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      Inquiet pour sa réélection, Erdoğan met l’économie turque sans dessus dessous

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 2 February, 2023 - 17:30 · 12 minutes

    Taux d’intérêts en forme de montagnes russes, croissance élevée, appauvrissement des Turcs par une inflation autour de 80%, échec de la stratégie d’industrialisation… La politique monétaire et économique poursuivie par Erdoğan ces dernières années est particulièrement erratique. En cherchant à tout prix à maintenir une croissance forte, tout en multipliant les mesures d’urgence pour éviter une crise financière et sociale, le pouvoir turc joue avec le feu. Une situation qui s’explique par la crainte du Président de voir l’opposition remporter les élections de juin prochain. Mais les opposants d’Erdoğan promettent surtout le retour à un régime néolibéral classique et une surenchère identitaire. Article originellement publié par la New Left Review , traduit par Piera Simon Chaix et édité par William Bouchardon.

    Depuis 2019, la politique économique de la Turquie se caractérise par les revirements répétés de son président, Recep Tayyip Erdoğan. Au départ, son régime avait adopté un programme fondé sur des taux d’intérêt faibles et sur l’expansion du crédit, à rebours de l’orthodoxie libérale, avec pour objectif la consolidation du soutien politique fourni par les petites et moyennes entreprises (PME). Résultats : dévaluation de la livre turque (c’est-à-dire une perte de valeur de la monnaie turque, ndlr), taux élevés d’inflation et hausse du déficit du compte courant et de la dette extérieure, due à la forte dépendance turque aux importations. Pour essayer de compenser ces effets, le gouvernement a alors basculé vers un programme néolibéral classique : des taux d’intérêt élevés destinés à attirer les capitaux étrangers et à stabiliser la valeur de la livre turque, et un resserrement du crédit afin de lutter contre l’inflation et l’endettement. Cependant, comme de telles politiques déstabilisent la base électorale de l’AKP, le parti au pouvoir n’a eu de cesse de revenir à une approche plus hétérodoxe. Une oscillation incessante qui dure depuis bientôt quatre ans .

    Une politique monétaire erratique

    Tant que l’économie turque était intégrée à l’ordre néolibéral transatlantique, il semblait n’exister aucune autre option face aux atermoiements d’Erdoğan. L’impératif stratégique consistant à maintenir les PME à flot à l’aide de politiques monétaires expansionnistes était irréconciliable avec la position du pays sur le marché mondial. Cependant, plus récemment, ce mouvement d’oscillation semble avoir été abandonné au profit d’un ferme engagement à l’hétérodoxie économique. Depuis le printemps 2021, les taux d’intérêt de la banque centrale turque (TCMB) ont été revus à la baisse et vont jusqu’à s’aventurer dangereusement du côté du négatif. Au plus bas, en raison d’une inflation très forte, les taux réels ont même atteint -80 %. Les placements traditionnels des épargnants en livre turque, détenus par une vaste majorité de la population, subissent donc des pertes massives. Dans un même temps, le crédit commercial et le crédit à la consommation ont été largement soutenus.

    Comme on pouvait s’y attendre, ces mesures ont permis à la Turquie d’obtenir une croissance élevée en 2021 (plus de 11%), mais au prix d’une importante dévaluation de la livre turque et d’une inflation démesurée (jusqu’à 85% en octobre 2022). La croissance élevée a masqué un effondrement généralisé du niveau de vie de la majeure partie de la population, dont les revenus n’ont pas crû au même rythme que l’inflation. Les mesures compensatoires qui ont été prises, telles que les revalorisations du salaire minimum, le contrôle des prix ou les réductions d’impôts, n’ont pas suffi à endiguer ce déclin. La fin de l’année 2021 s’est ainsi soldée par une stagnation économique, lorsque les entreprises se sont trouvées incapables de calculer les prix avec justesse et ont été désavantagées sur les contrats commerciaux libellés en devises étrangères. Une catastrophe économique de grande ampleur a été évitée de justesse lorsqu’Erdoğan a annoncé, le 20 décembre 2021, un mécanisme étatique de garantie des dépôts en devises étrangères.

    La croissance élevée a masqué un effondrement généralisé du niveau de vie de la majeure partie de la population, dont les revenus n’ont pas crû au même rythme que l’inflation.

    Peu de temps après, la TCMB a mis en place une « stratégie de liraisation » (c’est-à-dire de conversion des avoirs et dettes en devises étrangères en monnaie nationale, ndlr) impliquant de fait des mécanismes de contrôle des devises étrangères : restriction de l’accès aux prêts de la TCMB pour les entreprises détenant beaucoup de devises étrangères, interdiction du recours aux devises étrangères pour les transactions domestiques et incitations pour amener les banques à opter pour des dépôts en livres turques. L’objectif était de soutenir la demande en livres turques du secteur privé et de contenir la dévaluation. Cependant, à défaut de changements structurels approfondis de l’économie turque, tous les défauts de cette approche hétérodoxe — dévaluation, inflation élevée, important déficit du compte courant — ont refait surface et ont perduré. Et depuis un an, ces défauts sont accompagnés d’une hausse des taux d’intérêt et du niveau de la dette.

    Il en a découlé un paradoxe politique encore plus grave. Durant l’année 2022, pour contenir la crise, la Turquie a commencé à expérimenter une série de « mesures macroprudentielles », qui ont pris par exemple la forme d’un contrôle effectif des capitaux — via des pénalités économiques infligées aux banques octroyant des prêts à des taux d’intérêt supérieurs à 30 % — destiné à soutenir les prêts en livres turques à des coûts avantageux pour le secteur privé. Cependant, avec le ralentissement de la dévaluation due à la stratégie de « liraisation » et à cause du retard des effets de la dévaluation sur l’inflation (la monnaie turque perdant en valeur, les produits importés coûtent beaucoup plus chers, ndlr) et de la pression inflationniste mondiale, le taux d’inflation turc est demeuré supérieur au taux de dévaluation. Tout cela, par contrecoup, à entraîné une appréciation effective de la livre turque.

    Le calcul politique d’Erdoğan

    En d’autres termes, les politiques d’Erdoğan ont atteint exactement l’inverse de ce qu’elles visaient. Au lieu d’entraîner une baisse des prix des produits exportés, ces prix ont augmenté. De même, les taux d’intérêt plus faibles se sont accompagnés d’un ralentissement majeur de l’octroi de prêts par les banques privées, celles-ci ayant vu leurs marges de profit diminuer et se démenant pour compenser les effets de la politique gouvernementale. Cette compensation n’a été permise que par une autre augmentation des taux directeurs à l’automne 2022.

    L’économie turque est donc coincée entre Charybde et Scylla. L’AKP est réticent à imposer des remèdes néolibéraux, sans toutefois se montrer capable de proposer une autre option viable. Avec les élections présidentielles et législatives prévues pour l’été 2023 au plus tard, la crise au sommet du gouvernement se fait de plus en plus apparente. Dans cette conjoncture, trois chemins différents s’ouvrent devant la Turquie : un mélange de politiques économiques improvisées et de consolidation autoritaire (l’option favorite du gouvernement) ; un retour à une doctrine néolibérale (soutenu par certains détenteurs du capital et une partie de l’opposition) ; et un programme de réforme populaire démocratique (position défendue par la gauche).

    L’AKP est réticent à imposer des remèdes néolibéraux, sans toutefois se montrer capable de proposer une autre option viable.

    Implicitement, la nouvelle approche politique d’Erdoğan contenait une stratégie « d’industrialisation de substitution aux importations » : grâce aux coûts élevés des importations, aux faibles coûts du financement des investissements et aux avantages financiers induits par la dévaluation et les faibles taux d’intérêt, l’investissement industriel se serait trouvé renforcé et aurait permis à la Turquie de s’affranchir de sa dépendance exorbitante au marché mondial. Néanmoins, une telle ambition n’a jamais eu aucune chance de se concrétiser, car son succès dépendait d’une stratégie de planification et d’investissement étatique qui a toujours cruellement fait défaut. Il serait donc plus approprié de caractériser le récent virage hétérodoxe de la Turquie comme une tentative supplémentaire de gérer la crise, plutôt que comme une transition vers un nouveau régime d’accumulation. L’objectif était de protéger de vastes portions de la population, en particulier les personnes travaillant dans des PME, des dégâts générés par une économie en chute libre. Il s’agissait aussi, pour l’AKP, de gagner du temps avant les prochaines élections générales.

