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      [PODCAST] Comprendre la Troisième Guerre mondiale – avec Philippe Fabry

      Pierre Schweitzer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 04:15 · 1 minute

    Épisode #27

    Philippe Fabry a obtenu son doctorat en droit de l’Université Toulouse I Capitole. Il est historien du droit, des institutions et des idées politiques.

    Il a publié chez Jean-Cyrille Godefroy Rome, du libéralisme au socialisme (2014, lauréat du prix Turgot du jeune talent en 2015, environ 2500 exemplaires vendus), Histoire du siècle à venir (2015), Atlas des guerres à venir (2017), La Structure de l’Histoire (2018), Islamogauchisme, Populisme et nouveau clivage gauche-droite (2021), Le Président Absolu : la Ve République contre la Démocratie (2022) et La chute de l’empire européen (2022).

    Il a contribué plusieurs fois à la revue Histoire & Civilisations , et la revue américaine The Postil Magazine , occasionnellement à Politique Internationale. Il collabore régulièrement avec Atlantico , Causeur , Contrepoints et L’Opinion .

    Il tient depuis 2014 un blog intitulé Historionomie dont la version actuelle est disponible à l’adresse internet historionomie.net , dans lequel il publie régulièrement des analyses géopolitiques basées sur ou dans la continuité de ses travaux, et fait la promotion de ses livres. Il est également président de l’Institut Polybe ( polybe.fr ), un think-tank qui se veut force de proposition pour la réforme des institutions françaises.

    Pour écouter l’épisode, utilisez le lecteur ci-dessous. Si rien ne s’affiche, rechargez la page ou cliquez directement ici.

    Programme :

    00:00 – Introduction

    01:05 – Présentation et parcours

    04:55 – Découverte des idées libérales

    10:17 – Rome : du libéralisme au socialisme

    21:56 – Qu’est ce que l’historionomie ?

    28:23 – Quelles limites au raisonnement historionomique ?

    32:55 – Quelle part de déterminisme dans l’Histoire ?

    42:47 – L’historionomie néglige-t-elle les grandes ruptures historiques ?

    49:34 – Les institutions peuvent-elles contenir la croissance tendancielle de l’État ?

    59:20 – L’invasion russe de l’Ukraine au prisme historionomique

    1:07:58 – L’Empire américain grand vainqueur de la confrontation mondiale à venir ?

    1:12:25 – Les intérêts stratégiques de la France dans une 3ème Guerre Mondiale

    Aller plus loin :

    – Les articles de Philippe Fabry sur Contrepoints

    – Sa chaîne Youtube

    – Son compte Twitter

    Droit, législation et liberté de Friedrich August Hayek

    – Philippe Nemo ( notice Wikibéral )

    Entretien avec Thierry Lentz

    Ouvrages disponibles :

    Rome, du libéralisme au socialisme

    Histoire du siècle à venir

    Atlas des guerres à venir

    La structure de l’histoire

    Nous contacter :

    podcast@contrepoints.org

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      Journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité

      Daniel Borrillo · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 2 November, 2022 - 04:30 · 6 minutes

    Le 2 novembre se célèbre la journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité.

    En réalité la périphrase désigne l’euthanasie ou le suicide assisté. Le climat politique illibéral dans lequel baigne la France rend difficile l’affirmation de choisir sa mort. Pourtant, la philosophie classique proposait une herméneutique de l’existence articulée autour de la mort.

    Pour Socrate, savoir vivre impliquait savoir mourir et la philosophie n’est autre chose qu’une « pratique de la mort » ( mélétè thanathou) : mourir dans le corps pour naître dans la pensée. La Grèce antique, qui n’avait pas peur de désigner clairement la réalité, voyait dans la kallos thanatos , la mort noble, un idéal de vie, tout comme les Romains : Bene autem mori est effugere male vivendi periculum (bien mourir, c’est échapper au danger de mal vivre), affirmait Sénèque : «  je choisis moi-même mon bateau quand je m’embarque et la maison où je vais habiter ; j’ai le même droit de choisir le genre de mort, par où je vais sortir de la vie » (Lettres à Lucillus).

    Qu’indique la pensée libérale sur le droit de mourir dans la dignité ?

    La pensée libérale reprend cette tradition en laissant l’individu libre de choisir sa mort . L’État est conçu comme une protection de l’individu contre autrui. John Stuart Mill affirmait que « en ce temps de progrès des affaires humaines , il faut que l’individu conteste les règles provenant de l’extérieur, se décide par lui-même, au point que personne n’est en droit de lui prescrire des normes, y compris pour l’empêcher de se faire tort à lui-même ». Chacun devant « poursuivre son propre bien selon sa propre voie », en se retenant de léser autrui, il en découle que « toute restriction en tant que telle est un mal » ( On Liberty , 1859).

    La tradition judéo-chrétienne refuse de voir une distinction entre euthanasie et homicide. Selon le catéchisme de l’Église catholique :

    « L’euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur ».

    Toutefois, depuis Pie XII l’acceptation, voire l’encouragement des soins palliatifs par l’Église est venue nuancer la condamnation théologique et donner une dimension compassionnelle à la question de la fin de vie. C’est dans cette tradition de commisération que furent adoptés en France les principaux textes depuis la circulaire du 26 août 1986 relative à « l’organisation des soins et à l’accompagnement des malades en phase terminale » et plus tard la loi du 9 juin 1999 « visant à garantir le droit à l’accès aux soins palliatifs » jusqu’à la loi du 2 février 2016 en passant par la loi Kouchner de 2002 et loi Leonetti de 2005 .

    Respecter la vie ou respecter la volonté de mourir

    L’esprit de tous ces textes pourrait se résumer comme suit : mieux vaut respecter la vie du patient plutôt que sa volonté de mourir.

    Il s’agit cependant de deux questions distinctes. En tant qu’actes médicaux visant à soulager la douleur, à apaiser la souffrance et à soutenir le malade et son entourage, les soins palliatifs constituent un droit nécessaire mais pas suffisant. La réalité démontre que le développement des soins palliatifs y compris la sédation profonde ne mettent pas fin à la demande sociale d’aide active à mourir. L’un n’exclut pas l’autre et seule l’euthanasie et surtout le suicide assisté (sans pressions ou influences externes) garantissent l’autodétermination et la souveraineté individuelles à condition que le patient puisse choisir également les soins palliatifs en toute liberté 1 .

    L’histoire juridique de la fin de vie en France montre bien que la question n’a jamais été traitée comme celle d’une liberté protégée par l’État mais comme d’un acte médical de compassion.

    C’est effectivement dans ce climat d’émotion populaire provoquée par certaines affaires très médiatisées (Chantal Sébire, Vincent Humbert, ou encore Vincent Lambert) que le politique a réagi en mobilisant son magistère d’experts agrées : Commission de réflexion sur la fin de vie , sous la direction du Pr Didier Sicard, avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur la Fin de vie, autonomie de la personne, volonté de mourir (avis n° 63 et n° 121) , Conférence de citoyens , Espaces régionaux de réflexion éthique , Rapport sur le débat public concernant la fin de vie du CCNE, État généraux de la bioéthique , etc.

    François Hollande avait même fait de « l’assistance médicalisée de la mort » une promesse électorale jamais tenue. Alors que 94 % des Français approuvent le recours à l’euthanasie et 89 % sont favorables au suicide assisté, alors que le président Macron s’est dit personnellement favorable à l’euthanasie et que le CCNE ouvre la voie à une aide active à mourir 2 , alors que nos voisins belges, suisses, italiens, luxembourgeois, espagnols, anglais, autrichiens disposent déjà du droit de l’aide médicale à mourir, la France peine à proposer un nouveau cadre légal et ceci malgré le fait que plusieurs parlementaires avaient déposé le 19 janvier 2021 une proposition de loi n° 3755 « visant à affirmer le libre choix de la fin de vie et à assurer un accès universel aux soins palliatifs en France », largement soutenue de manière transpartisane.

