalisation de l’homosexualité au Royaume-Uni, en Irlande du Nord et en Europe dans son ensemble.

    Le fait que l’accomplissement d’actes homosexuels en privé puisse heurter, choquer ou inquiéter des personnes qui trouvent l’homosexualité immorale, ne saurait autoriser le recours à des sanctions pénales quand les partenaires sont des adultes consentants, selon les juges de Strasbourg. Il s’agit simplement de l’application du principe de « non-nuisance » qui trouve sa formulation classique dans l’essai On Liberty de John Stuart Mill (1859) pour défendre une sphère d’intimité de l’individu : « La seule raison légitime que puisse avoir une communauté civilisée pour user de la force contre un de ses membres est de l’empêcher de nuire aux autres » .

    La jurisprudence de la CEDH fut suivie notamment par celle de la Cour constitutionnelle de la Colombie en 1996, celle de la Cour constitutionnelle sud-africaine en 1998 ( National Coalition for Gay and Lesbian Equality v. Ministry of Justice ), celle de la Cour suprême des États-Unis en 2003 (Lawrence v. Texas) ou encore celle des juges de la Cour suprême de Delhi en 2018.

    C’est sur la base du respect de la vie privée, la privacy en anglais, que les juges ont considéré que le libre épanouissement de la personnalité passe par le respect de l’orientation sexuelle des personnes. C’est également sur cette base que l’adultère, la contraception, l’IVG et la pornographie furent dépénalisés.

    L’autonomie de l’individu en relation

    En traitant de l’autonomie de l’individu isolé ( Right to be left alone ), cette conception de la privacy fut considérée rapidement comme trop restrictive et elle n’a cessé d’évoluer vers une approche plus relationnelle où le droit de chacun à rechercher dans ses relations avec autrui les conditions de son libre épanouissement semble aussi fondamentale. La vie de couple apparait ainsi comme l’une des premières manifestations d’une vision élargie de la vie privée conçue désormais également comme autonomie relationnelle.

    C’est sur cette base et en fonction du principe d’égalité devant la loi, que la Cour suprême des États-Unis s’est prononcée le 26 juin 2015 en faveur de la légalité du mariage gay sur l’ensemble du territoire ( Obergefell v. Hodges). Ce fut également grâce à une décision du Tribunal suprême de 2010 que le Mexique a reconnu progressivement le mariage gay. Le 28 avril 2016, la Cour constitutionnelle de la Colombie met fin à des années d’incertitude juridique vécues par les couples homosexuels et réaffirme leurs droits en confirmant la validité du mariage homosexuel au nom des principes de liberté et d’égalité.

    Sans aller jusqu’à reconnaître le droit au mariage, la CEDH considère que la relation stable qu’entretient un couple homosexuel relève de la notion de vie familiale, ainsi que de celle de vie privée, au même titre que celle d’un couple hétérosexuel. De la même manière, la Cour suprême du Brésil a reconnu l’union civile pour les couples homosexuels (2011) et deux ans plus tard le Conseil National de Justice a annoncé que les tribunaux qui célèbrent les mariages ne pourront pas refuser les unions entre personnes de même sexe.

    Après avoir octroyé des droits sociaux et patrimoniaux aux couples homosexuels, la Cour de justice de l’Union Européenne (CJUE) a considéré, au nom de la liberté de circulation, que le conjoint d’un ressortissant de l’Union européenne sera reconnu quel que soit le pays où le couple réside, et ce peu importe si celui-ci autorise le mariage ou l’union civile aux couples de même sexe. Dans la droite ligne de cet arrêt, les juges de la CJUE obligent également l’État à délivrer un document d’identité sur la base d’un acte de naissance européen pour un enfant issu d’une PMA dans un couple de femmes.

    La fonction de juger

    Depuis longtemps, la philosophie du droit analyse le rapport que le juge entretient avec les mentalités de la communauté au sein de laquelle il rend justice.