    Un retour à une politique économique néolibérale orthodoxe entraînerait des coûts politiques bien plus élevés qu’une approche attentiste visant à atténuer les effets de la crise sur les PME et la consommation domestique. La stratégie politique actuelle de l’AKP consiste donc à se positionner comme la dernière planche de salut pour les petites entreprises en difficulté, tout en intensifiant la répression contre d’éventuelles menaces à son hégémonie, Mais une telle méthode n’est pas infaillible. Par exemple, les PME très performantes qui se considèrent capables de supporter la pression compétitive d’une politique monétaire orthodoxe peuvent choisir de s’allier aux capitalistes qui appellent à l’expansion du rôle de la Turquie dans l’économie mondiale. En effet, les factions du capital les plus proches de l’AKP, pour la plupart tournées vers l’exportation et peu dépendantes des importations, ont déjà commencé à critiquer le gouvernement pour sa dévaluation monétaire bâclée.

    Jusqu’à présent, aucune fracture décisive n’a eu lieu entre les factions dirigeantes du capital et le régime d’Erdoğan : la plupart des secteurs récupèrent encore des profits élevés (les bénéfices du secteur bancaire ont été multipliés par cinq), notamment grâce à la compression des salaires induite par l’inflation. Mais l’association d’entreprises la plus importante de Turquie, l’Association de l’industrie et des entreprises turque (TÜSIAD), réclame avec de plus en plus de véhémence que soient de nouveau imposées des politiques néolibérales, en vue de rapprocher la Turquie du centre des chaînes de production internationales. La TÜSIAD demande également un assouplissement de l’autoritarisme de l’AKP et davantage de libertés civiles et d’équilibres constitutionnels, afin de remédier aux effets déstabilisateurs que le régime actuel aurait sur la société.

    Une opposition au programme très néolibéral

    Cette divergence naissante entre les intérêts de l’AKP et ceux des capitalistes turques s’inscrit dans un contexte de lutte acharnée entre le régime et ses rivaux politiques. Les sondages montrent que l’opinion publique s’est retournée contre le parti gouvernemental, dont la victoire est loin d’être garantie lors des prochaines élections. Une telle situation a fait monter au créneau le bloc d’opposition, mené par le Parti républicain du peuple (CHP), dont la stratégie est d’essayer de surpasser Erdoğan et ses alliés sur les questions de nationalisme et de chauvinisme. L’opposition s’est engagée, si elle parvient au pouvoir, à persécuter et à rapatrier les réfugiés syriens, ainsi qu’à mener une guerre totale contre le PKK (parti kurde interdit en Turquie, ndlr). Le ministre de l’économie présumé, Ali Babacan, a pour sa part promis d’interdire les grèves. Le bloc demeure d’ailleurs fermement opposé à toute forme de mobilisation populaire. Comme l’a affirmé le dirigeant du CHP, Kemal Kılıçdaroğlu, « Une opposition active est une chose, descendre dans la rue en est une autre… Nous n’avons qu’un seul vœu, celui que notre peuple demeure aussi calme que possible, au moins jusqu’à la tenue des élections. »

    L’opposition s’est engagée, si elle parvient au pouvoir, à persécuter et à rapatrier les réfugiés syriens, à mener une guerre totale contre le PKK et à interdire les grèves.

    L’objectif de l’opposition est donc la réinstauration d’un régime néolibéral classique, en le purgeant de sa structure hyper-présidentielle actuelle, tout en y incorporant des éléments idéologiques autoritaires et nationalistes associés à l’AKP et à ses prédécesseurs, et en continuant de démobiliser et de dépolitiser la population. Ainsi, si l’opposition pourrait certes revenir sur l’hyper-concentration des pouvoirs entre les mains du Président, son programme est résolument néolibéral et autoritaire.

    Une telle vision, aussi peu inspirée soit-elle, est-elle susceptible de galvaniser l’électorat au point de détrôner le président actuel ? Les sondages montrent que la cote de popularité du gouvernement est faible, mais que les électeurs sont également sceptiques vis-à-vis de l’opposition. Erdoğan, malgré plusieurs faux pas, a réussi à maintenir un lien identitaire entre son parti et sa base. Un tel soutien, agrémenté de son programme court-termiste et populiste de redistribution (notamment des aides pour payer les factures des ménages, de nouvelles augmentations de salaire, des programmes de logements sociaux et de crédits assurés par l’État à destination des PME), peut suffire à le maintenir en place. Les derniers sondages font état d’une remontée de l’AKP suite à l’annonce de ces mesures.

    Entre la restauration néolibérale promise par l’opposition et la consolidation autoritaire du pouvoir d’Erdoğan, il reste une dernière option pour la Turquie : celle ouverte par l’Alliance pour le travail et la liberté ( Emek ve Özgürlük İttifakı ), une coalition de partis pro-kurdes et de gauche, dont l’objectif est de réunir les forces dissidentes. Pour cette opposition, la seule manière de sortir de la crise nationale consiste à déployer une stratégie économique cohérente et démocratiquement responsable, qui modifie en profondeur le modèle turc en faveur des classes populaires et soutienne des réformes politiques d’envergure. L’organisation de la campagne s’annonce éprouvante, alors que le contexte politique se fait de plus en plus répressif. Mais en l’absence d’un tel combat, la perspective de démocratiser la Turquie s’effacera entièrement.

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      OTAN : le retournement de veste spectaculaire des sociaux-démocrates suédois

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Sunday, 15 January, 2023 - 17:41 · 14 minutes

    Historiquement, la gauche suédoise s’est toujours opposée à une adhésion à l’OTAN. La guerre en Ukraine est cependant venue rebattre les cartes. La possibilité d’une adhésion à l’Alliance a gagné en popularité et les sociaux-démocrates suédois ont changé leur fusil d’épaule – au grand dam de nombre de leurs partisans. Aujourd’hui, la question semble réglée : à peine le débat sur l’intégration à l’OTAN a-t-il été ouvert qu’il était clôturé. Ce virage a impliqué des sacrifices dans les principes diplomatiques de la Suède, historiquement opposée à la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan. Article de Filippa Ronquist , traduit par Piera Simon-Chaix et édité par William Bouchardon.

    Le 8 novembre 2022, Ulf Kristersson, Premier ministre suédois nouvellement élu, s’est rendu en Turquie. L’objectif de ce déplacement, alors que la Suède vient d’entamer son processus d’adhésion à l’OTAN, est de s’attirer les faveurs du Président turc Recep Tayyip Erdoğan. De nombreux Suédois ont été marqués par une image symbolique de cette visite : un gros plan sur la main de Kristersson, minuscule et déformée, broyée par la poigne d’Erdoğan jusqu’à virer rouge vif, est devenu viral.

    Le soutien aux Kurdes sacrifié pour entrer dans l’OTAN

    Lorsque la Suède a officiellement effectué sa demande d’adhésion à l’Alliance militaire, en mai dernier, de nombreux pays de l’OTAN ont chaleureusement accueilli l’idée de sa participation. Difficile d’en dire autant de la Turquie, qui n’était guère enthousiaste. Les relations turco-suédoises ont en effet rarement été au beau fixe ces dernières décennies, la Turquie ayant toujours désapprouvé le soutien accordé par la Suède aux Kurdes et à leur lutte pour l’indépendance. Dans la mesure où chaque État-membre de l’OTAN dispose d’un droit de veto à l’adhésion d’un nouveau membre, Erdoğan a clairement indiqué son intention d’y avoir recours contre la Suède, qu’il accuse de soutenir des mouvements terroristes en Turquie.

