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      Ces affaires de la Cour Suprême pourraient détruire internet

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 27 February, 2023 - 04:00 · 8 minutes

    Par .

    La Cour suprême vient d’entendre les arguments dans l’affaire Gonzalez contre Google . Selon les médias de tous les horizons idéologiques , elle déterminera l’avenir de la liberté d’expression sur Internet.

    Les gros titres n’ont pas tort : une décision contre Google pourrait anéantir la loi essentielle à la liberté d’expression qui offre aux sites web la protection dont ils ont besoin pour accueillir les propos des utilisateurs. Mais l’affaire Gonzalez n’est que l’une des quelques affaires de liberté d’expression en ligne auxquelles la Cour devra faire face cette année. La Cour pourrait bientôt accorder l’examen de deux procès intentés par mon employeur, NetChoice-NetChoice & CCIA v. Moody et NetChoice & CCIA v. Paxton – qui concernent les efforts déployés au niveau des États pour contrôler la parole en ligne. Ces affaires détermineront si 50 gouvernements d’États distincts peuvent chacun décider du contenu accessible en ligne à leurs résidents. Si un jugement anti-liberté d’expression dans l’une de ces trois affaires aura des conséquences destructrices, la somme de ces jugements pourrait être catastrophique pour la liberté d’expression en ligne.

    Un peu d’histoire

    Pour comprendre pourquoi, nous devons commencer par un peu d’histoire.

    De Ravelry et Roblox à Twitter et Truth Social, les divers forums d’expression et de commerce sur Internet aujourd’hui sont le résultat de deux mesures prises par l’État fédéral pour protéger la parole au milieu des années 1990.

    Premièrement, en 1996, le Congrès a adopté la loi sur la décence des communications, qui comprenait la section 230 . Celle-ci garantit que seuls les utilisateurs, et non les services en ligne qui les hébergent ou les autres utilisateurs, peuvent être tenus responsables du contenu qu’ils hébergent en ligne. Sans cette protection, les sites web, grands et petits, supprimeraient probablement les discours des utilisateurs protégés par la Constitution pour éviter d’éventuelles poursuites.

    Deuxièmement, en 1997, la Cour suprême a statué dans l’affaire Reno v. ACLU que le Premier amendement s’applique pleinement aux discours et aux médias en ligne. Reno a établi que l’État ne peut pas contraindre, censurer ou porter atteinte de quelque manière que ce soit au discours que le premier amendement protège, simplement parce que ce discours est prononcé sur l’internet. Cela inclut la discrétion éditoriale des services quant au contenu des utilisateurs à héberger et à la manière de le présenter. Jusqu’à récemment, les tribunaux et les législateurs respectaient le principe de Reno selon lequel il n’est pas logique de traiter le discours hors ligne différemment du discours en ligne.

    Aujourd’hui, le Premier amendement en question

    Aujourd’hui, Gonzalez demande si l’immunité de la section 230 contre les poursuites judiciaires concernant le discours d’autres utilisateurs s’applique lorsque les services en ligne personnalisent la présentation de ce discours aux autres utilisateurs.

    Les plaignants soutiennent que lorsque les plateformes suggèrent du contenu aux utilisateurs, comme dans la section « Up Next » de YouTube, ces suggestions vont au-delà de l’acte d’hébergement et échappent à la protection de la loi. Ainsi, alors qu’un service resterait immunisé pour le simple fait d’héberger du contenu selon la théorie des plaignants, il pourrait être responsable de la mise en avant de ce contenu.

    Or, la mise en évidence de certains contenus (et pas d’autres) est nécessaire pour tout service en raison de l’ énorme quantité de contenus générés par les utilisateurs aujourd’hui. Si les futurs plaignants pouvaient échapper à la section 230 en ciblant la façon dont les sites Web trient le contenu ou en essayant de tenir les utilisateurs responsables d’avoir aimé ou partagé des articles, l’Internet deviendrait un fouillis incompréhensible et un champ de mines pour les litiges. La plupart des juges ont semblé effrayés par une telle possibilité lors des plaidoiries de mardi. Leurs réactions sont prometteuses mais ne doivent pas inspirer une confiance totale.

    Les affaires NetChoice & CCIA contre Paxton et NetChoice & CCIA contre Moody détermineront si le Premier amendement continuera à s’appliquer à l’Internet. Les lois en cause dans ces affaires sont les efforts de deux États, le Texas et la Floride, pour contrôler le pouvoir discrétionnaire des services privés sur le contenu qu’ils hébergent, pouvoir discrétionnaire que la Cour suprême a considéré protégé par le Premier amendement il y a près de 50 ans. Bien que les lois en cause dans ces affaires diffèrent sur des points importants, elles posent toutes deux la question de savoir si l’État a le pouvoir de décider quel discours apparaît sur des services de médias sociaux populaires. (Comme je l’ai écrit précédemment, la réponse est non).

    Le Premier amendement et la section 230 sont des textes de loi distincts mais ils fonctionnent en tandem pour promouvoir d’importants objectifs politiques liés à la liberté d’expression. Les décisions de la Cour dans l’affaire Gonzalez et les affaires suivantes pourraient entraîner des conséquences impossibles et incompatibles. La liberté d’expression en ligne en sera le dommage collatéral. Il y a trois résultats à envisager.

    Premièrement, si la Cour se prononce contre Google dans l’affaire Gonzalez, les services pourraient être poursuivis pour avoir conservé tout contenu susceptible de choquer quelqu’un. Comme l’a expliqué la juge Elena Kagan lors des plaidoiries mardi, « chaque fois que vous avez du contenu, vous avez aussi ces choix de présentation et de hiérarchisation qui peuvent faire l’objet de poursuites. »

    Les services en ligne, petits et grands – mais surtout les petits – réagiront en supprimant les vues susceptibles d’offenser pour éviter la faillite induite par les litiges. Comme l’a mentionné la juge Amy Coney Barrett pendant les plaidoiries , une décision en faveur de Gonzalez signifierait également que les utilisateurs eux-mêmes pourraient être poursuivis pour avoir retweeté ou aimé les tweets d’autres utilisateurs. En bref, une décision en faveur de Gonzalez est une mauvaise nouvelle pour le libre discours en ligne.

    Deuxièmement, si la Cour décide contre Google et maintient les lois en cause dans les affaires NetChoice, les choses deviennent étranges. Les deux lois en question interdisent aux services en ligne de s’engager dans le type de suppression proactive du contenu que Gonzalez exigerait d’eux pour rester à flot. La loi du Texas interdit explicitement aux services en ligne de supprimer un contenu en fonction du « point de vue » qu’il exprime.

    Cela signifie que le matériel de cyberintimidation ou de recrutement de terroristes, qui est offensant en raison du point de vue qu’il exprime, est illégal à retirer. En effet, le Texas a spécifiquement rejeté un amendement à sa loi qui aurait permis aux plateformes de retirer légalement des contenus terroristes. De même, la loi de Floride oblige les services à héberger tout contenu posté par un « candidat politique enregistré », quel que soit son caractère délictueux. Si la Cour se prononce en faveur de Gonzalez et contre NetChoice, les services en ligne les plus populaires deviendront des cibles faciles pour des litiges coûteux concernant le contenu que l’État les oblige à héberger.

    La seule façon pour les services d’éviter ce sort en cas de décision défavorable à Google et à NetChoice serait d’interdire tout contenu sur des sujets susceptibles de susciter des points de vue controversés. Cela signifie pas de contenu sur les mouvements sociaux, la religion, les armes à feu, le covid, ou les conseils de beauté pour éviter les poursuites pour négligence ou responsabilité du fait des produits.

    Troisièmement, si la Cour se range du côté de Google dans l’affaire Gonzalez mais du côté de NetChoice dans les affaires NetChoice, la victoire du Premier amendement sonnera creux. En effet, l’Internet moderne est un réseau d’intermédiaires ; peu d’utilisateurs exploitent leurs propres serveurs ou sites web. Au lieu de cela, ils comptent sur les plateformes de médias sociaux pour héberger leur discours.

    Si l’article 230 ne garantit plus un rejet précoce et rapide par les tribunaux après l’arrêt Gonzalez, les services en ligne réagiront en supprimant le contenu qui pourrait vraisemblablement donner lieu à une action en responsabilité civile, limitant ainsi l’accès à la publication exclusivement aux auteurs non controversés et à faible risque. Moins de voix seront entendues en ligne – et ces voix refléteront et renforceront les privilèges majoritaires.

    À l’inverse, si la Cour publie un avis favorable à Google cet été, il sera tentant de crier victoire. Pourtant, des centaines de projets de loi fédéraux et étatiques continuent d’essayer de réduire les protections du Premier amendement sur Internet.

    La Cour suprême n’en a pas fini avec la liberté d’expression en ligne après l’affaire Gonzalez. Si elle ne confirme pas le Premier amendement dans les affaires NetChoice, les États se précipiteront pour contrôler les discours qui peuvent ou ne peuvent pas apparaître en ligne. Cela créera un « splinternet » national, où l’information disponible pour les utilisateurs – des services de toutes tailles et de toutes tendances idéologiques – sera divisée régionalement en fonction du contenu que les politiciens locaux préfèrent.

    Les enjeux pour l’avenir de la liberté d’expression ne pourraient être plus importants.

    Sur le web

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      Le retour des diasporas

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 03:30 · 3 minutes

    Par Nicolas Hague.

    La démographie mondiale est en train de se retourner. Partout sur la Terre le taux de fécondité  diminue jusqu’à passer sous la barre des 2,1 enfants par femme nécessaires au renouvellement des générations. En Europe la moyenne est de 1,53. La France résiste plutôt mieux que les autres pays européens avec 1,86 (en dessous du taux de renouvellement) alors que l’Allemagne est à 1,54. On estime ainsi que l’Allemagne devrait être moins peuplée que le France en 2045 . D’ici 2060, l’Allemagne devrait perdre 15 millions d’habitants et avoir une population de 66 millions d’habitants contre 80,5 millions actuellement.

