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      Hegel : inspirateur de Marx, apologiste de l’État… et défenseur du marché

      Philippe Silberzahn · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 6 January, 2023 - 03:50 · 13 minutes

    L’émergence de la société marchande à la fin du XVII e siècle et les conséquences multiples de son plein développement dans le siècle suivant n’ont pas laissé les philosophes indifférents.

    Si nombre d’entre eux l’ont durement critiquée, d’autres en ont au contraire loué les vertus. C’est notamment le cas de Voltaire et sans doute de façon surprenante de Georg Wilhelm Friedrich Hegel , un philosophe majeur, pourtant apologiste de l’État. Peut-on défendre à la fois l’État et le marché ? C’est ce qu’il fait.

    Hegel est l’un des philosophes majeurs du XIX e siècle. Il a inspiré les travaux d’auteurs contemporains principalement à gauche, comme Sartre notamment. Mais surtout, il est l’inspirateur de Karl Marx , même si ce dernier s’en est ensuite éloigné. Il fut très critiqué par les auteurs libéraux et notamment par Karl Popper qui lui reprochait non seulement sa glorification métaphysique de l’État mais également son historicisme , l’idée selon laquelle il existe des lois de l’histoire auxquelles on ne peut échapper, que Popper voyait comme un anti-individualisme. Pourtant, la réalité est plus nuancée, et il serait faux de voir Hegel simplement comme un apologiste de l’État hostile au marché et à l’individualisme.

    La réputation de Hegel en tant que philosophe apologiste de l’État, et le fait qu’il ait été l’inspirateur principal de Marx, rendent difficile pour ceux qui supposent un antagonisme nécessaire entre l’État et le marché, de comprendre comment il apprécie le rôle positif de ce dernier dans son interprétation du monde moderne.

    Dans son ouvrage Principes de la philosophie du droit , paru en 1820, il analyse pourtant longuement l’émergence du marché comme fait central de l’époque moderne et discute des conditions dans lesquelles celui-ci permet à la fois d’exprimer son individualité et de faire société. À la lecture de cette défense, son apologie du rôle de l’État devient plus compréhensible si l’on considère que son intérêt premier est pour le développement des institutions qui constituent la société. Si effectivement le sens ultime de sa philosophie est d’affirmer le rôle nécessaire de l’État, il ne le fait pas en opposition au marché mais comme un contrepoids nécessaire à celui-ci, dont il reconnaît expressément les mérites, et la nécessité historique.

    Pour Hegel, la poursuite de l’intérêt personnel peut conduire au bien-être commun

    Hegel a lu Adam Smith et s’en inspire directement pour expliquer comment, dans une économie de marché, la poursuite de l’intérêt personnel peut créer un système d’interdépendance conduisant au bien-être commun. Comme Smith, il s’intéresse à la manière dont le caractère humain est formé par les cadres institutionnels.

    Hegel a vu d’un bon œil les débuts de la Révolution française mais il attribue les excès sanglants de celle-ci à la compréhension erronée de la nature de la liberté par les révolutionnaires français.

    S’éloignant en cela de la pensée libérale, une grande partie de son œuvre est ainsi consacrée à une critique de la liberté comprise uniquement comme « le droit de faire ce que l’on veut ». Dans la mesure où les Hommes agissent spontanément selon leurs instincts et leurs pulsions naturelles, pense Hegel, ils sont à l’opposé de la liberté car ils sont esclaves de leurs passions. Considérer, à la suite de Jean-Jacques Rousseau , chaque institution comme une barrière à la liberté individuelle rend impossible l’établissement d’un ordre institutionnel. Hegel pense que l’une des grandes erreurs du romantisme et de certaines variétés de libéralisme était de considérer les devoirs uniquement comme des limitations du moi réel. Il critique l’idée selon laquelle être moral c’est se distinguer ou adhérer à une certaine conception individuelle de la vertu.

    Dans une société éthique, écrit-il, être vertueux, c’est se montrer à la hauteur des devoirs imposés par l’institution. Pour lui, le grand défi du monde moderne est non seulement de nous procurer un sentiment d’individualité et de subjectivité mais aussi de nous lier à une série d’institutions auxquelles nous nous identifions et qui nous donnent le sentiment d’appartenir à un monde fiable. C’est cette tension, née de la révolution industrielle et de ses bouleversements, qui le préoccupe.

    L’autre erreur de la Révolution française, selon Hegel, est d’avoir considéré le projet révolutionnaire comme un nouveau point de départ.

    En se coupant de l’héritage culturel du passé, elle se privait d’une importante source de légitimité. Or, selon lui, les institutions contemporaines, marché y compris, sont rendues possibles par un ensemble de normes implicites qui sont le produit du développement historique. Avec Edmund Burke , il inaugure ainsi une longue lignée de penseurs caractérisés improprement pour certains comme « conservateurs », qui se poursuivra jusqu’à Hayek et Scruton, qui s’opposeront à une forme extrême de rationalisme issu des Lumières, qui voulait faire table rase des institutions et les recréer ex nihilo , sur des principes clairs.

    La caractérisation de conservateur est inappropriée, au moins pour Hegel, parce qu’encore une fois il estime que les principes guidant la Révolution française sont historiquement nécessaires et bienvenus. Il sera d’ailleurs un soutien actif au mouvement réformiste en Prusse qui naît à la suite de la défaite face à Napoléon.

    Hegel, défenseur de la propriété privée et du marché

    Hegel fut un défenseur de la propriété privée. Il explique qu’elle est importante sur le plan moral en raison des possibilités qu’elle crée pour l’expression de notre individualité.

    L’une des constantes de sa philosophie est que les croyances ne sont stables que lorsqu’elles sont concrétisées dans le monde extérieur : dans les objets, dans les règles institutionnelles, dans les modèles mentaux par lesquels les gens se rapportent les uns aux autres. Le fait que les autres ne prennent pas mon bien – qu’ils le considèrent comme mien – est une manière de me reconnaître en tant qu’individu. C’est précisément cette reconnaissance, notion clé chez Hegel, qui manque à l’esclave et au serf. Pour lui, le fait que le droit de posséder une propriété privée, de contrôler un petit morceau du monde, soit universel dans l’État moderne est un titre de gloire pour ce dernier.

    La propriété exprime et extériorise également notre individualité dans un autre sens : elle constitue une partie du monde naturel sur laquelle nous avons travaillé, que nous avons transformée conformément à notre volonté. En ce sens, elle fait partie de l’humanisation de la nature, de l’infusion de l’esprit humain dans le monde, qui est l’un des thèmes centraux de la théorie du développement historique de Hegel.

    Mais selon lui, la propriété n’est rien sans le marché, qu’il juge nécessaire de justifier parce que pour nombre de penseurs, celui-ci est inconciliable avec le bien-être humain.

    Leurs critiques se résument à trois accusations :

    1. La société marchande rend les Hommes moins heureux en augmentant leurs besoins plus rapidement que les moyens nécessaires pour les satisfaire.
    2. Elle conduit à un déclin de la vertu, comprise dans le sens civique républicain de la volonté de sacrifice au nom de la communauté et à une scission entre l’intérêt privé et l’intérêt public.
    3. La division du travail conduit à la spécialisation et favorise ainsi des personnalités unilatérales et atrophiées.

    Hegel ne partage pas du tout ces critiques. Pour lui au contraire, le marché est une institution clé, à la fois pour le développement d’un sentiment de valeur personnelle et pour nous habituer à considérer les autres comme des individus, c’est-à-dire pour faire société.

    Hegel observe en effet que le marché est fondé sur les relations qui naissent de la tentative de satisfaire les désirs des individus. Ces désirs, souligne Hegel, ne sont pas « naturels ». Mais alors que les moralistes dénoncent comme un « luxe » la tentative de satisfaire des désirs estimés « non naturels », Hegel adopte une approche a-morale. La plupart des désirs humains, insiste-t-il, ne sont pas déterminés par la nature : ils sont le résultat de l’imagination.

    Plutôt que de condamner la croissance des désirs, Hegel explique que c’est cette capacité à vouloir les produits de notre imagination qui distingue les humains des animaux. Ces désirs, comme les institutions, sont le produit d’une évolution. Le luxe d’hier est devenu une nécessité d’aujourd’hui.