    Les bonnes intentions politiques et expertales relèvent plus du paternalisme et du dolorisme que de la recherche d’une solution émancipatrice respectueuse de l’autonomie du malade. L’État libéral est celui qui permet à l’individu de choisir librement et de manière éclairée (selon ses convictions personnelles, sa situation sanitaire, sa tolérance à la souffrance, sa perte d’autonomie, etc.) en garantissant son droit de mourir naturellement, d’accéder aux soins palliatifs à l’hôpital ou à domicile et à la sédation profonde, de laisser des directives anticipées pour organiser la fin de vie mais aussi de disposer d’une aide active à mourir sous toutes ses formes ou de la refuser. Seul l’individu sait ce qui est digne pour lui et aucune autorité, en dehors de celle de sa conscience, peut lui imposer de subir une souffrance considérée insupportable.

    1. Il faut distinguer l’aide médicale à mourir, appelée aussi euthanasie active , de la cessation de traitement qui entraîne la mort, connue comme euthanasie passive . La cessation de traitement découle du droit de chaque individu de consentir ou non à des soins. On parle de suicide assisté lorsqu’un médecin fournit les substances létales à une personne, qui se les administre elle-même. L’aide médicale à mourir se distingue de cette situation en ce que l’acte doit être posé par un médecin et dans des conditions établies strictement par la loi par exemple lorsque la personne se trouve dans l’incapacité physique ou psychologique de le faire alors qu’elle avait effectué une demande explicite.
    2. CCNE, Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité, avis n° 139, 13 septembre 2022.
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      Dans un monde complexe, la centralisation politique est inefficace

      Jean-Philippe Feldman · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 12 February, 2021 - 04:20 · 3 minutes

    centralisation

    Par Jean-Philippe Feldman 1 .

    Droite, gauche, centre, peu importe : nos gouvernants sont fréquemment accusés d’être plus ou moins déconnectés de la réalité. Leurs analyses semblent hors-sol, les normes qu’ils prennent dépassées ou inefficaces.

    La planification comme panacée ?

    Pourtant, à partir du milieu du XXe siècle, le développement des ordinateurs avait laissé croire à certains que la planification centralisée serait la panacée et que, conséquemment, les pays du socialisme… réel, dont nos intellectuels ne manquaient de chanter si souvent les louanges, écraseraient de leurs performances les contrées où l’ignoble capitalisme subsistait encore.

    Hormis quelques attardés, plus personne ne défend officiellement ce type de position, mais notre nation s’enorgueillit encore de l’existence d’ un Haut commissaire au Plan

    La centralisation, puissance ou impuissance de l’État ?

    La gestion calamiteuse de la pandémie actuelle par nos gouvernants amène à s’interroger sur les raisons de l’inefficacité, parfois de l’incompétence, des hommes politiques français au pouvoir depuis quelques décennies.

    Valéry Giscard d’Estaing n’a ainsi jamais réussi à surmonter les deux crises pétrolières, François Mitterrand a fait en 1981 le contraire de ce qu’il fallait faire et leurs successeurs ont été dans l’incapacité de répondre aux crises financières successives.

    Pourtant, la centralisation, la puissance procurée par les prélèvements obligatoires les plus élevés qui soient au monde , la règlementation foisonnante et l’armée des sept millions de fonctionnaires devraient nous permettre de gérer avec brio, d’anticiper les crises, sinon de les résoudre au mieux.

    Les leçons de l’épistémologie

    Malheureusement, les leçons que l’on peut tirer d’une épistémologie bien entendue nous montrent que plus le monde est complexe, moins une autorité centralisée est en phase pour le gérer.

    Cependant, l’excuse habituelle des hommes au pouvoir est de dire, non que les politiques menées étaient une ineptie, mais qu’ils ont mal expliqué leur politique aux Français, décidément trop stupides pour l’avoir comprise.

    C’est ce que l’on avait entendu de la bouche des ministres sarkozystes, puis hollandais, et c’est ce qui ne manquera pas de survenir dans les derniers mois de l’actuelle présidence.

    La difficulté provient du fait que nos gouvernants en restent trop souvent, et paresseusement, aux idées du passé. Or, plus les frontières s’estompent, n’en déplaise à certains, plus la puissance des États se dilue. Le simplisme de nos hommes politiques ne résiste plus à la pensée complexe.

    Prétendre régir la société avec quelques normes centrales comme sous Napoléon est de plus en plus voué à l’échec car les actions et les interactions des individus se mêlent d’un bout à l’autre de l’univers, et non plus seulement dans une aire limitée.

    Ce qui est simple est faux, ce qui est compliqué est incompréhensible. Cette boutade, comme toute boutade, recèle au moins un fond de vérité : contrairement à quelques apophtegmes, gouverner n’est ni simple ni facile.

    Gouverner est complexe et c’est justement ce qui devrait inciter nos gouvernants à faire preuve d’un peu plus d’humilité. Cette humilité à l’égard du processus social si chère à Friedrich Hayek .

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      Plan contre le cancer : une critique libérale

      Finn Andreen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 9 February, 2021 - 03:30 · 6 minutes

    cancer

    Par Finn Andreen.

    Le président de la République vient d’annoncer un plan contre le cancer . L’information est relayée entre autre par Franceinfo, la radio de l’État français qui est évidemment tout à fait incapable de voir d’un œil critique et indépendant cette annonce gouvernementale.

    Quelle approche libérale à propos du plan cancer

    Une personne libérale ne devrait-elle pas faire une exception à son idéologie, quand l’État se propose de sauver des vies ? La réponse est évidemment non, pour les raisons suivantes.

    Le libéral se rappellera que l’État veut avant tout préserver sa légitimité. Cet instinct de survie est dans son ADN, même si, personnellement, Macron n’incarne peut-être pas directement ce phénomène.

    L’État doit constamment justifier, moyennant ses chiens de garde , son contrôle sur une grande partie de l’économie française, malgré une incompétence et une inefficacité évidentes. Il fait souvent cela en créant des plans, contre le cancer ou autres fléaux réels ou imaginés, que supposément le secteur privé n’aurait pas le cœur ou l’intérêt de prendre en charge.

    En tant que libéral, il serait possible d’argumenter que le secteur privé peut avoir un cœur tout aussi grand que l’État et également vouloir sauver des vies, comme le démontrent la philanthropie et d’innombrables initiatives privées dans les pays les plus libres.

    Mais un meilleur argument est plutôt celui du libre marché ; cet ordre spontané unique qui, dans sa recherche du profit, génère de la satisfaction client. Dans ce cas précis : survivre au cancer.

    Il n’existe pas de domaines qui soient exclus de ce principe de libre marché. Mais l’étatiste pense que ce principe capitaliste est valable pour certains secteurs mais pas pour d’autres ; c’est donc à lui qu’incombe la tâche de démontrer en quoi le secteur de la santé serait si spécial qu’il n’obéirait pas à la loi du marché, qui pousse inexorablement la qualité vers le haut et le prix vers le bas.

    Un autre principe libéral à garder en tête par rapport à ce plan cancer, est celui de la liberté des individus de choisir ce qu’ils veulent consommer. La question n’est pas de savoir si le tabac, l’alcool, la cocaïne, le sucre, ou quelque autre produit que ce soit, est nuisible ou non à la santé sur le court ou long terme. Certains le sont clairement, mais toujours en fonction du type de consommation et de sa constitution personnelle.

    L’individu doit avoir le droit de prendre toutes les décisions relatives à son propre corps ; cela veut dire aussi le droit d’endommager sa propriété, sciemment ou non. C’est l’idée que le droit devrait être basé sur le principe de non-agression . C’est loin d’être le cas, puisque l’État dépense énormément de ressources non seulement à la poursuite de violations des biens publics, mais également à punir ou interdire des comportements qui ne nuisent pas à autrui , se substituant ainsi à une figure parentale.

    Quand l’État dissuade de consommer du tabac via des taxes ou des paquets neutres , par exemple, ceci est aussi une forme d’agression, certes plutôt légère. C’est le concept de nudge que pratiquent de nos jours tous les gouvernements. Les inventeurs de ce concept le baptisèrent « paternalisme libertarien », ce qui est évidemment un contradictio in terminis , car par définition un paternalisme d’État ne peut pas être libertarien.