    La société sud-coréenne demeure très conservatrice et les églises protestantes sont très mobilisées contre les droits LGBTI. Une conception conservatrice de la fonction de juger obligerait le juge à devoir traduire l’opinion majoritaire. Une autre compréhension de sa fonction (libérale constitutionnelle) verrait dans le juge l’interprète autorisé des libertés fondamentales y compris contre les valeurs dominantes et ceci afin de permettre le droit de chaque individu à son épanouissement personnel. La primauté de l’individu sur le collectif constitue le soubassement philosophique du raisonnement juridique.

    Dans l’interprétation de la règle de droit, le juge sud-coréen a su prendre une décision en fonction des principes généraux du droit libéral comme le respect de la vie privée, l’autodétermination et la non-discrimination lui permettant ainsi d’articuler un système de protection de la « différence homosexuelle » sans passer par des politiques identitaires, en assurant de la sorte l’indifférence juridique à l’égard de l’orientation sexuelle des personnes et des couples.

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      La France en perdition : les 6 plaies

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 16 February, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    Elle avait pourtant tout pour réussir cette France qui a fait rêver le monde entier : une situation géographique privilégiée, une histoire fabuleuse, une inventivité reconnue. Mais elle a tout gâché à cause d’une dérive gauchiste qui en a fait un enfer pour les entrepreneurs, aussi bien fiscalement qu’administrativement.

    La devise Liberté Égalité Fraternité qui faisait notre fierté a été trop souvent galvaudée et le constat est amer.

    Déclassement politique

    Différents sondages confirment que les Français sont majoritairement de droite à environ 55 % alors que ceux qui tiennent les rênes du pays sont majoritairement à gauche.

    En premier lieu l’ Éducation nationale formate l’esprit de nos enfants biberonnés au gauchisme par des enseignants trop rarement neutres dans leurs cours. Elle en fait de bons petits soldat gauchistes qui à leur tour, pour ceux qui ont choisi de faire leur carrière dans l’éducation, vont tout naturellement retransmettre la même parole. D’ailleurs nombreux sont les gauchistes, les trotskistes, les lambertistes qui vont s’apercevoir sur le tard que l’Éducation nationale les a trompés… Mais entretemps le mal est fait.

    La justice est également hyperpolitisée. Comment avoir une justice neutre quand un syndicat de la magistrature affiche son mur des cons , ce qui amène obligatoirement une justice à deux vitesses selon que la personne inculpée se situe à gauche ou à droite de l’échiquier.

    La politique sévit également avec la nomination de « patrons » d’entreprises nationalisées, non pas sur leur compétence d’entrepreneur mais sur leurs « loyaux services » à la classe dirigeante.

    Enfin la « prolifération » de l’incompétence et de la vulgarité que l’on peut constater actuellement lors des débats de l’Assemblée nationale la transforme en cour de récréation de mauvais élèves mal éduqués.

    Déclassement administratif

    Certainement par manque de courage, le pouvoir politique est débordé par un pouvoir administratif qui prend de plus en plus d’ampleur, confirmé par la déclaration de l’un d’entre eux dont le contenu est approximativement : « On décide de faire comme bon nous semble, vous n’êtes là que pour la durée de votre mandat, nous jusqu’à la retraite ».

    C’est donc un dévoiement du rôle de l’administration qui de plus en plus prend des décisions dans son propre intérêt au détriment de celui des Français.

    Cela se confirme dans sa structure même de notre administration. En effet les moyens informatiques mis à sa disposition devaient permettre une baisse sensible du nombre de fonctionnaires. Or c’est l’inverse que l’on constate en passant d’environ 2,5 millions en 1980 à 5,6 millions aujourd’hui (7 millions en intégrant les assimilés).

    Sa puissance devient donc le nombre et pour cela elle est devenue championne de la création de textes aussi inutiles que prolifiques, mais qui justifie l’augmentation de ses effectifs, ceci même lorsqu’enfin certains gouvernants, conscients de ce dérapage, s’engagent à en réduire l’effectif d’un petit 120 000. Malheureusement le résultat est une augmentation de 180 000… Cherchez l’erreur !

    La réduction du temps de travail des Français, mais particulièrement des fonctionnaires est de 30 % moindre que les fonctionnaires allemands, soit un équivalent temps plein de deux millions d’employés. Le coût en devient astronomique, de l’ordre de 7000 milliards d’euros sur 40 ans !