    Mais ce phénomène n’est pas qu’européen.

    Le taux de fécondité est de 1,6 en Chine (1,87 aux États-Unis et 1,75 au Brésil. Même des pays ayant traditionnellement beaucoup d’enfants voient leur taux de fécondité baisser rapidement. Il est passé en 50 ans de 7,57 à 2,66 en Algérie, de 5,41 à 2,40 en Inde. Seule l’Afrique noire résiste mais même le Niger qui est le pays ayant le taux de fécondité le plus important au monde constate une baisse pour l’instant modeste (de 7,60 à 6,35 en 50 ans).

    Dans ces conditions, la population va devenir une ressource de plus en plus rare et précieuse pour de nombreux pays. Cette « ressource humaine » est d’ailleurs d’autant plus recherchée quand elle est jeune, diplômée, riche (ce qui peut compenser la jeunesse) et facilement intégrable dans le pays d’accueil. Cela va créer une concurrence exacerbée entre les États voire à des guerres.

    La guerre en Ukraine peut d’ailleurs être considérée comme l’une des premières « guerre démographique ». Malgré une politique nataliste, la Russie a un très faible taux de fécondité (1,61) et une population de seulement 143,4 millions d’habitants pour peupler le plus vaste pays du monde. En dehors de l’aspect géostratégique, une augmentation de sa population est la chose la plus précieuse que la Russie peut gagner dans cette guerre. En effet le pays ne manque pas de matières premières ni de terres cultivables mais plutôt de bras pour s’en occuper. En 2014, l’annexion de la Crimée lui a déjà fait gagner deux millions d’habitants et il y aurait actuellement presque trois millions de réfugiés ukrainiens en Russie , sans compter les populations des territoires nouvellement annexés. Cette population est par ailleurs particulièrement précieuse puisqu’elle se considère souvent elle-même déjà russe, avec la même langue, la même religion et la même culture.

    De son côté, la Hongrie a adopté une politique beaucoup plus pacifique. Suite au traité du Trianon de 1920 qui a redéfini les frontières, de nombreux Hongrois se sont retrouvés en dehors de leurs pays, ce qui représente environ deux millions de personnes dont plus de la moitié en Roumanie . La politique hongroise consiste à apporter des aides financières à ces pays avec pour objectif le maintien de la culture et de la langue hongroise. Elle permet à ces populations et à leurs descendants d’accéder à la citoyenneté hongroise. Cela permet à la Hongrie de disposer d’une réserve de population facilement assimilable sans recourir à une immigration allogène.

    Pour ce qui est de la France, il est pour l’instant exclu de procéder à un tri de l’immigration. Mais il est par contre possible que le phénomène inverse se produise. En France des communautés sont restées proches de leur pays d’origine et leurs descendants s’identifient encore à lui, comme par exemple 1,7 million de Marocains dans notre pays (6) et environ 2 millions d’Algériens. Si la situation économique de la France continuait à se dégrader alors que celle des pays d’origine s’améliorait on pourrait assister à une remigration massive, sachant par exemple que trois-quarts des Marocains résidant à l’étranger pensent revenir au Maroc un jour . Cette perspective serait vue d’un bon œil par certains politiques français mais matérialiserait et accentuerait un déclin économique puisque ce sont toujours les plus diplômés et les entrepreneurs qui partent en premier. Le phénomène a déjà été constaté avec la population juive de France qui est passée de 530 000 en 1970 à 449 000 aujourd’hui . La plupart ont été s’installer en Israël qui favorise cette immigration.

    Les prochaines années vont donc voir une concurrence accrue des pays du monde pour une main- d’œuvre de plus en plus rare. Les diasporas seront particulièrement ciblées car souvent bien éduquées et rapidement intégrables dans leur pays d’origine.

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      Les conséquences du vieillissement en Chine et en France

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 18 February, 2023 - 04:30 · 11 minutes

    Voici que la Chine , le pays le plus peuplé du monde s’inquiète de la baisse de sa population et de ses répercussions sur son économie et plus généralement de sa puissance.

    Sans être aussi dramatique, la situation française est néanmoins préoccupante.

    Vue d’ensemble sur la Chine et la France

    Pour la Chine, c’était pourtant prévisible depuis le lancement de la politique de l’enfant unique en 1979.

    Trente-deux ans plus tard les générations correspondantes sont rétrécies, notamment celle des jeunes actifs et chaque année c’est une génération de plus qui maigrit.

    C’était une évidence pour les démographes. Mais, pour reprendre Alfred Sauvy : « la démographie, c’est dire qu’un enfant de 9 ans en aura 10 l’année prochaine. C’est trop simple pour être intéressant, et donc ça n’intéresse personne ». J’ajouterai que quand cela intéresse les responsables, il est trop tard.

    En l’occurrence le président Xi ne semble en avoir pris vraiment conscience que lors du recensement publié en 2022, confirmé par la constatation que la population avait diminué cette année-là de 850 000 personnes.

    Quant à la France, c’est encore Alfred Sauvy qui s’en inquiétait dans les années 1930, reprenant le flambeau de lanceurs d’alarmes apparus à la fin du XIX e siècle lors des premières années où la population française a diminué. Ces derniers furent à l’origine de l’association « Alliance nationale population et avenir », créé en 1911 dont je suis administrateur et qui édite une revue et des articles à renommée internationale.

    Avant de donner plus de détails sur la Chine et la France, donnons quelques précisions sur des mécanismes en cours.

    Rappel des mécanismes démographiques

    Prenons un pays imaginaire où, depuis un siècle, le nombre d’enfants par femme est stable à 2,1 et où les générations se remplacent donc parfaitement. Supposons également que tous travaillent à 20 ans, prennent leur retraite à 60 et que l’espérance de vie soit constante. La population est stable et la composition pyramide des âges ne change pas.

    Maintenant, supposons que dans ce pays imaginaire, la fécondité tombe d’un seul coup de 2,1 à 1,2. Les vingt premières années, personne n’y prêtera attention car ce ne sera pas bloquant : la baisse de la natalité signifiera moins d’enfants donc une population scolaire en baisse et avec elle une baisse du nombre d’enseignants. Si l’on considère que le budget du pays est par ailleurs équilibré, les économies engendrées permettront un allègement de la rigueur budgétaire et de répondre à certaines revendications pour la satisfaction de tous. Donc personne ne voit le danger. Je l’ai personnellement constaté dans une réunion de démographes à Bruxelles où l’on disait : « les économies sur les enfants permettront de financer des retraites », ce qui est une absurdité à long terme.

    Durant les 40 années qui suivent la baisse de la fécondité dans notre pays imaginaire, le nombre de personnes en âge de travailler diminuera et la population active avec lui. Si la productivité est stable, cette baisse engendrera une diminution de la production et une baisse des cotisations de retraite. Plus important, certains produits et services n’étant plus produits en quantité suffisante , les retraités seront obligés d’y renoncer.

    Pour corriger la situation, le gouvernement de notre pays imaginaire pourra être tenté de relancer la production en distribuant de l’argent aux particuliers. Mais cela ne fera que générer de l’inflation. La pénurie de main-d’œuvre se faisant de plus en plus sentir au fil des ans, dans tous les domaines, 60 ans après le début de la baisse de la natalité, le pays se retrouverait dans une situation critique dont il pourrait ne pas se relever.

    Sauf immigration massive bien sûr, mais on aborde alors d’autres sujets. Bornons-nous seulement à dire qu’une population ayant peu de jeunes adultes et beaucoup de vieux, dont une partie sont dépendants, aurait du mal à encadrer et assimiler une population immigrée.

    Le vieillissement des comportements

    En plus de cet impact économique déjà dramatique, y a-t-il d’autres conséquences pour un pays du vieillissement de sa population ?

    Certains évoquent un problème psychologique : « Les États refusent toujours de voir leur population diminuer », souligne l’économiste Hippolyte d’Albis, économiste et directeur de recherches au CNRS cité par La Croix . « Quelque part, dans la psychologie collective, cela renvoie à un constat d’échec ».

    De leur côté, les recherches américaines en psychologie génétique montrent que la capacité créatrice des individus tend d’abord à croître avec l’âge, et passé un certain seuil, à décliner. Empiriquement, nous pouvons constater que la jeunesse est plus encline à l’ouverture d’esprit, à de nouvelles expériences et à différents chemins de pensées que leurs aînés. Elle sera aussi plus encline à innover, à remettre en cause les systèmes existants et à casser les codes. C’est bien dans leurs jeunes années que Steve Jobs , Bill Gates , Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos ont imaginé les produits et services qui allaient leur permettre de bâtir leurs empires.

    Politiquement, le vieillissement pousse à la stabilité. Par exemple, en 2007, les électeurs âgés ont très majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy à l’opposé de la majorité des plus jeunes qui a choisi son adversaire socialiste censé être plus réformateur, voire révolutionnaire, fantasme bien français malgré les exemples catastrophiques donnés par l’histoire.

    Le contraste entre ces deux groupes d’âge se retrouve à toutes les élections présidentielles depuis 1965. Sur l’ensemble de la période, les seniors forment un groupe politiquement assez homogène, caractérisé par son conservatisme politique, ce qui n’est pas forcément un défaut à mon avis.

    Le pire me semble être la prise de pouvoir par les jeunes à une époque où ils sont nombreux, puis se cramponner ensuite au pouvoir avec le vieillissement de la population, faisant durer « la révolution » pendant des dizaines d’années, dans la dictature et la répression générale. Le cas extrême et celui de Cuba, mais l’URSS, l’Iran et bien d’autres en sont une bonne illustration. Les régimes vieillissent aussi !