    Il est en cela préférable que les entreprises privées pratiquent le nudge en réalisant des plans de marketing pour essayer de modifier les comportements de clients libres de leurs choix.

    Il existe cependant un argument non libéral qui pourrait légitimer des actions coercitives envers les citoyens afin qu’ils réduisent leur consommation de produits considérés nocifs. Il s’agit de l’argument des coûts dans un système de santé largement socialisé comme le système français. La majorité des coûts de dépistage et de traitement du cancer en France étant pris en charge par l’État, il semble raisonnable que celui-ci puisse inciter la population à changer de comportement pour épargner des ressources financières et humaines futures. Un État en déficit a besoin non seulement des taxes sur les cigarettes , mais également de contribuables en vie.

    Mais cet argument n’est jamais utilisé par le gouvernement, sûrement parce qu’il serait perçu comme cynique. De plus, cet argument n’est jamais naturel pour l’État ; le gouvernement français est l’exemple flagrant d’un gouvernement qui ne se sent pas responsable de la bonne gestion de l’argent des contribuables.

    Le libéral pourrait voir de l’humour noir de la part du gouvernement avec ce plan cancer en pleine pandémie. Car les confinements de la population tout entière sont toujours présentés comme des mesures nécessaires et salvatrices qu’il est considéré presque indécent de remettre en question.

    Ils vont pourtant générer un nombre beaucoup plus élevé de cancers et d’autres conséquences graves sur la santé. En effet, de nombreuses études montrent déjà les effets néfastes du confinement à cause des retards dans le dépistage de cancers et de leurs traitements.

    Une étude du Lancet de juillet 2020 annonce une mortalité significativement accrue de plusieurs cancers à cause de ces mesures gouvernementales. Cette étude conclut que les mesures restrictives pour lutter contre la Covid-19, équivalentes au Royaume-Uni aux mesures françaises, donneront, selon les types de cancers, 5 % à 15 % de décès additionnels dans les cinq années suivant le diagnostic. Et ce nouveau plan cancer se dit vouloir lutter, comme le dit l’article de Franceinfo, « contre les cancers à mauvais pronostic (taux de survie à cinq ans inférieur à 33%) »…

    Ces conséquences choquantes sont inévitables quand on néglige la leçon de Frédéric Bastiat , désormais vieille d’un siècle et demi, de ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas . Bastiat a été l’un des premiers à identifier la notion d’externalités, en particulier pour les politiques publiques. Le gouvernement français se moque de ce principe ; il se focalise uniquement sur la mortalité due à la Covid-19, selon la formule maintenant notoire de « Quoi qu’il en coûte ».

    La priorité politique est de sauver les malades atteints de la forme grave de la maladie. Par contre, les milliers de décès prématurés du cancer et les années de vie perdues des Français, qui seront les conséquences futures des actions de ce gouvernement ne semblent pas préoccuper outre mesure l’exécutif.

    Le libéral sait qu’il ne s’agit pas uniquement d’incompétence de la part de l’État. Il faut rejeter l’idée d’un gouvernement n’ayant que des bonnes intentions mais qui se trompe souvent.

    Les impacts des confinements et autres restrictions étaient déjà connus et présagés dès le début de la pandémie. La prise en compte d’externalités est connue depuis le milieu du XIXe siècle. Le libéral a donc plusieurs raisons de ne pas se méprendre sur cette annonce plutôt hypocrite de ce plan cancer.

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      En France, la liberté est passée aux oubliettes

      Patrick de Casanove · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 8 February, 2021 - 04:45 · 6 minutes

    la liberté

    Par Patrick de Casanove.

    Nous avons abordé récemment la prolongation de l’état d’urgence sanitaire au 1 er juin, votée en première lecture, par l’Assemblée nationale le 20 janvier.

    La destruction des libertés fait consensus

    Le 27 janvier le projet de loi est passé en première lecture devant le Sénat qui a lui aussi voté la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Il s’est contenté d’en modifier quelques paramètres (limiter la durée au 3 mai 2021, passer devant le Parlement pour un nouveau confinement).

    En clair le Sénat est favorable aux mesures liberticides qui donnent les pleins pouvoirs au gouvernement.

    « Je suis donc obligé de vous le dire, bien sûr à regret, notre responsabilité est bien d’accepter la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

    Les sénateurs sont bien conscients du caractère coercitif de ces mesures mais ils les trouvent nécessaires.

    « Si nous n’avons pas voté tous les textes de loi relatifs à l’état d’urgence sanitaire qui nous ont été présentés, ce n’est pas parce que nous contestions la nécessité de prendre des mesures qui, malheureusement, restreignent les libertés fondamentales des Français.

    C’est précisément parce que nous étions conscients de la nécessité de ces mesures et que notre approche démocratique de la question nous conduisait à vous poser la question suivante : qu’y a-t-il de gênant pour le gouvernement à revenir régulièrement devant le Parlement […] pour obtenir son autorisation ? » Philippe Bas, Rapporteur de la Commission des Lois.

    Il faudra quand même expliquer en quoi instaurer l’oppression de la population est une approche démocratique. Sauf bien sûr si la démocratie se limite à faire enregistrer par le Parlement, à intervalles réguliers, les mesures contraignantes décidées par une sorte de politburo.

    C’est une démocratie sans liberté, une « démocratie populaire » . Si la France en est désormais une, les Français doivent le savoir.

    Le Sénat connaît aussi la dangerosité de donner les pleins pouvoirs à un seul individu.

    « Vous le savez, l’Assemblée nationale et le gouvernement sont issus de l’élection du président de la République. C’est ce que j’appelle l’hyperprésidentialisation. L’état d’urgence renforce encore la verticalité du pouvoir, […] ce tête-à-tête entre, d’une part, un président de la République […] qui décide seul et par là même est seul responsable, et, d’autre part, nos concitoyens, est fondamentalement dangereux . […] Avec l’état d’urgence, le Parlement et la société civile n’ont plus rien à dire. » Philippe Bonnecarrère, groupe Union centriste .

    Il les accorde cependant sans grand état d’âme.

    La politique avec des œillères

    Le 28 janvier en Commission mixte paritaire sur ce sujet, Jean-Pierre Pont, député, rapporteur pour l’Assemblée nationale, précisait :

    « Nous sommes tous conscients que le caractère préoccupant de la situation justifie le maintien de mesures d’exception ».

    Nous sommes en pleine pensée unique.

    Les sénateurs comme les députés sont des gens sérieux et mainstream . Ils ne se laissent pas embobiner par ceux qui ont l’outrecuidance d’affirmer que priver les gens de liberté est contre-productif, mais surtout indigne et qu’il existe d’autres solutions.

    Ils savent que ce ne sont que billevesées ! Comme tous les bien-pensants, ils sont persuadés que les mesures liberticides sont indispensables pour vaincre l’épidémie.

    Cet état d’esprit ne rassure pas quant à la valeur qu’ils donnent à la liberté, consubstantielle à la personne humaine. Liberté qui figure en première place dans la devise de la République rrançaise.

    Comme c’est le cas depuis le début, le gouvernement, beaucoup de médecins, de médias, une partie de l’opinion ne conçoivent la gestion de l’épidémie que de manière politique.

    La spécificité du politique c’est la contrainte légale. C’est son seul moyen d’action. Il en use et en abuse. Il n’est pas inutile de rappeler qu’une bonne gestion comprend une épidémie contrôlée, une économie prospère et une société harmonieuse . Ce n’est pas la voie choisie en France.

    Son seul objectif est de vaincre l’épidémie « quoi qu’il en coûte », sans que l’on sache vraiment ce que cela signifie. Pour y parvenir le politique regarde la Covid par le petit bout de la lorgnette. Toutes les solutions non coercitives lui sont invisibles. Toutes les conséquences de la coercition, malheurs humains, dislocation sociale, détérioration des conditions sanitaires du pays et de l’état de santé des personnes, désespoir et suicides, ruine de l’économie, lui sont invisibles.