    L’autre perversion de cette administration est la détestation non dissimulée des entrepreneurs français. Au lieu de leur simplifier la vie comme le font les autres pays industrialisés, elle leur met un maximum de bâtons dans les roues comme je le dénonce dans mon dernier livre Mon ennemie l’Urssaf .

    Déclassement éducatif

    Le classement PISA recule d’année en année, un nombre inadmissible d’élèves sortent du système sans aucun diplôme.

    Il faut y ajouter une prise de pouvoir des wokistes dans une majorité de grandes écoles encouragés par le récent nouveau ministre de l’Éducation Pap Ndiaye qui essaye de s’en défendre mais sans grande conviction.

    Le plus grave sont ces « surdiplômés « de Polytechnique à Science Po qui, après des années de bourrage de crâne se révoltent contre le capitalisme et le libéralisme jusqu’à s’opposer à l’implantation, au plus proche de leur école, des centres de recherche de Total et LVMH ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir du pays et de son économie.

    Déclassement social

    Avec un budget de la protection sociale tout confondu de 834 milliards d’euros (33,3 % du PIB) la France est le pays qui dépense le plus en Europe. Il y a encore une vingtaine d’années il était l’un des meilleurs du monde, actuellement il est à la dérive complète : déserts médicaux, gestion des hôpitaux

    On retrouve encore là les méfaits d’une suradministration dont les contraintes peuvent occuper jusqu’à 50 % du temps de travail du personnel de terrain.

    Les déficits colossaux n’empêchent pas les gouvernements successifs de distribuer des aides à tout-va, des réfugiés y compris irréguliers aux faux retraités : 1,8 million de cartes vitales seraient frauduleuses pour un détournement de 14 à 20 milliards d’euros selon le magistrat spécialiste des finances publiques Charles Prats . Pendant ce temps des milliers de Français meurent prématurément faute de soins à cause de délais trop longs et d’une médecine préventive quasiment inexistante.

    Les syndicats dits représentatifs devraient faire moins de politique et jouer un rôle plus positif dans la défense des salariés. En effet ils ne défendent plus que leur propre intérêt, veulent abattre les rares entreprises françaises qui font du profit. Ils sont relayés par des députés d’extrême gauche qui ne veulent plus de milliardaires en France, en omettant de préciser que ce sont eux qui paient les impôts qui font vivre le pays.

    Nous devrions tous dire merci à Bernard Arnault et Patrick Pouyanné au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues pour leurs futures implantations en France !

    Déclassement industriel

    Depuis l’an 2000, la part de l’industrie Française dans la PIB a été divisée par plus de deux. Elle est donc passée en dessous de 10 %. Sa descente aux enfers n’est pas terminée puisque de nombreuses entreprises du CAC40 réfléchissent, si ce n’est à quitter la France, au mieux à déplacer leurs plans d’expansion vers les États-Unis.

    Depuis les années 2000, malgré l’affirmation d’une « fusion entre égaux », la France a perdu tout pouvoir sur des ex fleurons français : Lafarge, Alsthom, Péchiney, Arcelor, Alcatel, chantiers de l’Atlantique, Technip, Norbert Dentressangle… etc.

    Les deux constructeurs automobiles français ont fortement réduit leur production sur le sol national. Elle est passée de 5,4 millions de voitures en 2000 à 2,270 millions en 2018 et seulement 1,35 million en 2021.

    La France est donc en perdition industrielle. La première conséquence est un déficit commercial gigantesque : 164 milliards d’euros en 2022 (doublé en une seule année) !

    L’écart se dégrade avec nos voisins allemands qui ont un excédent de 174 milliards d’euros, soit un delta de 338 milliards d’euros.

    Déclassement économique

    Jusqu’où ira la France dans le déficit budgétaire ? La prévision pour 2023 est de 3072 milliards d’euros, sans garantie du gouvernement bien sûr car tout est possible en cette période instable.

    Les causes sont connues :

    • dépense publique beaucoup trop élevée, soit 58 % du PIB,
    • gaspillages inacceptables,
    • charges sociales les plus élevées d’Europe,
    • contraintes administratives outrancières,
    • répartition des dépenses axées prioritairement sur le social,
    • promotion de la paresse,
    • manque flagrant de communication.

