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      Moi, confinée ou réfugiée climatique en Provence? - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 July, 2022 - 08:37 · 6 minutes

    Je me réfugie sur mon canapé Je me réfugie sur mon canapé "en attendant que ça passe". Je me confine dans la pénombre de mon habitation de 11h à 18h pendant la canicule.

    CANICULE - D’après CRISCO (excellent site de recherches de synonymes de l’université de Caen), le mot “réfugier” signifie: “donner refuge à quelqu’un”. Au sens figuré: “ trouver asile et réconfort face à une situation pénible ou hostile, dans un milieu, réel ou imaginaire, qui est accueillant et protecteur ”.

    Toujours d’après CRISCO, le mot “confiner” signifie: “ l’image ou l’idée dominante est celle de frontière ou de limite entre deux lieux ou choses qui se touche” . Synonymes de boucler, enfermer, isoler, reléguer, renfermer.

    Ne jouons pas avec les mots. L’heure est grave. La situation dramatique .

    En cela, les contours de ma vie de “réfugiée” ou de “confinée” climatique prennent forme depuis une décennie que je suis installée en Provence. Au fil des années, ces quelques jours de chaleur intense deviennent effrayants. Je les redoute dès le printemps. Les suites néfastes sur l’environnement et l’organisme sont réelles. Pendant les fortes chaleurs, il est indispensable de se mettre en mode “ralenti” matériellement et corporellement .

    Réfugiée ou confinée climatique?

    Je me réfugie sur mon canapé “en attendant que ça passe”. Je me confine dans la pénombre de mon habitation de 11 h à 18 h pendant la canicule.

    Sur les murs ou au sol des rues de ma ville ou les maisons, les dégâts jaillissent partout. Les fissurations s’allongent, des craquelures apparaissent sur les dallages, les cloisons sont irréparables. Les boiseries s’affaissent. Les canalisations s’enfoncent dans le sol. Les corps de bâtiments se décollent.

    Au fil des années, ces quelques jours de chaleur intense deviennent effrayants. Je les redoute dès le printemps.

    Le Vaucluse est en alerte: la restriction d’ eau est de rigueur depuis fin mai! La terre argileuse du jardin se rétracte: les plantes, les arbres, les potagers, les multiples cultures et maraîchers subsistent avec le minimum d’eau vital. Seuls quelques fruits et légumes qui ont échappé au coup de froid et à la grêle font la part belle de certains producteurs.

    Quand bien même le dôme de chaleur (tiens un nouveau mot dans le vocabulaire de la météo cette année!) est de courte durée, la pression de la chaleur d’avant et d’après le dôme est éprouvante. D’après les spécialistes, le dôme de chaleur est un vaste phénomène de stagnation de l’air chaud sur une région. Ce dôme se maintient pendant trois à quatre jours. Et si la température dépasse 30-35° en journée et ne dépasse pas 20°-25° la nuit, il est certain que l’organisme et l’environnement tentent de s’adapter. À tout prix!

    Étant sensible aux phénomènes météorologiques, j’ai dû mettre en place une palette de techniques d’évitement: comment multiplier les douches quotidiennes sans gaspiller l’eau, ce bien si précieux? Comment organiser les sorties pour les courses, les démarches à faire? Comment faire perdurer les plantes tout en économisant l’eau? Comment accepter le changement climatique? Comment participer à la diminution du bilan carbone? Comment ne plus avoir mauvaise conscience en allumant la climatisation?

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    De mai à septembre

    Les techniques sollicitent doublement mon attention. Dans mon quotidien, la nouvelle organisation se met en place: des changements drastiques sont déployés. Depuis plusieurs années, je n’ai plus de voiture: je privilégie les bus et le covoiturage. Pas de vélo ni de trottinette: trop accidentogène! Par conséquent moins de sorties festives… concerts, manifestations culturelles, animations ludiques, repas aux restaurants: je réfléchis par deux fois; résultat: des dépenses en moins: en plus pour des organisations humanitaires.

    Des récupérateurs d’eau sont installés dans le jardin. Le puits est un luxe. Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas compter. Une trentaine de litres d’eau par jour. Pour cinq à six douches dans la journée au moment fort de la canicule. L’eau usagée est réutilisée par la suite pour les plantes et le potager.

    À l’intérieur de la maison, à portée de main, un petit pulvérisateur d’eau (j’en ai deux: un au frigo et l’autre à côté de moi). L’achat d’un brumatiseur en grande surface est supprimé. Pas essentiel.

    Si les volets sont fermés à partir de 11 h le matin jusqu’à 18 h, au moment fort de la canicule, la chaleur est tout de même intenable. Je tente chaque jour de retarder le démarrage de la climatisation. Deux voire trois heures par jour, le temps de rafraîchir la pièce. Le ventilateur est utilisé en première partie de la nuit avant d’être éteint.

    Pour l’organisme, la canicule, c’est plus compliqué!

    Au-delà de cinq à six douches par jour, le cœur, le cerveau et les reins tentent de s’adapter au mieux. D’après mon cardiologue, au moment fort de la chaleur, mes vaisseaux sanguins se dilatent. Le cœur bat plus vite comme quand on fait du sport. La circulation du débit sanguin tourne au maximum afin de refroidir au plus vite les territoires cutanés. CQFD: plusieurs douches au cours d’une journée caniculaire éviteraient l’accélération cardiaque. Merci docteur!

    Aux réflexions (ô combien ponctuelles et pertinentes) "Toi qui viens des îles, tu ne dois pas souffrir de la chaleur!", je réponds: "Je suis faite de chair et de sang!"

    Le neurologue rapporte la version du cerveau. Les effets de la canicule sur le cerveau? Sont les premiers signaux d’alarme avec l’attention portée au phénomène: il se met en mode de veille. Il est le témoin direct de la température corporelle: au secours, au secours (plus chic en anglais: mayday! mayday!): j’ai soif, j’ai chaud! Si ces appels restent sans réponses: les maux de tête, un sentiment de fatigue, d’envie de vomir apparaissent. Et si vous n’entendez toujours pas les alertes, le cerveau appuie sur le bouton: "malaise vagal" et "arrêt instantané" de votre organisme.

    Le néphrologue a un autre avis du côté des reins. Ces organes vont tenter à tout prix de retenir l’eau dans l’organisme pour qu’il reste hydraté. S’ils ont le pouvoir de concentrer les urines, ce pouvoir aurait une certaine limite avec la transpiration excessive, la déshydratation peut détériorer le tissu rénal sur plusieurs jours et les reins risquent de ne plus fonctionner…

    Aux réflexions (ô combien ponctuelles et pertinentes) "T oi qui viens des îles tu ne dois pas souffrir de la chaleur !". Je réponds: "Je suis faite de chair et de sang !".

    Psssst: Un dernier conseil donné par un médecin urgentiste après être évacuée lors d’un malaise vagal: "Madame après 60 ans, trois cures de deux mois de vitamine C et de magnésium vous feront un grand bien. Adaptez-vous au changement!".

    C’est décidé, je ne vais plus chouiner, trouver les bons mots à propos de la canicule… Qui a dit que " l’intelligence c’est la faculté de s’adapter au changement." C’est Stephen Hawking!