    Plus de données sur vieillissement en France

    En France, entre 2006 et 2014, le nombre d’enfants par femme était environ de deux, donc proche du seuil de renouvellement des générations. Depuis, il a baissé et s’établissait à 1,8 en 2022. (Source Insee). Voici la conséquence sur le nombre d’actifs :

    Impact des hypothèses de fécondité sur l’évolution projetée de la population active.

    Source : Les conséquences macroéconomiques du vieillissement démographique

    Selon l’Insee, la population active devrait commencer à diminuer à partir de 2040 après avoir crû légèrement jusque-là, pour arriver à 29,2 millions en 2070. D’ici 2070, si la population totale augmentait légèrement, avec une augmentation du nombre de vieux compensant la diminution du nombre de jeunes.

    Il n’y aurait pas pour autant d’allégement à court terme.

    Si l’éducation nationale s’attend à perdre 500 000 élèves (sur 12 millions aujourd’hui) entre 2022 et 2027, son budget devrait néanmoins augmenter du fait des revalorisations salariales demandées et partiellement acceptées les salaires d’une partie des enseignants se rapprochant du SMIC !

    Une autre conséquence de la baisse de la natalité concerne le financement des retraites et l’équilibre des comptes sociaux. Selon l’Insee, le nombre d’actifs cotisants pour chaque retraité était de 2,6 en 1990, de 2,02 en 2004 et s’établit à 1,67 aujourd’hui, malgré les réformes qui ont freiné cette baisse. La réforme en débat aujourd’hui vise à retarder l’âge de départ : des cotisants en plus, des bénéficiaires en moins, soit quatre ans de gagnés si l’on passe de 60 de 64 ans (je passe sur les différentes atténuations projetées, qui diminueront ce « gain »).

    Personnellement, j’estime le problème mal posé : ce n’est pas une question de cotisations et de pensions, mais de maintien de la population active pour pouvoir alimenter l’ensemble des Français, retraités ou non, en biens et services, comme démontré dans l’article signalé plus haut.

    Le problème bien plus aigu dans le reste de l’Europe qu’en France, comme indiqué par le CERMF .

    Plus de données sur la situation chinoise

    La population chinoise a diminué de 850 000 personnes en 2022, du jamais vu depuis les grandes famines résultant de la folie révolutionnaire maoïste. Selon les projections les plus pessimistes, elle pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui.

    Source Ined : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/278/version.imprimable.chine.fr.pdf

    Cette baisse intervient malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances ces dernières années, qui a relevé la limite de un à trois enfants par famille .. Les raisons principales de la baisse semblent être le coût du logement et celui de l’éducation privée qu’il faut donner aux enfants en plus de l’éducation publique.

    En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021.

    « Le déclin et le vieillissement de la population auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100 », prévient Xiujian Peng , chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université du Victoria (Australie) citée par La Tribune .

    Selon les projections de son équipe, sans réforme du système de retraite, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100 – contre 4 % en 2020 et 14 % en France, chiffre élevé en Occident. De toute façon la production chinoise va baisser à productivité constante (voir plus bas la question de la productivité), et sera de plus en plus tournée vers la consommation des personnes âgées ce qui va peser directement sur la puissance économique du pays ; à très long terme sur sa puissance militaire aussi, mais en attendant, nous allons traverser une passe dangereuse d’autant qu’il faudra distraire la population des difficultés économiques.

    Avec un taux de fécondité aussi bas, le vieillissement est rapide : en 2010, les séniors ne représentaient que 8,9 % de la population, mais pourraient être 27,5 % de la population en 2050, d’après l’ONU. On n’ose pas faire de prévision pour 2100 !

    Sur un plan purement mathématique, on pourrait dire que les retournements de la politique sanitaire chinoise depuis que le président Xi a pris connaissance du recensement avaient un but caché. Tout se passe comme si avoir choisi des vaccins locaux moins efficaces que les vaccins occidentaux, puis un brusque déconfinement, avait comme objectif une forte mortalité des plus âgés afin d’alléger ce fardeau démographique !

    Quelles solutions ?

    On pense bien sûr tout d’abord à une politique nataliste et je renvoie pour cela à un débat récent qui expose notamment les mesures chinoises, après avoir bien sûr rappelé qu’aucun pays n’y est arrivé et que l’effet ne s’en ressent que progressivement de 20 à 60 ans après.

    L’immigration constitue une autre solution. C’est le choix fait par l’Allemagne qui s’apprête à adopter la politique d’immigration la plus accueillante d’Europe .

    Si en France, la question de l’immigration reste source de polémiques, notre pays accueille chaque année un flux régulier de populations immigrées, le plus souvent jeunes, qui viennent augmenter la population active du pays, donc les cotisations et surtout la production. Des chantiers aux banques en passant par l’hôpital, leur absence serait catastrophique.

    Pour la Chine, l’immigration n’est pas une solution car il faudrait des centaines de millions de personnes pour rétablir la pyramide des âges. Une telle réserve n’existe qu’en Afrique subsaharienne, et je ne vois pas le président Xi décidé de la déverser massivement en Chine !

    La productivité

    C’est mathématiquement une solution mais son augmentation ne se décrète pas. La Chine a d’énormes ambitions en la matière, mais elle va à mon avis subir au contraire une dégradation ou une moindre croissance de la sienne du fait de la « maoïsation » du régime.

    En France, la productivité augmente moins vite que dans le reste de l’Occident, notamment du fait de la dégradation de l’enseignement public.

    Enfin la productivité est en partie liée à la jeunesse de la population : revoir le passage sur ce sujet du débat déjà signalé.

    En conclusion

    À part quelques exceptions comme le général De Gaulle qui a brillamment redressé la France lors de son second règne de 69 à 79 ans, le tonus d’un pays est largement lié à sa jeunesse.

    On pourrait dire que la jeunesse dure jusqu’à 62 ans dans notre législation actuelle, et jusqu’à 64 ou 67 ans dans de nombreux pays européens. Mais le temps ne coule que dans un sens, et s’il manque des jeunes aujourd’hui, il manquera des adultes d’âge mûr demain, et on se trouvera avec une forte proportion de personnes âgées à soigner et servir, au détriment de l’ensemble de la population.

    Et à celui de la puissance économique et militaire, nécessaire non pas par orgueil national, mais du fait de la situation géopolitique !

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      Des grillons au repas : la dérive

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 17 February, 2023 - 03:40 · 2 minutes

    Et voilà que de nouveaux ingrédients sont autorisés dans la composition des pains : poudre d’ Acheta domesticus (grillons) partiellement dégraissés. Ce joli cadeau de nos instances européennes pour permettre une alimentation plus écocompatible n’est probablement pas vraiment adaptée à nos organismes qui bien qu’étant omnivores nous fera renouer avec les belles époques de famine où le peuple mangeait des racines et des rats…

    Plus grave ! Depuis plusieurs années les professionnels de la boulangerie se sont ingéniés à éliminer tous les numéros E autorisés et soumis à déclaration comme les propionates, acidifiants, conservateurs, émulsifiants qui faisaient tache sur les étiquettes.

    Pour obtenir des produits clean label les ingrédientistes ont élaboré une machine de guerre pour produire des pains à mie bien alvéolée et des croûtes bien dorées. Pour le goût ils inventent des poudres de perlimpinpin et faux levains qui colorent et aromatisent lesdit pains qui bientôt n’auront plus de pain que le nom…

    Le secret : les enzymes

    Pour qu’une pâte devienne pain on peut agir sur deux composantes de la farine : l’amidon et le gluten. Le premier qui est un sucre source de CO 2 qui agit sur le « gonflement » de la pâte et le deuxième qui devient la structure permettant de retenir la production gazeuse du premier. Un peu comme un ballon : l’enveloppe permet de retenir l’air insufflé.

    Les pains modernes ont donc soit ajouté du gluten au mélange en corrigeant par des émulsifiants (E471-E472 par exemple) soit corrigé l’activité enzymatique. Cette dernière est dépendante de la qualité du blé qui contient naturellement des enzymes (alpha, beta amylases par exemple) mais de qualité variable car dépendantes des sols, de la technique de culture, de la pluviosité, du climat etc. Donc nos petits chimistes bricoleurs ont cultivé des enzymes fongiques OGM à forte activité. De plus, ils ont également bricolé des enzymes bactériennes qui ont la particularité de résister à la chaleur et donc ne sont pas tuées pendant la cuisson du pain. Ces dernières vont donc se retrouver dans nos estomacs avec des conséquences encore non identifiées.

    Le monde du lait et des fromages notamment pasteurisés utilise cette technique des enzymes depuis bien longtemps et il n’est pas étonnant que nous n’ayons plus aucun fromage français dans le top ten mondial…

    De même les vignerons s’amusent également à bricoler des enzymes…

    Les allergies alimentaires ont de beaux jours devant elles…

    Le scandale dans toute cette affaire c’est que nos penseurs européens (et français) ne songent pas un instant à obliger les fabricants à déclarer les enzymes entrant dans la composition de leurs produits.

    Douce France, ta culture gastronomique avec tous ces produits de terroir et de tradition fout le camp et tant pis pour la santé !

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      La France en perdition : les 6 plaies

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 16 February, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    Elle avait pourtant tout pour réussir cette France qui a fait rêver le monde entier : une situation géographique privilégiée, une histoire fabuleuse, une inventivité reconnue. Mais elle a tout gâché à cause d’une dérive gauchiste qui en a fait un enfer pour les entrepreneurs, aussi bien fiscalement qu’administrativement.

    La devise Liberté Égalité Fraternité qui faisait notre fierté a été trop souvent galvaudée et le constat est amer.

    Déclassement politique

    Différents sondages confirment que les Français sont majoritairement de droite à environ 55 % alors que ceux qui tiennent les rênes du pays sont majoritairement à gauche.