    Conclusion

    Si rien n’est fait dans un bref délai la France sombrera irrémédiablement. Le courage politique ne faisant pas partie des qualités de nos dirigeants, la question se pose : pourquoi ne pas faire appel en urgence au FMI afin qu’il compense cette tare française de l’immobilisme à tout prix !

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      L’écologie bureaucratique contre les élus

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 9 February, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    Qui aujourd’hui pour s’opposer au discours lénifiant des écolos ? Qui ne veut pas « sauver la planète » ? Qui souhaite davantage de pollution et transformer le pays en déchetterie ? Personne. Comme personne ne préfère la guerre à la paix, la maladie à la bonne santé ou la pauvreté à la richesse.

    Ce bel unanimisme éthique, qui unit curieusement la finance tendance ESG, les métropolitains tendance Hidalgo, les décroissantistes de tout poil, Joe Biden et les cathos réacs, est devenu un marqueur important pour faire partie du camp du Bien.

    Il a bien entendu son envers sinistre et monomaniaque : il justifie la chasse aux pollueurs réels ou supposés, la criminalisation des sceptiques et la mise au pas de l’ensemble de la société au nom du bien commun écologique « quoi qu’il en coûte », y compris son secteur industriel et plus généralement la prospérité économique.

    Ce qui ne pourrait être qu’un discours marginal au sein du débat public devient clairement dangereux quand il sert de langage de justification bureaucratique pour écraser les libertés locales en France comme dans le reste du monde.

    DREAL machin autoritaire et bureaucratique

    Dans un essai paru en 2022 intitulé La dictature bureaucratique , Frédéric Masquelier, juriste de formation mais également maire de Saint-Raphaël, nous propose un retour d’expérience intéressant sur la manière dont le ministère de l’Écologie, en particulier la DREAL, se comporte avec les corps intermédiaires et les élus, c’est-à-dire contre les libertés locales.

    La DREAL, ou direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement est un machin sous tutelle préfectorale comme notre État jacobin sait en produire. Elle est en quelque sorte le bras armé du ministère de la Transition écologique (et de la cohésion des territoires) en matière de « développement durable ».

    « Je n’ai jamais rencontré un élu local qui défende cette administration – qui a l’art de tout rendre complexe. » observe M. Masquelier. Au flou de son champ d’intervention s’ajoute un principe d’incertitude quant à la réalisation de ses objectifs et surtout une incapacité chronique à écouter le retour d’expérience des élus locaux.

    Face aux blocages administratifs, M. Masquelier prend l’exemple très concret de travaux de déplacements de berges d’un cours d’eau, le discours de la DREAL est rôdé :

    « Il est fermement répondu aux élus trop revendicatifs que cette situation serait de leur faute : la DREAL invoque le réchauffement climatique, la transition énergétique ou une urbanisation non maîtrisée pendant des décennies. »

    Fermez le ban.

    Masquer un problème ancien

    Le discours écologique prend ici une signification nouvelle pour cacher un problème ancien, inhérent à la bureaucratie. Le bavardage climatique et écolo masque son incapacité structurelle à récolter les informations nécessaires à un fonctionnement véritablement efficace vis-à-vis de ses administrés.

    Parce qu’elle ne reconnaît comme légitime que le type de savoir qu’elle a elle-même produit et identifié comme valide et « rationnel », elle est incapable d’intégrer l’expérience, les informations et les connaissances qui ne proviennent pas d’elle-même comme l’observait déjà Michel Crozier dans Le phénomène bureaucratique .

    La connaissance subjective acquise par les acteurs locaux, par l’expérience des hommes de terrain, les compétences tacites et informelles des acteurs n’existent pas aux yeux des bureaucrates et des planistes, qui limitent la « rationalité » de l’action publique (au sens de Weber) à ce que génèrent les administrations publiques elles-mêmes.

    Ajoutons que la position de monopole de la DREAL en matière de décision publique sur la question écolo offre en complément peu d’incitations pour son personnel de prendre en compte les avis et les retours d’expérience qui ne proviennent pas de sa propre hiérarchie.