    Le rôle clé de l’entrepreneur

    Hegel avait lu Jean-Baptiste Say . Il reconnaissait donc (contrairement à Smith) que les entrepreneurs étaient une force majeure du marché dans l’expansion des désirs imaginaires des consommateurs. En d’autres termes, le marché ne se contente pas de satisfaire les besoins, il les crée grâce à l’action des entrepreneurs.

    Montrant une compréhension aiguë et pour tout dire un peu inattendue de l’innovation, Hegel explique que c’est la quête de la reconnaissance individuelle par la consommation qui a conduit au cycle moderne d’évolution des besoins. Le désir de se considérer comme l’égal des autres conduit les individus à désirer les biens de consommation de ceux qui leur sont supérieurs. Le désir d’individualité conduit à la création de nouveaux produits, afin d’exprimer celle-ci en se distinguant de la foule. Le résultat est un cycle sans fin d’imitation et d’innovation. Un siècle avant Schumpeter , Hegel n’explique pas seulement de façon remarquable ce qu’on appellera plus tard la dynamique du capitalisme ; il montre à quel point le marché est à la fois le moyen d’exprimer et de développer l’expression individuelle en lien avec les autres individus et ce en quoi il rend les Hommes plus sociaux.

    Il ajoute que la pression concurrentielle pousse la société de marché vers l’extérieur. La recherche de marchés pour vendre les produits pour lesquels l’offre dépassait la demande a conduit les entrepreneurs à s’aventurer dans des régions relativement arriérées sur le plan économique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières nationales. C’est l’élan du commerce qui a souvent mis en contact des cultures séparées par des océans et qui leur a permis d’apprendre les unes des autres. Là encore, il souligne combien le marché rassemble les Hommes au lieu de les diviser, comme il est commun de le croire à l’époque et encore aujourd’hui.

    Le marché, lieu d’expression de notre individualité

    Les contemporains romantiques de Hegel dépeignaient le monde du travail et de l’activité marchande comme une menace pour l’individualité.

    Pour lui au contraire, subvenir à ses besoins en gagnant sa vie est l’un des moyens les plus importants par lesquels les Hommes acquièrent le sens de leur individualité. Le marché est le lieu où nous exprimons notre particularité et notre individualité à travers la possibilité de choisir.

    Le développement de cette possibilité est l’un des grands changements de l’ère moderne.

    Pour Hegel il existe des formes supérieures et inférieures de choix et la forme supérieure se produit lorsque nous faisons nos choix pour de bonnes raisons, rationnelles. Le choix le plus important que l’on puisse faire dans la société civile est peut-être celui d’une profession (l’autre étant le choix d’un conjoint).

    À l’opposé des moralistes de tous temps, Hegel estime qu’il y a aussi une certaine valeur à la possibilité de faire des choix arbitraires, c’est-à-dire des choix faits sans raison valable, qui ne sont qu’une question de goût et même de caprice. Ainsi, la possibilité de choisir entre trente parfums de glace n’est pas la forme la plus élevée de choix mais c’est néanmoins un choix qui exprime quelque chose de notre individualité.

    Penseur de l’État

    Hegel pense toutefois que le marché n’est pas suffisant pour produire le sens dont les Hommes ont besoin.

    Il rejoint ainsi la pensée pré-capitaliste. Il partage l’inquiétude des Romantiques allemands pour qui le monde séculaire moderne laisse l’individu aliéné – divisé intérieurement, dépourvu d’un sens de la communauté ou d’un sentiment de transcendance. Mais il croit cependant possible de réconcilier les Hommes avec le monde nouveau, un monde dans lequel ils sont fiers de leur subjectivité individuelle et de leur particularité. Il pense que l’individu a besoin de faire partie de quelque chose de plus grand, mais selon lui cela ne passe pas par un abandon irrationnel à une source extérieure, comme le suggèrent les Romantiques mais par des institutions comme la famille, la guilde ou l’État, que Hegel appelait « médiations ». Ce sont les institutions de sa société – au premier rang desquels l’État – qui lui permettent de se considérer comme un individu.

    C’est ainsi que son apologie de l’État prend tout son sens. Dans sa conception de l’État, Hegel s’oppose donc à la fois à Voltaire (voir mon article ici ) et aux penseurs libéraux qui lui succèdent, pour qui le marché est suffisant pour créer une société vertueuse, et à Colbert et à ses successeurs, notamment les planistes français, pour qui le rôle de l’État est de piloter les marchés car ceux-ci sont chaotiques.

    Pour Hegel, le rôle de l’État est important aussi parce que si les droits de contrôler sa personne et ses biens sont moralement souhaitables et essentiels à ce qui fait la valeur de la modernité, ils ne sont pas naturels. Ils sont le produit de l’évolution historique des conceptions culturelles ; ils relèvent de ce qu’il appelle la « seconde nature », et leur réalité n’est rendue possible que par l’État moderne. Sans l’État, qui transforme les droits en lois, il n’existe aucune protection des personnes et des biens dans le monde réel.

    Sa compréhension de la modernité amène donc Hegel à conclure que le rôle de l’État doit être d’encourager la généralisation de la propriété et plus généralement le développement des forces modernes au premier rang desquels le marché, tout en se posant en garant du bien commun.

    Hegel défenseur du marché, mais pas libéral

    Ainsi donc, l’inspirateur de Marx et apologiste de l’État fut un ardent défenseur de la propriété privée et du marché.

    Mais il n’était pas libéral pour autant car selon lui, les individus doivent rester soumis à l’ordre social et politique de la collectivité, sur lequel ils n’ont pas de prise. Cette combinaison étrange entre marché libre et absence de droits politiques est le modèle que les régimes autoritaires modernes comme la Russie et la Chine essaient de réaliser, en faisant le pari que la liberté économique n’entraîne pas la liberté politique. Il reste à voir si ce modèle est viable.

    Source pour cet article : Jerry Z Muller, The Mind and the Market , Anchor books (2003).

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      Idée reçue : « la dette, c’est pas un problème ! »

      Eddie Willers · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 3 January, 2023 - 03:40 · 3 minutes

    Par Eddie Willers .

    Pour l’économiste Thomas Porcher, la dette française ne serait pas un problème car la France disposerait en face de 1,5 fois la valeur de cette dette en actifs. Il suffirait alors de vendre ces actifs pour payer la dette de la France.

    Donc si la dette n’est plus un problème, nous pouvons continuer à nous endetter et à financer les programmes les plus dispendieux de notre État social-démocrate . Magnifique théorie Thomas, mais regardons d’un peu plus près ce qu’il se passe lorsque la dette d’une entreprise est égale à la valeur de ses actifs.

    Les ressources de la société

    Les actifs d’une société constituent ses ressources, celles qui lui permettent de générer des profits et donc de survivre. Ces actifs peuvent prendre des formes très diverses : des usines, des brevets, des bureaux, des ordinateurs mais aussi des créances clients, du cash et même des savoir-faire. Bref, ce sont tous les éléments essentiels au bon fonctionnement de l’entreprise.

    Une société qui ne prend pas soin de ses actifs se retrouve rapidement face à une situation compliquée car elle ne produit pas aussi efficacement qu’elle le pourrait et se protège mal face à la concurrence d’autres acteurs.

    Vendre ses actifs peut avoir du sens, notamment si ces actifs ne permettent pas de produire plus efficacement les biens ou services vendus. Il n’est par exemple pas nécessaire d’avoir un entrepôt gigantesque lorsque l’on est une société de conseil.

    Imaginons maintenant que l’État français vende le château de Versailles, il récupèrerait alors directement de quoi payer une partie de sa dette mais perdrait dans le même temps le bénéfice associé à l’exploitation du château. Si le château est un contributeur positif du budget de l’État il faudra alors se réendetter pour payer les autres postes de dépense auparavant couverts par les recettes du château de Versailles. Premier écueil.

    Le problème de la liquidité

    Deuxième écueil : celui de la liquidité. Malheureusement lorsque vous en venez à vendre un actif et que vous n’avez pas préparé cette vente, vous êtes pris par le temps. Il vous faut donc trouver un acheteur face auquel vous serez en position de faiblesse. Et pour de nombreux actifs, le nombre d’acquéreurs potentiels est limité. Donc vous devez vous résoudre à vendre au rabais.

