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      Souveraineté industrielle : le triste bilan de sept ans de macronisme

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Friday, 28 June - 10:25 · 8 minutes

    Souveraineté , réindustrialisation , planification : depuis la pandémie, la rhétorique présidentielle a pris une étrange inflexion étatiste. Face au chaos globalisé, le temps est à la protection du tissu productif français et la défense des fleurons nationaux. En même temps , la majorité présidentielle continue de vanter l’attractivité de la France pour les capitaux étrangers . La communication de l’Élysée ne tarit pas d’éloges sur cette politique, qui mêlerait ouverture au monde et planification industrielle, en multipliant les « coups de com » – récemment, le rachat des turbines Arabelle au géant américain General Electrics . La réalité dit tout autre chose. En 2017, la part de l’industrie dans le PIB était de 13,8 % ; elle avait chuté à 12,7% en 2022. Des entreprises hautement stratégiques ont continué d’être rachetées par des puissances étrangères. Et les subventions d’État, censées propulser les secteurs d’avenir, ont surtout consisté en un transfert massif d’argent public vers des capitaux privés – sans conditions.

    Le bilan d’Emmanuel Macron était peu reluisant, avant même son élection. Ministre de l’Économie en 2014 et 2015, il avait cédé la branche « énergie » d’Alstom à General Electric alors que des alternatives existaient 1 . La perte de souveraineté industrielle était considérable : les usines et les brevets permettant de produire les turbines des centrales nucléaires, des barrages hydroélectriques et des centrales à gaz, des éoliennes en mer et les équipements pour les réseaux électriques avaient été abandonnés aux Américains. La suite est connue : suppressions d’emplois dans toutes les branches, fermeture de plusieurs sites et retour – dans la douleur et au prix d’une perte de souveraineté – de la capacité de produire les turbines Arabelle. Mais cet exemple n’est pas le seul : les entreprises Technip, Ecopla et Gad font les frais du manque d’intérêt du ministre Macron pour l’industrie.

    Ce n’était pas le fruit du hasard : son programme de 2017 ne mentionnait pas l’industrie. La start-up nation faisait miroiter un tout autre horizon aux « entrepreneurs » : « innover » pour vendre un concept à de grandes entreprises (américaines de préférence) et devenir millionnaire sans avoir rien produit.

    [article url=”https://lvsl.fr/rachat-des-turbines-arabelle-la-soumission-francaise-aux-etats-unis-continue/”]

    La pandémie de Covid a montré la faiblesse stratégique d’un pays qui n’a plus la capacité de produire des objets utiles pour la vie quotidienne ni pour le fonctionnement des chaînes de production. Quelle fut la réaction du président Macron ? Des discours vibrants, l’ajout du concept de « souveraineté industrielle » dans la titulature du ministre de l’Économie et des Finances, et d’énormes baisses d’impôts s’ajoutant aux précédentes baisses décidées depuis 2014.

    Le nombre d’entreprises exerçant une activité relevant des « intérêts fondamentaux de la nation » acquises par des capitaux étrangers progresse chaque année : 124 en 2021,131 en 2022 et 135 en 2023

    Une certaine politique industrielle a bien été mise en place, fondée sur la priorisation de certains secteurs jugés stratégiques. Cette sélection est, au mieux, discutable. L’hydrogène est un secteur énergétique dont le cycle de production-transport-usage n’est pas compatible avec l’impératif de sobriété énergétique. Les usines de batteries, malgré les plantureuses subventions dont elles ont bénéficié, ne sont pas compétitives face aux productions chinoises ou américaines dans un marché globalisé. Quant au quantique : est-ce la priorité, quand des Français ne parviennent plus à se soigner faute d’antibiotiques et que le curare a manqué en 2020 pour les unités de réanimation ?

    Au-delà de ces choix contestables, l’inflexion « industrielle » de la politique du président ne brille pas par ses résultats.