    Parce que la nature vous veut du bien, et que l’administration publique en est l’exécutif direct, les élus, corps intermédiaires et démocraties locales doivent s’aligner ou disparaître. Le planisme écologique ne veut pas une tête qui dépasse et surtout pas d’élu qui pense.

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      S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 28 January, 2023 - 03:30 · 2 minutes

    Une chronique de Cécile Philippe.
    Un article de l’ Institut économique Molinari .

    Jean_Jaurès,_1904 S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites ?

    Oui car le sujet de la retraite a été trop souvent traité sous un angle purement politicien, ce qui contribue à entretenir un statu quo intenable.

    Relire Jaurès nous montre qu’on peut être à gauche et défendre la capitalisation.

    Il suffit de se replonger dans L’Humanité de 1909. Jaurès y expose comment la capitalisation « en soi est parfaitement acceptable » et peut constituer « un gage plus certain, une base plus solide » pour l’assurance retraite. Pour le cofondateur du Parti socialiste français (1902) et de L’Humanité (1904), la capitalisation « peut même, bien maniée par un prolétariat organisé et clairvoyant, servir très substantiellement la classe ouvrière » .

    En effet, en rendant la classe ouvrière « à la fois capitaliste et salariée », elle lui permettrait de recevoir « tout le produit social qui résulte de la mise en œuvre de ce capital par le travail ouvrier ». En permettant au salarié de devenir épargnant, elle lui donnerait les moyens de préparer ses vieux jours tout en s’appropriant une partie du rendement du capital.

    D’où l’idée – qui n’est pas neuve – d’introduire une dose de capitalisation dans le système de retraites actuel… Reste à respecter j’imagine certaines conditions pour que ça marche…

    Il s’agit de faire du neuf avec de l’ancien et de cesser de matraquer l’épargne. Depuis plusieurs années les pouvoirs publics ont taxé les produits dédiés à la retraite. On se souvient tous du forfait social, prélèvement de 2 % instauré sous Fillon et porté à 20 % sous Ayrault.

    Ensuite, cessons de faire des différences. Il n’y a pas de raison d’attaquer les mécanismes d’épargne du privé, tandis qu’on oblige par ailleurs le public à capitaliser, avec l’ERAFP , un fonds de pension qui ne dit pas son nom.

    Mais donc le système par répartition n’est absolument pas pérenne tel qu’il existe aujourd’hui ?

    Non. Nous avons fait preuve d’une imprévoyance collective majeure. Tous les experts savent que les régimes de retraite par répartition constituent des bombes à retardement. Avec de moins en moins d’actifs et de plus en plus en plus de retraités, la répartition est condamnée à distribuer des retraites de plus en plus maigres. Les réformes initiées en France depuis la fin des années 1980 limitent l’essor des dépenses, avec à la clef des économies représentant aujourd’hui de l’ordre de 2 % du PIB. Pour autant elles ne permettent toujours pas d’équilibrer les comptes et de résorber la dette implicite liée aux retraites par répartition, estimée à 3,6 années de revenu.

    D’ici 50 ans, ces réformes devraient nous permettre d’économiser de l’ordre de 8 % du PIB par an, en contenant les dépenses de retraite à un niveau proche d’aujourd’hui. Cela se fera par une réduction massive des pensions. En bonne logique, il faudrait que cette baisse des retraites par répartition soit compensée par une épargne retraite. Il faudrait que les pouvoirs publics – de droite comme de gauche – incitent massivement les Français à épargner, ce qui est loin d’être le cas.


    Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’ Institut économique Molinari , diffusée sur les ondes de Radio classique le 17 juin 2014.

    Article publié initialement le 3 juillet 2014.

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      Retraites : cachez ce déficit que je ne saurais voir !

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Il fallait s’y attendre : à gauche, tous les moyens sont bons pour surfer sur l’impopularité de la réforme des retraites . Syndicalistes, politiciens et influenceurs se bousculent dans les médias pour proposer des alternatives plus ou moins loufoques en réponse à une initiative gouvernementale pourtant assez cosmétique.

    Tous ont en commun de passer sous le tapis le problème de déficit abyssal qui est au cœur de la crise de notre régime par répartition et d’imaginer que le matraquage fiscal peut constituer une solution juste, durable et économiquement viable.