    Ce fut le cas par exemple pendant la crise de 2008 , vous êtes un fonds de pension et souhaitez vendre des actions de la société X, vous en détenez un gros stock et tout le monde a peur, donc personne n’achète. Vous souhaitez absolument vendre, donc vous faites des remises encore plus grosses pour être certain que quelqu’un en veuille bien.

    Bilan : vous croyez que votre actif valait 100 dans vos comptes mais au moment de vendre il ne vaut plus que 70. Il ne faut jamais oublier que la valeur d’un actif ne peut être déterminée que lorsqu’il y a une transaction, vous pouvez tenter de l’approximer via diverses méthodes mais vous n’en serez jamais sûr tant que quelqu’un ne l’aura pas acheté. Et jusqu’à nouvel ordre, personne n’a acheté la Tour Eiffel ou le Palais Bourbon dans un passé récent.

    Les capitaux propres

    Enfin, pour faire face aux coups durs, une société doit disposer de capitaux propres, une couche tampon qui permet d’absorber les pertes. Si votre bilan n’est composé que de dettes et d’actifs vous n’avez aucune sécurité, vous marchez sur un fil et risquez la chute au moindre coup de vent.

    Ah oui et j’ai oublié de vous préciser, l’actif de l’État au 31 décembre 2016, selon la Cour des comptes atteignait 978 milliards d’euros pour des dettes de 2181 milliards d’euros et des engagements hors-bilan (majorité de pensions de fonctionnaires, donc concrètement des dettes) de plus de 4000 milliards d’euros : un rapport de 15 %. Mais c’est pas grave, après tout la dette n’est pas un problème.

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    Article publié initialement le 9 janvier 2018

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      14 signes de totalitarisme

      Foundation for Economic Education · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 29 December, 2022 - 03:50 · 3 minutes

    Par Jon Miltimore.

    Nous connaissons tous les inconvénients de Twitter , mais l’un de ses avantages est qu’il permet la découverte de personnes intéressantes.

    L’un de mes nouveaux followers préférés est Benjamin Carlson , un gourou des relations publiques et ancien rédacteur en chef de The Atlantic . Ses tweets sont parmi les meilleurs que l’on puisse trouver sur Twitter et il a manifestement une compréhension aiguë des intersections entre les médias et le gouvernement, le pouvoir et la propagande (à la fois actuels et historiques).

    L’un de ses récents tweets a attiré mon attention et j’en partage une adaptation ci-dessous.

    1. La dissidence est assimilée à la violence.
    2. Les médias sont contrôlés.
    3. Le système juridique est coopté par l’État.
    4. Le pouvoir est exercé pour étouffer la dissidence.
    5. La police d’État protège le régime, pas le peuple.
    6. Les droits – financiers, juridiques et civils – sont subordonnés à la conformité.
    7. La conformité massive des croyances et des comportements est exigée.
    8. Le pouvoir est concentré dans un cercle restreint d’institutions et d’élites.
    9. La violence semi-organisée est autorisée (dans certains cas).
    10. La propagande cible les ennemis du régime d’État.
    11. Des classes entières sont persécutées.
    12. Des actions extralégales sont tolérées contre les opposants internes au régime.
    13. Application stricte de la loi contre les classes défavorisées.
    14. Les leviers de pouvoir privés et publics sont utilisés pour imposer l’adhésion aux dogmes de l’État.

    Une liste troublante sur le totalitarisme

    La liste est un peu troublante. À tout le moins, certaines de ces techniques se déroulent sous nos yeux. Cependant, cela ne signifie certainement pas que les États-Unis sont un État totalitaire.

    Il existe de nombreuses définitions du totalitarisme et je ne crois pas que l’on puisse sérieusement affirmer que les États-Unis en sont arrivés là. Mais l’autoritarisme est certainement dans l’air et il émane plus fortement de la capitale de notre pays.

    Alors que la droite et la gauche politiques s’accusent mutuellement de nourrir des ambitions tyranniques, le philosophe Karl Popper a donné une idée du moment où un gouvernement légitime franchit la ligne et devient tyrannique.

    Popper a écrit :

    « Vous pouvez choisir le nom que vous voulez pour les deux types de gouvernement. Personnellement, j’appelle « démocratie » le gouvernement qui peut être supprimé sans violence et l’autre « tyrannie. »

    La citation de Popper est un rappel important : le peuple a finalement le droit de choisir son gouvernement.

    Dans son ouvrage fondamental Two Treatises of Government, John Locke a défini ce qui allait devenir la base de la philosophie fondatrice de l’Amérique, comme l’a récemment expliqué Dan Sanchez de FEE.

    « L’égalité, au sens premier du terme, non pas l’égalité des capacités ou des richesses, mais la non-soumission ;

    Les droits inaliénables, non pas aux droits du gouvernement, mais à la vie, à la liberté et à la propriété ;

    La démocratie, au sens premier du terme, non pas le simple vote majoritaire, mais la souveraineté populaire : l’idée que les gouvernements ne doivent pas être des maîtres mais des serviteurs du peuple ;

    Consentement des gouvernés : l’idée que les gouvernements ne peuvent légitimement gouverner que par le consentement des gouvernés, c’est-à-dire du peuple souverain ;

    Gouvernement limité : l’idée que le seul but et la portée appropriée d’un gouvernement légitime est uniquement de garantir les droits du peuple ;

    Droit de révolution : l’idée que tout gouvernement qui outrepasse ses limites et piétine les droits mêmes qu’il était chargé de garantir est une tyrannie, et que le peuple a le droit de résister, de modifier, voire d’abolir les gouvernements tyranniques. »

    Au fur et à mesure que l’État s’éloigne de son objectif moral, il devient de plus en plus important de comprendre les droits de l’Homme et les limites du gouvernement.

    Traduction Contrepoints

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      Gustave Le Bon, un penseur oublié de l’individualisme libéral

      Matthieu Creson · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 28 December, 2022 - 04:00 · 5 minutes

    Un article de l’Iref-Europe

    Tombé dans l’oubli (exception faite de sa Psychologie des foules , parue initialement en 1895), Gustave Le Bon (1841-1931), auteur d’une quarantaine d’ouvrages , mérite d’être redécouvert aujourd’hui, notamment en ce qu’il fut un véritable penseur de l’individualisme libéral. Si l’on peut certes demeurer critique à l’égard de Le Bon – et ainsi rappeler l’existence de certaines ombres aux tableaux comme sa défense du colonialisme (que le libéral Paul Leroy-Beaulieu avait au demeurant lui aussi soutenu) -, reste que c’est l’image d’un penseur fondamentalement libre, défenseur sans concessions de l’individu et farouche opposant à tous les collectivismes, qui se dégage à l’évidence lorsqu’on lit son œuvre sans prévention.

    La critique du « constructivisme »

    Dans sa Psychologie du socialisme (initialement parue en 1898), Le Bon constate que le monde moderne a subi de profondes et rapides mutations (p. IV-V), qui résultent essentiellement des idées nouvelles, des découvertes scientifiques et des innovations industrielles survenues depuis un demi-siècle. Faisant fi de ces mutations, les théoriciens et doctrinaires socialistes veulent en fait, observe Le Bon, reconstruire de fond en comble l’organisation des sociétés.

    À cet égard, de nombreuses pages de Le Bon préfigurent étonnamment ce que Hayek ou Popper appelleront le « constructivisme » ou l’ingénierie sociale. C’est d’ailleurs notamment son hostilité au constructivisme qui a conduit Gustave Le Bon à se montrer si souvent critique de la Révolution française. En effet, « philosophes et législateurs considéraient (alors) comme certain qu’une société est chose artificielle que de bienfaisants dictateurs peuvent rebâtir entièrement » (Ibid, p. IX). « Un Latin (contrairement aux individualistes anglo-saxons), ajoute Le Bon, déduit toujours tout de la logique, et reconstruit les sociétés de toutes pièces sur des plans tracés d’après les lumières de la raison. Ce fut le rêve de Rousseau et de tous les écrivains de son siècle. La Révolution ne fit qu’appliquer leurs doctrines » (Ibid, p. 146).

    La défense de l’individu contre le collectivisme social-étatiste

    La critique faite par Le Bon du socialisme, de l’ étatisme et du collectivisme s’inscrit dans le droit fil de sa critique de la Révolution.

