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      L’industrie de la haine contre l’économie

      David Zaruk · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 14 December, 2022 - 03:40 · 23 minutes

    Un article du Risk-Monger .

    Première partie ici .

    L’humanité est en train de sortir (on l’espère) d’une pandémie mondiale en grande partie grâce au développement massif et rapide et à la production de milliards de vaccins sûrs. Nous avons été les témoins de la reconversion d’usines pour produire en masse des désinfectants, des équipements de protection individuelle et des plastiques stériles à usage unique.

    Presque du jour au lendemain, l’industrie des technologies de l’information a pu transporter les lieux de travail, les écoles et le secteur des loisirs dans la sécurité relative des foyers. Les commerçants ont relevé le défi logistique de la livraison à domicile avec une précision quasi parfaite. Ces succès stupéfiants n’ont été réalisés ni par des services étatiques ni par des organismes à but non lucratif, mais par des entreprises avec des moyens de production industrielle.

    En résumé, pendant que nos politiciens bafouillaient en montrant leur manque de préparation à la gestion des risques, les secteurs de l’industrie, de la pétrochimie à la pharmacie en passant par les géants de la technologie, ont sauvé des millions de vies et ont évité à nos sociétés l’effondrement économique et social.

    Pourquoi je déteste tant ces infâmes salopards du monde des affaires et ferai n’importe quoi pour les mettre à terre

    Après 25 ans d’Investissement Socialement Responsable (ISR) ; après avoir atteint leurs objectifs de développement durable du millénaire ; après des années où les entreprises ont joué le rôle du bon citoyen, bienfaiteur public et agent du changement sociétal et de la justice sociale ; après avoir mis en place et imposé des codes éthiques de bonne conduite (que les gouvernements et les ONG n’ont pas) ; après avoir atteint tous les objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), comment se fait-il que le seul point commun de la plupart des industries aujourd’hui soit leur détestation croissante par le public ?

    J’ai récemment prononcé un discours lors d’un événement d’une association professionnelle et un des participants a posé une question en commençant par s’excuser : « OK, nous sommes des industriels mais… » Les deux décennies écoulées d’attaques incessantes contre l’industrie dans les médias, au cinéma et dans l’arène politique ont appris aux acteurs de l’industrie à se montrer discrets en public. Mais ils ne devraient pas avoir honte de ce que leurs innovations et leurs technologies ont apporté à l’humanité.

    Nous vivons plus longtemps , avec une meilleure qualité de vie, un accès direct à une alimentation de meilleure qualité tout en nourrissant une population mondiale en croissance, nous profitons d’appareils de communication personnelle stupéfiants, nous voyageons plus vite et plus sûrement et nous accédons à l’information en quelques secondes.

    Mais tout ce que nous entendons au sujet de l’industrie dans la sphère publique c’est du ressentiment et de l’animosité. C’est le « complexe de l’industrie ».

    Les forces de la haine

    Des jeunes marchent dans la rue en arborant des panneaux qui condamnent les entreprises et le capitalisme plutôt que d’attendre des entreprises qu’elles apportent des solutions innovantes, bascarbone. Des programmes d’aide qui promettent des technologies aux pays en développement sont mis sur la touche parce que des militants y ont détecté des partenariats avec des entreprises. Les acteurs de la réglementation à Bruxelles n’ont plus le droit de parler aux représentants des entreprises de peur de s’attirer les foudres des militants de la société civile.

    Tout scientifique ou universitaire qui fait de la recherche avec l’industrie ou en reçoit du financement est contraint d’accepter de vivre en marge de sa discipline, étiqueté à tout jamais « scientifique financé par l’industrie ». Comme le premier article de cette série l’explique, toutes les industries (sauf celles adoubées par le lobby vert) ont été tabassées – au mieux tolérées mais jamais les bienvenues dans la société.

    Mais qui décide quel secteur industriel condamner ? Comment un acteur majeur de la société, employeur et apporteur de solutions est-il devenu détesté avec tant de virulence par les autres parties prenantes, les médias et les politiciens ? Qu’est-ce que l’industrie a dit ou fait (ou n’a pas dit ou pas fait) pour produire un discours aussi misérable ? Ces compagnies sont-elles victimes de leur propre succès (la prospérité apportée par des décennies d’innovations technologiques impressionnantes étant maintenant considérée comme acquise) ? Comme indiqué dans la première partie (sur le tabassage de l’industrie), toutes les industries sont présentées comme mauvaises au fil des mêmes stratégies utilisées contre l’industrie du tabac.