    Les retraites des fonctionnaires subventionnées

    Comme l’a souligné Nicolas Marques dans une étude publiée par l’Institut Molinari en septembre 2022, le déficit des retraites, c’est 1,5 % du PIB depuis 2002. Depuis 20 ans, le Conseil d’Orientation des retraites (COR) sous-estime dans ses calculs son poids en passant sous silence les subventions qui permettent d’équilibrer les retraites des fonctionnaires.

    Celles-ci s’élèveraient à 33 milliards par an.

    « De 2002 à 2020, les pensions versées par l’État et les administrations centrales à leurs anciens personnels ont augmenté de 142 % en euros courants, ce qui représente une progression trois fois plus rapide que les autres dépenses (+44 %). Le budget retraite de l’État est passé de 27 milliards d’euros courants en 2002 à 65 milliards d’euros en 2020 (hors collectivité locales et sécurité sociale) », note Nicolas Marques.

    L’État a été particulièrement imprévoyant et n’a pas anticipé l’effondrement démographique qui est le moteur de notre système de retraites par répartition.

    Parmi les solutions préconisées par la gauche, sans surprise, le marteau-pilon de la fiscalité doit s’abattre sur les milliardaires, les plus riches, les entreprises ou encore un secteur privé, qui une fois de plus doit être mis à contribution pour l’imprévoyance de l’État.

    Encore et toujours faire payer les riches

    On retiendra particulièrement les propositions démagos d’Oxfam France , dirigée par Cécile Duflot, l’experte en toutologie à la neutralité idéologique bien connue.

    Il suffirait de taxer les milliardaires -voire de les abolir- à hauteur de 2 % pour financer le déficit des retraites, « prétendument hors de contrôle ». Peu importe si l’étude confond flux (dividendes et rémunérations) et stocks (actions), mélange un peu tout pour dévier l’attention portée à un régime malade sur la haine des riches.

    La solution existe pourtant

    « On a tout essayé » se désolait François Mitterrand pour justifier son incapacité à endiguer le chômage de masse. C’est le même lamento qui s’élève parmi les commentateurs de la presse grand public qui oublient systématiquement les solutions qui s’écartent des dogmes conservateurs du socialisme et de la social-démocratie.

    Pourtant, dès 2019, Contrepoints en collaboration avec l’Institut Molinari proposait des solutions réalistes pour sortir de l’impasse, notamment l’introduction d’un volet capitalisation à notre système actuel.

    On pouvait lire dans ce rapport essentiel pour comprendre les enjeux actuels :

    « La complémentarité d’un niveau de répartition et d’un niveau de capitalisation s’impose dès lors au regard d’un principe bien connu des gérants d’actifs : la diversification. Le « tout répartition » conduit à une forte dépendance à une variable exogène : la croissance économique, et à son corollaire, la masse salariale. Le « tout capitalisation » expose à des fluctuations de la valeur des actifs, liées à la volatilité des marchés financiers. Le mix des deux permet d’actionner des leviers différents selon les phases de cycle, et assure une meilleure stabilité du système global, et sans doute également sa pérennité. »

    Une nouvelle étude publiée en janvier 2023 par l’Institut Sapiens rebondit sur les réflexions de l’Institut Molinari : introduire la capitalisation permettrait de compenser la baisse des pensions de manière indolore pour les contributeurs actuels :

    « La pension moyenne ainsi offerte en surplus à chaque retraité pourrait être de 1310 euros par an en 2042, soit l’équivalent d’un treizième mois par bénéficiaire (venant s’ajouter à la pension minimale prévue par le gouvernement) sans demander un effort supplémentaire aux entreprises, aux cotisants ou aux finances publiques. »

    La classe politique est-elle prête à changer le logiciel socialiste pour le logiciel libéral pour éviter la catastrophe de la non réforme des retraites ?

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      Intérêt et limites de la retraite par capitalisation

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 03:30 · 7 minutes

    Le débat sur la réforme des retraites bat son plein. Les partis de droite et de gauche avancent des arguments contradictoires. Les libéraux , qui ne sont pas spécifiquement représentés au Parlement, estiment qu’il faut quitter le système par répartition pour aller vers la capitalisation.