    Pour Le Bon, le socialisme est une croyance, une foi comme il le dit souvent, mais c’est aussi une doctrine idéologique assimilable à « une réaction de la collectivité contre l’individualité, (à) un retour au passé » (Ibid., p. 5-6). Le Bon a ainsi très bien vu que l’un des grands ressorts du socialisme est la détestation viscérale de l’individu .

    Anthropologue et psychologue des sociétés humaines, Gustave Le Bon pense que l’on peut distinguer entre peuples individualistes et peuples étatistes ou collectivistes : « on observe (chez les premiers), dit-il, l’extension considérable de ce qui est confié à l’initiative personnelle, et la réduction progressive de ce qui est abandonné à l’État » (Ibid., p. 7). Chez les seconds, au contraire, « le gouvernement est toujours un pouvoir absorbant tout, fabriquant tout et régissant les moindres détails de la vie du citoyen ». Incapable d’advenir aux États-Unis (« pays de l’égalité réelle », comme l’écrit Le Bon dans L’Évolution actuelle du monde – paru en 1927 -, du fait que les ouvriers y sont « les collaborateurs du capitalisme » (p. 185) et non les adversaires de celui-ci), le socialisme est en revanche une menace mortelle pour l’Europe : « Il serait une dictature impersonnelle, mais tout à fait absolue » ( Psychologie du Socialisme , op. cit. , p. 7)

    Le Bon a d’ailleurs parfaitement noté que c’est la passion de l’égalité (qui découle de la haine de la liberté individuelle), si répandue dans un pays comme la France, qui sous-tend la doctrine socialiste, laquelle « veut modifier la répartition des richesses en dépouillant ceux qui possèdent au profit de ceux qui ne possèdent pas » (Ibid., p. 31).

    La dénonciation de la tyrannie bureaucratique

    Un autre danger, consubstantiel au danger social-étatiste, préoccupe Le Bon dans plusieurs de ses livres : le péril bureaucratique. « C’est la bureaucratie qui gouverne aujourd’hui la France, et nécessairement elle la gouvernera de plus en plus » (Ibid., p. 182). Il en résulte ainsi une inquiétante diminution de l’initiative privée dans les pays dominés par la nouvelle classe bureaucratique. Un « réseau de règlements se développe chaque jour à mesure que l’initiative des citoyens devient plus faible ».

    Or c’est en fait nous, par peur d’exercer nos propres responsabilités en tant qu’individus, qui exigeons toujours plus d’État et toujours plus de bureaucratie. Comme le disait Léon Say – que cite Gustave Le Bon – dans Le Socialisme d’État : conférences faites au cercle Saint-Simon (1884), « il s’élève un cri de plus en plus fort pour demander une réglementation de plus en plus minutieuse ».

    Pressé par les réclamations incessantes d’un public avide de tutelle, l’État, poursuit Le Bon, légifère et réglemente sans relâche. Obligé de tout diriger, de tout prévoir, il entre dans les détails les plus minutieux. Un particulier est-il écrasé par une voiture, une horloge est-elle volée dans une mairie : immédiatement on nomme une commission chargée d’élaborer un règlement, et ce règlement est toujours un volume.

    Annonciateur des périls socialiste, étatiste et bureaucratique parmi les plus lucides de son temps, Le Bon, quoique marqué intellectuellement, comme Herbert Spencer qu’il admirait, par le « darwinisme social », nous parle rétrospectivement peut-être autant de notre temps que du sien. C’est la raison pour laquelle son œuvre doit être redécouverte et examinée sur pièces : on la critiquera pour ses préjugés (qui sont souvent les préjugés de toute une époque), mais on l’admirera aussi pour ses fulgurances prémonitoires.

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      Défaillance de l’éducation au Maroc : les causes

      Ihssane El Omri · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 03:30 · 6 minutes

    Avant de parler de l’ éducation en tant que secteur public ou domaine relevant des responsabilités de l’État, il est incontournable d’évoquer sa dimension spirituelle. Elle est la voie de la vertu, le pouvoir de l’être humain d’agir sur sa vie et décider librement ce qu’il envisage pour son avenir. La gestion du secteur est attribuée exclusivement à l’État tandis que la responsabilité à assumer est partagée entre celui-ci, les parents, les élèves et les enseignants.

    L’État est appelé à assurer une offre inclusive en qualité et en quantité, à savoir des équipements suffisants répondant aux normes de qualité, des infrastructures facilitant l’accès à l’offre pédagogique, un personnel bien formé et psychiquement équilibré et surtout des curricula en adéquation avec la demande des élèves, renouvelables et aptes à suivre l’évolution du progrès technique.

    L’importance de l’éducation

    L’éducation est un secteur public parmi les plus sensibles. Sa performance se répercute sur le pays tout entier et notamment sur ses relations étrangères.

    En effet, l’éducation est liée directement au capital humain, qui n’est que le stock de compétences, de connaissances, de qualifications et d’expériences qu’un individu acquiert et accumule durant son parcours cognitif, pour l’employer dans le processus de production des richesses et du développement de son pays. L’augmentation de la productivité de l’individu est issue de l’augmentation de ce stock de ses acquisitions, ce qui a été approuvé par plusieurs études empiriques ayant démontré qu’une seule année d’études de plus engendre une hausse de la productivité des agents. Ainsi, il a été communément admis dans la littérature économique ancienne et récente que l’investissement dans le capital humain est indispensable à la croissance économique mais n’est à lui seul pas suffisant. Volonté, stabilité politique, compétences des dirigeants et souveraineté : toutes ces conditions doivent être combinées.

    Dictature et éducation sont deux éléments contradictoires qui ne riment pas et jamais, sauf quelques exemples de dictatures à compter sur le bout des doigts qui ont réussi à être l’exception en maintenant la dichotomie entre l’éducatif et le politique. Entre ces deux éléments réside un conflit d’intérêt sanglant et permanent : l’éducation cherche à éclairer les esprits, diffuser le savoir et atteindre les vérités, ce qui menace l’existence du tyran dont le règne se fonde sur des sujets ignorants, gouvernés selon une politique d’institutionnalisation de l’ignorance et de l’abrutissement.

    Les régimes politiques autoritaires cherchent à contrôler le système éducatif du pays, ils choisissent de le noyer dans la fragilité et la défaillance pour assurer leur survie et pérennité. À cet égard ils emploient un arsenal de programmes éducatifs faibles en qualité et forts en quantité dans l’intention d’anéantir l’esprit critique chez l’étudiant. Le régime conçoit une machine à produire des sujets ignorants, obéissants et privés de valeurs et de principes dont la mission est de produire, se reproduire et ne rien opposer.

    Au Maroc, la défaillance du système éducatif ne remonte pas à hier.

    Le système a été la cible de nombreuses politiques réformatrices qui n’ont pas atteint des résultats significatifs hormis l’augmentation du nombre des étudiants inscrits dans les écoles après l’accession au trône de Mohammed VI. La qualité du système est médiocre, il conçoit des chômeurs incapables de s’insérer dans le marché du travail et des jeunes « obsolètes » ne poursuivant ni leurs études ni des formations professionnelles.

    La question qu’on ne cesse de se poser est de savoir où réside exactement le problème ?

    Sans aucun doute, la volonté du régime est un problème de poids qui nous a permis d’expliquer cette défaillance du système éducatif marocain pendant longtemps. Mais il apparaît que ce n’est pas le facteur explicatif unique.

    La question de souveraineté

    La question de souveraineté est un facteur à introduire dans l’équation.

    Ce problème s’est étalé même sur les sujets régaliens de l’État marocain qui en est conscient et responsable. L’éducation en fait parti. Le Maroc est impliqué depuis des années dans des affaires étrangères qui dépassent ses capacités et son potentiel, il est in fine un pays qui n’a pas encore connu un vrai développement, se positionnant au 123e rang sur 190 pays en termes de développement humain, derrière ses voisins maghrébins et même les pays qui éprouvent d’immenses problèmes de stabilité politique et économique, l’Irak et la Libye notamment. Mais il joue avec des pays incroyablement développés par rapport à son stade de développement, ou si l’on peut dire, il s’adapte en fonction des intérêts de ces pays et le bien-être de leur population, lui qui privilégie les intérêts de ses élites et même de ses pays amis par rapport à ceux de ses citoyens. Sans doute, la souveraineté des États sur leur territoire est fondamentale, mais en l’absence de souveraineté sur les sujets régaliens : santé, éducation et sécurité alimentaire, principalement, cette souveraineté se trouve elle-même en danger.