    L’époque de la solidarité suédoise avec les Kurdes est bel et bien finie.

    Il a fallu attendre plusieurs semaines pour qu’Erdoğan revienne sur sa position, contre des concessions importantes. Finalement, un accord tripartite entre la Turquie, la Suède et la Finlande (les deux pays scandinaves ayant déposé leur demande d’adhésion en même temps) a été trouvé en juin. Celui-ci prévoit que les deux Etats d’Europe du Nord mettent un terme au soutien octroyé aux Unités de protection du peuple (YPG), la milice majoritairement kurde en Syrie, et au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le parti en lutte pour l’autonomie kurde dans les régions du Sud-Est de la Turquie et du Nord de l’Irak.

    Les deux pays ont également accepté d’accélérer le traitement des nombreuses demandes d’extraditions de la Turquie, qui concernent pour la plupart des Kurdes accusés de terrorisme ou d’association avec le PKK. Enfin, la Suède et la Finlande ont entériné la relance des exportations d’armes en direction de la Turquie « dans le cadre de la solidarité de l’Alliance ». Cette décision met un terme à l’embargo sur les armes que la Suède et la Finlande imposaient à la Turquie depuis 2019, date à laquelle les deux pays nordiques avaient refusé de continuer à produire des licences d’exportation d’armes vers la Turquie, suite à son offensive militaire contre les positions kurdes en Syrie.

    Le message adressé aux Kurdes, qu’ils se trouvent en Suède ou ailleurs, est clair : l’époque de la solidarité suédoise avec les Kurdes est bel et bien finie. Pour les nombreux Kurdo-Suédois membres du Parti social-démocrate ou de la gauche suédoise au sens large, il s’agit d’une trahison particulièrement cruelle. À peine deux ans auparavant, la ministre sociale-démocrate des Affaires étrangères de Suède, Ann Linde, publiait un tweet de soutien aux Kurdes et enjoignait la Turquie à retirer ses troupes du nord de la Syrie. Il y a encore un an, le gouvernement social-démocrate ne parvenait à se maintenir au pouvoir qu’en passant un accord avec la députée indépendante Amineh Kakabaveh , une ancienne combattante kurde des peshmergas.

    Par un concours de circonstances improbable, Kakabaveh avait été exclue du Parti de gauche (gauche radicale) et s’était retrouvée propulsée dans une position où elle était en mesure de faire et de défaire les majorités parlementaires. Les sociaux-démocrates n’ont alors eu d’autre choix que de quémander son vote tandis qu’en retour, la députée exigeait un soutien sans faille à l’indépendance kurde. Il en a résulté un accord entre la députée et le Parti, signé en novembre 2021. Suite à celui-ci, Erdoğan a alors accusé la Suède d’accueillir des terroristes kurdes « même au Parlement ». Mais tout a changé à partir de 2022. En août, Ann Linde comparait le drapeau du PKK à celui de Daech, tout en assurant à la Turquie que l’accord passé avec Kakabaveh était devenu caduc en juin, à l’issue de la session parlementaire suédoise.

    Le lent rapprochement de la Suède et de l’OTAN

    Sur le plan moral, la Suède paye donc un lourd tribut pour son adhésion à l’OTAN. En retour, elle espère obtenir de l’Alliance des garanties de sécurité que le statut d’État non-aligné ne lui donnait jusqu’alors pas la possibilité d’obtenir. C’est bien sûr l’aggravation de la situation sécuritaire en Europe depuis la guerre en Ukraine qui est convoquée pour appuyer l’idée que la Suède ne peut plus se passer de telles garanties. En effet, lorsqu’il est devenu clair, au printemps dernier, que la Finlande envisageait d’adhérer à l’OTAN [1], beaucoup de Suédois ont estimé que leur pays n’avait d’autre option que d’imiter son voisin, un partenaire militaire et stratégique majeur.

    La Suède se repose d’ores et déjà implicitement sur l’OTAN en ce qui concerne sa sécurité en cas d’attaque, et assez explicitement sur les autres États membres de l’Union européenne, dont bon nombre sont eux-mêmes membres de l’OTAN.

    Si le revirement est particulièrement fort au cours de la dernière année, le rapprochement entre la Suède et l’OTAN a débuté il y a déjà une trentaine d’années. Depuis les années 1990, la Suède a graduellement accru sa coopération avec l’OTAN en participant à des missions et à des exercices conjoints, notamment au Kosovo, en Afghanistan et en Libye. La Suède se repose d’ores et déjà implicitement sur l’OTAN en ce qui concerne sa sécurité en cas d’attaque, et assez explicitement sur les autres États-membres de l’Union européenne, dont bon nombre sont eux-mêmes membres de l’OTAN [2]. Suite au traité de Lisbonne et à ses propres engagements unilatéraux, la Suède est de toute façon déjà tenue de soutenir la plupart des membres de l’OTAN en cas d’attaque (avec quelques exceptions notables, notamment les États-Unis, le Canada et la Turquie). Refuser l’adhésion à l’OTAN dans de telles circonstances n’aurait donc, selon certains, guère de sens. En effet, la Suède supporte déjà concrètement une grande partie des coûts et des risques associés à l’adhésion à l’OTAN (la Russie voit déjà clairement que la Suède s’est rangée parmi ses adversaires), sans pour autant recevoir de garanties de sécurité en retour.

    S’ils sont bien rodés, les arguments en faveur de l’adhésion méritent d’être nuancés. Les sanctions économiques très fortes et les importantes défaites militaires encourues par la Russie ont largement réduit sa capacité à mener une guerre conventionnelle. De plus, en dépit du choc que représente l’invasion de l’Ukraine, les velléités de la Russie d’envahir les pays de son voisinage étaient déjà évidentes depuis l’invasion de la Géorgie en 2008 et de la Crimée et de l’est de l’Ukraine en 2014. Si l’attaque à grande échelle lancée contre l’Ukraine en février 2022 a certes constitué une surprise pour beaucoup d’observateurs, c’est surtout car elle a mis en évidence le fait que Vladimir Poutine était prêt à courir des risques bien plus importants qu’on ne le supposait.

    Un argument plus solide, utilisé notamment pour convaincre les Suédois de gauche opposés à l’OTAN qui ne considèrent pas que l’invasion de l’Ukraine par la Russie ait entraîné une hausse de la menace sécuritaire pour la Suède, est qu’une adhésion à l’Alliance constituerait un acte de solidarité à l’égard de la Finlande et des autres États baltes. Pour beaucoup, c’est justement en se refusant à entrer dans l’OTAN que la Suède adopterait une attitude moralement contestable. Néanmoins, le prix à payer pour une telle solidarité avec la Finlande et les États baltes est celui d’une rupture de la solidarité suédoise avec les Kurdes.

    Clôture du débat sur l’OTAN

    Pour la gauche suédoise, à peine le débat sur l’adhésion à l’OTAN avait-il commencé qu’il était déjà clôturé. Le Parti social-démocrate, le plus grand mouvement de gauche en Suède, a joué un rôle central dans ce processus. Historiquement, ce parti avait toujours été favorable à la politique de non-alignement militaire traditionnelle de la Suède [3].

    Début mars 2022, le Parti social-démocrate, à l’époque au gouvernement, repoussait encore fermement les avances de l’OTAN. Mais la situation a brutalement évolué. Le 16 mars, les sociaux-démocrates ont désigné un groupe de travail sur les questions de sécurité, en charge d’analyser la situation sécuritaire de la Suède et ses options politiques suite à l’invasion russe en Ukraine. Le 22 avril, ils initiaient un « dialogue interne » au sein du parti sur les questions de sécurité. Le 13 mai, le groupe de travail sur la sécurité a publié ses conclusions , où l’adhésion à l’OTAN est décrite comme une option avantageuse pour la Suède. Le 15 mai, les sociaux-démocrates se prononcent en faveur de l’adhésion . Trois jours plus tard, la Suède déposait sa demande officielle d’adhésion, en même temps que la Finlande.