    Est-ce une piste sérieuse pour régler le problème des retraites ?

    Les arguments libéraux pour la capitalisation

    Les libéraux préfèrent la capitalisation pour des raisons de principe qui sont bonnes et des raisons techniques qui le sont moins.

    Je rappelle qu’il s’agit en gros d’épargner toute sa vie active et de recueillir le fruit de cette épargne si possible augmenté de placements fructueux pour vivre pendant la retraite.

    Ces raisons de principe découlent de la primauté de la liberté : on épargne ce que l’on veut, on le place comme on veut et on prend sa retraite quand on veut.

    En deuxième rang vient la responsabilité : si la retraite est insuffisante on ne peut s’en prendre qu’à soi-même et on n’a pas à revendiquer que l’État vienne à notre secours.

    En troisième rang vient l’idée que ce système est d’une plus grande efficacité : un bon placement bénéficie à l’économie alors que distribuer immédiatement l’argent des cotisations aux retraités n’apporte rien.

    Ces arguments libéraux ont des limites

    Le premier argument, la primauté de la liberté, est un choix philosophique. S’il était seul, il rallierait la grande majorité.

    En sens inverse, la responsabilité effraie beaucoup de gens et il est probable qu’une majorité préférerait une retraite médiocre à une retraite risquée, même si en moyenne elle était meilleure, ce qui n’est pas le cas, comme nous le verrons plus loin.

    Et le risque est réel : c’est illustré par le cas des emprunts russes qui ont ruiné les épargnants français il y a un siècle et qui ruinent depuis quelques semaines beaucoup d’épargnants américains porteurs d’obligations qui chutent au fur et à mesure de la remontée des taux d’intérêt.

    Enfin le troisième argument, une meilleure efficacité, est discutable. En effet :

    • En répartition l’argent des cotisations est immédiatement distribué aux retraités. Il est en général rapidement dépensé par les intéressés ou leurs petits-enfants qu’ils soutiennent (un retraité moyen gagne plus qu’un jeune). Cet argent passe donc très vite dans une grande variété d’entreprises (les fournisseurs) qui l’affectent en partie à la consommation (salaires par exemple) et en partie à des investissements. Le choix de ces entreprises est fait par le marché.
    • En capitalisation, l’épargne va directement à des entreprises a priori plus importantes (une compagnie d’assurance plutôt qu’un boulanger) et est en général utilisée quelques temps après de la même façon. La seule différence est que l’arbitrage consommation/investissement est fait par une grande entreprise financière, ce que certains, dont moi, estiment un peu moins efficace que par le marché.

    Finalement, le circuit de l’argent est très semblable et il n’est pas évident qu’il soit plus efficace dans le cas de la capitalisation, contrairement à ce que je lis habituellement.

    Par ailleurs la préférence pour la capitalisation de la part des libéraux a une raison « culturelle » : les libéraux ont l’habitude des circuits financiers et de l’économie monétaire, par opposition au rationnement administratif et plus généralement aux décisions étatiques pesant sur les particuliers.

    Inversement, les tenants de la répartition se méfient de tout ce qui est entreprises financières, comme les fonds de pension et compagnies d’assurances, notamment par idéologie.

    Mais il faut oublier ces préjugés de sens opposés et se pencher sur le vrai problème.

    Quel est le vrai problème ?

    À mon avis, l’erreur du gouvernement et des oppositions, libéraux compris, est de considérer la retraite comme une question financière alors que c’est une question purement physique : l’offre sera-t-elle suffisante pour soigner, nourrir et servir l’ensemble de la population, retraités compris, aux standards actuels ?

    Car l’argent des pensions ne sert à rien s’il ne permet pas d’acheter suffisamment de biens et de services, sachant que leur production doit nourrir l’ensemble de la population , des enfants aux retraités.

    C’est facile à expliquer en répartition où les producteurs sont aussi en général les cotisants.

    C’est plus indirect en capitalisation où les intérêts, dividendes et ventes d’actions supposent des entreprises prospères alors qu’elles sont de plus en plus entravées par le manque de main-d’œuvre .