    Il y a quatre ans j’ai écrit une série en trois parties sur la base de mes 20 ans d’expérience à tenter de développer le dialogue entre les parties prenantes dans l’arène politique de Bruxelles. Ma conclusion était que ce rêve de dialogue était mort depuis longtemps.

    À l’époque j’avais postulé plusieurs causes :

    • la montée des populistes des médias sociaux,
    • le déclin de la publicité des entreprises dans les médias traditionnels,
    • la création de silos favorisant le biais de confirmation,
    • la pensée unique tribale ou le besoin pour Hollywood de trouver une nouvelle source du mal après la fin de la Guerre froide.

    J’avais baptisé cela « l’âge du stupide ».

    L’âge du stupide. Une époque où le dialogue est mort, où la peur est la principale motivation et où nous cherchons à confirmer nos biais avec des messages émotionnels courts qui fusent au travers de nos tribus sociales fermées.  Ceux qui ont des idées différentes sont exclus des discussions ; les experts qui fournissent des preuves dérangeantes sont attaqués personnellement.
    On place sa confiance, non pas dans les dirigeants, les scientifiques ou les technologies, mais plutôt dans les militants qui font des campagnes et racontent des histoires.
    Une anecdote étant considérée comme une preuve, il n’y a plus de recherche de la compréhension ou de la connaissance dans l’échange d’idées.
    À l’âge du stupide, les gens cherchent la foule qui dira ce qu’il faut pour confirmer les croyances qu’ils tiennent pour justes.

    Mais depuis cette trilogie, l’histoire s’est aggravée.

    Les chambres d’écho ont été scellées hermétiquement, les gens ayant rarement l’occasion d’entrer en contact avec ceux qui ont des idées différentes. La montée des mots-dièse des campagnes de justice sociale comme #metoo ou #BLM ont durci et cristallisé la gauche. Ajoutez la montée des sectes funestes du climat comme Extinction Rebellion qui désignent le capitalisme comme la source de tous les problèmes du monde et la conclusion est simple : le monde détestable des entreprises dirigé par des mâles blancs racistes d’âge moyen doit être stoppé. (En tant que mâle blanc d’âge moyen qui soutient les bienfaits du capitalisme et de la prise de risque, j’ai pris ça pour moi).

    La confiance envers l’industrie, ses technologies, ses innovations, ses dirigeants… a disparu.  L’entreprise a été éliminée, tabassée et exclue du dialogue public – devenant ainsi une cible facile pour des opportunistes qui répandent la peur et l’indignation.

    Exprimer de la haine pour l’industrie est devenu le travail des poètes et des dramaturges. On n’est pas respecté si on n’est pas du côté des écologistes , des agro-écologistes et des associations de victimes.  Composez le bon mélange d’adolescents en colère et bien organisés et une nouvelle génération de militants anti-industrie est née. La plupart des gens qui jettent des fayots sur des œuvres d’art ou qui pulvérisent de la peinture dans des bureaux font partie d’une classe de privilégiés qui n’ont jamais été dans le besoin. La conséquence tragique de ces manifestations « altruistes » c’est que les victimes des décisions politiques qu’ils font passer en force sont les plus vulnérables de la société et on ne les entendra jamais.

    Le paradoxe du privilège.
    Comment les membres les plus aisés de la société cherchent à miner les structures et es systèmes qui ont produit d’énormes bienfaits, ce qui a un effet profondément négatif sur les moins chanceux.
    « Quand les antivax minent l’immunité de groupe en refusant de se faire vacciner, ce paradoxe du privilège menace les populations vulnérables ».

    Ce qui est particulier dans la récente vague de radicalisation c’est que l’idéalisme anticapitaliste culmine habituellement pendant des périodes prolongées de difficultés économiques et non pas après deux décennies d’expansion fiscale. Alors que nous entrons dans ce qui ressemble à une période prolongée de déclin économique, avec un écart croissant entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, nous ne pouvons que nous attendre à un accroissement de la haine alors que la plupart des sacrifices porteront sur ceux qui n’ont rien (qui ont maintenant des comptes dans les médias sociaux avec un grand nombre d’abonnés). Ou alors, coup de théâtre, la classe des verts privilégiés pourrait devenir la cible de l’indignation populaire contre l’inflation verte (mais je m’attends à ce que leurs communicants de génie aient largement anticipé ce coup-là).

    Qu’est-ce que « l’industrie » ?

    Cela peut semble une drôle de question mais l’industrie n’est plus seulement représentée par ces grandes cheminées grises d’usines qui balancent des fumées étouffantes dans l’air et des boues toxiques dans les rivières.