    Le pari des sociaux-démocrates n’a pas suffi pour remporter les élections.

    Un revirement aussi rapide, en quelques semaines à peine, sans débat ni vote, sur une politique de non-alignement défendue depuis des décennies, a constitué un choc brutal pour de nombreux membres du parti. Mais c’est exactement ce que l’on pouvait être en droit d’attendre des sociaux-démocrates. Le Parti social-démocrate suédois (SAP), l’un des partis politiques les plus prospères de l’Europe post-Seconde Guerre mondiale ( de 1932 à 2022, le SAP n’a été que 17 ans dans l’opposition , ndlr), est structuré selon un centralisme vertical. Au moment où un revirement de l’opinion s’est fait sentir – les sondages d’opinion de mars montraient qu’une majorité de Suédois se prononçait, pour la première fois, en faveur d’une adhésion à l’OTAN – et à l’approche de nouvelles élections, les sociaux-démocrates n’ont pas tardé à réagir.

    La direction du parti craignait de perdre des électeurs tentés par la droite en s’opposant à l’adhésion à l’OTAN. À l’inverse, l’adhésion ne présentait qu’un faible danger sur le plan électoral : tout électeur déçu par ce revirement se tournerait vers le Parti de gauche ou les Verts, des petits partis sur lesquels les sociaux-démocrates s’appuient de toute façon pour former des coalitions. L’un des risques à être un parti prospère est, semble-t-il, la tendance à évoluer à l’aveugle, en suivant des stratégies électorales à court terme. Néanmoins, le pari des sociaux-démocrates n’a pas suffi pour remporter les élections. Même si leur positionnement favorable à l’adhésion à l’OTAN a entraîné une légère hausse des intentions de vote lors de la campagne, le bloc de gauche s’est trouvé incapable de former un gouvernement de coalition. À présent, la Suède est dirigée par une coalition de quatre partis de droite, dont le plus important est celui des démocrates suédois, un parti aux origines néonazies.

    La gauche non-alignée en difficulté

    Le Parti de gauche et les Verts ont conservé leur position anti-OTAN, mais leur critique de l’Alliance n’a pas été particulièrement virulente ni contraignante. Les deux partis sont, dans une certaine mesure, limités par le fait que les sociaux-démocrates sont, et ont toujours été, leur unique moyen d’accéder au pouvoir. Plusieurs figures des écologistes se sont publiquement prononcés en faveur de l’OTAN, tandis que le Parti de gauche ne s’est pas manifesté outre mesure pour critiquer l’Alliance lors de la campagne, comme si sa demande d’un référendum sur l’OTAN n’était plus d’actualité. Le Parti de gauche s’est également mis dans une position difficile en votant contre l’envoi d’aide militaire à l’Ukraine en février, une décision accueillie avec indignation, y compris par des sections de la gauche anti-OTAN. Face aux critiques, la direction du parti a finalement changé de position quelques heures avant le vote .

    Le Parti de gauche et les Verts avaient intégré leur défaite dès le revirement des sociaux-démocrates.

    Mais à ce stade, le mal était déjà fait. Pour le grand public, la solidarité de la gauche avec l’Ukraine se cantonne à des discours sans substance. Au cours des mois qui ont suivi, il est devenu de plus en plus difficile de se positionner en faveur d’un soutien à l’Ukraine tout en demeurant farouchement opposé à l’OTAN. Sans oublier que de nombreux activistes et personnalités politiques de gauche étaient trop occupés à lutter contre les néonazis dans leur propre pays pour s’inquiéter du rôle joué par la Suède vis-à-vis de l’impérialisme américain ou du nationalisme turc sur la scène internationale.

    La demande d’adhésion de la Suède auprès de l’OTAN a ouvert une plaie béante au sein de la gauche suédoise. Cette plaie semble pourtant s’être déjà refermée, comme si rien ne s’était passé. Le Parti de gauche et les Verts avaient de toute façon intégré leur défaite dès le revirement des sociaux-démocrates. Avec l’accord tripartite signé entre la Turquie et le nouveau gouvernement de droite, qui est encore moins opposé que les sociaux-démocrates à l’extradition des Kurdes vers la Turquie, les obstacles à l’adhésion de la Suède à l’OTAN sont de moins en moins nombreux.

    Pour la gauche suédoise, qu’elle soit favorable ou non à l’OTAN, la nouvelle situation nécessite à présent un changement de perspective. L’une des objections les plus solides que la gauche suédoise oppose à l’OTAN est que l’Alliance ne remplit pas le rôle de défense collective qu’elle prétend jouer. De trop nombreuses missions de l’OTAN, comme les opérations en Afghanistan et en Libye, ont tellement dérogé à leur objectif initial que les prétentions de l’Alliance ne sont plus que des écrans de fumée.

    La Suède comme la Finlande sont en général fermement opposées au recours aux forces militaires de l’OTAN dans des opérations en dehors des frontières de l’Alliance pour des raisons qui ne sont pas étroitement liées à l’autodéfense collective (même s’il faut noter que les deux États ont participé aux opérations en Afghanistan, et que la Suède était présente en Libye). Aux yeux de certains, l’intégration probable dans l’Alliance atlantique permettra à la diplomatie de la Suède et de la Finlande de contrecarrer ses menées militaires… à moins qu’elle n’entraîne l’érosion de leur autonomie décisionelle.

    Notes :

    [1] La Finlande partage une frontière de 1 340 km avec la Russie et le souvenir de l’invasion soviétique de 1939 demeure un événement important dans la culture nationale.

    [2] A l’exception de la Finlande et de la Suède, en cours d’adhésion, seuls l’Autriche et l’Irlande sont membres de l’UE mais pas de l’OTAN.

    [3] Si la Suède se déclarait jusqu’à récemment non-alignée, la neutralité a elle été définitivement enterrée en 1995 lors de l’adhésion de la Suède à l’Union européenne. Les deux statuts ne signifient pas la même chose : la neutralité implique de ne prendre aucune position dans aucun conflit, tandis que le non-alignement suppose seulement de ne pas être membre de tel ou tel camp.

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      Au-delà de la guerre en Ukraine, la Russie face au péril islamiste

      Bruno Pineau-Valencienne · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 18 November, 2022 - 03:40 · 6 minutes

    Mettons nous un instant à la place d’un Vladimir Poutine . Il faut bien comprendre qu’il lui est impossible de perdre cette guerre, puisqu’une défaite en Ukraine ouvrirait une boîte de Pandore extrêmement dangereuse pour l’unité de la fédération de Russie face aux velléités d’indépendance que pourraient manifester certaines républiques du Caucase entraînant de facto un effet domino sur d’autres républiques à forte population musulmane.

    Pour l’instant, une certaine stabilité des relations entre le Kremlin et ses inféodés prévaut (Tchétchénie, Abkhazie, etc.), mais pour combien de temps ? Les expériences passées en Tchétchénie, voire même en Afghanistan, laissent encore aujourd’hui des souvenirs extrêmement douloureux. Dans l’Histoire, les Russes ont toujours redouté la constitution à leurs portes d’un front islamique unifié. Cette peur bien réelle à l’époque du Tsar se manifestera également lorsque les Bolcheviques ont pris le pouvoir en 1917.