    La souveraineté du Maroc est mise en question depuis fort longtemps. Même après son indépendance en 1956 le pays s’est trouvé impuissant à la restaurer, sans parler des Marocains qui considèrent que cette indépendance concerne l’État et non pas le peuple qui se trouve encore soumis à la fois aux forces étrangères et locales.

    L’imposition du protectorat français en 1912 relève de l’absence de souveraineté, l’imposition du plan d’ajustement structurel en 1983 est le résultat de cette absence aussi. Après 1912, l’État français a généralisé une transcription de son propre système éducatif laïc, reprenant le paradigme pédagogique français dans le but de former des profils particuliers au service de la colonisation française et de modifier l’idéologie de la société marocaine particulièrement musulmane et conservatrice. Alors qu’auparavant, le système éducatif marocain faisait partie d’un système général d’éducation islamique et traditionnel.

    En 1983, la Banque bondiale et le Fond monétaire international ont imposé au Maroc de se désengager de l’investissement massif dans les secteurs publics, notamment l’éducation ; la prédiction et l’accompagnement des mesures apportées par le PAS relèvent des deux institutions financières internationales qui interviennent désormais dans la gestion des fonctions régaliennes de l’État.

    La dette est le point commun entre les deux événements ci-dessus. Le Maroc dont les besoins dépassent largement ses ressources et ses avoirs a bel et bien mordu à l’hameçon, celui de l’endettement. À l’époque précoloniale, les sultans n’arrivaient pas à assurer la prise en charge de leurs besoins et ceux de leur armée ; à cet effet, le recours massif à l’emprunt étranger a aplani la voie de pénétration européenne. Id est , à l’ère postcoloniale, l’État s’engage dans des réformes massives pour rétablir sa souveraineté, dont le financement s’est assuré par des emprunts étrangers. Il s’est retrouvé finalement insolvable, et la souveraineté mise en question.

    Et si nous admettons, comme Abdellah Laraoui, que l’État marocain a cessé d’exister dès 1880 , à qui appartient la souveraineté marocaine ?

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      La fabrication du consentement : le pass carbone arrive

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 22 November, 2022 - 08:30 · 6 minutes

    Les politiciens sont rarement les crayons les plus affûtés de la trousse mais tous comprennent toujours très vite qu’il ne faut jamais gâcher une bonne crise : si celle-ci permet d’accroître son pouvoir, tout sera donc fait pour ! Il en va dès lors de la faillite de FTX comme du reste et déjà les opportunistes se bousculent pour proposer de nouvelles bordées de régulations à la suite de cette débâcle.

    Difficile de ne pas noter non plus l’engouement subitement renouvelé de certains États pour les cryptomonnaies de banques centrales : la faillite de FTX entraînant d’autres dominos dans sa chute, il semble devenir impérieux d’envisager, tant qu’on peut le faire, un changement paradigmatique rapide du système financier actuel.

    Et dans ce cadre, il n’est donc pas étonnant de voir se multiplier les actions législatives ou gouvernementales pour pousser ces CBDC .

    Ces cryptomonnaies seraient en effet fort pratiques (et pas seulement pour camoufler l’inévitable effondrement du système monétaire international) : en imposant à chaque individu une numérisation et une centralisation de la monnaie, les États peuvent de facto interdire ou limiter toute transaction qui ne serait pas à leur goût ou au goût des politiciens à leur tête…

    Mais même s’il est ardemment désiré par les dirigeants actuels, l’avènement des CBDC n’en reste pas moins incertain : certains pays ont tenté l’instauration de ces cryptomonnaies fort pratiques pour un contrôle social étanche et totalitaire (c’est le cas du Japon, du Danemark ou de l’Équateur par exemple) et ont renoncé au procédé. Pour le moment tout au moins.

    Cependant, rassurez-vous : si ces cryptomonnaies de banque centrales ne peuvent être mises en place aisément, alors l’élite a déjà autre chose sous le coude. C’est probablement pour cela qu’on entend beaucoup parler (notamment en France) d’un « permis carbone » ou d’un « pass carbone » qui trouve très – trop – souvent sa place dans les petits papiers des médias de grand chemin tout acquis à cette cause. Difficile ces derniers jours d’échapper aux antiennes lancinantes de BFM TV sur le sujet tant l’assaut est visible.

    Ici, la petite musique joue constamment et de moins en moins discrètement un message anxiogène permanent rappelant sans arrêt que 1. le réchauffement climatique est (forcément) une calamité et 2. qu’il est évidemment de notre faute, sans aucune échappatoire.

    Peu importe en réalité que même dans le pires scénarios ce réchauffement ne soit que très modeste (on parle d’un degré, pas de 10 ou de 50). Peu importe que ce réchauffement améliorerait la vie de milliards d’humains ne serait-ce que parce que les rendements agricoles augmenteraient ou qu’il n’y aurait plus besoin de se chauffer en hiver (merci la baisse en besoins énergétiques !) – et au fait, non, la terre ne s’assèche pas, elle reverdit .

    Peu importe que les prédictions catastrophistes ne se sont jamais réalisées en 50 ans, que les eaux refusent de monter , que les catastrophes climatiques sont moins nombreuses et qu’elles font de moins en moins de morts, non, vraiment, peu importe tout cela.

    Ce qui importe n’est pas la réalité mais que le message soit anxiogène et doit faire porter la responsabilité sur chacun d’entre nous pour qu’ensuite les promoteurs de ce message, les politiciens avides de pouvoir, puissent pousser leur solution, celle qui (comme par hasard) augmente leur pouvoir et leurs capacités d’influencer nos existences tout en éliminant consciencieusement toute autre solution qui, elle, nous libérerait de leur emprise.

    Et cette « solution », c’est bien évidemment le contrôle total, ultime, minutieux et micrométrique d’absolument toutes vos activités : quoi de mieux qu’un « pass carbone », voie royale pour ce contrôle ? Quoi de mieux que de vous couper l’énergie si vous ne vous comportez pas comme il faut , ce comme il faut étant défini de façon arbitraire précisément par ceux qui ont toujours menti sur tout et qui continuent à le faire et toujours à votre détriment ?

    Le mieux serait sans nul doute un « pass carbone » directement intégré avec les paiements – le mélange de l’enfer parfait, à mi-chemin entre le « permis carbone » et les CBDC – comme le proposent du reste certaines banques .

    Bien sûr, la plupart des citoyens comprennent comment la nasse est en train de se resserrer autour d’eux et qu’elle n’aboutit qu’à un asservissement sans limite. Logiquement, la majorité ne veut pas se retrouver prisonnière des élucubrations d’une ultra-minorité écoloboboïde paranoïaque, hypocondriaque et hystérique au sujet du climat.

    Alors les médias, en bons petits soldats de politiciens et de lobbies, vont fabriquer une majorité de toutes pièces : avec des questions habilement construites, des sondages montreront qu’une majorité entend se plier aux nécessaires mesures pour lutter contre la menace inventée.

    Navigant plus ou moins subtilement entre les tautologies (auxquelles les Français répondent par oui, ce qui est rassurant puisque ce sont des tautologies) et les questions lourdement chargées (« prêt à réduire votre consommation ? », sachant que consommer davantage coûte plus cher), les résultats de sondages habilement conçus pour obtenir cet assentiment global obtiennent… un assentiment global de la population. Pratique et malin !

    De la même façon, on peut clairement lire que les interdictions et les obligations ne plaisent pas du tout (les Français y sont clairement défavorables) mais malgré tout on ne s’empêchera pas de pousser l’idée que le 110 km/h sur autoroute serait accepté par la majorité des Français .

    Là encore, la façon dont la question est posée permet de voir l’entourloupe (« accepteriez-vous de vous limiter à 110 km/h sur autoroute pour réaliser des économies d’énergies/pour lutter contre le changement climatique ? ») et de comprendre comment une contrainte personnelle a ainsi été transformée en obligation générale (avec prunes à la clef) par la magie d’une propagande bien menée et d’une petite musique répétée sans arrêt sur le mode « ça y est, c’est décidé , vous n’y échapperez pas »…

    Ceux qui ont deux sous de bon sens comprennent, même si c’est parfois encore un peu confus, que ces CBDC, ce « permis énergétique » ou ce « pass carbone » ne sont que les jalons avant l’asservissement total de la population.