    À voir aussi sur Le HuffPost: Face à la canicule, comment se rafraîchir sans réchauffer la planète

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      Trouver une équipe féminine de foot près de chez moi, c'est pas gagné - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 18 July, 2022 - 08:57 · 7 minutes

    Tout allait bien jusqu’à la pandémie du Covid et que l’on soit confinés. Pendant le confinement, j’ai invité une amie à venir pratiquer le foot en club avec moi. Elle avait pratiqué quelques années auparavant mais avait dû arrêter par manque de temps. Tout a commencé crescendo. Nous n’étions pas dans une équipe avec des filles de nos âges, nous étions avec des joueuses de 15-16 ans… alors que nous en avions 17-18. Je ne sais toujours pas pourquoi. Tout allait bien jusqu’à la pandémie du Covid et que l’on soit confinés. Pendant le confinement, j’ai invité une amie à venir pratiquer le foot en club avec moi. Elle avait pratiqué quelques années auparavant mais avait dû arrêter par manque de temps. Tout a commencé crescendo. Nous n’étions pas dans une équipe avec des filles de nos âges, nous étions avec des joueuses de 15-16 ans… alors que nous en avions 17-18. Je ne sais toujours pas pourquoi.

    FOOTBALL - Depuis mes 5 ans, je rêvais de pratiquer du foot dans un club, dans des équipes féminines , peu importe… mais cela n’était pas possible. Dans ma famille, on me disait souvent que c’était un sport de garçon. Alors, j’ai décidé d’économiser et d’aller me payer ma licence à mes 16 ans dans le club le plus proche chez moi. Je suis sortie un soir en disant: “Je pars à l’entraînement.”

    Après tant d’années de lutte, j’ai donc commencé le foot en club en octobre 2019, un peu après le début de la saison. Finalement, mes parents ne semblaient pas être contre. Je pense qu’ils avaient eu envie de me préserver des regards.

    Je suis actuellement dans un club de football masculin avec quelques équipes féminines. Ce club a ouvert sa section féminine il n’y a même pas cinq ans. C’est le seul club féminin autour de chez moi. Mais il n’a pas été difficile à trouver, car il est à vingt minutes à pied.

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    L’amour du football

    L’intégration s’est plutôt bien passée, car, lorsque je suis arrivée, je n’avais pas le niveau d’une débutante. Je m’entendais très bien avec les autres joueuses. J’ai toujours joué au foot et c’est peut-être ce qui m’a permis de m’intégrer.

    J’ai grandi avec un frère assez sportif. Nous avons deux ans d’écart et nous étions donc dans la même maternelle, la même école et le même collège. La cour était majoritairement animée par le foot, que ce soit à la récréation, à la pause du midi, ou à l’aide aux devoirs du soir. J’y ai développé mon amour pour ce sport.

    Ça devenait limite de la hagra

    Tout allait bien jusqu’à la pandémie du Covid et que l’on soit confinés. Pendant le confinement, j’ai invité une amie à venir pratiquer le foot en club avec moi. Elle avait pratiqué quelques années auparavant, mais avait dû arrêter par manque de temps. Tout a commencé crescendo. Nous n’étions pas dans une équipe avec des filles de nos âges, nous étions avec des joueuses de 15-16 ans… alors que nous en avions 17-18. Je ne sais toujours pas pourquoi.

    Les cadres connaissent leur travail mieux que nous, alors nous avons laissé couler. Nous n’aurions pas dû, car nous avons vraiment tout laissé couler: les moqueries, les insultes, etc. Les filles de l’équipe nous répétaient souvent qu’on était nulles, qu’on ne servait à rien. Elles critiquaient notre manière de jouer, imitaient les gestes techniques qu’on employait sur le terrain. Ça devenait limite de la hagra , de l’acharnement.

    En septembre, nous avons enfin intégré la bonne équipe, mais mon amie n’était plus convoquée sur les matchs, qu’ils soient importants ou non. Pourtant, les coachs nous disaient souvent qu’on avait des capacités et qu’on était capables de beaucoup de choses. On a décidé de faire les indifférentes, mais ça m’empêchait de prendre du plaisir à jouer et ça l’empêchait, elle, de s’améliorer. Et les filles de l’équipe avaient décidé de se mettre à l’écart et de former “un noyau dur” lors des entraînements ou des sorties.

    Temps de trajet et listes d’attente à rallonge

    Au début du mois d’octobre, j’ai rencontré un coach de haut niveau à la maison de quartier de ma ville. Je lui ai raconté ce qui se passait dans le club. Il était surpris et m’a dit que c’était la première fois qu’il entendait ça, et qu’on devrait songer à changer.

    Nous avions pensé à changer pour d’autres équipes féminines, mais c’est compliqué, car là où je vis il est difficile de trouver un club de foot féminin. Les détections existent, mais les clubs reprennent les mêmes joueuses. Les autres plus grands obstacles sont le temps de trajet (une heure minimum dans les alentours… ce qui est impossible pour nous, car nous ne sommes pas véhiculées), le nombre de joueuses qui essaient d’intégrer ces équipes féminines (donc la liste d’attente est assez longue), et il y a aussi le manque de temps avec les études.

    Je lui en ai parlé. Il m’a dit que le problème était que le football féminin n’était pas assez développé, du coup les clubs autour négligeaient les équipes féminines. Il a aussi dit que c’était du gâchis de nous laisser sans rien faire, qu’on était la future génération, et qu’on ne devait pas baisser les bras.

    On nous appelait “les traîtres”

    Il a décidé de prendre mon numéro, celui de mon amie et de nous coacher pour les vacances. Il nous a donc entraînées pendant les vacances de la Toussaint dans une ville non loin de la nôtre et nous a appris énormément de choses en deux semaines.

    À la rentrée, je ne sais pas comment, mais nos coachs étaient au courant qu’on était allées s’entraîner ailleurs. Ils n’ont pas manqué de le raconter aux autres filles de l’équipe. Les coachs et les filles se sont alors permis de nous appeler “les traîtres”, alors qu’on cherchait seulement à enrichir notre apprentissage. C’était la fois de trop. Le président du club a organisé une réunion avec les coachs. Ils ont arrêté de nous appeler “les traîtres”, mais pas les filles.

    Une affiche de détection au Red Star

    Début 2022, il y a eu une affiche de détection au Red Star , un club installé dans la banlieue nord de la capitale. C’est à trois heures de chez moi, mais il y a une disposition qui nous permettrait d’arriver à l’heure: un car du club vient nous chercher à notre adresse et nous dépose. Mais il est payant. C’est rare qu’il y ait des détections dans des clubs quand on est une fille et, quand il y en a, c’est une grande occasion pour toutes les passionnées de football.

    C’est un ami qui y joue qui nous a proposé de venir. Mais les conditions sont délicates. Il faut être sans club et, étant donné que nous sommes bel et bien licenciées, c’est à nos risques et périls d’y aller. Si mon club actuel apprend que je pars à une détection au cours de la saison alors que je suis licenciée, il risque de bloquer ma licence. Ce qui veut dire que je ne pourrais pas aller m’inscrire dans d’autres équipes féminines. Et le club des Red Star risque de me désinscrire de la détection. Mais nous allons y aller et tenter notre chance. Qui ne tente rien n’a rien.

    Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

    À voir également sur Le HuffPost: Cette footballeuse freestyle veut encourager les filles à le pratiquer

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      L'autisme de mon petit frère n'est pas contagieux - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 17 July, 2022 - 06:30 · 7 minutes

    Combien de fois j’ai vu Lilian faire des crises horribles, tirer les cheveux ou s’énerver dans les bras de mon papa et de ma belle-mère? Combien de fois, en voyant la douleur dans les yeux de mon frère, la souffrance de faire une crise, je me suis sentie triste et impuissante? (photo d'illustration) Combien de fois j’ai vu Lilian faire des crises horribles, tirer les cheveux ou s’énerver dans les bras de mon papa et de ma belle-mère? Combien de fois, en voyant la douleur dans les yeux de mon frère, la souffrance de faire une crise, je me suis sentie triste et impuissante? (photo d'illustration)

    HANDICAP - Quand on dit « autisme », la plupart des gens pensent à l’Asperger. C’est la forme la plus légère et la mieux connue de ce trouble . Mais il existe d’autres formes d’autisme plus sévères, moins reconnues et moins soutenues.

    Quand le diagnostic de mon petit frère Lilian est tombé –8 sur une échelle de 10, je me suis sentie étrange. Je ne connaissais absolument rien à l’ autisme . Je ne savais même pas qu’il existait différents grades de « sévérité ». Même après tout ce temps, on ne s’y fait jamais vraiment. Je ne vois Lilian que cinq fois dans l’année. Il n’empêche que j’en souffre aussi, comme tout le monde autour de lui.

    Aujourd’hui, Lilian a 9 ans, mais il ne parle pas. L’âge requis pour parler est déjà passé depuis longtemps. À ce stade, cela relèverait du miracle qu’il parle un jour.

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    Il ne comprend pas ce qui est mal

    À 9 ans, il porte toujours des couches. Parfois, il les enlève à n’importe quelle heure de la journée, ou il ne veut pas les remettre. Mes parents m’ont raconté qu’une nuit, il a fait une crise et retiré sa couche. Il était en train d’en étaler partout sur le lit et de se mettre les doigts pleins d’excréments dans la bouche. Mes parents étaient impuissants. À quoi bon lui dire qu’il ne doit pas faire ça? Il ne comprend pas que c’est mal.

    Voilà le problème: l’autisme l’empêche d’avoir une vie “normale”, de grandir “normalement”, de faire des sorties ou même d’avoir un simple échange avec nous. “Impuissance” est un mot important et qui est très représentatif de mon point de vue sur la question. Combien de fois j’ai vu Lilian faire des crises horribles, tirer les cheveux ou s’énerver dans les bras de mon papa et de ma belle-mère? Combien de fois, en voyant la douleur dans les yeux de mon frère, la souffrance de faire une crise, je me suis sentie triste et impuissante?

    Les gens ont peur de mon frère

    Quand quelqu’un est différent dans notre entourage, il est malheureusement très courant d’entendre les critiques. Les gens ne comprennent pas et ont parfois peur. Une fois, nous sommes allés faire des courses, avec ma belle-mère et mon petit frère. Il y avait beaucoup de monde dans le petit magasin et Lilian avait été calme la moitié du temps.

    En arrivant à la caisse, il a commencé à s’impatienter et a fait une crise. Il s’est mis à pleurer, il commençait à se tirer les cheveux et à vouloir partir. Nous étions à la caisse handicapé. Un monsieur derrière nous a dit: ″ Non, mais vraiment aucune éducation, qu’est-ce qu’il lui prend à se mettre à crier comme ça? ” Ma belle-mère l’a regardé et lui a dit: ″ Il est autiste.

    Voici un autre exemple de l’ignorance du regard des gens et de leur absence d’empathie. Nous étions partis en famille faire une course à Bricomarché. Mon autre frère, Arthur, avait vu une moto un peu chère en verre. Il voulait jouer avec, mais les parents la lui ont retirée des mains. Lilian a, à son tour, pris la moto. Mais la retirer n’allait pas être aussi facile. Il s’est mis à faire une crise en plein milieu du magasin. En voyant son frère pleurer, Arthur s’est mis lui aussi à pleurer. Papa les a pris avec lui pour sortir.

    Au moment où il sortait, sous les regards noirs ou terrifiés de personnes à la vie “normale”, une femme est entrée dans le magasin avec son Caddie et un chapeau rose. Elle a vu mon père avec deux enfants en train de pleurer dans les bras et elle a hurlé: “Oh mon Dieu, mais pourquoi ces enfants crient-ils? Ils sont bruyants! Faites-les taire!”

    La caissière nous a mal regardés et nous a dit: “Mais vous comprenez, les gens ont peur.” Comme si elle voulait en rajouter une couche. Ce fut vraiment la phrase de trop. Sous le coup de la colère, ma belle-mère a répondu: “Peur de quoi? Que ce soit contagieux?”

    Manque de soutien…

    Le plus difficile, c’est d’être constamment jugé par des personnes extérieures qui ne veulent surtout pas comprendre. À quoi bon? Cela ne leur apporterait rien…

    Quand je suis confrontée à ces personnes à l’esprit fermé, j’ai envie de les inviter à passer une semaine chez nous. Il y en a plein à qui ça pourrait faire du bien. Qu’ils comprennent à quel point c’est dur pour tout le monde.

    Je suis fière de mon petit frère, de qui il est, et des efforts qu’il fait, même minimes. J’essaie de me battre contre le regard des autres en restant fière. Quelque part, je suis contente de comprendre l’autisme, de savoir “le gérer”, d’être plus mature sur ce sujet-là.

    Le plus difficile, c’est d’être constamment jugé par des personnes extérieures qui ne veulent surtout pas comprendre. À quoi bon  Cela ne leur apporterait rien…

    … même des médecins

    Mon frère va à l’IME (l’institut médico-éducatif), qui reçoit des personnes en déficience mentale ou physique. Il y va en taxi chaque jour, sauf les mercredis. Ce fut une horreur pour avoir une place. Il manque énormément de places en IME, et le temps d’attente est long. “Bah, désolée Madame, mais vous allez devoir attendre.” Attendre combien de temps  Attendre quoi? Un miracle? Que quelque chose de grave arrive? Venez vivre à la maison le temps d’attendre, on verra si vous allez tenir.

    Ils osent sortir aux familles d’attendre alors que selon le site faire-face.fr (un site d’information sur le handicap), il manquerait entre 30.000 et 47.000 places dans les IME pour que tous ceux qui en ont besoin aient des réponses adaptées.

    Depuis qu’il va à l’IME, Lilian a l’air d’aller bien. En tout cas, il a l’air de beaucoup s’amuser là-bas. Il fait du cheval, il mange des plats différents de ce qu’il mange à la maison. Il y a deux éducateurs avec lui. C’est dur de se dire qu’il faut deux personnes pour gérer mon frère.