    Conscient du danger d’un islam conquérant, Lénine tentera d’amadouer ses propres concitoyens de confession musulmane en déclarant solennellement :

    « Musulmans de Russie ! Tatars de la Volga et de la Crimée ! Kirghiz et Sartes de Sibérie et du Turkestan ! Turcs et Tatars de Transcaucasie ! Tchétchènes et peuples montagnards du Caucase ! Et vous tous dont les mosquées et les lieux de culte ont été détruits, dont les coutumes ont été foulées aux pieds par les tsars et les oppresseurs de la Russie ! Vos croyances, vos coutumes, vos Constitutions nationales et culturelles sont désormais libres et sauvegardées. Organisez votre vie nationale librement et sans vous cacher. Vous en avez le droit. Sachez que vos droits, comme ceux de tous les peuples de Russie, sont garantis par la Révolution toute-puissante et ses organes, les soviets des députés ouvriers, soldats et paysans […]. Camarades ! Frères ! Marchons ensemble vers une paix honnête et démocratique. Sur nos étendards est inscrite la liberté de tous les peuples opprimés… »

    Au moment de la perestroïka, les populations musulmanes russes eurent l’occasion de renouer des contacts avec d’autres coreligionnaires. Des pays comme la Turquie et l’Iran s’engouffrèrent alors dans la brèche et entamèrent un programme d’expansion culturelle dans les républiques nouvellement indépendantes de l’Asie centrale, du Caucase et même dans certaines républiques de la Fédération de Russie. Le ver était dans le fruit…

    C’est au moment de la dislocation de l’ancien empire soviétique que la radicalisation de l’islam prit réellement racine au cœur de ces républiques. Les combattants tchétchènes se jetèrent dans les bras du wahhabisme avec l’aide des Saoudiens qui prirent soin de relayer scrupuleusement la bonne parole…

    En 1999, des militants islamistes participèrent activement à des incursions au Daghestan pour y établir un État islamique tout en perpétrant de nombreux attentats terroristes à la bombe dans plusieurs villes russe. Souvenons-nous de la sanglante prise d’otages du théâtre Doubrovka à Moscou , ou encore du massacre de Beslan en Ossétie du Nord qui se solda par la mort de 330 personnes dont 183 enfants.

    Rappelons-nous également de la proclamation de Poutine en mars 2000 au Times londonien, celui-ci arguant que si les extrémistes tchétchènes n’avaient pas été neutralisés, il y aurait eu islamisation de la Russie.

    Encore aujourd’hui et à l’échelle mondiale, personne ne semble être en mesure de stopper la montée fulgurante de mouvements islamiques radicaux qui donnent tout son sens à la thèse du « choc des civilisations » de Samuel P. Huntington . Les pays européens devraient instinctivement se sentir concernés par ce phénomène où le combat identitaire s’impose désormais comme la mère de toutes les batailles. Déjà, l’ancien Premier ministre russe Primakov soulignait qu’une ségrégation du monde par la religion et la culture serait fatale pour la Russie qui verrait son intégrité territoriale remise en question par des tensions entre chrétiens et musulmans (Primakov, 2004).

    Forte de ce constat, la Russie se trouve aujourd’hui en très mauvaise posture.

    D’une part, la menace islamiste peut rejaillir sur son territoire à tout moment. D’autre part, en accumulant les déboires sur le terrain militaire ukrainien, l’armée russe expose ses faiblesses au grand jour et ne fait plus vraiment peur à personne, y compris à ses nombreux adversaires potentiels, parmi lesquels ses voisins immédiats du Caucase. Ces derniers, aidés en sous-main par une Turquie et un Iran en embuscade, attendent le moment opportun pour déclencher les hostilités, .

    L’aide militaire iranienne accordée à la Russie pourrait contredire cette thèse, mais elle s’explique uniquement pour des raisons financières. Frappé par un embargo économique très strict, Téhéran doit impérativement pallier des problèmes financiers abyssaux pour assurer sa survie. Les sanctions économiques ont aggravé les tensions de la société et les divisions d’un régime politique complètement discrédité.

    Néanmoins, face au conflit ukrainien, certains pays se démarquent, au premier rang desquels les Israéliens, qui font preuve comme toujours de rationalité et de bon sens. Ces derniers ne verraient pas d’un très bon œil une Russie anéantie, a fortiori si elle devait faire face à une menace islamiste intérieure. Pour les Israéliens, il a toujours été hors de question de se joindre aux sanctions économiques engagées contre la Russie et de fournir aux Ukrainiens du matériel militaire, même défensif à l’instar de son système de défense antiaérienne « Dôme de fer ».

    Israël a négocié avec Moscou un accord lui permettant de mener des bombardements massifs illimités sur des sites militaires iraniens en Syrie. Il est parfaitement légitime que l’État hébreu souhaite avant tout défendre ses intérêts tout en assurant sa propre sécurité, comme aurait dû le faire l’Europe soit dit en passant… Espérons seulement que les armes occidentales livrées massivement aux Ukrainiens n’atterriront pas entre les mains de groupuscules islamistes radicaux au Moyen-Orient ou dans le Caucase pour se retourner in fine contre l’Occident. Les Américains ont goûté le fruit amer de leur soutien aveugle aux moudjahidines afghans engagés contre les Soviétiques. Ils en payèrent chèrement le prix au moment du 11 septembre.

    Aux côtés des Israéliens, les Indiens ont eux aussi su cultiver leurs différences en intégrant la question islamiste dans leur attitude vis-à-vis de la Russie. Bien que New Delhi entretienne une relation privilégiée avec Moscou depuis l’ère soviétique, l’Inde de Modi partage avec la Russie une vision de son identité nationale qui dépasse ses frontières. Les nationalistes hindous qui incarnent aujourd’hui la force politique au pouvoir expriment la crainte de voir un jour leur pays complètement déstabilisé par des groupes radicaux musulmans agissant de concert avec le Pakistan voisin. À ce titre, la question du Cachemire constitue toujours un abcès de fixation alors que les tensions interreligieuses n’ont jamais été aussi aiguës. La moindre étincelle peut conduire à un embrasement généralisé.

    À cette guerre froide 2.0 (qui s’apparente à un nouveau conflit Est-Ouest) risque de se substituer un conflit civilisationnel Nord-Sud beaucoup plus important dont nous ne mesurons pas encore l’intensité et l’étendue.

    L’objectif des va-t-en-guerre de salon, à savoir faire subir une défaite cuisante à la Russie de Vladimir Poutine, est un exercice très périlleux, voire puéril. En effet, il ne prend absolument pas en compte les dangers sous-jacents qui en découlent, alors que les minorités religieuses cherchent le moindre signe de faiblesse pour pouvoir prendre leur revanche sur le maudit voisin orthodoxe. Si un tel scénario devait se mettre en place, ce n’est pas seulement l’intégrité territoriale de la Russie qui serait en jeu mais bien l’avenir de l’Europe et sa civilisation.

    Ne pas en prendre conscience aujourd’hui serait une pure folie.

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      Attentat d'Istanbul : Le ministre de l'Intérieur annonce l'arrestation de la personne responsable et accuse les Kurdes du PKK

      eyome · Monday, 14 November, 2022 - 19:38 edit

    Elle n'aura pas leur haine !

    #France, #Politique, #fr, #Turquie

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      Otan: la Turquie lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 28 June, 2022 - 20:05 · 2 minutes

    Otan: la Turquie lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande (Le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue finlandais Sauli Niinisto et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et leurs ministres des Affaires étrangères respectifs. Par AP Photo/Bernat Armangue) Otan: la Turquie lève son veto à l'entrée de la Suède et de la Finlande (Le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, le président turc Recep Tayyip Erdogan, son homologue finlandais Sauli Niinisto et la Première ministre suédoise Magdalena Andersson et leurs ministres des Affaires étrangères respectifs. Par AP Photo/Bernat Armangue)

    INTERNATIONAL - Obstacle depuis la mi-mai à l’entrée de la Suède et de la Finlande dans l’Otan, la Turquie a fini par lever son veto ce mardi 28 juin au soir, ont annoncé l’Alliance et les trois pays.

    “Je suis ravi d’annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’Otan” et qui répond aux “ inquiétudes de la Turquie sur les exportations d’armes et sur la lutte contre le terrorisme”, a déclaré le secrétaire général de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg.

    Les pays de l’Otan vont donc pouvoir “inviter” officiellement mercredi ces deux pays nordiques à rejoindre l’Alliance, a-t-il ajouté.

    Un ”élan puissant” à l’unité occidentale

    Cet accord, confirmé en premier lieu par la présidence finlandaise, est intervenu après plusieurs heures de discussions, dans le palais des congrès où se déroule le sommet jusqu’à jeudi, entre le président turc Recep Tayyip Erdogan , son homologue finlandais et la Première ministre suédoise, avec Jens Stoltenberg comme médiateur.