    En réalité, leur mise en place dépend essentiellement d’une immense opération de psychologie sociale construite de toutes pièces sur la peur et la répétition d’un discours anxiogène afin de faire croire à la majorité qu’elle est minoritaire et que chacun d’entre nous est bien seul, isolé à penser ce qu’il pense. Tenez-le vous pour dit, c’est certain, les médias le répètent : la majorité désire cet asservissement.

    C’est forcément vrai puisque les médias ne mentent jamais.

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      6 choses qu’on ignore sur le Frankenstein de Mary Shelley

      Foundation for Economic Education · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 November, 2022 - 03:40 · 9 minutes

    Par Jon Miltimore.

    Frankenstein est l’une de ces histoires dont on entend parler durant l’enfance sans pouvoir se rappeler dans quelles circonstances. Quoi qu’il en soit, c’est mon cas.

    Nous savons que le monstre est grand et vert, qu’il a une tête carrée et des cicatrices. Nous savons qu’il était mort et a été ramené à la vie par un médecin fou. Nous pressentons qu’il n’est pas exactement mauvais mais incompris. Du moins, c’est ce dont je me souviens.

    Voyez-vous, je n’ai lu pour la première fois le roman effrayant de Mary Shelley qu’il y a quelques semaines. Je n’avais pas non plus vu le film classique Frankenstein de James Whale (1931), avec le légendaire Boris Karloff, ni d’ailleurs aucun autre film sur Frankenstein. J’ai depuis regardé l’adaptation sombre de Kenneth Branagh, Mary Shelley’s Frankenstein .

    Le fait que je n’aie jamais lu l’excellent livre de Shelley, Frankenstein ou le Prométhée moderne, est une source d’embarras pour moi car je me considère comme un étudiant en littérature de premier et de deuxième cycle.

    Ayant finalement lu le livre, voici six choses que j’ai apprises.

    1. Il n’y a pas d’Igor

    En lisant l’œuvre de Shelley, j’attendais toujours l’apparition d’Igor. L’une des rares choses que je savais, c’est que le docteur Victor Frankenstein a un assistant bossu à l’allure étrange, Igor, qu’il dirige lorsqu’il élabore sa création dans son laboratoire. Mais au début de l’histoire le monstre prend vie, Frankenstein s’enfuit et il n’est pas question d’un dénommé Igor.

    Je me suis dit que j’avais peut-être raté quelque chose. Après tout, Shelley passe rapidement (une page ou deux) sur la création du monstre. Je suis retourné la lire. Non, pas d’Igor. J’ai pensé qu’il apparaîtrait plus tard dans un flash-back ou dans la tentative de Frankenstein de créer un nouveau monstre. Mais non, pas d’Igor.

    En fait, point d’Igor dans la version Boris Karloff de Frankenstein ni dans la version de Branagh en 1994. Apparemment, ce n’est que dans le film de 1939, Le Fils de Frankenstein , qu’apparaît un assistant nommé Ygor, dont le nom a ensuite été changé en Igor dans les films ultérieurs (il y avait bien un assistant dans les deux premiers films Frankenstein mais il se prénommait Fritz et s’inspirait de pièces de théâtre du XIX e siècle).

    2. Mary Wollstonecraft est morte en donnant naissance à Mary Shelley

    J’étais tellement gêné de ne pas le savoir que j’ai failli ne pas en parler. Mary Shelley était la fille de la célèbre philosophe britannique et militante des droits de la femme Mary Wollstonecraft , morte en lui donnant naissance.

    Apparemment, le placenta s’est rompu pendant l’accouchement. Une infection s’est développée et la célèbre féministe libertarienne est morte de septicémie le 10 septembre 1797.

    Wollstonecraft n’a donc pas pu apprendre que sa fille deviendrait l’une des romancières les plus célèbres de tous les temps. Cela me rend un peu triste. Quelque chose me dit qu’elle aurait été fière.

    3. Contre la peine de mort

    D’accord, je l’admets. Je n’ai aucune idée de ce que Shelley pensait réellement de la peine de mort. Mais l’exemple de la peine capitale donné dans le roman n’est pas vraiment un éloge de cette politique. Après que Frankenstein a créé son Monstre, nous apprenons que son jeune frère William – qui n’est qu’un enfant – est tué alors qu’il jouait dans la forêt.

    Frankenstein a des doutes sur l’identité de l’auteur de cet acte ignoble, mais ce qui suit est tout aussi glaçant que le reste du livre livre de Shelley. Alors que William est introuvable, une équipe est envoyée à sa recherche. Sa nounou Justine, membre adoptif de la famille Frankenstein, découvre un médaillon appartenant à William mais aucune trace de son corps. Lorsque celui-ci est découvert plus tard et que Justine est trouvée en possession du médaillon, elle est accusée de la mort de William, déclarée coupable sur la base des preuves les plus minces et rapidement pendue.

    4. Shelley a conçu l’histoire après un cauchemar, à l’âge de 18 ans

    L’une des parties les plus intéressantes de Frankenstein est l’histoire de ce livre.

    Imaginez que vous avez 18 ans et que vous traînez dans la propriété de Lord Byron à Genève, en Suisse. C’est exactement ce que faisait Mary Shelley au cours de l’été 1816, peu après s’être enfuie en Italie avec Percy Shelley (un homme marié) alors qu’elle n’avait que 16 ans.

    Un soir, à l’occasion d’une sortie, Lord Byron a proposé que chacune des quatre personnes présentes « écrive une histoire de fantômes ». Chaque matin, on lui demandait : « Avez-vous pensé à une histoire ? » Chaque matin, Shelley était obligée de répondre honteusement par la négative.

    Finalement, une nuit, alors qu’elle luttait pour dormir, son imagination a pris le dessus.

    J’ai vu – les yeux fermés mais avec une vision mentale aiguë – j’ai vu le pâle étudiant des arts inavouables agenouillé à côté de la chose qu’il avait assemblée. J’ai vu le fantôme hideux d’un homme étendu, puis, sous l’action de quelque puissant moteur, donnant des signes de vie et s’agitant avec un mouvement maladroit, à moitié vivant. Toute tentative humaine d’imiter le stupéfiant mécanisme du Créateur du monde serait effrayante. Son succès terrifierait l’artiste ; il se précipiterait loin de son odieux ouvrage, épouvanté.

    Frankenstein et son monstre étaient nés.

    5. Le monstre n’est pas sympathique et Frankenstein n’est pas le méchant

    Il existe une idée selon laquelle le monstre de Frankenstein est une créature douce, stupide et incomprise.

    Selon l’interprétation moderne, il n’était pas vraiment le méchant et j’ai toujours supposé que c’était vrai, sans avoir lu l’histoire. Les films que j’ai vus du monstre de Frankenstein – comme Monster Squad (1987) et Van Helsing (2004) – le montraient sous un jour sympathique et c’est un peu l’impression que j’avais de la créature interprétée par Boris Karloff.

    Ce n’est pas l’impression que j’ai eue du Monstre de Shelley. Pas du tout. Tout d’abord, il n’est pas stupide. Il raconte son histoire sur plusieurs chapitres et on se rend vite compte qu’il est très instruit (il lit Plutarque !). Il ne marmonne pas comme un enfant ou Simple Jack, il parle avec éloquence. Il est doué de raison.

    Le Monstre est cependant colérique parce qu’il est différent. Il est laid. Il n’a rien ni personne.

    « Je ne possédais ni argent, ni amis, ni aucune sorte de propriété » , explique-t-il à Victor.

    En fait, même son créateur le méprise.

    « Moi, le misérable et l’abandonné, je suis un avortement, un objet qu’on cache, qu’on frappe et qu’on piétine » , explique le Monstre vers la fin du livre.

    C’est sans doute la raison pour laquelle certains ont interprété le Monstre sous un jour sympathique. Et à certains égards, il est effectivement un personnage sympathique. Nous le voyons observer une famille de villageois pauvres et découvrir qu’il n’est pas leur semblable.