    En premier lieu l’ Éducation nationale formate l’esprit de nos enfants biberonnés au gauchisme par des enseignants trop rarement neutres dans leurs cours. Elle en fait de bons petits soldat gauchistes qui à leur tour, pour ceux qui ont choisi de faire leur carrière dans l’éducation, vont tout naturellement retransmettre la même parole. D’ailleurs nombreux sont les gauchistes, les trotskistes, les lambertistes qui vont s’apercevoir sur le tard que l’Éducation nationale les a trompés… Mais entretemps le mal est fait.

    La justice est également hyperpolitisée. Comment avoir une justice neutre quand un syndicat de la magistrature affiche son mur des cons , ce qui amène obligatoirement une justice à deux vitesses selon que la personne inculpée se situe à gauche ou à droite de l’échiquier.

    La politique sévit également avec la nomination de « patrons » d’entreprises nationalisées, non pas sur leur compétence d’entrepreneur mais sur leurs « loyaux services » à la classe dirigeante.

    Enfin la « prolifération » de l’incompétence et de la vulgarité que l’on peut constater actuellement lors des débats de l’Assemblée nationale la transforme en cour de récréation de mauvais élèves mal éduqués.

    Déclassement administratif

    Certainement par manque de courage, le pouvoir politique est débordé par un pouvoir administratif qui prend de plus en plus d’ampleur, confirmé par la déclaration de l’un d’entre eux dont le contenu est approximativement : « On décide de faire comme bon nous semble, vous n’êtes là que pour la durée de votre mandat, nous jusqu’à la retraite ».

    C’est donc un dévoiement du rôle de l’administration qui de plus en plus prend des décisions dans son propre intérêt au détriment de celui des Français.

    Cela se confirme dans sa structure même de notre administration. En effet les moyens informatiques mis à sa disposition devaient permettre une baisse sensible du nombre de fonctionnaires. Or c’est l’inverse que l’on constate en passant d’environ 2,5 millions en 1980 à 5,6 millions aujourd’hui (7 millions en intégrant les assimilés).

    Sa puissance devient donc le nombre et pour cela elle est devenue championne de la création de textes aussi inutiles que prolifiques, mais qui justifie l’augmentation de ses effectifs, ceci même lorsqu’enfin certains gouvernants, conscients de ce dérapage, s’engagent à en réduire l’effectif d’un petit 120 000. Malheureusement le résultat est une augmentation de 180 000… Cherchez l’erreur !

    La réduction du temps de travail des Français, mais particulièrement des fonctionnaires est de 30 % moindre que les fonctionnaires allemands, soit un équivalent temps plein de deux millions d’employés. Le coût en devient astronomique, de l’ordre de 7000 milliards d’euros sur 40 ans !

    L’autre perversion de cette administration est la détestation non dissimulée des entrepreneurs français. Au lieu de leur simplifier la vie comme le font les autres pays industrialisés, elle leur met un maximum de bâtons dans les roues comme je le dénonce dans mon dernier livre Mon ennemie l’Urssaf .

    Déclassement éducatif

    Le classement PISA recule d’année en année, un nombre inadmissible d’élèves sortent du système sans aucun diplôme.

    Il faut y ajouter une prise de pouvoir des wokistes dans une majorité de grandes écoles encouragés par le récent nouveau ministre de l’Éducation Pap Ndiaye qui essaye de s’en défendre mais sans grande conviction.

    Le plus grave sont ces « surdiplômés « de Polytechnique à Science Po qui, après des années de bourrage de crâne se révoltent contre le capitalisme et le libéralisme jusqu’à s’opposer à l’implantation, au plus proche de leur école, des centres de recherche de Total et LVMH ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir du pays et de son économie.

    Déclassement social

    Avec un budget de la protection sociale tout confondu de 834 milliards d’euros (33,3 % du PIB) la France est le pays qui dépense le plus en Europe. Il y a encore une vingtaine d’années il était l’un des meilleurs du monde, actuellement il est à la dérive complète : déserts médicaux, gestion des hôpitaux

    On retrouve encore là les méfaits d’une suradministration dont les contraintes peuvent occuper jusqu’à 50 % du temps de travail du personnel de terrain.

    Les déficits colossaux n’empêchent pas les gouvernements successifs de distribuer des aides à tout-va, des réfugiés y compris irréguliers aux faux retraités : 1,8 million de cartes vitales seraient frauduleuses pour un détournement de 14 à 20 milliards d’euros selon le magistrat spécialiste des finances publiques Charles Prats . Pendant ce temps des milliers de Français meurent prématurément faute de soins à cause de délais trop longs et d’une médecine préventive quasiment inexistante.

    Les syndicats dits représentatifs devraient faire moins de politique et jouer un rôle plus positif dans la défense des salariés. En effet ils ne défendent plus que leur propre intérêt, veulent abattre les rares entreprises françaises qui font du profit. Ils sont relayés par des députés d’extrême gauche qui ne veulent plus de milliardaires en France, en omettant de préciser que ce sont eux qui paient les impôts qui font vivre le pays.

    Nous devrions tous dire merci à Bernard Arnault et Patrick Pouyanné au lieu de leur mettre des bâtons dans les roues pour leurs futures implantations en France !

    Déclassement industriel

    Depuis l’an 2000, la part de l’industrie Française dans la PIB a été divisée par plus de deux. Elle est donc passée en dessous de 10 %. Sa descente aux enfers n’est pas terminée puisque de nombreuses entreprises du CAC40 réfléchissent, si ce n’est à quitter la France, au mieux à déplacer leurs plans d’expansion vers les États-Unis.

    Depuis les années 2000, malgré l’affirmation d’une « fusion entre égaux », la France a perdu tout pouvoir sur des ex fleurons français : Lafarge, Alsthom, Péchiney, Arcelor, Alcatel, chantiers de l’Atlantique, Technip, Norbert Dentressangle… etc.

    Les deux constructeurs automobiles français ont fortement réduit leur production sur le sol national. Elle est passée de 5,4 millions de voitures en 2000 à 2,270 millions en 2018 et seulement 1,35 million en 2021.

    La France est donc en perdition industrielle. La première conséquence est un déficit commercial gigantesque : 164 milliards d’euros en 2022 (doublé en une seule année) !

    L’écart se dégrade avec nos voisins allemands qui ont un excédent de 174 milliards d’euros, soit un delta de 338 milliards d’euros.

    Déclassement économique

    Jusqu’où ira la France dans le déficit budgétaire ? La prévision pour 2023 est de 3072 milliards d’euros, sans garantie du gouvernement bien sûr car tout est possible en cette période instable.

    Les causes sont connues :

    • dépense publique beaucoup trop élevée, soit 58 % du PIB,
    • gaspillages inacceptables,
    • charges sociales les plus élevées d’Europe,
    • contraintes administratives outrancières,
    • répartition des dépenses axées prioritairement sur le social,
    • promotion de la paresse,
    • manque flagrant de communication.

    Conclusion

    Si rien n’est fait dans un bref délai la France sombrera irrémédiablement. Le courage politique ne faisant pas partie des qualités de nos dirigeants, la question se pose : pourquoi ne pas faire appel en urgence au FMI afin qu’il compense cette tare française de l’immobilisme à tout prix !

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      Grillons un peu avec les insectes à manger

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 16 February, 2023 - 04:00 · 6 minutes

    Après deux ans d’études, l’Union européenne vient d’attribuer un monopole de 5 années à une entreprise vietnamienne (Cricket One) pour l’ exportation et la vente en Europe de la poudre de grillon domestique partiellement dégraissée à usage alimentaire .

    Ceci suit une première autorisation datant de 2015 pour le ver de farine ( tenebrio molitor ), la blatte ( blattodea ), (un insecte poubellivore), et le criquet migrateur ( locusta migrans ). Selon la FAO environ 1900 espèces d’insectes seraient éligibles à la consommation humaine ou animale et 11 sont en cours d’études.

    Ici apparaissent quelques incongruités :

    Depuis l’origine de l’agriculture l’Homme a toujours cherché à éliminer les nuisibles et en particulier écarter les insectes de ses cultures car ils causent des dégâts aux récoltes et les rendent impropres à la consommation. Quel étrange paradoxe que de les voir revenir dans nos assiettes.

    Ce sont évidemment les partis écologistes qui applaudissent. C’est pourtant parmi eux que se trouvent les plus acharnés, à savoir les vegans et antispécistes. Leur compassion ne va pas jusqu’aux insectes ?

    Ces gens veulent des circuits courts. Faire venir de la poudre de grillon du Vietnam ne leur pose pas de problème ?

    Depuis quelques temps une propagande bien orchestrée et des coups de sonde médiatiques nous parlent de consommer différemment, d’envisager les insectes, etc., au motif que cela se fait déjà chez certains peuples. Sans doute le pithécanthrope en a t-il consommé quand il n’avait pas le choix. Oui, dans certains pays peu développés, on en consomme. En Asie aussi mais on y mange bien des pangolins ! Et alors ? Faut-il les imiter ?

    Est-il bien utile de faire inscrire la baguette de pain au patrimoine immatériel de l’UNESCO pour ensuite introduire des grillons dans la farine ? Et la France qui se vante de sa gastronomie peut-elle accepter une telle dégradation de la qualité de la nourriture ?

    Plus curieusement encore l’UE se demande s’il faut étiqueter les aliments – alors que c’est une obligation pour des produits bien moins douteux – , et s’il faut prévenir d’un risque d’allergie. Très peu d’études ont été faites à ce sujet mais on se doute bien que le risque est réel pour ceux qui ne supportent déjà pas les crustacés ou les fruits à coque. Il semble finalement que ce sera étiqueté Acheta Domesticus . Mais cela ne nous aidera pas si nous en avons dans les cantines scolaires, les restaurants d’entreprise, voire dans des restaurants peu scrupuleux. Si en prime ces produits sont utilisés dans l’alimentation du bétail, comment le saurons-nous ?

    À quoi sert le principe de précaution ?