    Il y a aussi les fameux: “Non, mais vous comprenez, nous ne pouvons rien faire en ce moment, car c’est la semaine de repos et nous avons besoin de vacances.” Alors que nous, nous ne sommes quasiment pas partis en vacances depuis huit ans. Vous pensez que l’autisme va s’arrêter pour nous laisser avoir des vacances? On est privés de vacances et de toutes sorties, et vous osez nous dire ce genre de trucs?

    Et si c’était vous?

    Il faudrait vraiment que la prise en charge puisse être respectée là où on l’attend le plus. Dans les établissements prévus pour ça, mais aussi dans les établissements scolaires. Le problème, c’est qu’il manque beaucoup d’assistantes de vie scolaire (AVS), que c’est un métier vraiment peu connu, et pourtant très utile et demandé. Tous les enfants ont le droit à l’éducation, même avec leur handicap.

    Évidemment, tout n’est pas à jeter. Il y a beaucoup de personnes compréhensives qui acceptent la différence, et qui s’en occupent ou compatissent. Déjà ça, ça apporte beaucoup. Je suis reconnaissante de ces personnes qui prennent la parole pour nous, qui nous comprennent et qui acceptent.

    Malheureusement, la majorité des personnes réagissent comme décrit plus haut. Elles ont peur de l’autisme et ne veulent ni comprendre ni accepter la différence. À ces gens, je pose une question: comment réagiriez-vous si c’était quelqu’un de votre famille proche? Votre frère? Votre sœur?

    Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.

    À voir également sur Le HuffPost: “Hors Normes”, un film juste sur l’autisme

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      Vive mes vacances sans enfants! - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 16 July, 2022 - 05:00 · 4 minutes

    Passer mes vacances avec ces parents-précepteurs qui semblent devenus la norme, non merci. L’éducation de leurs chères têtes blondes accaparant tout leur temps de cerveau disponible, les échanges avec des adultes sans enfants ne les intéressent pas. Passer mes vacances avec ces parents-précepteurs qui semblent devenus la norme, non merci. L’éducation de leurs chères têtes blondes accaparant tout leur temps de cerveau disponible, les échanges avec des adultes sans enfants ne les intéressent pas.

    ENFANTS - Les lieux de détente et les vacances “No Kid” se développent partout dans le monde. Des havres de tranquillité où les childfree trouvent leur compte, tandis que les parents s’offusquent: “c’est du communautarisme!”. Moi je passe mes vacances dans un endroit où il n’y a personne, ni adulte ni enfants, mais si j’étais amenée à aller ailleurs, j’éviterais délibérément tous les lieux avec enfants -hôtels, hébergements, plages, etc. Certes les enfants sont bruyants, ils l’ont toujours été, mais à mes yeux ce n’est pas le pire.

    Le pire, ce sont les parents

    Côtoyer des familles, c’est vivre dans une salle de classe. On assiste à l’extension du domaine de l’école, avec des parents qui encouragent en permanence leurs enfants pour “faciliter les apprentissages” et qui se transforment en suppléants de l’instituteur. Chaque jour, chaque heure, doit être mis à profit pour “stimuler l’enfant”, pour “monter le niveau”, pour lui apprendre de nouveaux mots, pour lui expliquer les secrets du système solaire, les mécanismes du suffrage universel. L’enfant doit être pris en charge à longueur de journée, il faut accompagner ses acquisitions, lui trouver des activités pour qu’il soit, forcément, très-très intelligent (”éveillé” est l’euphémisme qui signifie qu’il a ou qu’il aura de meilleures notes que ses petits camarades à l’école).

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Exemple. L’autre jour, j’étais assise dans un train à côté d’un père voué corps et âme à son sacerdoce éducatif. “Mia, regarde dehors, qu’est-ce que tu vois ?” La petite fille: “Une vache, une ferme, une route...” Le père: “C’est bien. Quoi d’autre?” La petite fille: “Une voiture, un bonhomme...” Le père: “C’est bien, Mia, bravo. Tu as oublié le poteau téléphonique. Po-teau-té-lé-pho-nique, répète après moi. Et il y a aussi un cèdre, là-bas sur la colline, tu connais le mot? Maintenant, est-ce que tu arrives à compter les maisons là-bas sur la colline?”. Un peu plus tard: “Regarde Mia, nous arrivons dans une gare. Est-ce que tu reconnais les lettres sur le panneau?” Encore plus tard: “Bravo Mia, maintenant on va regarder ton cahier de vacances.”.

    Communautaristes, les childfree ?

    Passer mes vacances avec ces parents-précepteurs qui semblent devenus la norme, non merci. L’éducation de leurs chères têtes blondes accaparant tout leur temps de cerveau disponible, les échanges avec des adultes sans enfants ne les intéressent pas. Eux ont une mission sacrée à remplir, éduquer. Leur conversation tourne autour des progrès de leurs enfants, Malo a appris à lire par la méthode Kumon, Vanille saute une classe.

    Côtoyer des familles, c’est vivre dans une salle de classe. On assiste à l’extension du domaine de l’école, avec des parents qui encouragent en permanence leurs enfants pour "faciliter les apprentissages" et qui se transforment en suppléants de l’instituteur.

    Des infos de la plus haute importance, qu’ils tiennent à partager avec le monde entier. Pour leur faire plaisir, vous pouvez engager le dialogue sur le thème de la baisse du niveau à l’école publique et sur les mérites comparés des différents types de systèmes pédagogiques, les parents sont intarissables sur le sujet. Encore faut-il que vous, cela vous intéresse...

    Quant aux childfree irrités par ce déluge pédagogique, ils sont des gêneurs, des empêcheurs d’éduquer à fond. Communautaristes, les childfree ? Le communautarisme, c’est la tendance à faire prévaloir les spécificités d’une communauté (ethniques, religieuses, culturelles, sociales…) au sein d’un ensemble social plus vaste. Or, ce sont les parents qui sont communautaristes.

    Contrairement à ce qu’ils imaginent, le reste de la société ne veut partager ni leurs préoccupations ni leur mode de vie 100% pédago. Qu’ils restent entre eux avec leurs enfants. Pour les autres, l’école est finie.

    À voir également sur Le HuffPost: Voilà pourquoi les parents sont si fatigués après les vacances d’été

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      À ma fille porteuse de trisomie, qui va bientôt rentrer en CP - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 15 July, 2022 - 07:00 · 5 minutes

    Tu ne m’en voudras pas, mais je crois que je vais avoir du mal à abandonner l’appellation Tu ne m’en voudras pas, mais je crois que je vais avoir du mal à abandonner l’appellation "ma petite" ou "mon bébé".

    HANDICAP - Ma petite Louise, ma fille,

    Aujourd’hui devrait être le jour où je cesse de t’appeler “ma petite Louise”. Tu as fait tes dernières heures dans la cour de l’école maternelle . Et dans deux mois, te voilà propulsée “chez les grands”. En CP .

    Tu ne m’en voudras pas, mais je crois que je vais avoir du mal à abandonner l’appellation “ma petite” ou “mon bébé”. J’ai déjà du mal, avec ton grand frère qui va faire ses premiers pas au collège, alors toi... Toi qui prends ton temps et alignes les années de plus que les autres dans l’univers des “petits”, ne m’en demande pas trop.