    Tous ces pays du monde qui, en Asie ou en Afrique, s’en sortent très bien, avec une économie préservée, des liens sociaux persistants, une épidémie contenue, le tout sans confinement, sans destruction des libertés qui prévalaient avant l’épidémie, lui sont invisibles.

    La liberté par principe

    Les mesures de contraintes sociales sont souvent contestées ou réclamées sur des critères d’efficacité et de pertinence vis-à-vis du contrôle de l’épidémie. Le confinement est inutile et dangereux, cela a été mis en évidence dès juin .

    Tous les travaux sérieux basés sur la vraie vie confirment que les mesures de contraintes sociales aggravent l’épidémie et sont délétères pour les personnes, l’économie, la société, la vie sociale.

    Bien sûr d’autres allégueront , à partir de simulations mathématiques, qu’elles sont pertinentes.

    En vérité l’opposition aux mesures coercitives est éthique.

    Elle se fonde sur leur inhumanité. L’être humain étant naturellement une personne, libre et propriétaire. En dehors d’une sanction judiciaire pour dommage aux droits naturels d’autrui , il est indigne et inhumain de porter atteinte à ces mêmes droits naturels. C’est une question de principe et de philosophie.

    En conséquence, dans un pays libre, ces mesures liberticides ne peuvent en aucun cas être envisagées, et encore moins mises en œuvre. Dans les pays occidentaux présentés comme de vieille civilisation, dans lesquels l’individu est peu à peu devenu une personne, les mesures de coercition sont une trahison de leur culture civilisationnelle humaniste.

    Ce qui signifie que même en cas d’absence de traitement, ces mesures honteuses ne doivent pas être prises et d’autres réponses doivent être trouvées. Or dans le cas de la Covid des traitements existent. En phase inflammatoire ils font l’unanimité ou presque. Ce sont les actions thérapeutiques en phase virale qui sont controversées.

    Assez de politique, revenir à la médecine

    « Protéger les plus faibles – dépister les malades – les mettre à l’écart et les soigner ». ( source )

    Les solutions précoces sont des solutions de combat, proposées par des professionnels de santé qui se battent en première ligne et refusent de subir. Elles sont personnalisées, reposent sur la confiance entre le professionnel et le patient.

    Elles font appel à la responsabilité individuelle. Les gens font face à l’adversité et ne se terrent pas . Les approches peuvent varier mais les médecins de terrain discutent et ne baissent pas les bras. Ils font des propositions qui évoluent en fonction des connaissances acquises sur le front.

    Les prises en charge précoces sont efficaces ce qui rend cette politique coercitive encore plus inacceptable.

    Liberté fin de partie

    Au final la prorogation de l’état d’urgence sanitaire votée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale le 2 février ne prend pas en compte les changements paramétriques proposés par le Sénat . Sur le fond cela ne change rien.

    En France, la liberté est passée aux oubliettes.

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      Éviter le reconfinement en nous prenant nous-mêmes en charge

      Jean-Paul Laplace · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 1 February, 2021 - 04:45 · 8 minutes

    reconfinement

    Par Jean-Paul Laplace.

    Nous vivons une situation paradoxale, tiraillés entre des contraintes sanitaires de précaution, et un désir de plus en plus violent de retrouver la liberté . Les uns sont plus sensibles à la peur du virus et à la logique des médecins, et respectueux des règles ; les autres, pleins d’une espérance factice, narguent les risques et les recommandations, et sont oublieux des gestes barrière élémentaires.

    Réagissant de manières très diverses aux contraintes imposées par la pandémie, ou en son nom, les Français se répartissent selon des gradients où pèsent à l’évidence l’âge et la catégorie socio-professionnelle, mais sans tout expliquer.

    Le ras-le-bol gagne la rue

    Il a fallu du temps pour que le masque soit adopté, mais au final une large partie de la population s’est montrée très disciplinée. Les enfants et les jeunes sont remarquablement dociles face à cette contrainte, alors que bien des adultes rechignent à masquer leur nez, ne couvrant que le bas de leur visage.

    Mais, progressivement, les comportements ont évolué . L’agacement a conduit à la forfanterie et multiplié les actes ostentatoires d’indiscipline, masque autour du cou ou porté au poignet. Puis les incivilités se sont multipliées, entraînant la dispersion dans la nature de masques rageusement jetés au sol avec un mépris libérateur.

    À ces mouvements épidermiques ont succédé des actes plus réfléchis de contournement des mesures de couvre-feu. Les restaurateurs se sont beaucoup exprimés, de manière contenue ; certains ont évolué vers la préparation de plats à emporter ou à livrer, mais d’autres ont déverrouillé le désespoir ou la colère qui les ont conduits à la provocation, en ouvrant leur établissement , en cachette ou au grand jour.

    Enfin, certains ont choisi la désobéissance aux règles visant à limiter les rassemblements, et pris part à diverses formes de fêtes nocturnes , au mépris de leur propre santé, indifférents aux risques qu’ils imposaient aux autres.

    Ainsi des comportements de plus en plus transgressifs, attestés par des sondages, témoignent de la montée d’un rejet des contraintes sanitaires et de l’état d’urgence sanitaire renouvelé . L’idée même d’un troisième confinement devient source de détresse.

    Si l’acceptabilité du premier confinement était de 93 % (18 mars), elle n’était plus que de 67 % (29 octobre) pour le second , et n’atteint que 48 % pour la perspective d’un troisième confinement , selon le récent sondage L’Opinion en direct réalisé par l’institut Elabe pour BFMTV.

    La construction d’un consentement

    L’épidémie gonfle, lentement mais sûrement. L’hypothèse d’une troisième vague a été envisagée au vu de l’évolution dans certains pays. Puis on a constaté un plateau et l’on a cru éviter cette nouvelle vague. Mais au lieu d’une décrue, c’est un plateau régulièrement ascendant qui s’impose.

    Il n’est que d’écouter les différents médias pour constater qu’ils battent le tambour de guerre depuis deux semaines au moins. Il est urgent de restaurer du consentement à la perspective d’un troisième confinement.

    Il faut créer une situation de communication très asymétrique, dans laquelle les politiques pourront exprimer la force de décisions difficiles mais jugées nécessaires, à moins qu’ils ne soient eux-mêmes piégés par l’idée d’un troisième confinement assénée par les médias. Mais la rumeur enfle et prépare les Français inquiets à accepter comme inéluctables des décisions peut-être salvatrices mais très contraignantes.

    En quelque sorte une mise en condition des uns et des autres. La révélation de l’ existence de variants très contagieux, leur faculté de passer d’un pays à l’autre, ont ajouté à l’inquiétude ambiante. Le discours médiatique sur la détection de ces variants sur notre territoire est devenu omniprésent. On en vient à parler d’épidémies dans l’épidémie !

    Cette mise en condition prend toute son importance lorsqu’est annoncée une intervention du chef de l’État. Mais la date n’est pas arrêtée ; on le dit hésitant tant la difficulté est grande. Voilà qui en ajoute dans la montée de l’anxiété, d’autant qu’abondent les contradictions entre membres du gouvernement.

    Le 28 janvier, le ministre chargé de la Santé vient développer les raisons d’être inquiets .

    Dès le lendemain, le premier Ministre évoque quelques jours de délais . La préparation de l’opinion est à point, offrant une majorité de personnes favorables ou résignées à un troisième confinement considéré comme sans doute nécessaire.

    Le dilemme : le tout sanitaire ou la vie

    Toutes les raisons sanitaires ont été analysées qui incitent bien des experts à recommander un confinement long et sévère. Nul ne peut l’ignorer. Mais d’autres éléments seront nécessairement pris en compte dans le mix d’où sortira la décision.

    Le deuxième confinement a comporté quelques assouplissements, mais comment envisager un troisième confinement dur alors même que les effets délétères du premier m’avaient conduit à écrire dès le 19 juin 2020 qu’il n’était « pas envisageable d’imposer un nouveau confinement généralisé impliquant l’arrêt des activités économiques ».