    Rappelons d’abord que nous ne sommes ni des oiseaux ni des grenouilles ou des lézards dont le système digestif est adapté à leur régime à base d’insectes. Pas le nôtre ni celui du bétail. Or la carapace des insectes est constituée de chitine que nous sommes incapables de digérer. On pourrait déchitiniser à coups de solvants organiques et libérer ainsi des polluants dans la nature.

    De plus, la chitine est cancérigène et souvent porteuse de parasites et de champignons qui ne vont guère améliorer la qualité nutritive des produits dans lesquels elle sera présente, mais au contraire présenter un risque non négligeable pour la santé.

    Pire encore, le grillon contient un taux important de cyanure, de l’ordre de 5 mg/kg, soit au-delà de la dose létale pour l’Homme. Bien entendu les quantités ingérées dans une farine seront faibles mais est-ce bien nécessaire ?

    Et cela n’exclut pas en prime la présence de traces de staphylocoques, de E.Coli et quelques autres toxines fort peu souhaitables.

    Des contrôles vétérinaires sont-ils prévus sur ces petites bestioles ? Saurons-nous les déparasiter avant de les réduire en poudre ? Qui va s’en assurer ?

    À croire que le scandale de la vache folle n’a pas suffi !

    Personnellement je me fiche que des hurluberlus mangent des insectes. Puisque les écologistes en demandent, qu’on les distribue dans les magasins bio , ils en feront ce qu’ils veulent du moment qu’ils ne nous les imposent pas. En revanche, le fait de les glisser insidieusement dans un nombre incalculable de préparations et même dans l’alimentation animale est à la fois répugnant et profondément malhonnête.

    Pourquoi nous imposer ça ?

    Il faut savoir qu’il existe depuis 2015 un certain nombre de startups bien vues des pouvoirs publics et des banquiers toujours prompts à se poser en parangons du green washing . Or ces entreprises qui n’hésitent pas à faire du lobbying auprès de l’UE n’arrivent pas à s’ouvrir un marché. Les amateurs semblent se faire plus rares qu’espéré. Alors ils ont trouvé ce moyen pour écouler leurs marchandises.

    Mais pourquoi ce monopole de 5 années sur le criquet domestique pour une entreprise vietnamienne ? Il se trouve que cette entreprise est particulièrement chouchoutée par les investisseurs. Il semble que les deux fondateurs vietnamiens ne soient que les hommes de paille d’un fonds d’investisseurs anonymes.

    Avant de donner la liste interminable des ingrédients dans lesquels nous pouvons trouver ces insectes, il convient aussi de se demander si le remplacement d’une partie des farines de céréales par des grillons en poudre est pertinent sur le plan nutritif. Il s’agit de protéines animales ; or les céréales ont une tout autre fonction dans notre organisme. Elles contiennent des glucides et sont utiles pour leur apport en énergie et sont essentielles à notre alimentation. Cela signifie donc que l’ajout de protéines pourra se substituer progressivement à celles que nous consommons avec la viande.

    En effet, pourquoi élever des insectes au lieu de laisser faire la nature et laisser les oiseaux et autres animaux insectivores se nourrir en paix ?

    Tout simplement parce que sous prétexte que l’élevage de bovins pollue et génère des gaz à effet de serre, les intervenants au Forum de Davos , dont les militants écologistes ne sont que les idiots utiles, veulent les remplacer par des élevages plus faciles qui ne coûtent rien. Business is business. Et puisque vous ne voulez pas en manger, elles seront imposées dans toutes les préparations industrielles.

    Il suffit de voir ce qui se passe aux Pays-Bas où le gouvernement veut drastiquement diminuer le cheptel bovin et exproprie des éleveurs. En France même, le cheptel est aussi en train de se réduire pour plusieurs raisons.

    Au bout du compte nous arriverons à une viande de grande qualité mais rare et hors de prix, réservée à l’élite autoproclamée. Il restera à ceux que Macron appelle « ceux qui ne sont rien », c’est-à-dire presque tout le monde, à ingurgiter des protéines d’insectes en lieu et place de steaks, sachant que pour avoir la valeur nutritive d’un steak, il faudra beaucoup de grillons cyanurés.

    Ensuite on s’étonnera de la chute de l’espérance de vie en Occident, mais finalement ça économisera des retraites !

    Liste des produits concernés :

    • pains, biscuits secs et gressins, barres de céréales, biscuits, confiseries et chocolats – Ça va être compliqué pour le goûter des enfants ;
    • plats surgelés et frais préparés ;
    • produits secs à base de pâtes ;
    • sauces ;
    • produits transformés à base de pommes de terre, de légumineuses et légumes, pizzas et produits à base de pâtes ;
    • lactosérum en poudre ;
    • substituts de viande ;
    • soupes ;
    • préparations à base de farine de maïs ;
    • fruits à coque et oléagineux ;
    • fritures ;
    • viande préparée ;
    • bière.

    Même si vous n’êtes pas accro aux produits industriels, il va quand même être difficile de passer à travers.

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      Retraites par répartition, une taxe « implicite » de 50 à 70 %

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 03:30 · 3 minutes

    Par Nicolas Marques .
    Un article de l’Institut économique Molinari

    Comment se comparent les rendements de la répartition et de la capitalisation ?

    Pour répondre à cette question, le concept de taxation « pure » ou « implicite » est utile. Il repose sur une comparaison entre le rendement de la répartition et celui de la capitalisation .

    À prestation égale, la capitalisation permet au futur retraité de cotiser moins qu’en répartition pure puisque les versements produiront des intérêts permettant de bonifier les retraites.

    Le différentiel entre les cotisations obligatoires en répartition et celles, moindres, qui auraient été nécessaires pour constituer une retraite identique en capitalisation constitue une « taxe pure » parfois qualifiée d’« implicite ».

    La taxe implicite des retraites par répartition

    Dans un article de 1997, Olivier Davanne et Thierry Pujol ont établi trois scénarios 1 . Dans le bas de la fourchette proposée, le « rendement implicite » de la répartition serait de 2 % et le rendement du capital de 4 %. Cela conduit les auteurs à considérer dans ce cas la moitié des cotisations versées en répartition comme une taxe « pure » ou « implicite ».

    Un individu capitalisant à 4 % pourrait se constituer une retraite du même montant avec des versements quasiment deux fois moindres. Dans le haut de la fourchette, avec un différentiel de rendement du capital de 4 points entre la répartition (2 %) et la capitalisation (6 %), la taxation pure suscitée par la répartition serait de l’ordre des 70 %.

    Retraites par répartition

    Dans une note de janvier 2020 intitulée « Quelle serait la situation des retraités s’ils avaient eu des fonds de pension depuis le début des années 1980 ? », l’équipe de recherche économique de Natixis a cherché à comparer les rendements de la capitalisation et de la répartition depuis 1982.

    Ses auteurs ont estimé le rendement moyen de la répartition à partir du taux de croissance moyen du PIB en volume sur la période (1,8 % par an). Ils l’ont comparé avec le rendement d’une capitalisation investie à parts égales entre actions (CAC40, dividendes réinvestis) et obligations.

    Retraites par répartition

    Les calculs de Natixis montrent qu’un euro de cotisation retraite investi en 1982 fournit en 2019 une richesse de retraite de 1,9 euro en répartition ou 21,9 euros en capitalisation, avec un fonds de pension investi à 50 % en actions et 50 % en obligations. Cela représente un différentiel de 1 à 11 en faveur de la capitalisation.

    L’importance de la capitalisation

    Cet écart ne permet pas d’en déduire qu’il eut été 11 fois plus intéressant de capitaliser.

    En effet, cet ordre de grandeur est représentatif d’un versement ponctuel, en début de carrière. Mais en pratique, la retraite se prépare au fil de l’eau, durant toute une carrière. Aussi, nous avons réitéré le calcul de Natixis dans le cadre de versements réguliers entre 1982 et 2019.

    Cela donne un différentiel de 1 à 5 ou 1 à 4 en faveur de la capitalisation, selon l’hypothèse de croissance des salaires utilisée pour réévaluer les versements annuels. Dans le milieu de fourchette, représentatif du salarié moyen 2 , la cotisation en capitalisation aurait été 4,6 fois plus efficace qu’une cotisation identique en répartition si l’on retient les taux de rendements employés par Natixis.

    Retraites par répartition

    Ce passage est extrait de l’étude « Pour une réforme des retraites qui réponde aux enjeux français : Compétitivité, emploi, innovation avec la capitalisation pour tous » (88 pages), réalisée par CroissancePlus et l’Institut économique Molinari, disponible ici ( lien ).

    Sur le web

    Un article publié initialement le 18 octobre 2021.

    1. Davanne, O. et Pujol, T. (1997). « Analyse économique de la retraite par répartition », Revue française d’économie , volume XII hiver, pages 40-41.
    2. Quelle que soit son année de naissance ou sa cohorte d’appartenance, de la plus jeune à la plus ancienne, un salarié peut en moyenne espérer multiplier son salaire par 1,7 au cours de sa vie professionnelle, ce qui équivaut à un taux de croissance moyen du salaire de 1,27 % par an sur 42 ans. France Stratégie (2018), Les salaires augmentent-ils vraiment avec l’âge ? Note d’analyse, novembre 2018, pages 4 consultable avec ce lien
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      Les retraites et la fécondité en débats à l’IRDEME-EPLF

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 11 February, 2023 - 04:00 · 15 minutes

    Le 1 er février 2023, j’étais invité par l’Institut de recherche pour la démographie des entreprises ( IRDEME ), et l’association Entrepreneurs pour la France (EPLF), à lancer leur débat sur les retraites et les moyens de relance de la natalité : un sujet ô combien d’actualité !

    Ce fut également l’occasion d’annoncer la publication du dernier livre de Bernard Zimmern, fondateur de l’IRDEME 1 , combattant les thèses de Piketty sur les inégalités.