    Du rab’ de maternelle

    Quatre années de maternelle. Tu as fait du rab’, et ce n’était pas de trop. Difficile d’échapper aux bilans lors des fins d’années et de cycles scolaires. Et même si je peste souvent intérieurement contre la lenteur de tes progrès, c’est justement l’occasion pour moi de poser noir sur blanc les pas de géants que tu as accomplis, car il y en a.

    Le petit chromosome en plus qui ralentit le temps a tendance à nous les faire oublier. Mais pour toi plus tard, quand je te lirai ceci dans quelques années, pour moi, pour toutes les personnes qui t’ont accompagnée avec bienveillance cette année passée, je vais faire la liste des petits et grands bonheurs que tu as accomplis de ton pas joyeux.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Une année de surprises

    Louise, ce fut l’année où, à la maison, tu as surpris ton monde en mangeant pour la première fois des morceaux (de choucroute, plus jamais je ne verrai une choucroute de la même façon). L’année, au centre de loisirs où j’ai fini par te « lâcher », tu as commencé à boire, certes à la cuillère mais à boire, des jus de pomme et d’orange dont tu te régales maintenant. Ce fut l’année où, à l’école, grâce à la patience de l’artiste peintre venu en résidence décorer avec vous les murs trop tristounes de fresques colorées, tu as accepté de prendre un crayon et de « laisser ta trace ». Quel joli symbole. Ce fut l’année où, en classe, tu as appris ces choses qui paraissent si simples aux autres mais sont si complexes pour toi : enfiler ton manteau seule, t’attribuer les rituels du matin : accrocher le manteau, prendre ton cahier, entrer en classe, poser ton cahier, devenir la responsable de la collecte des cartes de cantine auprès de tes petits camarades.

    L’année où tu as enfin accepté de prendre sur le bout de tes doigts des gommettes et de les coller.

    L’année où tu as exploré les capacités de ton corps à escalader, glisser, s’enfuir à toutes jambes (petite pensée pour les sueurs froides des enseignant.e.s et animateurs/trices).

    L’année où, en attendant ces fichus mots qui ne te viennent pas, tu t’es emparée de ton petit classeur de communication pour demander ce que tu veux en désignant des photos et des pictos.

    L’année où tu as accepté de plus en plus de tenir un pinceau ou un feutre pour dessiner – même si ça ne te fait clairement pas plaisir, mais pour en finir avec les adultes qui ont l’air d’y tenir tellement.

    L’année où tu t’es mise à maîtriser comme une ado le fonctionnement de la tablette (merci Lady Gaga et les vidéos de danse, le scrolling n’a plus aucun secret pour toi).

    L’année où dans notre piscinette familiale, tu as ôté de toi-même tes brassards pour nous montrer que tu as pied, merci, tu peux te débrouiller sans.

    L’année où malgré la foule impressionnante de la fête de fin d’année scolaire, tu as exécuté presque en entier la danse de la classe avec l’aide de ta maîtresse.

    L’année où tu as eu tes deux premières dents de grande, et où tu as assuré comme une chef chez la dentiste, pour la torture de l’arrachage des dents de lait qui ne tombaient pas.

    L’année où tu as continué de danser, danser, en toutes occasions, et où ta prof m’a écrit que tu commençais à investir vraiment les interactions, créant ainsi « de vrais moments de bonheur ».

    L’année où tu nous as fait tourner bourriques, ton papa et moi, mais aussi tous les adultes de ton quotidien, en nous montrant que ce n’est pas un chromosome en plus qui empêche de savoir ce que l’on veut – et surtout ce que l’on ne veut pas.

    Une grande fille

    J’en oublie, c’est évident Mais c’est suffisant pour me démontrer que oui, il se passe toujours des choses avec toi, même dans les moments où, avec nos lunettes d’adulte, on a l’impression d’une stagnation. Tu as bien avancé, ma grande fille.

    Et même si je suis trop pressée, même si des choses me manquent, je suis fière de toi. Et reconnaissante envers tous ceux qui t’ont permis de continuer ton long chemin à petits pas décidés : les maîtresses AESH animateurs animatrices kiné orthophoniste psychomotricienne agents de restauration scolaire copains et copines de classe et leurs parents... Tous ceux qui ont fait de toi une petite élève à part entière.

    Tu nous as fait tourner bourriques, ton papa et moi, mais aussi tous les adultes de ton quotidien, en nous montrant que ce n’est pas un chromosome en plus qui empêche de savoir ce que l’on veut – et surtout ce que l’on ne veut pas.

    Et maintenant, finis les bilans, ma grande fille.

    On regarde devant. Un beau chemin t’attend.

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    Ce témoignage, initialement publié sur la page Facebook de Caroline Boudet, a été reproduit sur Le HuffPost avec son accord.

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    À voir également sur Le HuffPost: Cette Espagnole atteinte de trisomie 21 a réalisé son rêve en défilant à la Fashion Week

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      Je n'ai pas démissionné de mon job pour un autre, mais pour moi - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 9 July, 2022 - 06:15 · 6 minutes

    J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi. 1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie. J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.  1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    BIEN-ÊTRE - Il est des aventures professionnelles que l’on choisit en demi-teinte. On établit la liste des pour et des contres et puis finalement la perspective d’un nouveau défi , l’appel de la page blanche nous conduit à accepter ce poste dans une entreprise dont les valeurs sont parfois éloignées des nôtres.

    Cela a été mon cas.

    Mais rapidement, dans ces nouvelles fonctions je découvre les équipes, je m’attache aux hommes et aux femmes de l’ entreprise , je sens cette envie parmi eux de bouger les lignes, changer les habitudes.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    3 ans d’une mission riche et fructueuse

    Un projet de conduite du changement passe en partie par les mots, il faut convaincre, donner du sens, montrer l’exemple. Je m’y attèle de toutes mes forces. Je sais que le défi à relever est grand et seule je n’irai pas loin, il n’y a qu’ensemble qu’on mène de beaux projets.

    Passer la phase de refus en bloc, peu à peu les uns embarquent motivés, d’autres s’exécutent sous la contrainte jusqu’à devenir des ambassadeurs convaincus qui entraînent d’autres sur leur sillon.

    Au fil des mois, ces équipes, je les observe, je les écoute, je leur parle et je les vois évoluer.

    Ensemble, nous relevons le grand défi de la conduite du changement, où tout commence par la tête puis les comportements et les pratiques managériales. Il nous faut 2 ans pour dire qu’une nouvelle culture d’entreprise est née.

    Moi qui avait géré des projets à court terme jusque là, j’apprends sur le tas comment se stabilise un projet sur la longueur : susciter l’adhésion, fidéliser, mobiliser chacun. Aujourd’hui je sais qu’on gagne en légitimité auprès de ses équipes par son savoir être, son enthousiasme et par l’exemplarité qu’on s’impose à soi même. L’exemplarité ce n’est pas être parfait. L’exemplarité c’est être aligné entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.

    Au delà du pragmatisme, je crois que pour mettre en mouvement les gens et pour initier le changement il faut les faire regarder vers une étoile.