    La plupart de ces images de la Révolution industrielle des années 1880, nous dit-on, ont été délocalisées dans les marchés émergents (c’est peut-être une autre raison pour laquelle il est si facile de s’attaquer à l’industrie – bien peu de gens en Occident travaillent encore dans des usines).

    « L’industrie » est maintenant un terme générique qui désigne n’importe quel projet capitaliste qui comporte du risque, des inégalités et un accès inégal aux marchés. Dans le monde du risque zéro, ceux qui prennent des risques sont facilement condamnés sur l’autel de la justice sociale.

    Lorsque la société est confrontée à un destin fatal (par exemple le changement climatique, la perte de biodiversité, les perturbateurs endocriniens…), l’industrie sous une forme ou sous une autre est rapidement accusée. Les industries de la finance, du tourisme ou de la mode ont été critiquées pour les conséquences environnementales de leur développement. Nous sommes engraissés par l’industrie alimentaire, empoisonnés par les producteurs de plastiques et trompés par les géants de la pharmacie.  L’industrie et la mondialisation ont même été considérés comme la cause de de la pandémie de covid.  De nos jours, la solution simple à tout problème consiste à se débarrasser de l’industrie, après quoi la nature se soignera toute seule (et nous avec).

    Le récit ne consiste pas seulement à rejeter l’argent et l’influence de l’industrie : il consiste aussi à affirmer que l’industrie nous a retiré notre libre arbitre. Je ne peux pas dire « j’ai grossi en raison de mes mauvais choix » mais plutôt que c’est l’industrie alimentaire, avec ses sucres, ses graisses et ses additifs chimiques qui m’a fait grossir. Je suis une fois de plus une victime de la méchante industrie !  Mais la plus remarquable extension de l’industrie est le récent accès de colère envers les agriculteurs… oui, ceux qui font pousser notre nourriture font maintenant partie de l’industrie (et sont peut-être même les pires de tous).

    Récemment, l’absurdité des attaques haineuses contre des agriculteurs a atteint son zénith avec les violentes batailles dans les champs près de Sainte-Soline en France ( voir l’image ). Face à des années de sécheresse, des agriculteurs français ont construit des bassins d’irrigation pour réduire le risque de perte de récoltes en collectant de l’eau (souvent dans les rivières) pendant les mois d’hiver plus arrosés afin de l’utiliser pendant les mois d’été plus secs. Des militants menés par une fédération de paysans rétrogrades (et rejoints par des politiciens d’extrême gauche) ont considéré que c’était une prise de risque, une tentative d’accaparer un bien public, un avantage sur les autres agriculteurs (bio) et un encouragement à une agriculture plus intensive (sans parler de l’utilisation de plastique pour étanchéifier les bassines).

    Ces bassines ont donc été considérées comme faisant partie d’une industrie et il fallait les arrêter par tous les moyens. Pendant le weekend des 29 et 30 octobre, plus de 3000 militants ont fondu sur ce village pour arrêter la construction d’une bassine qui devait être partagée par la communauté des agriculteurs locaux. Le 29 octobre, dans des combats de style militaire, 61 agents de police ont été blessés dont 22 gravement. Le troisième jour, cette révolution de luddites anti-industrie était arrêtée… provisoirement.

    « Manif pacifique », tu parles !

    À première vue, interdire aux agriculteurs les moyens de protéger leurs récoltes est une pure stupidité mais cela dénote l’évolution du discours « risque zéro » du mouvement militant. Bientôt ils attaqueront des agriculteurs pour avoir cherché un avantage en plantant des carottes en lignes droites et en utilisant des tracteurs (l’agriculture intensive doit être stoppée pour cadrer avec leur idéal sectaire de production alimentaire en tant qu’expression de foi religieuse). Nous devons vivre au sein de la nature, en souffrir les conséquences et ne pas lutter contre elle. Toute personne qui investit dans une entreprise risquée et espère en tirer avantage (c’est-à-dire le capitalisme) est détestée et doit être stoppée.

    Ce prêt-à-penser a pris ce qui était une tentative de bon sens de préserver un bien sociétal, la production alimentaire, et l’a transformé en symboles de haine (l’agro-industrie, l’accaparement de ressources publiques, les inégalités, les produits chimiques et la surproduction). C’est un combat contre l’industrie et le capitalisme et la fureur de ces militants jette une ombre sur leur besoin émotionnel de montrer leur vertu avec leurs rêves d’un monde d’arcs-en-ciel et de papillons.

    Nous ne pouvons pas nous contenter de rejeter d’un revers de la main ces personnes comme étant des luddites confus et effrayés. Des militants opportunistes ont tordu la réalité en transformant la peur et l’incertitude en une force politique dangereusement puissante.