    À ce jour la situation générale est à l’origine d’un grand désarroi : endettement de la France, licenciements de masse , fermetures d’entreprises, espoirs déçus par des vaccins qui peinent à être livrés, logistique incertaine opposant élus locaux et administration perçue comme un édredon, flambée boursière et stock options autour d’une grande société pharmaceutique, contre-performance dans la course au vaccin de Pasteur et Sanofi , assortie de licenciements de chercheurs.

    Ces difficultés économiques induisent des difficultés sociales, de la précarité, de la pauvreté, des problèmes de scolarité à tous les niveaux, des violences souvent intrafamiliales.

    Des oppositions intergénérationnelles se font jour. Pourtant les anciens se confinent spontanément et leur éviter l’hospitalisation par la vaccination vise davantage à délester les hôpitaux fragilisés qu’à prolonger des vies chancelantes.

    Aurions-nous oublié que la mort est inéluctable et que sa probabilité augmente avec l’âge ? Selon les données de Santé publique pour la période mars 2020 à janvier 2021 la Covid-19 change peu de chose à la règle : l’âge médian des décès est de 85 ans avec des co-morbidités dans 65 % des cas ; 92,6 % des décès surviennent à plus de 65 ans. À rapprocher de l’espérance de vie à la naissance (données INED) pour les personnes nées en 1950, soit 63,4 ans pour les hommes et 69,2 ans pour les femmes.

    En somme, rien d’extraordinaire. On assiste en fait à l’émergence d’une prise de conscience généralisée des effets désastreux des mesures sanitaires sur l’environnement socio-économique. Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

    Un mal-être profond a gagné toute la population, terreau d’une authentique souffrance morale qui conduit aux extrêmes du lâcher prise ou à l’inverse de la rébellion. Certes, le contexte ne se prête ni à une résurgence du mouvement des Gilets jaunes, ni à une ré-édition de mai 68.

    Il est impératif de préserver l’école, et il est urgent de rouvrir les universités. Je crois les étudiants plus proches de la désespérance que de la rébellion ; ils ont besoin de contacts humains, de transmission culturelle et d’enseignements motivants. Les suicides sont une alerte terrible. Faut-il rappeler la décision du 21 mars 2019 du Conseil constitutionnel (n° 2018-768 QPC) selon laquelle la protection de l’intérêt supérieur de l’enfant est une obligation constitutionnelle ?

    Je crois les policiers plus affectés par la lassitude et le découragement. Mais ne seront-ils pas tentés à brève échéance de baisser les bras et laisser faire ? Verbaliser pour défaut de masque ou circulation pendant le couvre-feu n’est pas une raison d’être quand l’essentiel fout le camp pour eux comme pour tous les autres.

    Choisir la vie en sachant qu’elle inclut la mort

    Difficile de trancher devant ce télescopage des exigences sanitaires, économiques, sociologiques, psychologiques ! Nous sommes prisonniers d’un flipper géant. Ce jeu peut-il continuer encore longtemps, comme un jeu malsain d’étranglement : confiné, déconfiné, reconfiné… etc. ?

    L’autre solution est de reprendre pied, d’ évaluer son propre niveau de risque et ses exigences de précaution. Les variants sont très contagieux ? Peut-être, mais les armes restent les mêmes : masque, distanciation et hygiène des mains.

    Il serait idiot de détruire durablement notre société, son économie et sa culture, juste parce que nos mouvements d’humeur nous conduiraient à ne pas user de ces moyens simples. En d’autres termes il serait suicidaire de décréter un troisième confinement sévère, juste parce que les mesures barrière sont de moins en moins bien respectées, et que la facilité est de réclamer le vaccin comme des enfants gâtés devant le magicien.

    Pour une fois l’État doit accepter de rendre une part essentielle de la responsabilité aux individus. Dit autrement il faut que chacun ré-apprenne à se prendre en charge sans attendre des décisions qui  pourront être critiquées.

    Quant à la mort, pour les plus inquiets, relisons Sénèque ( Consolation à Marcia , titre XX) :

    Rien de plus inégal que la mesure des destinées ; nul ne meurt trop tôt, dès qu’il n’était pas créé pour vivre plus. Le terme à chacun est fixé : il restera toujours au même point ; il n’est soins ni faveur qui puissent le reculer.

    Rien n’a changé depuis 2000 ans.

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      Le socialiste d’aujourd’hui n’est pas le socialiste d’antan

      Finn Andreen · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 28 January, 2021 - 04:00 · 9 minutes

    le socialiste

    Par Finn Andreen.

    Les libertariens se demandent souvent pourquoi le socialisme continue à être si populaire, alors qu’il s’est avéré être un tel échec en tant qu’idéologie politique et système économique. Bien que l’idéologie de l’éducation publique et des médias traditionnels soient des raisons importantes qui expliquent cela, la persévérance obstinée du socialisme est aussi quelque peu fictive, car le socialisme a évolué : le socialiste d’aujourd’hui n’est pas le socialiste d’antan.

    Cette distinction est importante à garder en tête lors de l’élaboration d’une éducation libertarienne pour contrer cette évolution.

    La différence entre le socialiste traditionnel et le socialiste moderne

    La différence entre le socialiste traditionnel et le socialiste moderne correspond à la distinction que Ludwig von Mises a proposée entre le socialisme et l’intervention de l’État dans le libre marché. Les socialistes traditionnels, d’influence marxiste directe, ont presque disparu, en même temps que les expériences socialistes ont échoué, l’une après l’autre, au cours du XXe siècle. Personne se qualifiant aujourd’hui de socialiste ou de gauche ne pense que la nationalisation des moyens de production est la meilleure façon d’organiser la société. Aucun socialiste moderne ne justifie l’oppression politique et l’étouffement économique typiques de l’État socialiste.

    Cependant, les socialistes modernes ferment toujours les yeux sur les preuves, maintenant irréfutables, montrant que le marché libre est le plus grand créateur de richesse de l’ histoire , même quand il est entravé par l’intervention de l’État. Ils refusent toujours d’accepter que des milliards de personnes ont été sauvées de la pauvreté par le capitalisme – en version dégradée – et que des centaines de millions de personnes aient rejoint la classe moyenne grâce à la libéralisation du commerce international et à l’ouverture de larges pans des économies des pays en développement.

    Le socialiste moderne est donc une créature paradoxale

    Il accepte le libre marché et en même temps le rejette. Croire au libre marché dans certains cas mais pas dans d’autres est une position idéologique pour le moins ambiguë, qui semble intellectuellement intenable et qui devrait au moins être défendue. Mais les socialistes modernes n’ont généralement pas cette incohérence intellectuelle. Ils considèrent plutôt, souvent sans donner de précisions, que le libre marché fonctionne dans une certaine mesure et qu’il doit être limité et contrôlé.

    Ils sont convaincus que l’État doit jouer un rôle fondamental dans la société, pour protéger les travailleurs contre le capitalisme sauvage, qui autrement non seulement continuera à les opprimer, mais détruira la civilisation elle-même.

    Parmi les socialistes modernes on trouve évidemment la gauche radicale et les sociaux-démocrates, ainsi que les élites libérales et la droite, mais aussi tous les conservateurs ayant abandonné le libéralisme classique pour s’adapter au temps. Les socialistes modernes représentent donc une grande et hétérogène majorité, mais ils ont une chose en commun : leur confiance dans l’État.

    Suivant la dichotomie de Mises ci-dessus, les socialistes modernes peuvent donc aussi être appelés étatistes . Comme le nom l’indique, les étatistes estiment que l’État doit intervenir sur le marché pour corriger ses nombreux excès imaginés et fournir un cadre réglementaire sans lequel, ils sont convaincus, il partirait en vrille. De vastes secteurs de l’économie (comme l’éducation ou la santé) doivent être placés sous le contrôle de l’État, s’ils ne le sont pas déjà.

    Les secteurs qui peuvent, selon eux, rester dans le domaine privé, doivent néanmoins être réglementés par l’État et protégés, si nécessaire, par des subventions, des tarifs , et d’autres types de redistribution . Les étatistes aimeraient souvent, même s’ils ne l’admettent pas toujours ouvertement, que les valeurs sociales et culturelles considérées comme inappropriées, comme le consumérisme ou le conservatisme, soient étouffées par l’État.