    Mais revenons au débat, que j’ai ouvert par l’affirmation suivante : « Le débat sur les retraites est mal posé. »

    Le problème des retraites n’est pas financier, mais démographique

    L’opposition à l’augmentation de l’âge de départ de 62 à 64 ans a suscité toutes sortes de considérations financières : déficit ou non du système actuel, taxation des riches ou plus rarement augmentation des cotisations ou diminution des pensions ou bien encore passage partiel ou total à la capitalisation.

    À mon avis, ces questions n’ont rien à voir avec le problème posé car le pouvoir d’achat des retraites n’est pas une question d’argent mais une question démographique, à législation inchangée.

    En effet, ce qui compte pour un retraité, ce n’est pas d’avoir 1000 ou 2000 euros mensuels de pension mais ce qu’il peut acheter avec. La première réaction de mes interlocuteurs est souvent l’incompréhension : « Bien sûr que c’est le montant qui compte : je vais au supermarché et j’achète plus ou moins suivant l’importance de ce montant ».

    Cette réaction néglige deux questions importantes que je vais soulever ici, avant de terminer par l’examen rapide d’une troisième question : en quoi le passage à la capitalisation résoudrait-t-il les deux premières questions ?

    Je serai bref sur ce dernier point car vous avez à votre disposition mes précédents articles pour nourrir vos propres réflexions :

    Ce n’est pas la distribution de pensions qui assure la retraite

    Comme je l’ai dit, ce qui compte c’est qu’une pension apporte dans le futur des biens et services aux retraités, si possible en même quantité qu’aujourd’hui. Or ce n’est pas une question d’argent car une grande partie de ce dont on a besoin ne se trouve pas au supermarché.

    Il y a d’abord les services nécessaires aux retraités. Pour commencer, les soignants au sens large, de la garde-malade ou auxiliaire de vie aux médecins, en passant par les infirmières et le personnel de tous les fabricants et distributeurs du matériel nécessaire. On sait qu’ils sont en nombre insuffisant. Or ce n’est pas le montant des pensions qui va créer des infirmières supplémentaires.

    Il y a aussi de nombreuses autres professions apportant les services nécessaires à la vie quotidienne de tous et pas seulement des retraités. Mais ces derniers pâtiront plus brutalement de leur insuffisance si la législation sur les retraites reste inchangée : si l’ascenseur est en panne, l’octogénaire coincé au dixième étage devra attendre plusieurs jours, une partie des techniciens ayant pris leur retraite et les jeunes étant moins nombreux.

    Pour rester dans mon image initiale, il y a ensuite les biens que l’on peut trouver aujourd’hui au supermarché et que les retraités pensent pouvoir se procurer si leur pension est suffisante.

    Or, toujours à législation constante sur les retraites, on pourrait voir se vider certains rayons du supermarché pour la même raison que pour les services : à savoir qu’une partie du personnel nécessaire sera partie en retraite, de l’agriculteur à la caissière en passant par les fabricants des produits vendus et les conducteurs de poids lourds pour l’approvisionnement.

    Bien sûr, comme nous le verrons, il peut y avoir des progrès de la productivité dans ces domaines, mais ces derniers sont déjà pris en compte dans les prévisions du Conseil d’orientation des retraites (COR).

    Conséquences sur la comparaison répartition/ capitalisation

    Voici, de manière télégraphique, les éléments de comparaison, dont vous pourrez trouver le détail dans mon article sur les retraites par capitalisation .

    Les arguments pour la capitalisation : individualisation, liberté, responsabilité

    Chacun cotise ce qu’il veut, le temps qu’il veut et est responsable du résultat.

    Les arguments discutables : la fécondité du ruissellement

    Les partisans de la capitalisation estiment que l’utilisation de l’épargne par des organismes financiers (fonds de pension, caisses de retraite) mènera à des investissements judicieusement choisis et donc à une croissance meilleure qu’en répartition.

    Dans l’article précité, j’explique mon scepticisme : selon moi le ruissellement issu de la répartition et celui de la capitalisation sont très voisins. Le problème se réduit au choix des investissements par le marché ou par des technocrates des organismes financiers. La différence est invérifiable, mais est a priori faible et à mon avis à l’avantage du marché.

    La faiblesse des arguments mettant les épargnants à l’abri de la démographie

    Un argument simple et souvent répété en matière de capitalisation est que le placement à 5 % de l’épargne sur la durée de la vie active mène à une retraite très supérieure à celle par répartition.

    Outre qu’il n’existe pas, à ma connaissance, de placement permettant un rendement en valeur réelle de 5 % sur 40 ans, la principale faiblesse de ce raisonnement est qu’il ignore d’où viendront les 5 %, puis en fin de vie, le rachat des titres accumulés.

    Les entreprises qui donneront les sommes nécessaires seront soumises comme tous les acteurs économiques à l’évolution démographique et notamment à la pénurie relative de main-d’œuvre par rapport au nombre de retraités à servir. Bref, les ressources seront limitées comme en répartition et pour les mêmes raisons.

    Vous me direz que la capitalisation bénéficiera d’une augmentation prévisible de la productivité, mais c’est également le cas en répartition, comme vous pouvez le vérifier en regardant le détail des analyses du Conseil d’orientation des retraites.

    À ce stade, on voit que les problèmes auxquels auront à faire face les systèmes par répartition et capitalisation sont très voisins et principalement démographiques.

    Pourquoi cette opposition ? En partie pour des raisons idéologiques ou culturelles

    Les libéraux ont une bonne connaissance et une sympathie pour l’économie et la finance, alors que leurs adversaires ont une grande méfiance envers la finance, « notre ennemie », comme disait François Hollande.

    Cette méfiance est en général couplée à une grande ignorance économique, ne serait-ce que parce qu’ils estiment que les dividendes et plus-values boursières – ils oublient en général qu’il y a aussi des moins-values – « enrichissent les milliardaires », alors que ceux des fonds de pension vont directement à des retraités, en général anglais ou américains, sans parler de tous les particuliers qui ont des portefeuilles, notamment dans les pays anglo-saxons.

    Seule compte l’offre, donc la démographie et la productivité

    La quantité de travail

    La démographie nous dit que la solution est que chaque actif travaille plus longtemps, ou d’en augmenter le nombre par l’immigration.

    Travailler plus longtemps peut se faire par la loi – avec le passage à 64 ans par exemple – ou spontanément : le nombre de retraités travaillant augmente, que ce soit officiellement (cumul emploi-retraite, médecins rappelés par les hôpitaux…) ou bénévolement en famille ou association. C’est particulièrement massif au Japon.

    Quant à l’immigration, même les pays qui y sont officiellement hostiles finissent par la tolérer en pratique puisque leurs employeurs y font massivement appel. Dans le cas des pays européens de l’Est et du Sud, le manque d’actifs est dramatique du fait de la baisse de la fécondité et du départ des jeunes vers l’Allemagne.

    Même en France, pays moins touché que les autres, il y a eu 320 000 titres de premier séjour en 2022 contre moins de 200 000 les années précédentes.

    Cette augmentation vient des étudiants, dont 50 % trouvent un emploi en France et des 52 000 entrant pour raisons économiques, dont 18 000 au titre des profils hautement qualifiés. Il faut y ajouter 11 000 régularisations pour raison de travail. S’y ajoutera un titre de séjour pour les sans-papiers travaillant dans les secteurs tendus, actuellement en débat à l’Assemblée nationale .

    Une exception pour la pénibilité ?

    L’opinion se hérisse de voir les travailleurs des métiers pénibles être « menacés » de travailler plus longtemps. C’est humainement compréhensible, sous les réserves que nous verrons, mais ça ne change pas le problème : les travailleurs de ces secteurs sont aussi nécessaires que les autres, ne serait-ce que pour leurs camarades retraités.

    Le véritable remède, qui se répand dans des entreprises sérieuses, est une évolution du poste en fin de carrière vers des occupations moins pénibles.

    Par ailleurs, le fait de s’estimer très abîmé à 60 ans me paraît être plus une rengaine syndicale, forcément bien reçue, qu’une réalité. Sauf dans certains cas, d’où la discussion sur la pénibilité .

    Mais cette analyse elle-même est polluée en toute connaissance de cause par les syndicats qui veulent une définition par métier, de manière à avoir des redevables, comme c’est le cas pour les conducteurs ultra-privilégiés de TGV (en salaire et temps de travail). Ils sont privilégiés parce que leur métier a été déclaré pénible à l’époque où ils chargeaient le charbon dans la chaudière de la locomotive à la pelle et le torse nu.

    Bref, demander la retraite à 60 ans pour le personnel de terrain est une nouvelle façon de créer des privilèges pour capter des votes.

    Bien sûr, le patronat veut que la pénibilité soit individuelle et sur avis médical, pour éviter cette dérive.

    Un moyen de limiter le poids de la démographie est d’augmenter la productivité. Mais cette dernière dépend partiellement de la démographie.

    Productivité et démographie

    Depuis toujours, les employeurs estiment que les jeunes sont plus productifs que leurs aînés, notamment en matière de dynamisme et d’ouverture à l’innovation. Avec bien sûr de nombreuses exceptions individuelles.

    Cet état d’esprit a été accentué par la révolution numérique dans laquelle les jeunes sont plus à l’aise que leurs aînés. La démographie pèse donc sur la productivité du fait de la diminution du nombre de jeunes actifs.

    Une autre raison du lien entre démographie et productivité tient aux économies d’échelle qui deviennent négatives quand la population diminue.

    Ce serait une des explications de la différence croissante de productivité entre l’Europe et les États-Unis, due à l’immigration massive vers ce pays qui soutient sa croissance démographique malgré une fécondité médiocre. Beaucoup de chefs d’entreprises, y compris des plus importantes, sont nés à l’étranger et notamment en Inde.

    À cela s’ajoute la renommée des universités américaines et le rachat massif de startups européennes par les États-Unis, qui sont deux formes de « pompage » physique et intellectuel de la population qualifiée du monde entier.

    En conclusion

    Les seules mesures positives en matière de retraite sont celles qui augmentent la quantité de travail ou la productivité. On voit que cela n’a rien de financier.