    Comme l’a critiqué un commentateur sur BFM : « C’est l’effondrement de la rationalité ».

    Non seulement ils croient en leur charabia haineux mais de plus ils le répandent sans cesse avec un zèle missionnaire au travers d’un média social irresponsable utilisé comme outil de propagande (alors que nous autres restons tolérants ou dans l’ignorance).

    Comment réguler la haine

    Les acteurs opportunistes de la réglementation et les représentants élus ne sont pas aveugles face au populisme de la foule qui veut éliminer le capitalisme.

    Le problème c’est que dans le même temps le public ne veut pas renoncer au confort que cinquante années d’innovation technologique lui ont offert. Il y a une perversion de la logique lorsque certains, par exemple, condamnent les géants de la pharmacie puis condamnent les antivax qui refusent les vaccins covid. L’absurdité fond sous la chaleur de l’égoïsme.

    Donc, cet hiver les États s’en tireront peut-être en taxant les bénéfices des entreprises du secteur de l’énergie pour subventionner les factures de chauffage des foyers. Mais cet argent ne mènera pas bien loin. Les impôts climatiques sont au zénith et plus l’industrie est matraquée et punie comme si elle était la racine de tout mal, plus la réalité de la baisse de l’emploi et de l’innovation exacerbera les tensions.  La hausse des prix de l’alimentation devrait balayer le secteur du bio, à moins que les États aillent très loin dans les subventions. Le fait que la gauche radicale a grandi de manière aussi spectaculaire pendant une époque de prospérité prolongée ne présage rien de bon pour l’industrie, les entreprises et le capitalisme en Occident pour les années qui viennent alors que nous entrons en récession.

    Les partis politiques verts décalent le spectre politique, ils remplacent la gauche modérée et maîtrisent davantage de leviers du pouvoir à travers l’Europe. Nous trouvons à présent des idéologues qui ont une compréhension naïve des affaires et de la finance, qui ont longtemps milité depuis des franges isolées, qui prennent des décisions politiques (pendant une crise énergétique et des pénuries alimentaires, alors que leurs solutions ne vont pas arranger la situation d’une classe moyenne en déclin).

    Combien de temps pourront-ils continuer d’ accuser le capitalisme de leurs propres échecs ? Quels dégâts vont-ils commettre, combien de réacteurs nucléaires vont-ils fermer, combien de terres vont-ils retirer de la production agricole, combien de chômage sera causé par l’exode industriel – combien allons-nous souffrir avant que les gens se réveillent ?

    Pendant les périodes de prospérité, les décideurs peuvent déclarer comme des moutons qu’ils ne font que ce qu’ils perçoivent être la demande du public (et payer la différence). Le principe de précaution convient bien à cette réalité politique car il justifie l’inaction tout en portant des coups fatals à l’innovation et aux technologies industrielles.

    • Des militants qui prétendent représenter le public disent qu’ils ne veulent pas d’énergie nucléaire ou à base de combustibles fossiles – très bien, nous allons fermer les centrales et nous importerons de l’énergie de nos voisins.
    • Le public, nous dit-on, ne veut pas de pesticides chimiques – très bien, nous allons imposer aux agriculteurs des conditions qui rendront l’agriculture non rentable et nous importerons des petits producteurs africains.
    • Des militants antimondialisation nous disent que le public ne veut pas que des grandes entreprises exportent et importent de manière compétitive à l’échelle mondiale – très bien, nous allons soutenir des petits ateliers moins efficients.

    Mais sommes-nous assez prospères pour continuer à laisser des moutons nous diriger ?

    Le public sait-il ce qu’il veut ou bien la plus grande partie de tout cela ne vient-elle que d’une minorité bruyante d’idéologues militants ? Et la majorité sera-t-elle entendue lorsque leurs emplois seront perdus et que les prix de l’énergie et de l’alimentation crèveront le plafond ?

    Quand l’idéologie anti-industrie dicte la politique

    Beaucoup de ces décisions politiques irrationnelles sont justifiées par les objectifs des militants anti-industrie.

    Face à une crise de l’énergie, les écologistes tiennent bon en Allemagne et en Belgique afin de maintenir la fermeture prévue de réacteurs nucléaires, avançant que le contraire serait soutenir les grandes entreprises. Greenpeace a déclaré que la fermeture de ces réacteurs remettrait la production d’énergie entre les mains du peuple. Les renouvelables comme l’éolien et le solaire ont l’image de productions d’énergie petites, locales et naturelles, ce qui leur donne un halo de vertu et donne une image trompeuse des grandes entreprises qui fabriquent ces technologies ou gèrent de grands parcs éoliens ou solaires.