    La popularité de ces idées a eu de graves conséquences économiques, politiques et sociales au cours des dernières décennies, en France comme ailleurs. La plupart des étatistes ont de bonnes intentions, mais ils ont été éduqués avec une idéologie souvent basée sur des convictions erronées, des malentendus, et franchement, de l’ignorance.

    Le socialiste moderne et le capitalisme

    L’erreur la plus fondamentale que font les étatistes, et qui trahit leur manque de connaissance libertarienne, est peut-être la façon dont ils définissent le capitalisme. Ce qu’ils nomment capitalisme est en fait capitalisme d’État . C’est le capitalisme en tant que corporatisme, avec ses abus de pouvoir, ses monopoles artificiels, ses stratégies industrielles, et sa capture réglementaire.

    Les libertariens ont depuis longtemps dénoncé ces pratiques injustes et précisé qu’elles sont inévitables lorsque l’État s’immisce dans la vie économique de la société. En d’autres termes, ce que beaucoup d’étatistes pensent confusément être du capitalisme débridé, est en fait l’économie de marché bridée par l’État. Ils confondent cause et effet, puisque c’est l’implémentation de leurs propres idées étatiques qui ont créé les conditions politiques et économiques qu’ils critiquent aujourd’hui.

    Autrement dit, ils sont convaincus que l’État doit intervenir dans la société pour corriger les problèmes dont il est lui-même largement responsable.

    La plupart des étatistes ne sont pas conscients de cette contradiction, ni des conséquences néfastes de leurs convictions politiques. Ceci n’est pas surprenant, car ils n’ont pas appris comment fonctionne réellement l’économie de marché et les nombreuses façons dont l’intervention de l’État la déforme. Ils adhèrent simplement aux idées et valeurs étatistes qu’ils ont reçues dès leur très jeune âge par l’éducation publique, les média s, et souvent involontairement, par la famille et les amis.

    L’écrasante majorité de la population n’a malheureusement jamais été initiée au libertarianisme, et ne possède donc pas les outils conceptuels pour comprendre pourquoi cette doctrine étatiste de la société est erronée.

    Un besoin urgent d’éducation libertarienne

    Il y a donc un besoin criant pour un autre type d’éducation – une éducation aux piliers économiques et politiques du libertarianisme ; respectivement, l’ économie autrichienne et le droit naturel . Il peut sembler présomptueux, voire condescendant, de suggérer que les socialistes modernes ont besoin d’être éduqués. Il serait en effet présomptueux de proposer une éducation alternative à celle que reçoit la grande majorité si la société moderne était libre, pacifique, harmonieuse et riche. Mais ceci n’est pas le cas, comme la plupart des étatistes le reconnaissent immédiatement.

    En outre, les libertariens gardent souvent une certaine humilité, car la plupart étaient eux-mêmes étatistes avant de recevoir cette même éducation de la liberté. D’ailleurs, c’est peut-être pour cela que les libertariens comprennent si bien les étatistes, alors que l’inverse n’est presque jamais le cas.

    La distinction entre les socialistes traditionnels et modernes est pertinente pour l’élaboration d’une telle éducation libertarienne. Puisque les socialistes modernes interprètent et expriment le socialisme différemment des socialistes traditionnels, l’éducation nécessaire pour convaincre les étatistes de la folie de leurs idées politiques et économiques ne peut pas être la même que celle utilisée dans le passé.

    Les socialistes traditionnels devaient être sensibilisés avant tout à la définition de la liberté, aux conséquences désastreuses de la planification centralisée, et au rôle essentiel des prix dans la société. C’est pourquoi ils devaient apprendre la critique du marxisme de Böhm-Bawerk, la critique de Mises sur le calcul en économie socialiste, l ’avertissement de Hayek contre le collectivisme, ainsi que sa théorie non moins connue sur l’ utilisation de la connaissance dans la société.

    Cette éducation, bien que toujours fondamentale, n’est plus aussi importante qu’elle ne l’était autrefois, car les socialistes modernes ont déjà implicitement appris ces leçons. Ils se rendent compte que la théorie de la plus-value de Marx est erronée, qu’une économie planifiée et la tentative d’abolir la propriété privée conduisent à l’effondrement de la société. Les étatistes ont plutôt besoin de recevoir une éducation aux causes et conséquences de l’intervention de l’État dans une société libre.

    L’éducation du socialiste moderne devrait donc contenir des concepts clés tels que l’ effet Cantillon, la loi de Say, le sophisme de la vitre cassée de Bastiat, l’ analyse de l’État par Rothbard, et la critique de la taxation par Hoppe.

    Ces lois économiques et ces principes libertariens sont essentiels pour comprendre pourquoi une société basée sur le capitalisme d’État devient insoutenable et instable à long terme. Une telle société ne peut plus s’améliorer et s’engage alors inévitablement dans un déclin économique, social et culturel.

    L’éducation libertarienne est fondamentale pour renverser cette tendance, pour apprendre aux jeunes générations que le socialisme moderne est intrinsèquement décadent, car elle génère une diminution de l’épargne individuelle, un affaiblissement des liens familiaux, une disparition de la responsabilité personnelle, et une crise de confiance dans le système politique. Ce sont des conséquences prévisibles du socialisme moderne.

    La faillite morale et économique du système politique actuel, et avec celle-ci la réalisation que ce système arrive maintenant au bout du rouleau, pourrait rendre de nombreux étatistes plus réceptifs qu’avant aux réponses que le libertarianisme propose. L’éducation du socialiste moderne devrait aussi être plus simple que la conversion d’un socialiste traditionnel au libertarianisme.

    Ce dernier était souvent armé d’une dialectique solide basée sur les textes de Hegel, Marx, Engels et Lénine. Mais la plupart des socialistes modernes n’ont jamais lu ces auteurs et ne connaissent au mieux que vaguement leurs idées, aussi erronées et dangereuses soient-elles. Les étatistes n’ont pas réellement d’idéologie à proprement parler ; leurs convictions politiques sont souvent basées davantage sur des émotions que sur des principes. Un exemple typique est celui où payer ses impôts est fièrement considéré comme un acte de solidarité.

    L’éducation du socialiste moderne doit donc aussi inclure la moralité. Les étatistes ont besoin d’être convaincus que l’adoption des idées libertariennes fera d’eux de meilleures personnes. S’ils s’embarquent dans cette éducation avec un esprit ouvert, s’ils prennent le temps de vraiment comprendre les arguments politiques et économiques du libertarianisme, ils verront que le capitalisme, correctement définie, conduit à la société la plus pacifique, stable et juste.

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      Confinement 3 : la crise sanitaire révélatrice du mal français

      Olivier Maurice · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 23 January, 2021 - 03:50 · 9 minutes

    confinement 3

    Par Olivier Maurice.

    La France vit donc son troisième confinement. Car il n’est pas la peine de se demander si la bouteille est à moitié pleine ou à moitié vide, nous sommes confinés 12 heures par jour , de 6 heures du soir au lendemain matin 6 heures et en régime de semi-liberté les 12 autres heures de la journée.

    En régime carcéral, cela s’appelle le placement à l’extérieur : un aménagement de peine qui permet au détenu de travailler, mais l’oblige à revenir dormir en prison.

    Après 6 heures, tout redevient comme avant, entendez par là comme pendant le vrai confinement, celui qui osait dire son nom. Les mêmes attestations de sortie dérogatoire à compléter soi-même, les même exceptions pour promener son chien, les mêmes prunes à 135 euros et la même déprime dans les rues abandonnées aux rongeurs nuisibles, les muridés et les autres.

    Qui se souvient encore du monde d’avant ? Du vrai monde d’avant, celui des discussion au café et des films au cinéma ? Espérons-nous encore un monde d’après ? Est-ce qu’il existera et à quoi pourra-t-il bien ressembler quand l’inondation de folies redescendra enfin ? Si elle descend un jour !