    Pillage industriel maquillé en « attractivité »

    Les partisans de la majorité présidentielle ne cessent de vanter « l’attractivité » de la France pour les capitaux étrangers . Derrière cette apparente bonne nouvelle, il faut lire l’acquisition d’entreprises françaises par des milliardaires et des fonds de pension étrangers. Vallourec, fabriquant de tubes en acier destinés aux infrastructures énergétiques, a été acquis par le fonds Apollo, basé aux États-Unis. Peugeot Société Anonyme (PSA) a été de facto racheté par l’italien Fiat et son siège social installé… aux Pays-Bas ! Quant à Exxelia, une PME produisant des équipements de très haute technologie pour le Rafale, le médical ou les télécommunications, elle a été acquise par une entreprise américaine 2

    Le rapport annuel de 2023 de la Direction générale du Trésor, chargée de contrôler les investissements étrangers en France, ne peut qu’inquiéter 3 . En 2023, pas moins de cent trente-cinq investissements étrangers ont été autorisés, portant sur des entreprises contribuant à « l’exercice de l’autorité publique » ou susceptibles de « porter atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique ou aux intérêts de la Défense nationale ». 67 % de ces investissements proviennent d’un État hors Union européenne.

    Si la Direction générale se veut rassurante en indiquant qu’elle a imposé des conditions à soixante de ces investissements, celles-ci sont, au mieux, très limitées. Elles ne peuvent, par exemple, porter sur le maintien de l’emploi en France. Et il faut ajouter que les investissements étrangers dans des secteurs stratégiques vont bien au-delà d’un simple changement juridique de propriété : le transfert potentiel d’informations ou de technologies vers un pays étranger est considérable. Et on ne connaît que trop les pratiques d’espionnage industriel du Parti communiste chinois et de l’administration des États-Unis, intimement liées à leurs grandes entreprises, et au fait de tous leurs investissements étrangers.

    Alors qu’autour de cent trente « entreprises stratégiques » sont acquises par des investisseurs étrangers chaque année, combien d’investissement sont bloqués ? Deux seulement depuis la création du dispositif.

    Le nombre d’entreprises exerçant une activité relevant des « intérêts fondamentaux de la nation » acquises par des capitaux étrangers progresse chaque année : 124 en 2021,131 en 2022 et 135 en 2023 4 . Et avant 2021 ? Le mystère demeure : ces rachats n’étaient tout simplement pas comptabilisés. On peut bien reconnaître au gouvernement le mérite d’avoir publié un rapport annuel permettant de documenter la perte de souveraineté industrielle dans des domaines relevant des « intérêts fondamentaux de la nation » – la loi PACTE en a créé l’obligation.

    Alors qu’autour de cent trente « entreprises stratégiques », selon la catégorisation de l’administration, sont acquises par des investisseurs étrangers chaque année, combien d’investissement sont bloqués ? Deux seulement depuis la création du dispositif : le spécialiste de l’optronique pour la défense Photonis 5 et les entreprises Velan SAS et Segault fabriquant de la robinetterie pour le nucléaire (toutes deux filiales françaises du groupe canadien Velan) 6 . Mais si des investissements étrangers sont susceptibles de porter atteinte à « l’ordre public » ou aux « intérêts de la défense nationale », selon les termes des rapports annuels sur la souveraineté industrielle, pourquoi ne pas en interdire davantage ? Derrière la rhétorique « souverainiste » de l’Élysée, c’est bien l’abandon de l’industrie aux forces déchaînées du marché qui perdure.

    Subvention du privé grimée en planification industrielle

    Autre argument mis en avant par la majorité présidentielle : le budget de l’Etat a été mis à contribution pour limiter la pression désindustrialisante du libre-échange. Les dépenses fiscales (20 Md€ par an), les baisses des cotisations sociales (90 Md€ par an) et des impôts de production (10 Md€ par an) visent explicitement à renforcer la compétitivité des entreprises et notamment celle les entreprises industrielles exposées à la concurrence internationale. L’État a également lancé les plans France Relance et France 2030 à la suite de la pandémie de Covid, dotés respectivement de 100 milliards d’euros et de 54 milliards d’euros. Des subventions massives ont été attribuées aux entreprises manifestant leur volonté d’en recevoir – souvent sans autre condition que celle de ne pas être en difficulté. Si Bruno le Maire ne cesse d’affirmer que la réindustrialisation est en marche , les agrégats macroéconomiques démontrent le contraire : la part de l’industrie dans le PIB a chuté de 13,8 % en 2017 à 12,7% en 2022.

    Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé, dans son discours de politique générale du 30 janvier 2024, que « notre industrie revient avec 100 000 emplois industriels créés et la réouverture de 300 usines ! ». 100 000 emplois créés – d’une pérennité variable – pour plusieurs centaines de milliards d’euros d’aides publiques : motif de réjouissance ou manifestation supplémentaire de la collusion entre la majorité présidentielle et les intérêts financiers ?

    Derrière ces effets d’annonce en grande pompe, une réalité demeure : la vague de délocalisations subie par la France continue de grever son tissu productif. Du fait de la structure de son économie, elle y est particulièrement exposée : les très grandes entreprises (plus présentes en France qu’ailleurs) ont une propension supplémentaire à délocaliser que celles de taille intermédiaire 7 . Qui peut douter qu’une véritable politique de réindustrialisation passera par un rapport de force avec ses propriétaires ?

    Notes :

    1 Lien vers l’article https://lvsl.fr/rachat-des-turbines-arabelle-la-soumission-francaise-aux-etats-unis-continue/

    2 Si l’Etat a acquis une action de préférence de l’entreprise, les droits associés n’empêchent en aucun cas l’entreprise d’être soumise à l’extraterritorialité du droit américain, et notamment à la réglementation ITAR (International Traffic in Arms Regulations)

    3 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/c7ec36f3-6df0-4cf8-82aa-9c772917afeb/files/249123ae-5a3b-45dd-8f6f-5f84b2fc0c0a

    4 Les investissements faisant l’objet de la police administrative des investissements étrangers en France relèvent de secteurs comme la défense, la cybersécurité, la sécurité ou la continuité de l’approvisionnement en énergie et en eau, de l’exploitation des réseaux et des services de transport, à la protection de la santé publique, ou encore à la sécurité alimentaire, et les investissements dans les activités de recherche et développement qui leur sont liés et qui portent sur certaines technologies critiques ou sur des biens et technologies à double usage.

    5 https://www.lesechos.fr/finance-marches/ma/lexecutif-a-bloque-pour-la-premiere-fois-un-investissement-etranger-1277655

    6 https://www.usinenouvelle.com/article/bercy-bloque-definitivement-la-vente-de-segault-et-de-velan-sas.N2179877

    7 « Réindustrialisation : comment impliquer les multinationales françaises ? », http://www.cepii.fr/blog/fr/post.asp?IDcommunique=919

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      NASA : les nouvelles combinaisons spatiales au cœur d’un grand fiasco

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Thursday, 27 June - 07:12

    Le parti-pris de la NASA de collaborer avec de nombreux prestataires a produit de très beaux résultats, mais l'agence est aussi en train de découvrir le revers de la médaille , avec des conséquences potentiellement très lourdes pour le programme Artemis.
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      Les vélos électriques Made in France existent-ils vraiment ?

      news.movim.eu / Numerama · Sunday, 12 May - 17:32

    Le label Made in France constitue bien souvent une manne financière pour les marques. Le petit drapeau bleu blanc rouge raconte, attire, séduit, même sur les vélos et VAE. Mais est-ce simplement de la poudre de perlimpinpin ?

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      À quoi bon compter les femmes ?

      news.movim.eu / Numerama · Sunday, 12 November, 2023 - 11:02

    Si on ne propose pas de nouveaux modèles de production et de médiatisation, à quoi bon compter les femmes dans les industries dominées par les hommes ? [Lire la suite]

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      Voitures électriques : la France voit enfin le verre à moitié plein

      news.movim.eu / Numerama · Sunday, 29 October, 2023 - 06:50

    Après des années à s'apitoyer sur son sort, l'industrie automobile française a enfin retrouvé de la combativité. Numerama était présent à la journée de la filière auto pour en tirer cet édito, publié dans la newsletter du jeudi 26 octobre. [Lire la suite]

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      La première usine spatiale au monde est désormais en orbite

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Monday, 19 June, 2023 - 13:30

    varda-158x105.jpg l'usine pharmaceutique orbitale de Varda

    Varda Space Industries espère que ce lancement va marquer le début d'une nouvelle ère dans de nombreuses branches de l'industrie.