    Heureusement, l’homme est ingénieux et adaptable. Laissons-le travailler à son gré après l’âge légal, comme cela se fait de plus en plus souvent.

    Comment augmenter la fécondité ?

    Nous postulons que l’augmentation du taux de fécondité dans de nombreux pays serait souhaitable, ne serait-ce que parce que les bas niveaux actuels mettent en péril leur existence. Et cela même avec le secours de l’immigration car une intégration et une assimilation ne sont possibles que s’il reste suffisamment de nationaux actifs, car on ne pourra pas compter sur des vieillards dépendants.

    De plus, nous avons vu les effets positifs d’une croissance de la population sur la productivité, donc sur le niveau de vie de chacun. Et enfin nous avons constaté que la diminution de la proportion de jeunes adultes est la cause du problème des retraites.

    Il faut être conscient que certains de ces effets positifs ne se feront sentir qu’à long, voire à très long terme, puisque c’est seulement à partir de 20 ans qu’un jeune entre dans la population active et que « le plein » de la pyramide des âges des actifs ne sera terminé que 40 à 50 ans plus tard !

    Il faut tout d’abord être conscient des mécanismes de la baisse générale de la fécondité dans le monde et voir si on peut les freiner.

    Les causes de la baisse de la fécondité

    À mon avis, la plus importante est l’existence de la retraite puisqu’elle supprime l’obligation d’avoir des enfants pour être nourri pendant ses vieux jours. Mais je ne vois pas un gouvernement s’y attaquer !

    Il y a aussi le choix prioritaire des femmes pour le travail : dans de nombreux pays, elles devaient choisir entre travailler ou avoir des enfants et l’expérience a montré qu’elle préféraient sacrifier les naissances. À cela s’ajoute souvent la pression de l’opinion publique stigmatisant les mères au travail. Cela a été longtemps général en Allemagne mais commence à reculer maintenant que la population a pris conscience du problème.

    Il y a surtout le coût de l’enfant et en particulier celui de l’éducation. De nombreuses études ont montré que dans les pays où la fécondité s’était écroulée, comme la Corée, le Japon et la Chine, il y avait une compétition féroce pour l’accès aux universités les plus prestigieuses. Les parents se ruinent donc à payer des études supplémentaires imposées le soir à leurs enfants, ce qui coûte très cher et explique souvent la nécessité de se limiter à un seul.

    Et dans tous les pays, le coût du logement est un problème.

    Qui plus est, les écologistes ont persuadé une partie de la population des pays riches qu’il était mauvais pour la planète d’avoir des enfants, sans se soucier de ce que deviendraient les générations précédentes.

    À tout cela s’ajoute en France un tropisme « anti nataliste » à gauche. Les natalistes y sont suspectés d’avoir comme arrière-pensée de vouloir maintenir les femmes à la maison.

    J’évoquerai enfin la folie égalitariste : les gouvernements de gauche, et en dernier ceux de François Hollande, ont petit à petit rogné des dispositions natalistes lancées avec succès dans les années 1940-1950, notamment le quotient familial. Outre l’impact financier, secondaire pour ceux qui désirent fortement des enfants, cela a détruit l’impression que la société était favorable à ces derniers.

    Cette action des gouvernements de gauche est arrivée à contretemps en contribuant à la diminution du nombre d’enfants au moment où les baby-boomers arrivent à l’âge de la retraite, d’où le problème actuel !

    Les tentatives de relance

    En France comme à l’étranger où le modèle français des années d’après-guerre a été bien étudié, les spécialistes estiment qu’il faut y revenir, à la fois sur le plan financier et sur le plan psychologique.

    Reste à transformer cela en décisions gouvernementales et ce qui est encore plus difficile, en « ambiance sociétale ».

    La Russie et l’Allemagne, entre autres, l’ont fait et ont enregistré une reprise modérée de la fécondité, qui reste néanmoins de l’ordre de 1,5 enfant par femme, loin des 2,1 nécessaires au maintien de la population et en dessous des 1,8 constatés en France. De plus cette reprise s’étiole maintenant.

    Dernier pays à tenter de redresser sa fécondité : le Japon qui est en vieillissement accéléré avec 29 % de sa population de plus de 65 ans. L’obligation de départ a été portée à 70 ans et le financement de la vieillesse représente maintenant 34 % du budget national

    Instruit par l’expérience des autres pays, le Japon prévoit d’améliorer les services de garde d’enfants et les conditions de travail des mères (dans certains métiers il est de bon ton de faire des heures supplémentaires gratuites et de rentrer tard à la maison). Le tout doublé d’un gros effort financier en allocations familiales et primes à la naissance. Les municipalités ajoutent de plus un complément à cette aide financière.

    L’avenir nous en dira l’efficacité, qui n’est pas garantie car il s’agit de décisions privées et il faudrait déconstruire tout un système social fondé sur le coûteux « gavage » des enfants pour l’accès aux meilleures universités, ce qui est un jeu à somme négative.

    Le gouvernement sud-coréen fait une campagne télévisée pour expliquer que les bons parents sont ceux qui dirigent leurs enfants vers des carrières moins élitistes mais tout aussi honorables, sans sacrifier leur jeunesse !

    Bref, le minimum envisageable en France semble être un retour aux mesures natalistes des années 1940-1950, sans garantie de succès rapide, à en juger par les résultats dans les autres pays et compte tenu de la pression de « l’écolo-pessimisme ».

    Dommage que, jusqu’à présent, seuls les partis du côté droit de l’échiquier politique français se préoccupent de cette question -ce n’est plus le cas chez certains de nos voisins- … et que les partis de gauche ne trouvent rien de mieux que de les stigmatiser comme rétrogrades ou extrémistes.

    Sur le web

    1. La mission de l’IRDEME-EPLF : « Inspiré par notre fondateur Bernard Zimmern , entrepreneur et philanthrope exceptionnel, nous nous consacrons à la poursuite de son combat ; L’offre d’emplois marchands augmente grâce aux entreprises nouvelles et existantes. Les acteurs privés, par leurs financements et leurs accompagnements, sont indispensables et les plus pertinents pour assurer leurs succès et celui de la France. L’Etat n’est pas un bon gestionnaire d’entreprises. Il lui faut se consacrer au rôle de facilitateur au service des entrepreneurs. Il doit impérativement réduire les contraintes fiscales et administratives pour améliorer la compétitivité de notre cher pays par rapport à nos voisins. » Site internet IRDEME-EPLF
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      Finance : comment l’ESG nuit aux agriculteurs

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 February, 2023 - 03:40 · 11 minutes

    Alors que le système de points ESG (Environnement, Social et Gouvernance) à l’usage des investisseurs a connu quelques difficultés l’année dernière, les grands et les petits du Forum Économique Mondial de Davos sont déterminés à faire passer un ESG 2.0 – un jeu de relations publiques d’entreprise plus aimable et plus doux (ce qu’ils appellent maintenant le capitalisme des parties prenantes , « prospérité pour tous »… mignon !). Il y a plusieurs années, j’ai parlé de l’ESG comme d’une sorte de jeu du calmar ( squid game ), avec un pouvoir anonyme qui impose quotidiennement des changements de règles arbitraires que les entreprises doivent observer pour que leurs actions restent cotées dans un large éventail de fonds négociés en bourse (ETF – Exchange Traded Funds ) axés sur la durabilité.

    Ces obstacles se sont resserrés et, dans le cas de l’industrie agroalimentaire, ont ainsi percolé le long de la chaîne de valeur jusqu’aux agriculteurs. Les scores ESG des fabricants de produits alimentaires dépendent désormais de la capacité des agriculteurs à produire de manière écologique les aliments et les matières premières destinés à leurs transformateurs en aval (tout, de la frite à la salade, en passant par l’édulcorant, doit désormais être conforme aux objectifs ESG d’une entreprise). Cela m’inquiète car les agriculteurs sont rarement traités équitablement par la chaîne de valeur alimentaire . Le fait que l’ESG soit un processus sans fin d’« améliorations » imposées par des personnes qui comprennent mal les défis de l’agriculture signifie que l’objectif d’une intensification durable (et de la rentabilité des agriculteurs) s’éloigne de la réalité. Mais tant que les agriculteurs pourront atteindre les objectifs imposés par les entreprises agroalimentaires et les détaillants, les actionnaires des entreprises récolteront des bénéfices.

    J’ai rencontré récemment un grand groupe d’agriculteurs et la plupart d’entre eux ont fait part du  même problème : l’interférence des ESG de l’aval dans leurs pratiques agricoles devient intolérable. Voici quelques exemples de la manière dont les exigences ESG des fabricants de produits alimentaires nuisent à la capacité des agriculteurs à réussir :

    • Les agriculteurs ayant des contrats d’approvisionnement de transformateurs alimentaires font désormais l’objet d’un audit de leur utilisation d’engrais et d’eau (et sont soumis à des objectifs de réduction).
    • Les clients commencent à demander aux fournisseurs d’adopter des pratiques agricoles régénératrices (indépendamment de la culture, du climat ou des conditions de production particulières), éliminant ainsi les autres cultures commerciales sans compensation.
    • Les groupes de développement durable ont des objectifs de réduction des déchets alimentaires qui entrent en conflit avec la façon dont les agriculteurs utilisent les produits de récolte perdus dans les champs.
    • Certains pesticides et produits chimiques, même s’ils ne sont pas interdits sur le marché, font partie des listes de surveillance ESG.

    L’implication ici est que les agriculteurs qui ont besoin de moins d’intrants (engrais, pesticides, eau, semences modifiées…) auront davantage de valeur dans la course aux points d’investissement ESG. Les agriculteurs devront-ils désormais prendre leurs décisions non plus en fonction de ce qui est le mieux pour leurs cultures ou leurs sols, mais en fonction de ce qui fera briller le directeur des relations avec les investisseurs d’une entreprise lors de la prochaine assemblée générale ?