    Dit autrement, cet argent des pensions ne se transforme pas automatiquement en boulangers, infirmières, et autres prestataires. Car ceux qui fournissent cette offre de biens et de services, ce sont les actifs au travail.

    La vraie valeur des pensions dépend donc de leur travail en quantité et en efficacité.

    En efficacité ?

    La productivité a une évolution autonome qui dépend de qualité de l’enseignement, du progrès scientifique, technique et organisationnel, toutes questions certes très importantes mais indépendantes du choix du système de retraites.

    En quantité ?

    C’est le problème principal car en France et dans la plupart des pays du monde en dehors de l’Afrique subsaharienne, on constate que « les travailleurs » sont une proportion de plus en plus faible de la population totale.

    Cela est dû au cumul de deux raisons démographiques : la baisse de la fécondité qui diminue le nombre des adultes et l’augmentation de l’espérance de vie, très forte depuis des décennies, qui augmente le nombre de retraités.

    Tout ce qui augmente cette quantité de travail va donc dans le bon sens et c’est pour cela que l’on pense d’abord à augmenter l’âge de départ à la retraite, ce qui diminue le nombre de retraités et augmente le nombre de personnes susceptibles de travailler. « Susceptibles de travailler », mais de fait futurs chômeurs, disent certains. L’expérience montre que cet argument est inexact : augmenter l’âge du départ a un effet prouvé sur le maintien en activité professionnelle .

    Il y a d’autres moyens d’augmenter cette quantité de travail :

    Une immigration massive

    Mais les gouvernants n’en parlent pas car cela effraie l’opinion même si les pays ayant une situation pire que la France sont maintenant obligés d’y recourir alors que leurs dirigeants s’y opposent officiellement : c’est le cas de l’Europe méridionale et orientale que les pays en question fassent ou non partie de l’Union européenne. D’autres y sont ouvertement favorables comme le Canada, ou moyennement, comme les États-Unis.

    Le travail après la retraite

    Qu’il soit bénévole ou non, le principal bénévolat est les soins que les enfants (souvent sexagénaires) apportent à leurs parents. Nos gouvernants ont commencé à appuyer financièrement ces « aidants ».

    À ce stade, nous voyons que tous ces facteurs n’ont rien à voir avec les avantages ou inconvénients de la capitalisation.

    D’où mon affirmation que cette dernière dépend de la démographie de la même façon que la répartition, du moins globalement à l’échelle d’un pays, et non individuellement.

    Les libéraux devraient se borner à défendre la liberté

    En tant que libéral, je pense que si le libéralisme doit mettre l’accent sur le principe de liberté et non pas plonger dans des questions techniques dans lesquelles on peut parfaitement se tromper, comme ce fut le cas pour la question climatique pendant longtemps. Et en cas d’erreur, cela retombe sur le libéralisme .

    Les libéraux ne devraient donc pas se plonger dans les techniques de retraite mais se contenter d’insister sur le libre choix, comme la fixation par chacun de sa date de départ ou la liberté totale de cumul de la retraite et d’un emploi.

    Ou encore de jeter un œil neuf sur l’immigration , terme qui ne devrait pas exister car il mélange des producteurs (où en serions-nous sans les médecins, les nounous et les ouvriers du bâtiment nés à l’étranger ?) et des perturbateurs.

    En conclusion

    Il ne faut pas déduire de tout cela que je suis opposé à la retraite par capitalisation.

    Par exemple je trouve rationnel d’acheter sa résidence principale qui est un bien dont l’utilité est permanente et souvent plus solide qu’une action ou une obligation. Sans parler du fait que l’économie de loyer est déjà un début de pension.

    Je dis simplement que la capitalisation n’est pas un remède contre l’évolution démographique, du moins au niveau national. À titre individuel, il n’y a que des cas particuliers.

    Une démographie défavorable, ce qui est le cas de la plupart des pays développés, amènera probablement de nombreux retraités ayant choisi la capitalisation à constater qu’ils n’ont pas le montant de pension prévu à l’âge souhaité.

    Ils continueront donc à travailler et à épargner. À moins qu’ils ne se contentent d’une retraite plus faible…

    Bref la démographie s’imposera à tous !