    « J’admirais la vertu et les bons sentiments, j’aimais les manières douces et les qualités aimables de mes concitoyens, mais j’étais privé de tout rapport social, sauf par des moyens discrets me rendant invisible et inconnu et qui augmentaient plutôt que satisfaisaient le désir que j’avais de devenir un de mes semblables. »

    Nous voyons le Monstre plaider auprès de Victor pour qu’il lui crée une compagne.

    « Je suis seul et misérable, un homme ne veut pas s’associer à moi, mais une femme aussi difforme et horrible que moi ne se refuserait pas à moi », dit-il à Victor. « Ma compagne doit être de la même espèce et avoir les mêmes défauts. Cet être, tu dois le créer. »

    Les lecteurs peuvent s’identifier à la détresse du Monstre. Après tout, qui d’entre nous souhaiterait passer sa vie seul ? Le problème est que, comme je l’ai noté, la créature est douée de raison. Elle sait distinguer le bien du mal. Le bien et le mal. Et tout au long du roman, elle commet acte mauvais après acte mauvais, avouant même à Victor, avoir tué William.

    « Mon garçon, tu ne reverras jamais ton père » , dit le Monstre à l’enfant, « tu dois venir avec moi » .

    Victor Frankenstein n’est pas le méchant de l’histoire. Ses erreurs sont bien plus humaines. Elles proviennent des conséquences involontaires de sa création et de la peur qui l’empêche d’aborder et de confesser son erreur pendant la majeure partie du roman.

    Les actes de la créature sont beaucoup plus monstrueux et ne sont pas commis par un être maladroit, stupide et puéril mais par un monstre intelligent et égoïste.

    6. Le monstre de Frankenstein est une métaphore de l’État

    Je ne sais absolument pas si Shelley l’a vu mais son histoire est une merveilleuse métaphore de l’État.

    En utilisant le pouvoir de la science moderne, le docteur Frankenstein crée un monstre puissant et réalise rapidement qu’il ne peut pas le contrôler. Les motifs de Frankenstein sont purs lorsqu’il donne vie à la créature, mais le Monstre a une vie propre et une série de funestes conséquences s’ensuivent. Le plus effrayant c’est que Frankenstein se rend compte qu’il ne peut pas détruire sa création. Si ce n’est pas une métaphore de l’État , je ne sais pas ce que c’est.

    Comme je l’ai dit, il n’est pas certain que Shelley ait vu les choses de cette façon, mais certains éléments vont dans ce sens. Au chapitre 4, Victor laisse entendre que c’est la poursuite de sciences « illégales » qui a égaré les Hommes à travers l’histoire et porté atteinte à la paix.

    Si cette règle était toujours observée ; si aucun homme ne permettait à qui que ce soit de nuire à la tranquillité de ses affections domestiques, la Grèce n’aurait pas été asservie ; César aurait épargné son pays ; l’Amérique aurait été découverte plus progressivement ; et les empires du Mexique et du Pérou n’auraient pas été détruits.

    Peu de choses interfèrent davantage avec la paix, la tranquillité ou nos affaires domestiques que l’État, ce qui constitue une raison supplémentaire pour que je considère le roman de Shelley comme une mise en garde adressée aux bâtisseurs potentiels de Babel.

    La morale de l’histoire est claire : faites attention à ce que vous créez en utilisant des moyens peu scrupuleux ou non naturels. Votre création peut se développer au-delà de votre contrôle et vous causer de grandes souffrances.

    Traduction Contrepoints

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      Contre un hiver trop tendu, l’État récupère les armes à feu

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 16 November, 2022 - 12:00 · 5 minutes

    Le précédent billet fut l’occasion de montrer que l’ écologisme extrême que les politiciens s’obstinent à mettre en place en France va conduire à son suicide. Cependant, il serait naïf de croire que les effets très indésirables de ce suicide n’ont pas été pris en compte par la caste dirigeante.

    Normalement, pour obtenir le pouvoir il vaut mieux promettre une goutte de miel plutôt qu’une pinte de fiel. Une fois ce pouvoir obtenu, il est toujours possible de distribuer la pinte de fiel en tentant de la faire passer pour du miel mais l’illusion ne dure généralement pas trop longtemps. Selon toute vraisemblance, nous sommes actuellement au point où la pinte de fiel distribuée au peuple commence à agacer ses papilles et ce ne sont pas les polichinelles colorés du gouvernement se relayant sur les plateaux télé qui parviennent à masquer le goût amer de la débâcle et de la misère qui s’installent partout.

    L’Agenda 2030 était pourtant simple : pour un avenir plus sympathique à base d’air pur et de mobilité douce, on allait devoir se passer de tout ce qui ressemble à des énergies fossiles. Les sanctions contre la Russie furent donc considérées comme une opportunité géniale pour accélérer un mouvement qui déclenchait pourtant des protestations de plus en plus fermes d’une part croissante des industriels.

    Peu importait en réalité : avec des génies du pilotage financier comme Le Bruno de Bercy, avec les excédents budgétaires colossaux de l’État français accumulés depuis des décennies ainsi que sa dette parfaitement rikiki et totalement maîtrisée, avec une société souple et adaptable, avec un vivier de main-d’œuvre bien formée par une Éducation nationale au taquet et une importation massive d’ingénieurs et de scientifiques nobélisables, tout était réuni pour qu’une transition rapide vers les énergies renouvelables se passe dans la joie, la bonne humeur et un impact minimal sur le niveau de vie des Français.

    Pas de bol, zut alors et manque de pot : tout ne se déroule pas exactement comme prévu.

    Loin de favoriser une translation harmonieuse des citoyens vers des solutions de remplacement, l’augmentation brutale des prix de l’énergie provoque des effets de bord massifs dans toute l’économie et toute la société : augmenter ainsi brutalement le coût de l’énergie c’est augmenter directement et indirectement ceux de la logistique, des déplacements, de la fabrication. C’est rendre prohibitifs les livraisons, les emballages, les engrais. C’est forcer à la délocalisation les industries et les emplois.

    Or, s’il est politiquement possible, par une solide dictature et la distribution de petits privilèges temporaires, de tenir une population dans une relative misère lorsque celle-ci s’y trouve déjà, il est généralement plus rude de partir d’une population aisée et de la jeter directement dans la misère sans que celle-ci ne renâcle quelque peu.

    Eh oui, que voulez-vous : les gens – ces idiots – aiment bien les bières fraîches, les douches tièdes et les repas chauds. Supprimez-leur ça d’un coup et rapidement votre base électorale n’est plus garantie. Des grognements pourraient se faire entendre, des mouvements s’organiser et des protestations monter de la base vers les dirigeants… Cela s’est déjà vu.

    S’il est maintenant évident que la brochette de clowns à roulettes qui nous gouvernent n’ont aucune espèce de capacité à prévoir les catastrophes que leurs décisions débiles provoquent immanquablement sur le peuple, on ne peut leur retirer une compétence certaine pour tenter de conserver le pouvoir à tout prix.

    Il ne sera donc surprenant pour personne de rappeler que le gouvernement a très correctement renouvelé en 2021 les stocks d’armes et de munitions non létales pour la garde prétorienne les CRS : on ne sait jamais, cela pourrait servir.

    Il ne sera pas plus surprenant d’apprendre que la gendarmerie commence à présent à recevoir ses premiers blindés légers Centaure dont 90 exemplaires ont déjà été commandés, soit 30 de plus que les anciens blindés utilisés jusqu’à présent pour le maintien de l’ordre. Lorsqu’on voit le charmant engin, on comprend que le maintien de l’ordre vient de perdre quelques points de subtilité…

    Il ne sera enfin pas du tout surprenant de découvrir que l’État français entend maintenant récupérer les quelques millions d’armes à feu illicites et non déclarées qui dorment chez les particuliers : ainsi, du 25 novembre prochain au 2 décembre, les particuliers qui auraient malencontreusement oublié de déclarer telle ou telle arme pourront les enregistrer dans le système de l’État ou surtout s’en défaire auprès de l’un des 300 sites de collectes qui seront ouverts même les week-ends, sans risquer de poursuites judiciaires.