    Un an maintenant que l’on n’entend plus parler que de Coronavirus, de contaminations, de covid, de maladie, d’hospitalisations, de réanimations, de décès, de restrictions de libertés, de contrevenants, de comportement incivique et de comportement inconséquent des uns et des autres.

    Un an que la France vit en régime carcéral.

    Mais qu’avons-nous donc fait pour mériter une telle punition ?

    On aura beau râler sur, au choix : les politiciens, le système, la mondialisation, les pays étrangers, les Américains, les Chinois, les Russes ou le monde de la finance, le constat est cependant bien plus clair que cela : nous récoltons aujourd’hui ce que nous avons semé hier.

    L’analyse des disparités et des incohérences qu’un an de régime de tyrannie sanitaire aura révélée nous permet assez clairement de voir ce qui ne va pas dans notre pays.

    La dépendance à l’État

    Le premier point est la dépendance à l’État. Dépendance devenue si flagrante qu’elle relève presque du syndrome de Stockholm. Depuis un an, le pays vit au rythme effréné des déclarations gouvernementales hebdomadaires, des fameux points de presse du jeudi que la population attend désormais comme on attend le briefing du matin au boulot ou l’emploi du temps de la semaine à l’école.

    Le rapport des Français avec l’État a fondamentalement changé. D’un conglomérat assez obscur de services publics, l’État est devenu le patron. Pas le grand patron qu’on ne voit jamais, mais le petit patron, le petit chef, celui qui est chaque jour sur votre dos, qui surveille vos moindres faits et gestes et qui vous fait des réflexions à la moindre occasion.

    On connait tous les ravages que font ces rapports conflictuels dans les entreprises.

    En plus de la dépendance hiérarchique, une réelle dépendance économique s’est créée entre des milliers d’entreprises, d’indépendants, de secteurs qui ne survivent pour l’instant que parce que l’État perfuse ces secteurs qu’il a délibérément mis en sommeil. Comment se passera le sevrage d’argent public et qu’adviendra-t-il de ces entreprises zombies ?

    Sans compter en plus de tout cela sur l’effet délétère d’avoir maintenu en vie des acteurs qui aurait dû disparaître, non pas à cause de la crise, mais à cause de leur mauvaise stratégie, de leurs problèmes structurels, du manque de valeur ajoutée ou de différenciation, et que le marché aurait éliminé.

    Quel poids ces entreprises inadaptées ou dépassées, maintenues en survie artificiellement vont-elles faire peser sur la reprise ?

    La mauvaise santé de la population

    Que l’on évalue ou non l’impact des mesures sanitaires sur le bilan humain de l’épidémie, celui-ci est loin d’être fameux. Il est certes bien plus facile d’ accuser le virus ou surtout les mauvais comportements de la population, mais ce n’est que détourner le regard pour éviter de constater une évidence : si le bilan humain est si lourd, c’est que quelque chose ne fonctionne pas du tout dans le couple patient-soignant.

    La santé repose à la fois sur la condition physique des individus et sur l’accès aux soins. Et malgré le matraquage quotidien effectué depuis des années sur les ravages des mauvaises habitudes et l’incroyable importance donnée à la nourriture, malgré la gigantesque montagne d’argent investi dans les services sanitaires, ni l’un, ni l’autre n’ont permis d’éviter les hécatombes dans les maisons de retraite et certaines couches de la population, ni l’engorgement misérable des services hospitaliers.

    Le constat est sans appel : la population française est en mauvaise santé, autant parce que le pourcentage de personnes à risque est très élevé que parce que les services sanitaires ne sont plus à même d’assurer la couverture de cette population.

    Au-delà de la notion de protection sociale, c’est toute notre vision de la santé qui est remise en question, en passant par le sport et l’entretien physique : alimentations, addictions, soins bénins… et en terminant par la vieillesse.

    Le bilan catastrophique de cette épidémie et l’effondrement du système de santé sont la directe conséquence du « Je fais ce qu’il me plait, je ne crains rien, j’ai gratuitement accès au meilleur service de santé du monde ».

    La santé ne peut être gérée ni comme un centre de coût, ni comme un argument électoral ; elle est un sujet bien trop important pour être laissée aux mains de fonctionnaires, de corporations ou de politiciens.

    La France perdue des villes

    Cette crise a également relevé les incroyables disparités territoriales de notre pays. Elle a surtout montré l’incapacité d’une organisation centralisée à gérer cette diversité.

    Si la France est globalement restée si tranquille pendant toute cette crise, c’est que les Gaulois réfractaires, ceux qui sortent au besoin les gilets jaunes ou les bonnets rouges et qui biberonnent de la potion magique au premier coup de sang, en grande majorité ceux qui vivent dans la France périphérique , sont tranquillement restés dans leur village.

    Il faut dire que les mesures sanitaires ont majoritairement frappé les citadins, dans leurs effets mais aussi dans leur philosophie.

    Ce sont les citadins qui vont au restaurant trois soirs par semaine, au cinéma et au théâtre et dans les salles de sport. À la campagne et dans les petites villes, on va au restaurant pour les anniversaires, on a un home cinéma dans son salon et on fait du sport dans les associations, ou entre amis. De toute façon, on ne manque pas d’exercice physique.

    À la campagne, tant que le centre commercial est ouvert, qu’il y a de l’électricité et de l’essence, on se débrouille. Ce sont les citadins qui s’entassent dans les transports en commun et qui restent cloîtrés dans 20 mètres carrés par personne.

    Quel impact peuvent donc avoir des mesures ayant majoritairement consisté à interdire des activités qu’une partie importante de la population ne pratiquaient déjà pas, par faute de temps, de moyens, d’intérêt ou tout simplement d’accès ?

    Beaucoup d’élus locaux, moins coupés de la réalité, ont compris cette incohérence et se sont senti pousser des ailes, voire des griffes.

    L’État jacobin commence enfin à être soumis à concurrence. Certes une concurrence bien timide quand les présidents de région organisaient des distributions de masques ou quand les acteurs industriels se mettaient à fabriquer du gel hydroalcoolique, mais le mouvement est lancé et le state-bashing est passé au stade du sketch télévisé et aux banalités sorties quotidiennement par les élus locaux.

    Le vrai changement

    Il faudra sans doute attendre 2027 pour voir le vrai changement se produire. L’élection présidentielle de 2022 sera trop proche de l’impact pour que des solutions politiques nouvelles qui vont forcément émerger de cette crise ne voient le jour en si peu de temps.

    La grande question reste quand même celle du dégel. Que se passera-t-il quand le spectre de la troisième vague de printemps sera passé, qu’il y ait ou non d’ailleurs répétition de la flambée du printemps 2020 ?

    La radicalisation d’une partie importante de la population est en tout cas une certitude. Il semble raisonnable de dire qu’à part un petit noyau protégé, les Français ont été sévèrement secoués par la crise, que ce soit par les décisions arbitraires, la défaillance du système de santé, ou les errements du pouvoir central.

    Dans quelle population plus durement touchée par la crise se produira ou ne se produira pas l’étincelle que tout le monde redoute ? Chez les étudiants sacrifiés et cloitrés en isolement, chez les indépendants qui ont vu leur business fondre et disparaître, chez les salariés mis en chômage partiel et dont le sursis prendra fin avec les subventions, chez les ruraux ou les citadins, chez les jeunes ou les vieux qui ont payé un très lourd tribut à un État qui n’a absolument pas été à la hauteur de ses promesses.

    Que font les professionnels de la révolution d’habitude si prompts à faire un barrouf géant au moindre sourcil de travers ? Où sont passés les syndicats d’étudiants, les associations de commerçants, les syndicats, les associations, les collectifs et autres people engagés ?

    La liberté est la clef. Nous le savons et nous avons des propositions claires, précises, efficaces et réalistes pour sortir de cette impasse dans laquelle les politiques étatistes ont mené le pays. C’est le moment de faire entendre nos voix et de diffuser notre message.