    La première usine spatiale au monde est désormais en orbite

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      Bilan économique : la France est sur une mauvaise pente

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 31 January, 2023 - 04:00 · 9 minutes

    On se souvient de la grave crise grecque en 2009. L’endettement du pays était devenu considérable et l’agence de notation Fitch avait abaissé sa note en dessous de A. C’était la première fois qu’une telle dégradation survenait dans un pays européen.

    Il s’ensuivit une panique en Europe. La zone euro fut jetée dans la tourmente et le FMI, la BCE et la Commission européenne durent intervenir à trois reprises. On imposa à la Grèce des mesures drastiques qui conduisirent au pouvoir en 2015 le parti anti austérité d’Alexis Tsipras . Après six années de crise le PIB se trouva réduit d’un quart et le taux de chômage monta jusqu’à 25 %. La Grèce se remit très difficilement de cette crise : il y eut plusieurs plans de sauvetage et le bilan social fut catastrophique.

    Il semble que la France se trouve sur la même pente que celle qui a conduit la Grèce à la faillite , avec une crise ayant duré de 2010 à 2015. Il avait même été envisagé sa sortie de l’Europe et de la zone euro.

    Pour l’instant la notation de l’agence Fitch classe la France en AA , ce qui est tout à fait honorable, mais avec la mention « perspective négative » ; sachant que la première catégorie comprend AAA, puis AA, et ensuite A, la France a tout simplement reculé d’un cran. Vient ensuite la catégorie des B avec à nouveau trois degrés différents ; puis enfin la catégorie F.

    Pourquoi craindre que le pays se trouve engagé sur la même pente dangereuse que la Grèce ?

    Il convient de distinguer d’un côté les éléments qui ont un caractère causal, c’est-à-dire de nature à expliquer la dégradation de l’économie du pays, et de l’autre ceux qui en sont la conséquence mais ne constituent pas moins des freins au redressement d’une économie mal engagée.

    Pour marquer les étapes de la dégradation de l’économie française, les points de repère seront la Suisse, un pays exemplaire à l’économie très dynamique et parfaitement équilibrée, ainsi que la moyenne de l’OCDE. Les données statistiques seront celles fournies par la Banque mondiale, pour l’année 2021, afin d’avoir des séries homogènes.

    Les éléments à caractère causal

    Nous retiendrons essentiellement les critères suivants :

    • Les dépenses en Recherche et Développement
    • Les taux d’industrialisation
    • Les taux de population active
    • Le solde de la balance commerciale
    • La durée de la vie active

    Les taux de R&D des pays

    Des dépenses de Recherche et Développement importantes caractérisent les pays développés qui investissent pour préparer leur avenir. Elles permettent de rester dans le peloton de tête grâce à l’innovation.

    Dépenses de R&D en pourcentage du PIB

    • Suisse….. 3,15 %
    • OCDE….. 2,96 %
    • France…. 2,35 %
    • Grèce…… 1,50 %

    Le taux d’industrialisation

    L’industrie est un élément clé pour créer de la richesse dans un pays depuis la première révolution industrielle. Des trois secteurs de l’économie , à savoir l’agriculture, l’industrie et les services (selon la classification de Colin Clark) c’est celui où le progrès technique augmente le plus vite. Le secteur secondaire est un secteur à forte valeur ajoutée et fournit aux pays l’essentiel de leurs exportations. Les taux d’industrialisation de la France et de la Grèce sont très faibles, ces deux pays sont les plus désindustrialisés de tous les pays européens.

    Taux d’industrialisation en pourcentage du PIB, y compris la construction

    • Suisse….. 24,6 %
    • OCDE….. 22,3 %
    • France…. 16,7 %
    • Grèce…… 15,3 %

    Le taux de population active

    On entend par taux de population active la proportion entre les personnes en emploi ainsi que les chômeurs, et la population totale.