    L’externalisation de l’ESG dans la chaîne de valeur est une manœuvre cynique de l’industrie agroalimentaire pour s’attribuer le mérite des réalisations des autres. Plutôt que de travailler à l’amélioration de leurs propres réductions internes de consommation d’eau et des déchets, les entreprises peuvent revendiquer le succès des normes qu’elles ont imposées à leurs fournisseurs – dans ce cas, les agriculteurs. Un agriculteur m’a dit :

    « [Les entreprises] utilisent leur machine de propagande pour dire aux consommateurs les moins éduqués : « Regardez ce que nous faisons faire à nos agriculteurs. » Elles devraient utiliser leur gigantesque machine de propagande pour essayer de détruire l’image selon laquelle les agriculteurs sont stupides. »

    Là où les agriculteurs et les transformateurs agroalimentaires doivent renforcer leur confiance mutuelle et leur coopération, l’ESG creuse un fossé entre eux. Qu’est-il arrivé au dialogue ?

    ESG : mauvais pour l’environnement, mauvais pour le consommateur

    Ce n’est pas la première fois que l’obsession des investisseurs pour les critères ESG met à mal le commerce mondial, l’environnement et le développement.

    La récente crise énergétique européenne et le sous-investissement dans la transition énergétique ont autant à voir avec les déductions aléatoires de points ESG subies par les entreprises investissant dans des projets de gaz naturel qu’avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie (après tout, le gaz naturel est un combustible fossile et ne cochera donc pas la bonne case du comptable). Cette catégorisation juvénile a également restreint les projets énergétiques dans les pays en développement où le financement de tout combustible fossile aurait nui aux notes ESG d’une banque (et aurait pu la faire sortir d’un fonds négocié en bourse ( ETF – exchange-traded fund )).

    Mais si une notation non sophistiquée évaluait le gaz naturel au même niveau écologique que le charbon, cela n’augurerait rien de bon pour les agriculteurs entraînés à leur insu dans le jeu de points des investisseurs ESG. À un moment donné, quelqu’un dans le bureau d’un cabinet d’audit pourrait être persuadé d’accorder plus de points ESG aux produits biologiques qu’aux produits conventionnels. À ce moment-là, les dirigeants de grandes entreprises agroalimentaires, dans un esprit satirique digne de Dilbert, s’empresseront d’exiger de s’approvisionner uniquement en produits biologiques. Qu’arriverait-il alors aux rendements du maïs américain si, par exemple, les édulcorants devaient être biologiques et sans OGM ? Les décisions ESG stupides prises par des auditeurs naïfs ne vont pas seulement empêcher les agriculteurs d’approvisionner les transformateurs alimentaires ; ces décisions arbitraires prises par les conseils d’administration vont finalement affecter la sécurité alimentaire mondiale.

    Je crains que nous nous en rapprochions. Les exigences des entreprises en matière de pratiques régénératrices supposent une approche unique. Bien que je sois un fervent partisan des cultures de couverture et du semis direct depuis plus de dix ans, toute personne ayant travaillé dans une ferme vous dira qu’il existe différents sols, différentes cultures et différents climats qui rendent ces décisions agricoles très sélectives. Forcer tous les agriculteurs d’une chaîne d’approvisionnement particulière à semer certaines plantes de couverture ou à retirer une culture commerciale de la rotation pour atteindre certains objectifs ESG pour le marché de cette entreprise nuit à l’agriculteur (et à l’approvisionnement alimentaire). Pire encore, pour de nombreuses cultures, ils devront investir dans de nouveaux équipements pour adapter leurs pratiques. Les agriculteurs qui ont besoin d’irriguer ou d’appliquer certains engrais ou pesticides devraient pouvoir se demander ce qui est dans le meilleur intérêt de leur exploitation et de leurs cultures, et non pas être obligés de considérer ce qui est dans le meilleur intérêt de l’inclusion d’une entreprise de l’aval dans un ETF ESG arbitraire. Les agriculteurs sont à juste titre frustrés.

    « Nous essayons de produire plus avec moins, pas moins avec plus. »

    Les agriculteurs ont souscrit à l’objectif d’ intensification durable de l’agriculture (obtenir des rendements plus élevés sur moins de terres pour renaturer les sols moins productifs). L’agriculture ESG exige que les agriculteurs produisent moins avec plus d’intrants (et plus de travail). Cette démarche est vouée à l’échec, mais les agriculteurs ne seront pas les seuls à en souffrir. Tout comme la débâcle de l’énergie ESG, les prix des denrées alimentaires vont augmenter.

    La réalité est que l’impossibilité de respecter les normes ESG sans cesse plus strictes conduira à une tricherie généralisée (ce que j’ai appelé l’ alimentation « biologic » ) ou à la non-déclaration des pratiques agricoles nécessaires. Mais cette approche « ne pas demander, ne pas dire » sera en contradiction avec le G d’ESG – gouvernance – qui exige transparence et intégrité.

    Pour être honnête, l’ensemble du processus ESG manque d’intégrité.

    Les petits exploitants ont une petite voix

    Et quelles seront les conséquences de cette demande de points ESG par les fonds pour les agriculteurs des pays en développement ?

    C’est là que je dois vraiment me retenir de regarder les grands et les petits de la chaîne alimentaire pontifier sur leur extraordinaire mélange de durabilité et de justice sociale. Le « commerce équitable » est la norme en matière d’hypocrisie car les normes de conformité et la bureaucratie de la certification disqualifient la plupart des petits exploitants (ceux qui ont besoin de soutien et de marchés). Heureusement, les personnes soucieuses d’une véritable justice sociale ont cessé d’utiliser cette astuce marketing creuse (bien que certains vautours agroécologistes se nourrissent encore de sa carcasse pourrie).

    L’agriculture durable est devenue le nouveau mot à la mode où les idéaux occidentaux en matière d’écologie sont imposés aux agriculteurs de subsistance des pays en développement.

    Prenons l’exemple de SIFAV , l’initiative pour le développement durable des fruits et légumes, dont l’objectif est de « promouvoir la durabilité au sein des chaînes d’approvisionnement mondiales, en mettant l’accent sur la réduction de l’empreinte environnementale, l’amélioration des conditions de travail, des salaires et des revenus, et le renforcement des rapports de diligence raisonnable et de la transparence ». Environnemental/Social/Gouvernance. Leur énoncé de mission assure essentiellement aux entreprises qui s’engagent dans ce label de chaîne d’approvisionnement que cela sera suffisant pour obtenir les points ESG très prisés.

    Mais les objectifs de réduction liés à la durabilité de SIFAV entraîneront davantage de souffrances ou l’exclusion des petits exploitants des pays en développement qui devront faire des sacrifices pour atteindre les objectifs ESG. Le comité directeur de SIFAV est principalement composé d’entreprises de vente au détail et de transformation alimentaire et de quelques ONG (enfin… le WWF est-il encore une ONG ?). Aucune voix d’agriculteur, d’agronome ou de représentant agricole à la table pour tempérer le zèle de leurs planificateurs stratégiques. SIFAV est géré par IDH – l’initiative pour le commerce durable. En d’autres termes, l’ESG est devenu un nouveau type de commerce équitable, plus complexe – du vieux vin versé dans de nouvelles bouteilles, mais cette fois le vin se transforme en vinaigre au moment où il est imposé aux agriculteurs.

    Une seule voix… un message simple… coordonné

    Je recommande aux agriculteurs de s’unir et d’informer poliment leurs clients urbains, rompus aux relations publiques, qu’ils suivent déjà les meilleures pratiques agricoles possibles en fonction de leurs conditions et défis particuliers, et que l’accent qu’ils mettent sur la qualité des aliments et les rendements durables est plus important que les exigences ESG de certains fonds d’investissement. Les agriculteurs doivent faire comprendre qu’ils sont des partenaires égaux dans la chaîne alimentaire, et non pas un petit joueur qui peut facilement être remplacé s’il ne se soumet pas aux exigences ESG des investisseurs.

    Que serait un boulanger sans céréales ? Un boucher sans bétail ? Les dirigeants d’entreprises de transformation alimentaire qui pensent que la nourriture vient de leurs usines doivent passer un peu de temps à la ferme. Le pire contrevenant, Chipotle , dans sa campagne de l’ épouvantail , a dépeint les agriculteurs conventionnels qui fournissent la plupart de leurs produits comme sinistres, sans âme et toxiques. Les agriculteurs auraient dû s’unir pour boycotter l’approvisionnement d’une entreprise aussi épouvantable.

    J’ai déjà fait valoir que la chaîne de valeur alimentaire doit être intégrée avec un message unique et clair, coordonné et communiqué simplement. C’est exactement ce que fait le secteur de l’alimentation biologique : il se présente comme un organisme unique, avec un seul message (même s’il existe de nombreuses définitions du terme « biologique » et que leur idéalisme soit irréaliste). Tant que l’opportunisme divisera les acteurs de la chaîne alimentaire conventionnelle, les messages seront contradictoires et la confiance sera faible. Les intérêts des agriculteurs doivent jouer un rôle important dans ce message – si des normes ESG arbitraires les empêchent de produire, alors les détaillants et les transformateurs seront incapables de vendre.

    Très franchement, en ce qui concerne l’ESG, les responsables des relations avec les investisseurs des entreprises doivent se résigner et laisser leur processus de collecte de points stupides aux réflexions sur les réalisations de la gestion interne de leur propre entreprise. Allez creuser dans vos budgets, achetez un parc éolien et arrêtez d’entuber les agriculteurs. Les agriculteurs méritent le respect, pas des leçons de morale. Les agriculteurs méritent d’être soutenus, pas d’être sacrifiés. Ils ont des choses plus importantes à faire que de s’inquiéter de savoir si les fabricants de produits alimentaires survivent à un autre tour aléatoire d’un jeu du calmar ( Squid Game ) ESG.