    Et puis le couperet

    Après 3 ans d’enthousiasme à toute épreuve, un beau jour, lors d’une réunion semestrielle, ma direction brille de ses mots, une phrase tombe comme un couperet:

    « On ne vit pas dans un monde de télétebuies, je ne vous paie pas pour être heureux »

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    Dans ma carrière, j’ai eu des Clients exigeants, des dir’com’, des directions générales qui savaient ce qu’elles voulaient, mais jamais je n’avais eu des mots aussi démobilisants !

    Ce n’est pas toujours les évènements qu’on croit qui nous chamboule le plus.

    Moi qui ait toujours été d’un enthousiasme à toute épreuve, il m’a fallu 10 secondes pour redescendre net.

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    10 secondes, c’est parfois le temps qu’il faut pour flinguer 3 ans de boulot.

    Je découvre le sentiment de brownout : plus envie d’affronter des missions dénuées de sens dans un environnement où le rendement prend le pas sur l’humain.

    Je prends conscience qu’une valeur ça ne pèse rien, c’est léger comme une plume mais ça peut changer le cours de la vie et inviter à un vrai cheminement introspectif.

    Après quelques semaines introspectives, c’est décidé, je m’en vais. Adios, arrivederci, bye bye. Je préfère partir que de rester en ayant démissionné dans ma tête.

    Tout quitter pour... soi

    C’est étrange comme un départ rempli de sens pour soi peut faire l’objet de questions farfelues : « Tu pars où ? Chez qui ? Pour faire quoi ? »

    A cette même époque, ma nièce chante à tue tête : « Libérée délivrée, c’est décidé je m’en vais…. »

    J’ai envie de crier : « Je vous quitte pour MOI ! » Faut-il nécessairement quitter un job, pour replonger dans un autre ?

    Oui, c’est d’un saut dans le vide sans filet, rien de m’attend derrière.

    Mais visiblement, c’est plus un problème pour les autres que pour moi. Aussi, pour me donner de la contenance, j’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.

    1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    Le temps est une denrée tellement rare qu’il est un luxe dans ce monde où nous n’avons pas le temps, nous ne savons plus patienter. Pendant cette année, j’ai envie d’employer mon temps à me nourrir humainement.

    • Faire une formation ouvre les chakras (bien choisir sa formation, ce qui va driver les prochains moins, où on a de l’intérêt, de l’appétence, du talent qu’on pourrait développer);
    • Voyager et se reconnecter aux fondamentaux de la vie : manger, avoir un toit, découvrir et rencontrer des gens. N’est-ce pas là revenir à l’essentiel ?
    • Oser solliciter des gens pour prendre un café, découvrir l’univers des start-up, des entrepreneurs, de métiers qui me sont jusque là inconnus;
    • Aller à des entretiens détachés de tout enjeu, apprendre à se présenter sans fard, avec son histoire, ses valeurs, ses convictions (excellent exercice de marketing de soi).

    Un congé MOI-ternité

    Finalement, au bout d’un an, on n’a peut-être pas accouché du projet phénoménal que notre entourage attendait. On a juste pris le temps d’une mini-retraite, pourquoi attendre la fin de sa vie pour avoir le temps ? Mais ce concept de congé MOI-ternité, à l’apparence légère, m’a amené à comprendre où j’avais de la valeur dans le respect de mes valeurs. C’est ce chemin qui m’a amené là où je suis aujourd’hui.

    Car depuis j’ai plongé dans ce que je refusais depuis toujours : l’entreprenariat, je suis devenue Formatrice et consultante indépendante avec ses doutes, ses peurs et l’instabilité qui l’accompagne.

    Va pour l’instabilité si elle sert la liberté !

    À voir également sur Le HuffPost:“Bullshit jobs”: Comment ce salarié a pris conscience que son travail n’avait aucun s ens

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      Pour les résultats du brevet, ce que je voulais dire à mes élèves - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 8 July, 2022 - 08:31 · 7 minutes

    Dans quelques heures, vous commencerez à sentir qu’une trajectoire nouvelle se dessine, et au début vous n’y penserez pas, vous ne vous en rendrez peut-être même pas compte, ou alors vaguement ; au long des jours à venir, il vous viendra en tête des images tour à tour plus précises puis plus confuses. Dans quelques heures, vous commencerez à sentir qu’une trajectoire nouvelle se dessine, et au début vous n’y penserez pas, vous ne vous en rendrez peut-être même pas compte, ou alors vaguement ; au long des jours à venir, il vous viendra en tête des images tour à tour plus précises puis plus confuses.

    BREVET DES COLLÈGES - Chères Élèves, Chers Élèves,

    Dans quelques heures, après de longues journées d’attente et peut-être même d’angoisse, vous prendrez enfin connaissance de vos résultats au Diplôme national du Brevet .

    Peut-être que, comme moi à votre âge, vous vous déplacerez pour voir votre nom –ou, malheureusement, l’ absence de votre nom– sur la liste qui sera accrochée sur la grille du collège . C’est qu’il y a des endroits qu’on veut voir pour la dernière fois en se disant “c’est la dernière fois”, et il vous reste encore toute la journée pour pèleriner sur les terres de votre enfance –de votre début d’adolescence–; pour traîner devant la grille ou vous asseoir sur le gros rocher. Ne vous en privez pas; ça vous fera toujours de beaux souvenirs, et les souvenirs, c’est précieux. J’espère qu’il fera beau, et qu’il y aura un beau soleil dans vos souvenirs.

    Moi, je serai là aussi –sûrement, même, que j’aurai cherché votre nom sur la liste avant vous–; et je serais heureux de vous voir une dernière fois, pour partager avec vous une dernière joie, peut-être une dernière tristesse. Vous me verrez à peine et je ne vous en voudrai pas; vous serez tout à votre euphorie –ou à votre déception– et vous serez nombreux à partir en oubliant de formuler le petit mot précieux qui émeut les enseignants (“merci”), mais vous aurez, c’est bien normal, des personnes plus importantes que moi à voir pour la dernière fois. Et puis, moi, je serai au même endroit dans un an, derrière cette même grille, et plein de la même émotion. Vous saurez où me trouver.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un évènement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Vous avez reçu la semaine dernière votre résultat d’affectation. Pour certains, c’était peut-être un soulagement; pour d’autres, une déception. Je n’ai plus rien à vous offrir désormais que ma compassion et mes souhaits les plus sincères de réussite, à chacun et chacune d’entre vous, dans la voie que vous avez choisie.

    Je me souviens de vous quand vous étiez petits. Je me souviens de vos petites mains perdues dans celles de vos parents.

    La fin d’une époque et le début d’une autre

    Dans quelques heures, vous commencerez à sentir qu’une trajectoire nouvelle se dessine, et au début vous n’y penserez pas, vous ne vous en rendrez peut-être même pas compte, ou alors vaguement; au long des jours à venir, il vous viendra en tête des images tour à tour plus précises puis plus confuses: il vous appartient désormais d’imaginer votre futur et vous le ferez en tâtonnant. Vous vivrez encore durant les vacances quelques moments insouciants (qu’à mon âge on envie aux personnes qui ont le vôtre); vous ferez pour quelques jours, quelques semaines, ce qui vous plaît, et rien d’autre, mais le lycée comme une épée de Damoclès sera suspendue au-dessus de vous: profitez pleinement de ces jours pleins de cette angoisse belle et prometteuse de celles qui précèdent les jours de grands changements.