    À l’issue de ces négociations, les trois dirigeants ont signé cet accord en présence du secrétaire général de l’Otan. L’adhésion de la Suède va “renforcer la sécurité de la Suède et du peuple suédois dans cette période trouble”, s’est félicitée la Première ministre suédoise Magdalena Andersson.

    Le feu vert turc à leur entrée dans l’Otan donne un ”élan puissant” à l’unité occidentale, a déclaré un haut responsable de la Maison blanche.

    Pour le Premier ministre britannique Boris Johnson, “l’adhésion de la Suède et de la Finlande va rendre notre brillante alliance plus forte et plus sûre”.

    À voir également sur Le HuffPost: Guerre en Ukraine: Les coulisses du départ des militaires français en Roumanie

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      Guerre en Ukraine: Combats intenses à Severodonetsk et rencontre à Ankara

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 8 June, 2022 - 07:21 · 5 minutes

    De la fumée s'élève dans le ciel de Severodonetsk, ville bombardée et lieu de combat entre les troupes ukrainiennes et russes dans la région du Donbass, le 7 juin 2022. De la fumée s'élève dans le ciel de Severodonetsk, ville bombardée et lieu de combat entre les troupes ukrainiennes et russes dans la région du Donbass, le 7 juin 2022.

    GUERRE EN UKRAINE - Au cœur de la région du Donbass, la ville de Severodonetsk conserve son rôle-clé dans les affrontements entre les troupes russes et ukrainiennes ce mercredi 8 juin.

    En Turquie, l’exportation des céréales fait l’objet d’une rencontre au sommet entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc. Quant à Volodymyr Zelensky , il vante sans relâche la défense “héroïque” de ses troupes dans l’est de l’Ukraine et estime par ailleurs que 300 soldats russes périssent chaque jour sur le front.

    Le point sur la situation en Ukraine au 105e jour de la guerre .

    • Severodonetsk, théâtre de combats intenses

    Des combats intenses se poursuivent ce mercredi à Severodonetsk, dont Moscou affirme avoir pris le contrôle de zones résidentielles. Les Russes affirment avoir “totalement libéré” les zones résidentielles de cette ville stratégique pour le contrôle de l’intégralité du bassin houiller du Donbass, dans l’est de l’Ukraine.

    “La prise de contrôle de sa zone industrielle et des localités voisines se poursuit”, a assuré mardi dans un rare briefing télévisé le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

    Un état des lieux contesté par Kiev. “Nos soldats réussissent à repousser l’assaut dans la ville de Severodonetsk”, a assuré l’état major ukrainien mercredi matin, ajoutant que la Russie intensifie aussi ses opérations à Bakhmout, dans la région de Donetsk. “Il est très difficile de tenir Severodonetsk”, a toutefois reconnu la veille Serguiï Gaïdaï.

    Par la suite, le gouverneur est revenue sur ses propos, estimant que les forces ukrainiennes devront peut-être se retirer de Severodonetsk, “bombardée 24 heures pour 24” vers des positions mieux fortifiées.

    “Il faudra peut-être se retirer”, a déclaré Serguiï Gaïdaï sur la chaîne 1+1, alors que la ville est partiellement contrôlée par les Russes depuis des jours.

    Le point sur la situation et les combats à Severodonetsk. Le point sur la situation et les combats à Severodonetsk.

    “Toutes les forces, toutes les réserves ont été mobilisées par l’ennemi, l’armée russe, pour couper la grande route Lyssytchansk-Bakhmout afin de prendre Severodonetsk. Ils bombardent très violemment Lyssytchansk”, a aussi déclaré le gouverneur.

    • Une nouvelle usine comme lieu de refuge

    Environ 800 civils sont réfugiés dans une usine chimique à Severodonetsk, a affirmé mardi l’avocat américain du magnat ukrainien Dmytro Firtach, propriétaire du site.

    “Environ 800 civils se sont réfugiés dans les abris de l’usine chimique d’Azot, propriété du Group DF de Dmytro Firtach”, a indiqué dans un communiqué Lanny Davis, avocat du magnat. “Parmi ces 800 civils figurent environ 200 des 3.000 employés de l’usine et environ 600 habitants de Severodonetsk”, a-t-il ajouté.

    Selon le communiqué publié sur le site internet du Group DF, les 200 employés toujours présents sur le site de l’usine “restent (...) pour assurer la protection des produits chimiques hautement explosifs encore sur le site”.

    Dmytro Firtach, 57 ans, l’une des plus grandes fortunes d’Ukraine, est un ancien proche de l’ex-président ukrainien prorusse Viktor Ianoukovitch.

    En juin 2021, Volodymyr Zelensky avait d’ailleurs signé un décret imposant des sanctions au magnat, ordonnant notamment le gel de ses actifs et le retrait des licences à ses sociétés, après l’avoir accusé d’avoir vendu des produits à base de titane à des entreprises militaires russes. Pour autant, M. Firtach avait dénoncé l’invasion russe fin février, aidant depuis à la mise en place d’une chaîne de télévision en  continu avec l’administration présidentielle et d’autres propriétaires de chaînes.

    “Cette guerre est complètement inutile et ne peut en aucun cas être justifiée”, a-t-il répété mardi, cité dans le communiqué. “Cette tragédie humanitaire est intolérable”.

    • 31.000 soldats russes morts en Ukraine, selon Zelensky

    De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré dans son adresse vidéo quotidienne mardi soir que “la situation sur le front n’a pas changé significativement ces 24 dernières heures” et que “la défense absolument héroïque du Donbass se poursuit”.

    Pour cela, les soldats ukrainiens ont cependant “un besoin vital d’armes lourdes qui peuvent contrer l’artillerie ennemie”, a demandé Serguiï Gaïdaï, réclamant de “l’artillerie occidentale”.

    Kiev se prévaut toutefois déjà d’avoir infligé un lourd bilan à son envahisseur. “Plus de 31.000 soldats russes sont morts en Ukraine”, a affirmé Zelensky mardi soir. “Depuis le 24 février, la Russie paie pour cette guerre complètement insensée près de 300 vies de ses soldats chaque jour. Mais il y aura un jour où, même pour la Russie, le nombre de pertes deviendra inacceptable”.

    Aucun bilan n’est vérifiable . Toutefois, la mort d’un général russe, Roman Koutouzov, a été confirmée mardi par le chef des séparatistes prorusses Denis Pouchiline. Plusieurs généraux russes ont perdu la vie depuis février, mais Moscou communique rarement sur ses pertes.

    • Rencontre russo-turque à Ankara

    La création de couloirs maritimes sécurisés pour l’exportation de c éréales par la mer Noire sera au cœur des discussions mercredi à Ankara entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu.

    Sergueï Lavrov est arrivé la veille en Turquie et évoquera la possibilité pour l’Ukraine d’exporter ses récoltes bloquées dans ses ports. Un blocage qui fait flamber les prix et fait peser la menace d’une famine dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

    À la demande de l’ONU, la Turquie a proposé son aide pour escorter les convois maritimes depuis les ports ukrainiens, malgré la présence de mines dont certaines ont été détectées à proximité des côtes turques.

    La presse ukrainienne a assuré que “les Nations unies et l’Ukraine” seraient associées aux discussions de mercredi, mais l’ambassade d’Ukraine à Ankara a démenti tout contact entre l’ambassadeur Vasyl Bodnar et le chef de la diplomatie russe.