    Si ce ne sont pas les libéraux qui le font, personne ne le fera, il ne faut pas compter sur les ex-révolutionnaires d’après-guerre et leurs héritiers. Ce sont eux qui envahissent quotidiennement les plateaux télé pour accabler la jeunesse de reproches, demander chaque jour davantage de restrictions et nous faire la morale.

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      C’est gratuit, c’est le père Noël qui paye

      Marius-Joseph Marchetti · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 24 December, 2020 - 04:15 · 7 minutes

    Père Noël

    Par Marius-Joseph Marchetti.

    Le père Noël existe-t-il vraiment ? C’est une réflexion dont nous nous dispensons fort heureusement une fois adulte. Bien sûr que non ! Pourtant, il arrive que, parfois, nous agissons et pensons comme si des phénomènes similaires à la distribution de cadeaux de Noël étaient possibles.

    Le père Noël n’a pas disparu, il a changé de forme

    Lorsqu’on demande un service à l’une de nos connaissances, on ne s’aperçoit pas nécessairement que cet acte n’est pas gratuit. Or, il lui a coûté du temps. Notre ami nous a en réalité offert le temps dont il aurait pu disposer autrement. Il supporte un coût d’opportunité pour ce service.

    Ce coût d’opportunité représente le renoncement d’un individu pour un autre acte, moins préféré que celui actuellement accompli. Prenons donc ce service pour ce qu’il est, une preuve d’affection et de préférence pour votre bonheur.

    Ce n’est bien évidemment pas une critique, une invitation à ne pas faire plaisir à nos proches et à autrui. Par le don que nous faisons à autrui, nous obtenons et espérons aussi obtenir la satisfaction de voir l’autre satisfait, heureux du cadeau qu’on lui a offert. Nous tenons cependant à rappeler que ce don de soi (littéralement) n’est jamais gratuit, loin de l’opulence du jardin d’Éden.

    C’est pareil pour un cadeau matériel. Quand nous recevons un bien, il ne nous a rien coûté mais il a été une peine supplémentaire pour celui qui nous l’a offert. Cette peine n’est pourtant pas visible pour celui qui en profite. Il souffre d’une illusion. Il y a toujours ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Lorsqu’on voit le chèque tombé du ciel, on ne voit pas nécessairement le travail et le sacrifice endurés pour celui-ci, car nous ne l’avons pas supporté nous-mêmes.

    Première leçon d’économie

    La première leçon de l’économie est celle de la rareté : nous n’avons jamais assez de tout pour satisfaire entièrement les besoins de chacun. Et en politique, la première leçon est de ne pas tenir compte de la première leçon de l’économie – Thomas Sowell

    Certains économistes, notamment ceux de l’école du choix public, pensent que les contribuables sont dans une situation qui ressemble à la réception d’un cadeau. Ils souffrent d’illusion fiscale , car ils ne s’aperçoivent pas réellement du coût des politiques publiques, par exemple à cause de la création monétaire ou du déficit public.

    Lorsqu’un homme politique écrit « Nous allons embaucher 600 000 fonctionnaires, valoriser tel ou tel secteur » , il n’écrit jamais : « Ces dépenses supplémentaires seront couvertes par tel nouvel impôt, ou par telle suppression de dépense ». Il y aurait une levée de boucliers, ou un moins grand consensus.

    Pourtant, c’est comme cela que cela doit se faire dans un monde de ressources rares, qui n’est pas le jardin d’Éden. Et si ce n’est pas le cas, cela doit se faire par l’inflation ou le déficit. Mais quelqu’un a-t-il déjà entendu un politicien dire : « Votre monnaie aura moins de valeur et ce seront vos enfants qui rembourseront » ? Je pense que vous avez déjà la réponse.

    Ou alors, certains diront « C’est la croissance future qui couvrira ces dépenses » . Prévision de croissance qui sera bien sûr surestimée en vue de garantir des dépenses supplémentaires, ce que John Burton nomme le hump effect 1 .

    Père Noël, toujours plus de cadeaux

    En l’absence d’une réelle transparence, les contribuables sont incités à demander toujours plus de cadeaux au père Noël, cadeaux qu’ils n’apprécieront peut-être pas, puisqu’ils ne les ont pas choisis, le politique ne disposant d’aucun moyen pour connaître l’échelle de valeurs du contribuable, c’est-à-dire de l’évaluation subjective de sa politique et ce d’autant plus qu’il lui en masque volontairement le coût. Le pompon réside dans le fait que, dans ce cas-là, ce sont véritablement les contribuables qui financent leurs propres cadeaux. Il n’y a pas de cadeau gratuit.

    Sans contrepartie visible et directe de l’accroissement du pouvoir, les contribuables n’ayant pas tous les mêmes intérêts se retrouvent coincés dans un dilemme du prisonnier, à cause d’une double incitation :

    • ils voient la dépense de l’État qui leur apporte un surplus de revenu ;
    • ils ne voient pas le coût différé et masqué que leur fait subir l’État, qui tronque leur revenu.

    Comme nous le rappelle Pascal Salin, dans La tyrannie fiscale , c’est ce que fait par exemple l’État en disant taxer les entreprises, entités abstraites, plutôt que les individus qui les composent. Les représentants politiques militent pour leur programme politique de dépense, le plus souvent en jouant sur l’ignorance de ce que certains économistes nomment l’incidence fiscale, c’est-à-dire le groupe d’individus sur lesquel les nouvelles charges se répercutent. Par exemple, pour certains économistes la TVA est véritablement une taxe sur la valeur ajoutée, et non pas une taxe sur la consommation.

    Ainsi, les contribuables sont incités à demander davantage à l’État car ils savent que d’autres groupes de contribuables feront de même. Il en est de même des groupes de pression, incités à tout faire pour conserver leurs privilèges, car si ceux-ci viennent à disparaître, ils devront supporter le poids de tous les autres privilèges protégeant les autres corporations de la concurrence. 2 En agissant dans leur propre intérêt, certains finissent par dégrader la situation de tous.

    C’est ce que décrit la tragédie des communs ; lorsqu’un État est incité à dilapider les richesses des agents productifs du pays, et que celui-ci ouvre les vannes de la fonction publique.

    C’est ce genre de dilemme, récurrent à la théorie des jeux , qui a poussé certains économistes, tel le prix Nobel James Buchanan, à formuler la nécessité d’une règle budgétaire empêchant tout déficit public afin de réduire l’incitation des groupes de pression à rechercher des privilèges auprès du pouvoir politique.

    On pourrait intituler cela le théorème du pommier : plus un pommier est garni et accessible, et plus les gens seront tentés de s’approprier ses fruits. Dans cet ordre de pensée, Niskasen soulève le fait que c’est la taille de l’État qui entraîne une augmentation de la corruption, puisqu’il y a une quantité d’État plus importante à capturer.

    « Les politiciens seront des politiciens, pourrait-on dire. Et les bureaucrates seront des bureaucrates, pourrait-on ajouter. Ensemble, en l’absence de contraintes constitutionnelles, ils possèdent un énorme potentiel de destruction économique. Une grande partie des activités d’achat de votes des hommes politiques ont été considérées comme nécessaires pour promouvoir une économie plus efficace. Et qui voudrait promouvoir une économie qui fonctionne moins bien ? Mais de telles actions politiques incontrôlées conduisent à l’instabilité économique, qui est ensuite utilisée pour justifier de nouveaux efforts politiques visant à « stabiliser » l’économie. Ainsi navigue le navire de l’État. Il serait logique de demander aux pilotes qui ont aggravé nos problèmes de continuer à tenir la barre, mais ce n’est pas un « remède » que beaucoup d’entre nous attendent avec beaucoup d’enthousiasme. « James M.Buchanan, Richard Wagner, et John Burton, The Consequences of Mr Keynes , page 80

    L’État aime jouer au père Noël. Souvenez-vous juste que sa besace, c’est votre porte-monnaie, et en dépit de vos droits.

    1. The Consequences of Mr Keynes
    2. C’est un détail d’ailleurs largement soulevé dans La Route de la Servitude de Hayek, comme le rappelle Peter J. Boettke dans Calculation and Coordination .