    Vous verrez, on grandit plus que jamais durant les quelques jours qui suivent l’entrée au lycée. On a parfois l’impression d’enfiler d’autres habits que les siens: ce sont ceux du lycéen. Ils semblent toujours au début un peu trop grands. Alors profitez de ces semaines où vous ne serez plus collégiens et pas encore lycéens. Alors, prenez le temps, prenez ces deux mois qui s’offrent à vous, et croquez dedans; profitez-en pour voir vos amis, pour voir du pays, et pour lire; bien évidemment, pour lire, lisez, surtout, lisez, ne vous arrêtez jamais de lire. Ce n’est pas le professeur de français qui vous donne ce conseil, c’est simplement l’adulte qui a aimé vous connaître, l’adulte qui vous souhaite le meilleur: lisez, car c’est en lisant qu’on apprend ce qu’on ne parvient pas à apprendre ailleurs, qu’on finit par comprendre ce qu’on pensait pourtant avoir compris depuis longtemps –on découvre sans cesse en lisant qu’on ignorait tout.

    Vous vivrez des moments insouciants, puis vous commencerez de nouveau à ressentir l’angoisse de la rentrée et, avant même que vous n’ayez eu le temps de réagir: la rentrée sera là; vous attendrez devant votre nouvel établissement qu’on en pousse la grille; il vous semblera immense et inconnu, et vous aurez dix ans à nouveau.

    Vous arriverez au lycée un peu perdus, tout comme, il y a près de quatre ans, vous faisiez vos premiers pas hésitants dans le hall du collège, la main perdue dans celle de votre père ou de votre mère –rappelez-vous, à l’époque, cette main vous semblait immense, et sûrement que je vous semblais très grand moi aussi. Vous aviez mal dormi la veille, vous aviez un nouveau sac à dos, vous croisiez les doigts pour être dans la même classe que vos amis. Quelqu’un a prononcé votre nom, vous êtes allés vous ranger devant votre professeur principal. Pour certains d’entre vous: c’était moi.

    Vous ne vous rappelez peut-être plus ce premier instant si important; mais moi, j’étais là, et je m’en souviens; je vous ai vu arriver; je me souviens de vous quand vous étiez petits. Je me souviens de vos petites mains perdues dans celles de vos parents.

    Je vous vois désormais partir et j’en écrase une larme

    Qu’elles me semblent courtes maintenant qu’elles sont terminées, ces quatre années. Qu’elles durent vous sembler longues, pourtant! Vous avez eu le courage immense d’affronter une pandémie, un confinement, des cours à distance, des protocoles parfois idiots. Comme si les années de collège n’étaient pas assez compliquées comme ça.

    On dit parfois aux enseignants qu’ils doivent se garder de dire à leurs élèves qu’ils sont fiers d’eux; de toute manière, c’est d’abord à vous d’être fiers de vous. Vous pouvez l’être.

    J’ignore ce que je serais sans vous, ce que j’aurais été, mais je sais que ce serait sûrement moins bien.

    N’écoutez pas ceux qui voudront nuancer votre réussite, ceux qui vous diront que le brevet est facile à obtenir: vous l’ignorez peut-être, mais le taux d’échec y est plus important qu’au baccalauréat. Le DNB est votre premier diplôme, et il restera le plus important jusqu’à ce que vous en obteniez un autre. Soyez heureux et soyez fiers. Ceux qui sont incapables de partager votre joie sont aussi ceux qui sont incapables de se souvenir de leur enfance. Il faut de la force pour savoir rester assis tout au long du jour; il faut de l’endurance pour pouvoir étudier chaque jour cinq ou six matières différentes; il faut du courage pour se faire des amis à quinze ans; mais je ne sais pas ce qu’il aurait fallu pour vous rendre les dernières années plus douces.

    Et personne ne peut savoir les efforts que vous avez déployés pour parvenir à les traverser.

    Je suis infiniment heureux d’avoir eu la grande chance que d’être votre enseignant. Votre compagnie m’a conforté chaque jour dans mon choix d’enseigner dans votre collège; d’enseigner, tout court. Les enseignants ne savent pas ce qu’ils feraient sans leurs élèves. J’ignore ce que je serais sans vous, ce que j’aurais été, mais je sais que ce serait sûrement moins bien.

    Merci pour votre curiosité, pour votre franchise, pour votre bienveillance, merci pour votre courage.

    Merci d’avoir partagé avec nous un peu de votre enfance.

    Maintenant, devenez ce que vous voulez être; le jour que vous serez devenus tout à fait différent, promettez-moi simplement de vous souvenir des élèves que vous étiez hier encore et que je fus heureux de connaître.

    Bon courage pour tout à l’heure, et pour toutes les années à venir.

    Ce témoignage, initialement publié sur les comptes Facebook et Instagram d’Alexis Potschke, a été reproduit sur Le HuffPost avec son accord.

    À voir également sur Le HuffPost: Avec la dictée du Brevet 2021, testez votre niveau de français

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      Ces cadeaux de fin d'année qui marqueront ma carrière d'enseignante - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 7 July, 2022 - 07:43 · 4 minutes

    On ne peut oublier tous ces derniers jours, parce que ce sont les derniers échanges, les derniers sourires, les derniers rires, les dernières larmes, les derniers regards. On ne peut oublier tous ces derniers jours, parce que ce sont les derniers échanges, les derniers sourires, les derniers rires, les dernières larmes, les derniers regards.

    VACANCES - Et voilà on y est, ce soir c’est le grand soir. Celui où les salles de classe vont se vider dans un grand mouvement digne des grandes marées. Les CM2, ceux qui sentent les boutons pointer sous leur peau douce, se sentent prêts à affronter le monde, tandis que les GS, sont déjà des presque grands et rêvent à leur cartable de CP.

    Et tous les ans, le dernier jour de l’année scolaire , aussi sûrement que les chocolats de Pâques arrivent dans les rayons entre les derniers chocolats de Noël et les premières merguez, c’est la grande tournée. La tournée des cadeaux de fin d’ année .

    Le fameux cadeau à la maîtresse ou au maître

    Le truc traditionnel qui fait ressembler le placard de la cuisine au rayon “mug” de chez Carrouf , ou le salon à la boutique de Jocelyne, la fleuriste du quartier. Ce qui avait pu être une marque de reconnaissance du travail accompli auprès de Choupinet se transforme ces dernières années en opération commerciale, digne de la fête des grands-mères ou du mois du blanc. Mais c’est aussi une tradition qui disparaît aussi vite qu’apparaissent les comédons. Comme si l’acné rendait l’attachement à son enseignant aussi honteux que le plaisir coupable d’une crème glacée un soir de régime.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    Alors un beau matin ce qui n’est pas officiellement attendu devient l’objet de toutes les attentes. Combien de mugs cette année? Plus de boîtes de chocolat que l’an dernier? Ou plus de fleurs?