    À voir également aussi sur Le Huffpost: Le Donbass ravagé par une bataille acharnée, Severodonetsk menacée

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      Guerre en Ukraine: à quoi joue la Turquie?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 18 May, 2022 - 16:33 · 6 minutes

    (Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine le 29 septembre 2021 à Sochi en Russie par Vladimir Smirnov, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP) (Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine le 29 septembre 2021 à Sochi en Russie par Vladimir Smirnov, Sputnik, Kremlin Pool Photo via AP)

    INTERNATIONAL - Le jeu d’équilibriste d’Erdogan. La Finlande et la Suède ont soumis leurs demandes d’adhésion à l’Otan ce mercredi 18 mai et des consultations sont en cours entre les Alliés pour lever l’opposition de la Turquie à l’intégration des deux pays nordiques dans l’Alliance. Le président Erdogan a affirmé lundi 16 mai au soir que la Turquie ne “cèdera(it) pas” sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande, or tout élargissement est soumis à l’approbation unanime des membres de l’Alliance .

    Pourtant, depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, la position de la Turquie dans cette affaire a été saluée par l’Otan puisqu’Ankara a montré ouvertement son soutien à l’Ukraine, désapprouvant l’acte de guerre commis par son allié russe. Mais d’un autre côté, elle a également refusé d’appliquer les sanctions décidées par les Occidentaux contre Moscou, et n’a cessé de jouer la carte de la médiation .

    Ankara a communiqué des arguments officiels pour justifier cette levée de boucliers envers les deux pays nordiques . “Mais il y a d’autres raisons qu’on peut subodorer”, note auprès du HuffPost Jean Marcou, professeur à Science-Po Grenoble, spécialiste de la Turquie. Et la principale est qu’Ankara souhaite garder cette position ambivalente qu’elle tient depuis des mois, entre Russie et Otan. La question de l’adhésion à l’Otan n’est d’ailleurs qu’un des points sur lesquels la Turquie maintient sciemment le flou dans ce conflit. On vous explique à quel jeu joue Recep Tayyip Erdogan.

    La Turquie grogne contre la Suède et la Finlande pour “capitaliser”

    Le 13 mai dernier, la Turquie a dit ne pas être dans “un état d’esprit positif” concernant l’adhésion de la Suède et de la Finlande , mais n’a pas clairement annoncé qu’elle allait mettre son véto. Et cette situation de “flou” peut lui profiter de bien des manières.

    “La Turquie doit penser avoir trouvé un levier pour obtenir des avantages. On peut penser notamment à l’achat d’avions de combat américains, puisqu’actuellement Ankara ne peut pas moderniser sa flotte de combat”, note le professeur à SciencePo Jean Marcou. En effet, Washington a décrété un embargo après l’achat par le gouvernement turc de missiles de défense aérienne russe S-400.

    Pour Carole André-Dessornes, géopolitologue et chercheuse associée à la FRS contactée par Le HuffPost , cette tactique de souffler le chaud et le froid permet aussi à Ankara d’être en position de négocier avec la Suède et la Finlande au sujet des Kurdes du PKK, considérés comme “terroristes”, que les deux pays du Nord refusent d’extrader. Ou encore de demander à la Suède de lever la suspension de ventes d’armes de 2019, décision prise en représailles à l’opération turque dans le nord de la Syrie.

    Aussi, il ne faut pas perdre de vue la dimension de la politique intérieure, puisque les élections présidentielles et législatives auront lieu en juin 2023, en plein centenaire de la République turque. “En créant cette crise artificielle, Erdogan cherche aussi à atteindre sa base électorale et montrer qu’il ne se laisse pas faire”, analyse la spécialiste.

    “Erdogan est connu pour souffler le chaud et le froid, pour au final se rallier au consensus. Non sans avoir entre-temps capitalisé sur la situation. Et c’est ce qu’il fait ici, il capitalise sur la guerre en Ukraine pour servir ses intérêts”, poursuit Carole André-Dessornes. Aussi, pour Jean Marcou, il serait de toute façon très risqué pour Ankara de dégainer la carte “veto”, sous peine d’être mise au ban de l’Otan. “Je ne suis pas sûr qu’elle peut se permettre une telle manœuvre, Ankara n’est pas dans un bon rapport de force politique, être isolée ne ferait que la desservir”, explique-t-il.

    En équilibre sur une (étroite) ligne de crête

    Ménager la chèvre et le chou, la Turquie le fait depuis le 24 février. Soutenir l’Ukraine, ne pas froisser la Russie , rester en bons termes avec l’Otan: telle est sa très étroite ligne de crête.

    La diplomatie turque a qualifié d’“inacceptable” et de “grave violation du droit international” l’invasion de l’Ukraine. Quatre jours plus tard, Ankara a accédé à la demande de Kiev de reconnaître le conflit comme une guerre. Conformément à la convention de Montreux de 1936, la Turquie a alors fermé l’accès, pour la plupart des navires de guerre, aux détroits du Bosphore et des Dardanelles.

    Parallèlement, elle s’est toutefois opposée aux sanctions occidentales contre Moscou et a notamment déclaré que les oligarques russes restaient “bien sûr” les bienvenus en Turquie et libres d’y faire des affaires, dans le respect du droit international. C’est d’ailleurs là qu’ont trouvé refuge plusieurs yachts possédés par des milliardaires russes tels que Roman Abramovitch.

    Pour ce nouveau volet sur la Suède et la Finlande, la réponse de la Turquie a été plusieurs fois saluée par la Russie, ainsi que son refus d’appliquer les sanctions. Du côté ukrainien, l’implication turque est également chaleureusement saluée: “Nous apprécions l’appui, humanitaire, diplomatique, moral, militaire, offert par la Turquie, quand bien même elle n’applique pas les sanctions. Pour soutenir l’Ukraine, elle a fait plus que n’importe quel autre pays de l’OTAN”, explique au Monde un diplomate ukrainien en poste à Ankara, sous couvert d’anonymat. Et les deux camps ont tout intérêt à rester en bons termes avec elle, aucun ne voulant perdre le soutien relatif qu’elle leur apporte.

    Garder ses alliés et faire la paix

    Évidemment, pour la Turquie, l’enjeu est également de taille puisqu’elle a des intérêts économiques et politiques aussi bien avec l’Ukraine qu’avec la Russie.

    Kiev représente 15 % des importations de blé d’Ankara, ce qui en fait son deuxième plus gros fournisseur après la Russie. L’Ukraine est aussi la troisième source de tourisme de la Turquie: quelque 2 millions de personnes y sont venues en vacances en 2021. Aussi, parmi les multiples partenariats avec Ankara, Kiev a construit sur son sol en 2021 une usine pour la coproduction du drone de combat Bayraktar TB2 – conçu par la société Baykar, dont le directeur de la technologie est le gendre de Recep Tayyip Erdogan. Ces drones sont d’ailleurs utilisés aujourd’hui en Ukraine contre la Russie. Kiev a également signé des contrats pour la fabrication de moteurs qui serviront à la fois aux nouveaux modèles du drone TB2 et à un futur hélicoptère militaire turc.

    Concernant la Russie, cette dernière fournit à Ankara 45 % de sa consommation de gaz naturel et 70 % de son blé. Les Russes sont aussi importants pour le secteur du tourisme turc : 4,7 millions de visiteurs (soit 19 % du total en 2021) s’y sont rendus l’année dernière, note France 24 .

    Enfin, la Turquie peut également profiter du conflit pour améliorer ses relations avec l’Otan, notamment avec Washington. “En se positionnant comme médiateur de ce conflit, Ankara sort d’une longue période d’isolement. Avec la guerre en Syrie notamment, est entrée dans une période d’isolement régional et a amorcé des relations conflictuelles avec plusieurs pays, nous explique Carole André-Dessornes. Cette guerre en Ukraine est un ticket d’entrée pour améliorer ses relations avec l’Occident”.

    À voir également sur Le HuffPost: À Marioupol, l’aciérie d’Azovstal frappée par une “pluie de feu” russe

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      La Turquie ne bloquera pas l'adhésion de la Finlande à l'Otan

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 15 May, 2022 - 15:18 · 3 minutes

    Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, ici en avril 2022, a assuré ce 15 mai que la Turquie ne bloquerait pas l'adhésion de la Finlande et de la Suède dans l'Alliance. Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, ici en avril 2022, a assuré ce 15 mai que la Turquie ne bloquerait pas l'adhésion de la Finlande et de la Suède dans l'Alliance.