    Taux de population active en pourcentage de la population

    • Suisse…… 57,0 %
    • OCDE…… 49,2 %
    • France….. 46,1 %
    • Grèce……. 43,5 %

    Le solde de la balance commerciale

    Les exportations réalisées par un pays présentent un double avantage : elles accroissent les marchés des entreprises locales et fournissent les devises permettant de financer les importations. Leur volume dépend de la nature et de la qualité de la production du pays et du dynamisme de ses entreprises.

    Solde de la balance commerciale en pourcentage du PIB

    • Suisse……………………  119 %
    • Union européenne….     0 %
    • France…………………… – 1,9 %
    • Grèce…………………….. – 7,7 %

    Durée de la vie active

    La durée de la vie active dépend de l’âge d’entrée dans la vie professionnelle et de l’âge de cessation d’activité professionnelle déterminé en fonction de l’âge légal de départ à la retraite.

    Durée de la vie active

    • Suisse………………….. 42,6 ans
    • Union européenne… 35,6 ans
    • France………………….. 35,0 ans
    • Grèce……………………. 33,2 ans

    Tous les graphiques ci-dessus montrent que la France se situe systématiquement à mi-chemin entre les moyennes OCDE et la Grèce. On aurait préféré qu’elle se place à gauche, entre les moyennes OCDE et la Suisse.

    Les éléments induits à caractère aggravant

    Les dépenses publiques

    On constate toujours dans les pays à l’économie en difficulté que les dépenses publiques sont importantes en regard du PIB. Les besoins de la population sont là et il faut les satisfaire : éducation, santé, appareil judiciaire, entretien et création des infrastructures, sécurité… et les PIB n’étant pas à la hauteur de toutes ces exigences, le taux des dépenses publiques est élevé.

    Dépenses publiques en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 20,1 %
    • OCDE…… 34,9 %
    • France….. 51,9 %
    • Grèce……. 58,5 %

    Les prélèvements obligatoires

    Pour couvrir ses dépenses l’État procède à ce que les économistes appellent des « prélèvements obligatoires ». Ceux-ci sont de plus en plus importants à mesure qu’augmentent les dépenses publiques.

    Prélèvements obligatoires en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 28,5 %
    • OCDE…… 34,2 %
    • France….. 47,6 %
    • Grèce……. 42,3 %

    La France se situe donc déjà au-dessus du niveau de la Grèce.

    Taux de chômage

    La conséquence d’une économie qui fonctionne mal est une proportion élevée de la population au chômage : la France est bien dans ce cas. Selon les estimations du BIT le pays compte 2 252 000 chômeurs ; les catégories A, B et C de Pôle emploi en totalisent un nombre bien plus élevé soit 5 163 000 chômeurs sensés être en recherche active d’emploi. Le taux est bien plus élevé que celui calculé par le BIT.

    Taux de chômage (BIT)

    • Suisse….. 5,3 %
    • OCDE….. 6,3 %
    • France…. 8,1 %
    • Grèce…… 14,8 %

    Endettement du pays

    Dans une économie dysfonctionnelle et donc à la création de richesse insuffisante, les États s’endettent pour boucler leurs budgets annuels. Le coût de la dette les alourdit chaque année un peu plus.

    Endettement du pays en pourcentage du PIB

    • Suisse…… 20,9 %
    • France….. 113,0 %
    • OCDE…… 129,3 %
    • Grèce……. 197,1 %

    Le cas de la France : attention danger !

    Le problème est que lorsqu’un processus de détérioration de l’économie s’installe il s’entretient de lui-même et le pays entre dans un cycle pernicieux. C’est précisément ce qui se produit en France depuis une vingtaine d’années. Tous les ratios se dégradent d’année en année. Les dépenses sociales ne cessent de croître régulièrement, d’où une augmentation constante des dépenses publiques et pour y faire face un accroissement constant des prélèvements obligatoires ; ceux-ci n’étant jamais suffisants, le recours régulier à de l’endettement est nécessaire et ne cesse d’augmenter.

    Les pouvoirs publics sont incapables de rompre ce cercle vicieux. Nous en arrivons au point où ce processus a atteint ses propres limites. Les prélèvements obligatoires étant parvenus à des niveaux insupportables il n’y a plus d’autre solution pour les pouvoirs publics que d’augmenter encore davantage la dette. C’est ce qui se produit dans notre pays : elle est passée de 2380 milliards d’euros à la fin de 2019 à 2916 milliards à la fin de 2022, soit un accroissement de 536 milliards en trois ans.