    Mais au milieu de tous ces cadeaux qui font plaisir, combien nous touchent au plus profond de nous-mêmes, combien donnent du sens à notre présence au quotidien auprès de nos oiseaux? Cela se mesure à l’originalité du truc, ou plutôt au prix du bazar?

    Pourtant, parfois, il y a des pépites, des “Waouhhhh”

    Comme ce dernier jour où l’on repart avec une courgette et un plant de tomates dans le sac, parce que c’est la première courgette du potager et que Papy il en a plein des plants de tomates.

    Comme ce dernier jour, où la classe a complètement disparu, volatilisée, avec une seule chaise au milieu de la classe et un petit mot version Alice in the wonderland, “Assieds-toi”, et dans un vrai silence d’école, celui qu’on n’arrive jamais à obtenir dans la vraie vie, 26 petits moineaux , qui sur la pointe des pieds, viennent un par un offrir une simple rose, à la maîtresse plus du tout digne et qui a flingué son rimmel waterproof à la 3e fleur.

    Comme ce dernier jour où vous avez la surprise de voir leurs frimousses chanter sur du Julien Doré leurs petits plaisirs, leurs grandes rigolades, leurs chouettes souvenirs sur une vidéo, enregistrée en secret. Et eux sont là, vous observant, impatients de voir votre réaction.

    Comme ce dernier jour, après 3 ans de présence dans la classe, Mr Don’touchme , élève à handicap, qui 3 ans a frôlé les murs, évité les regards, éloigné l’autre, tenu à distance les mots, les gestes. Et qui ce dernier jour, au bout de quelques pas se retourne et vous prend dans ses bras, renifle tous les pores de votre peau, colle son gros cœur contre le vôtre, cœur de maîtresse tellement secoué qu’il se cabre et essaie de sortir de sa cage, colle son ventre contre votre ventre. Ventres qui se gonflent et dégonflent à l’unisson pour éviter d’éloigner l’autre dans un spasme involontaire. Et puis qui repart sans un mot, sans un regard et vous laisse vide de toute énergie, les bras ballants, mais tellement remplie d’émotions fortes.

    Les derniers et vrais cadeaux

    On ne peut oublier tous ces derniers jours, parce que ce sont les derniers échanges, les derniers sourires, les derniers rires, les dernières larmes, les derniers regards.

    Mais c’est aussi parfois le dernier jour, c’est le premier merci tout juste chuchoté, mais qui résonne tellement fort.

    Bref ce sont les derniers et vrais cadeaux. Ceux qui touchent, ceux qui donnent du sens à notre présence auprès d’eux.

    Comme ce dernier jour où l’on repart avec une courgette et un plant de tomates dans le sac, parce que c’est la première courgette du potager et que Papy, il en a plein des plants de tomates.

    Alors oui on ne dit pas non à un cadeau, mais que l’humanité fait du bien quand elle vient de l’intérieur!

    Et je me tiens prête pour de nouveaux derniers jours à la hauteur de ce dernier jour.

    À voir également sur Le HuffPost: Cet élève a offert le cadeau de ses rêves à son professeur

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      Les droits de mon frère handicapé, les miens d'aidante et d'autres familles sont bafoués - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 09:18 · 3 minutes

    En tant que tutrice et sœur de Jean-Luc, j’ai pu m’investir au sein d’une association. C’est ma façon à moi de remercier les professionnels qui prennent soin de mon frère. Ils font vraiment un travail formidable, indispensable, et pas assez reconnu. (photo d'illustration) En tant que tutrice et sœur de Jean-Luc, j’ai pu m’investir au sein d’une association. C’est ma façon à moi de remercier les professionnels qui prennent soin de mon frère. Ils font vraiment un travail formidable, indispensable, et pas assez reconnu. (photo d'illustration)

    HANDICAP - Cela fait plus de 12 ans que Jean-Luc, mon frère, vit dans un foyer d’hébergement et 40 ans qu’il travaille dans un ESAT, établissement ou service d’aide par le travail.

    En situation de handicap intellectuel, il est entré dans une AAPEI, association membre du réseau Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) depuis ses 7 ans –il en a aujourd’hui 63.

    Le foyer, un cocon

    Et même si nous, sa famille, nous avons toujours été présents, nous prenons soin de lui et lui proposons des activités en dehors de ce cadre-là, c’est au foyer qu’il se sent le mieux. C’est son chez lui, son cocon. Il vit dans une chambre simple, mais il s’y plaît, il y a toutes ses affaires. Il partage des espaces collectifs où il retrouve ses collègues, ses amis, ses voisins, ses éducateurs préférés aussi.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    En tant que tutrice et sœur de Jean-Luc, j’ai pu m’investir au sein d’une association. C’est ma façon à moi de remercier les professionnels qui prennent soin de mon frère. Ils font vraiment un travail formidable, indispensable, et pas assez reconnu.

    Dommage collatéraux

    En participant aux instances d’une association depuis très longtemps en tant qu’ aidante familiale, j’ai vu un malaise s’installer depuis quelques années, et de plus en plus de difficultés à remplacer les professionnels qui s’en vont.

    La crise sanitaire, les confinements, les protocoles, ont rendu ce métier encore plus difficile et contraignant. Et pour couronner le tout, le Ségur de la santé a accentué les inégalités entre les professionnels ! Malheureusement, le résultat, c’est que des tensions ont vu le jour dans les établissements, et ce sont bien sûr les personnes accueillies qui subissent les conséquences, les professionnels et les familles.

    Pour la première fois cette année, on m’a demandé d’accueillir mon frère chez moi, plusieurs jours pendant les crises liées au COVID 19 ou les vacances, pour permettre aux professionnels qui s’occupent de lui de prendre leurs congés.

    Pour moi qui suis à la retraite, ce n’est pas un souci. Mais je pense à toutes ces familles, pour qui cela peut poser de vraies difficultés logistiques, et mettre en péril une vie professionnelle et sociale déjà difficile à gérer en temps normal.

    Aidante familiale, j’ai vu un malaise s’installer depuis quelques années, et de plus en plus de difficultés à remplacer les professionnels qui s’en vont. La crise sanitaire, les confinements, les protocoles, ont rendu ce métier encore plus difficile et contraignant.

    Voix et droits bafoués

    Ce qui m’angoisse beaucoup en revanche, c’est que ce séjour à la maison sera difficile pour Jean-Luc. Cet éloignement va renforcer un sentiment de tristesse et d’isolement que nous ressentons chez tous les résidents de son établissement depuis plusieurs mois, depuis que toute l’organisation de l’association est bouleversée par le manque de professionnels.

    Bousculer ses habitudes, le couper de ses repères, ce n’est pas acceptable, c’est indigne, c’est injuste. Je suis révoltée, mais nous n’avons aucun moyen de nous faire entendre. Malgré les efforts des associations, malgré l’engagement des professionnels et tout l’amour que les proches leur portent, la voix de personnes en situation de handicap intellectuel n’est pas entendue par notre société, et leurs droits continuent d’être bafoués…

    À voir également sur Le HuffPost: Handicap, aide à l’enfance... Les “oubliés du Ségur” réclament aussi une revalorisation