    INTERNATIONAL - La Turquie a “clairement indiqué son intention de ne pas bloquer” l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan . C’est ce qu’a assuré le Secrétaire général du traité de l’Atlantique Nord Jens Stoltenberg lors d’une conférence de presse ce dimanche 15 mai. Il a aussi dit être “confiant” sur le fait de trouver un compromis avec la Turquie .

    Jens Stoltenberg a assuré que l’Otan allait “répondre aux préoccupations de la Turquie”, qui accuse les deux pays nordiques d’être des bases arrières du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan. Ce dernier est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis.

    “Lorsqu’un allié fait part de ses préoccupations, nous avons montré ces dernières décennies que nous sommes capables de trouver des manières de s’entendre, et c’est ce que nous souhaitons faire”, a souligné le secrétaire générale de l’organisation.

    La Turquie a affiché ces derniers jours sa réticence quant à la possible entrée de la Suède et de la Finlande, qui se jugent en danger après l’invasion russe en Ukraine, dans l’alliance militaire occidentale. Vendredi, Ankara avait même menacé de bloquer le processus d’élargissement de l’Otan à ces deux pays nordiques, qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance.

    Les frictions persistent avec la Suède

    Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu s’est montré plus conciliant ce dimanche envers la Finlande, lors des discussions à Berlin sur l’adhésion des deux pays à l’Otan. Il a qualifié Helsinki de “très respectueuse” face aux “inquiétudes” d’Ankara. En revanche, a-t-il estimé, “les déclarations de la ministre des Affaires étrangères de Suède ne sont malheureusement pas constructives. Elle continue de tenir des propos provocants”.

    “Nous soutenons depuis toujours la politique de portes ouvertes de l’Otan. (...) Mais le fait que ces deux pays soient en contact avec les membres d’une organisation terroriste, que la Suède leur envoie des armes et qu’ils imposent des restrictions aux exportations de matériel de défense vers la Turquie vont à l’encontre de l’esprit d’alliance”, a affirmé Mevlut Cavusoglu.

    “Il faut absolument mettre fin au soutien aux organisations terroristes et lever les restrictions aux exportations vers la Turquie. Je ne dis pas cela comme un élément de marchandage, mais parce que c’est ce que signifie être des Alliés”, a-t-il insisté.

    Une intégration de la Suède et de la Finlande “en bonne voie”

    Plusieurs pays membres de l’Otan ont néanmoins jugé ce dimanche être “sur la bonne voie” pour trouver un consensus sur l’intégration de la Finlande et de la Suède, Berlin assurant même que leur adhésion pourrait intervenir “très rapidement”.

    Un avis partagé par Jens Stoltenberg. “Nous voulons faire en sorte que ce processus soit rapide et efficace. Ensuite, nous voulons parler à la Finlande et la Suède pour convenir d’un protocole d’accession et travailler à une candidature rapide. Cela prendra un certain temps, c’est inévitable mais c’est ce que nous voulons faire pour l’instant”, a-t-il déclaré.

    La candidature annoncée de la Finlande et de la Suède constitue la preuve qu’“une agression ne paie pas”, a-t-il ajouté. “Ce serait un moment historique” si les deux pays nordiques demandaient officiellement à adhérer à l’Alliance. “Leur adhésion renforcerait notre sécurité commune, démontrerait que la porte de l’Otan est ouverte et qu’une agression ne paie pas.”

    À voir également aussi sur le Huffpost: Ukraine: l’armée française ravitaille des avions de l’Otan en plein vol, au-dessus de la Pologne

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      La Finlande veut adhérer à l'Otan, la Russie coupe sa livraison d'électricité

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 13 May, 2022 - 16:27 · 4 minutes

    Le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse conjointe avec le président finlandais Sauli Niinisto le 21 août 2019 à Helsinki en Finlande. Le président russe Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse conjointe avec le président finlandais Sauli Niinisto le 21 août 2019 à Helsinki en Finlande.

    INTERNATIONAL - Première réponse du Kremlin. La Russie va suspendre ses livraisons d’électricité à la Finlande à partir de ce samedi 14 mai, en raison d’impayés, a annoncé ce vendredi 13 mai le fournisseur RAO Nordic Oy, détenu à 100% par l’entreprise russe InterRAO. De son côté, l’opérateur du réseau finlandais assure pouvoir se passer de l’électricité russe.

    Cette annonce intervient sur fond d’une montée de tensions entre Moscou et Helsinki , qui a annoncé sa volonté d’adhérer “sans délai” à l’Otan sous l’influence de l’ offensive russe en Ukraine . Une intention vue d’un très mauvais œil par Moscou qui a d’ores et déjà menacé d’une riposte “militaro-technique”.

    Basé à Helsinki, RAO Nordic Oy n’a pas reçu de paiement pour l’ électricité fournie à la Finlande depuis le 6 mai, a affirmé ce groupe dans un communiqué, en évoquant un manque de moyens pour payer l’électricité importée de Russie.

    “Cette situation est exceptionnelle et a lieu pour la première fois en plus de 20 ans”, selon le communiqué. “Nous sommes donc obligés de suspendre l’importation d’électricité à partir du 14 mai”, explique le fournisseur qui espère “que la situation va bientôt s’améliorer” et que les livraisons en provenance de Russie reprendront.

    Pas d’inquiétudes côté finlandais

    L’opérateur du réseau électrique finlandais a assuré pouvoir se passer des importations de courant venues de Russie. “Nous étions préparés à cela et ce ne sera pas difficile. On peut gérer avec un peu plus d’importations de Suède et de Norvège”, a déclaré vendredi à l’AFP Timo Kaukonen, un responsable des opérations de l’opérateur Fingrid.

    Le président et la Première ministre de la Finlande se sont dit favorables jeudi à une adhésion “sans délai” à l’Otan , précisant que la décision du pays nordique serait annoncée dimanche à l’organisation.

    L’entrée de la Finlande à l’Otan serait “assurément” une menace pour la Russie , avait alors réagi le Kremlin. La diplomatie russe a affirmé pour sa part que la Russie sera “obligée de prendre des mesures réciproques, militaro-techniques et autres, afin de mettre fin aux menaces à sa sécurité nationale”, en cas d’adhésion de la Finlande à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord.

    La Turquie fait (déjà) barrage

    Dans ce contexte de rapprochement de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé ce vendredi son hostilité à l’adhésion des deux pays nordiques à l’Otan, au risque de bloquer l’ensemble du processus qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique.

    “Nous n’avons pas un avis positif”, a déclaré Erdogan, expliquant qu’il ne “veut pas voir se répéter la même erreur que celle commise lors de l’adhésion de la Grèce”. Le chef de l’État turc a notamment reproché à ces deux pays nordiques de servir d’“auberge aux terroristes du PKK”, le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis.

    “Nous suivons actuellement les développements concernant la Suède et la Finlande, mais nous n’avons pas un avis positif, parce qu’ils ont fait une erreur à l’Otan concernant la Grèce auparavant, contre la Turquie ”, a déclaré le chef de l’État à la sortie de la prière du vendredi à Istanbul. “Nous ne voulons pas commettre une deuxième erreur”, a-t-il insisté.

    Ankara jette un froid sur l’Otan

    Cette déclaration jette un froid immédiat sur un processus appuyé jusqu’ici par la plupart des membres de l’Otan et par le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, qui s’est dit prêt à les accueillir ”à bras ouverts”.

    De son côté, Washington “travaille à clarifier la position de la Turquie”, a dit la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki ce vendredi. Les États-Unis cherchent ”à mieux comprendre la position de la Turquie”, a précisé le porte-parole du Pentagone, John Kirby, affirmant que le pays était “un allié précieux de l’Otan” et que cela n’avait “pas changé”.

    La Turquie “a été impliquée et efficace pour tenter d’établir un dialogue entre la Russie et l’Ukraine, et elle a apporté une assistance à l’Ukraine”, a-t-il ajouté. “Donc rien ne change quant à sa position dans l’alliance de l’Otan.”

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