    Il faut comprendre quelle est l’origine du phénomène, ce que les pouvoirs publics ont été très longs à saisir et sans être certain qu’ils aient véritablement pris conscience du cercle vicieux dans lequel ils se trouvent enfermés.

    L’origine du problème est la grave dégradation du secteur secondaire, le secteur industriel . Les effectifs de l’industrie sont passés de 6,5 millions de personnes à la fin des Trente glorieuses à 2,7 millions aujourd’hui. Le secteur industriel français ne concourt plus que pour 10 % à la formation du PIB (chiffre hors construction), alors que ce taux devrait se situer à 18 % environ. En incluant la construction dans le secteur secondaire, il faut ajouter 5 à 6 points aux précédents ratios.

    Les pouvoirs publics se sont laissés piéger par la thèse d’évolution des trois secteurs de l’économie développée par Jean Fourastié dans son livre Le grand espoir du XX e siècle paru en 1949. Cet économiste a travaillé sur des séries longues et a raisonné nécessairement en termes d’emplois et non de valeur ajoutée. Certes, les effectifs du secteur industriel se réduisent mais en termes de valeur ajoutée il est toujours présent du fait que la valeur ajoutée par employé a fortement progressé. Cela a été mal compris et dans les universités a très vite enseigné qu’une économie moderne n’est plus constituée que par les activités de services. Les sociologues qui ont mal compris Jean Fourastié ont diffusé très vite le concept de « société postindustrielle », lequel s’est installé solidement dans les esprits, jusque chez les dirigeants du pays.

    Pour redresser la situation, il n’y a pas d’autre solution que de procéder au redressement du secteur industriel mais l’environnement n’est guère favorable : guerre en Ukraine, coût très élevé de l’énergie en Europe.

    De plus, en initiant l’ Inflation Reduction Ac t (IRA), le gouvernement de Joe Biden va subventionner les entreprises américaines en faveur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cadre, un budget de 369 milliards de dollars est prévu pour les épauler.

    À Bruxelles, Thierry Breton prépare une riposte : il évoque un plan à hauteur de 2,5 % ou 3 % du PIB de l’Europe des 27.

    Nous n’en sommes pas là : pour l’instant, les entreprises industrielles quittent l’Europe et la France est particulièrement affectée par ce mouvement.

    L’entreprise singapourienne REC Solar qui devait fabriquer en Moselle des panneaux photovoltaïques renonce à son projet pour se tourner vers les États-Unis.

    Le Chinois Quechen qui devait installer une usine à Marseille pour produire de la silice pour les fabricants européens de pneumatiques jette l’éponge .

    Le groupe industriel Safran qui devait créer un nouveau site de production près de Lyon pour les freins carbone destinés à l’aéronautique suspend son projet d’investissement.

    Le secteur industriel français est loin de se redresser et le plan « France 2030 » lancé en octobre 2021 par Emmanuel Macron « pour répondre aux grands défis de notre temps » est un dispositif complètement sous-dimensionné.

    Il serait souhaitable de ne pas en arriver à une situation à la grecque.

    Nombreux sont ceux qui n’ont plus les moyens d’accéder aux soins, des hôpitaux ont dû interrompre momentanément leur activité, les cas d’ infections au virus HIV ont augmenté de 50 % et le paludisme est réapparu en Grèce . Le port du Pirée a été vendu aux Chinois et celui de Thessalonique a été cédé à un consortium. Quatorze aéroports régionaux ont été repris par un groupe allemand. Et selon une étude britannique, depuis le début de la crise le nombre des suicides a doublé .

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      Le « made in China » n’a plus la cote dans la tech américaine

      news.movim.eu / Numerama · Thursday, 5 January, 2023 - 15:28

    Chine

    Dell et HP planchent sur une sortie de leur production hors de Chine. D'autres groupes, américains essentiellement, cherchent aussi à se relocaliser ailleurs, au moins en partie. Certains ont déjà sauté le pas. [Lire la suite]

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