    Selon le ministère de l’Intérieur, il s’agit ici de donner une chance à ces particuliers un peu tête en l’air qui, de bonne foi, auraient « oublié » de déclarer l’une ou l’autre pétoire, de faire le nécessaire ou de s’en débarrasser : il serait en effet dommage que les armes pullulent un peu trop dans ce pays et qu’on découvre subitement une France transformée en une sorte d’Amérique indisciplinée où les fusillades s’enchaîneraient un peu trop ici ou , au nez et à la barbe des autorités. Ce serait scandaleux.

    Et ce serait surtout un risque pour l’avenir : du point de vue de l’Occupant intérieur français, peu importe la multiplication de ces fusillades tant qu’elles ont lieu dans ces quartiers émotifs connus, puisque les balles qui sifflent ne sont pas dirigées contre eux. Que des habitants, des passants innocents se fassent trouer la peau dans les métropoles françaises importe finalement assez peu. Et non, bien évidemment, ce ne sont pas de ces armes dont il est question lorsqu’est évoquée cette campagne de déclaration et de récupération d’armes illicites : il est certain qu’absolument rien ne sera fait contre ces armes-là…

    Ce qui gêne nos clowns à roulettes, ce qui donne des mains moites à l’Occupant intérieur, ce sont les armes «illicites » détenues par le peuple, ces honnêtes gens bien sous tous rapports qui, jetés dans la misère par les décisions imbéciles des dirigeants, pourraient alors faire siffler ces balles vers ces derniers, les coquins.

    Les mois qui viennent s’annoncent tendus. Il ne manquerait plus que le peuple soit armé pour qu’il devienne un peu trop animé. Heureusement, la caste au pouvoir l’a bien compris…

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      Midterms 2022 : les hauts et les bas du libéralisme

      Pierre-Guy Veer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 15 November, 2022 - 04:00 · 5 minutes

    Novembre est la saison des élections aux États-Unis. Cette année, en plus des élections au Congrès, plusieurs États ont avancé des questions à leurs citoyens afin de faire avancer ou reculer leurs libertés.

    Et l’excellente lancée de la légalisation de la marijuana se poursuit. Deux nouveaux États, le Maryland et le Missouri, l’ont légalisé à des fins récréatives. Ce sont maintenant 21 États qui font fi des restrictions fédérales selon lesquelles le pot est au même niveau de la cocaïne, c’est-à-dire que aucun usage médical n’est reconnu. À ce sujet, 37 États ont légalisé la marijuana à cette fin. Le Dakota du Sud, du Nord et l’Arkansas ont toutefois rejeté des mesures similaires.

    Mais le Colorado a poussé sa défiance des lois fédérales (fort probablement) anticonstitutionnelles sur les drogues en légalisant les drogues et plantes psychédéliques. Il reste à espérer que l’organisme gouvernemental créé en même temps pour gérer cette légalisation fera mieux que son équivalent pour la marijuana. En effet, les prix « légaux » sont plus élevés, ce qui encourage fortement le marché noir.

    Toujours au Colorado, on a rejeté une mesure qui aurait permis aux restaurants et bars de vendre de l’alcool à emporter et la livraison des boissons alcoolisées.

    L’avortement en jeu

    Par ailleurs, depuis le rejet par la Cour suprême des lignes directrices sur l’avortement, plusieurs États ont déjà durement légiféré sur le sujet – ils avaient des lois rendant l’opération illégale dès le rejet de Roe vs Wade .

    Mais durant cette élection, plusieurs États ont soumis leurs propositions et les défenseurs de l’IVG ont de quoi se réjouir. Avec des majorités écrasantes respectives de 76 % et 65 %, le Vermont et la Californie ont amendé leur Constitution pour y officialiser des « libertés reproductives » et interdire au gouvernement de violer une telle liberté.

    Bonne nouvelle : la Californie a également inclus l’accès aux contraceptifs dans cette mesure. Malgré leur inclusion depuis 2012 dans la loi sur la santé d’Obama, leur accès est encore restreint par la FDA , qui gère l’accès aux médicaments. Les mettre en vente libre au même titre que le paracétamol pourrait permettre d’éviter des grossesses non désirées.

    Le Michigan a également approuvé une mesure semblable à la Californie à environ 56,5 %. Au Kentucky, les électeurs ont rejeté un amendement explicitant la non-existence d’un droit à l’avortement. Au Montana, les électeurs ont rejeté une proposition qui aurait obligé des soins médicaux à tout fœtus né même suite à un avortement et fortement mis à l’amende quiconque s’y soustrairait.

    La diminution de l’emprise de l’État…

    Toujours au sujet de bonnes nouvelles pour la liberté, trois États ( Vermont , Tennessee et Oregon ) ont définitivement aboli l’esclavage. Peu de gens se souviennent que le 13e amendement de la Constitution fédérale abolissant l’esclavage « l’autorise » encore comme punition. La Louisiane a rejeté une proposition semblable.

    D’autres ( Colorado ) ont voté pour une diminution de l’impôt sur le revenu, ( Arizona ) rejeté de nouvelles taxes de vente et étonnamment pour la Californie , rejeté un nouveau palier d’imposition pour les hauts revenus. Le Tennessee a constitutionalisé le « droit au travail » (pas d’obligation de payer une cotisation syndicale), le Nevada exclut désormais toute violation des droits fondamentaux basée sur une panoplie de caractéristiques et le Montana exige maintenant un mandat avant l’accès aux données électroniques d’une personne.

    Car en suivant la logique de plusieurs hoplophobes selon quoi le Second amendement ne s’applique qu’aux mousquets, il irait de soi que le Quatrième amendement ne s’appliquerait pas aux courriels.

    … et son augmentation

    Malheureusement, plusieurs initiatives montrent que vox populi non est sagere (la voix du peuple n’est pas celle de la sagesse).

    En Californie, deux propositions qui auraient légalisé le jeu et confirmé l’interdiction du tabac parfumé ont été rejetées. L’État de la vice-présidente continue ici de montrer son déclin . Si l’expérience du Massachussetts est un indicateur, alors la Californie pourrait connaître une hausse des ventes de cigarettes ordinaires ainsi qu’une hausse du marché noir pour les produits nouvellement interdits. « Protéger les enfants » est l’excuse la plus nulle qui soit.

    Au Nevada et au Nebraska , une hausse du salaire minimum a été approuvée. Ceux qui supportent cette mesure adorent généralement ce qu’on voit : de meilleurs salaires et un chômage encore très bas, comme on a répété ad nauseam à Seattle . Mais ils ignorent (ou refusent de considérer) ce qu’on ne voit pas : une diminution de la population active.

    Aux États-Unis du moins, la population active est soit employée soit activement à la recherche d’un emploi. Un chômeur trop découragé dans sa recherche finira par l’abandonner, diminuant artificiellement les statistiques. Considérant que la population active du pays chez les 16-20 ans n’a pas augmenté depuis la récession de 2008, une hausse quelconque du salaire minimum, surtout dans un État bon marché comme le Nebraska , aura des effets néfastes sur les jeunes travailleurs.

    De retour au Colorado maintenant : une proposition de consacrer 0,1 % des revenus de l’impôt au logement abordable est passée de justesse. Oh, il certain que l’État profiterait de logements plus abordables, le prix médian des maisons dépassant 580 000 dollars. Mais dans trop de grandes villes comme Denver, la réglementation empêche un développement résidentiel plus dense, laissant des quartiers entiers au développement unifamilial. Utiliser des fonds publics ne changera pas le problème.

    Finalement, une chimère chouchou des Démocrates a maintenant force constitutionnelle en Oregon : le « droit » à des soins de santé abordables. N’en déplaise aux Orégoniens, garantir un droit positif ne saurait assurer sa pratique.

    De toute façon, le gouvernement est le seul responsable de ces prix exorbitants en santé. D’un encouragement artificiel à l’assurance à une forte limitation du nombre de médecins et des écoles de médecine en passant par des obligations n’ayant aucun sens actuariel, le gouvernement ne peut résoudre ses problèmes en mettant des garanties ou en injectant plus d’argent.

    Bref, les élections 2022 ont été assez bonnes pour le libéralisme au niveau des États. Au niveau fédéral, espérons que les Républicains obtiennent une majorité de sièges à la Chambre des représentants. En effet, un président et un Parlement de couleur différente « aide » au blocage législatif et ainsi à l’adoption de moins de lois.