    Les agro-écologistes s’opposent aux nouvelles techniques de production de semences et empêchent les petits producteurs africains d’utiliser des OGM dans leurs champs car cela les rendrait dépendants de grosses firmes comme Monsanto (une compagnie qui n’existe plus mais qui continue à susciter une indignation passionnée). Peu importe que des technologies comme le riz doré aient des avantages pour la santé, utilisent moins de pesticides (comme l’aubergine Brinjal modifiée) ou résistent aux attaques de moisissures dans les récoltes de maïs, de manioc ou de bananes. Peu importe le fait que la plupart des innovations sur les nouvelles semences dans les pays en développement se déroulent dans des laboratoires de recherche publics locaux. Ces technologies sont brandies comme issues de firmes (voyez la récente tirade de Corporate Europe Observatory) et sont donc exclues de la démarche de décision sans la moindre mention de leurs avantages.

    Les arguments contre l’utilisation de produits chimiques ont maintenant deux qualificatifs : produits chimiques « toxiques, synthétiques ». Les grandes entreprises font des produits chimiques de synthèse (qui sont donc mauvais) alors que les produits chimiques naturels utilisés dans les remèdes naturopathiques, l’homéopathie ou l’agriculture biologique sont « non toxiques » (et donc bons), alors que d’un point de vue scientifique cette distinction arbitraire est aussi ridicule que l’espoir d’un environnement sans produit toxique (non ce n’est pas une blague) du Pacte Vert de la Commission européenne.

    Ces décisions ne sont pas fondées sur des questions de coûts, d’efficience ou d’avantages mais seulement sur une idéologie bâtie sur la haine de l’industrie. Ainsi, les politiques pro-renouvelables et pro-bio qui dominent la stratégie du Pacte Vert de la Commission européenne ne sont pas fondées sur des faits ou des recherches mais sur l’idéologie. En un mot, elles sont irrationnelles.

    Marchands de vent et hypocrites

    Est-il bien surprenant que ceux qui exigent la tolérance soient les moins tolérants envers ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ?

    Ceux qui exigent la transparence des autres sont les moins transparents – les moins enclins à partager des informations sur leurs propres sources de financement et leurs intérêts particuliers. Ceux qui ont le sentiment de défendre les libertés civiles sont les premiers à faire taire les autres. Leurs idées sont des dogmes sectaires qui ne sont ouverts ni à la discussion ni au compromis. Ce sont des fanatiques que rien n’arrête lorsqu’il s’agit d’imposer leurs vues et leurs pratiques aux autres, en mentant allègrement si cela peut aider leur cause. Très peu d’ONG ont des codes de bonne conduite que leurs lobbystes doivent impérativement respecter. Pas besoin d’un truc aussi pénible lorsqu’on profite de la confiance du public.

    Dans les débats à Bruxelles sur des questions telles que l’utilisation de produits chimiques, de plastiques, de pesticides, de minéraux, de combustibles fossiles, d’additifs alimentaires, d’alcool, de vapotage et de snacks, la Commission européenne a tenté de créer une démarche de consultation et de compromis des parties prenantes. L’industrie cherche un terrain d’entente et espère qu’il reste de l’espace pour des produits et des marchés innovants. Les ONG considèrent les compromis comme des freins temporaires à l’atteinte de leurs objectifs, exigeant donc un changement de stratégie.

    L’industrie vise des objectifs de court terme dans les débats politiques alors que les militants se placent à l’horizon d’une génération. Souvent les militants obtiennent des postes dans l’administration et poursuivent leurs campagnes de l’intérieur. Beaucoup de ces militants qui ne suivent pas ce chemin du pouvoir trouvent des postes dans les médias ou poursuivent leur carrière de lobbyistes pour gagner leur vie. Ils ne se contentent pas de lutter pour des questions politiques mais essaient aussi de changer la démarche de décision politique en leur faveur. Et ils ont réussi.

    Dialogue et langue fourchue

    Les ONG ont introduit des outils politiques trompeurs comme l’approche basée sur le danger, le principe de précaution et l’initiative sur la transparence afin de rendre impossible à l’industrie d’obtenir le moindre résultat positif dans la démarche réglementaire.

    Les acteurs de la réglementation l’ont permis car cela simplifie leur rôle (la précaution est une issue facile pour se sortir d’une question de réglementation complexe) et les acteurs de l’industrie à Bruxelles, pour quelque raison, pensent que ces outils sont gravés dans le marbre et qu’ils ne peuvent rien y faire. J’ai rarement rencontré un représentant de l’industrie qui s’engageait dans une démarche réglementaire en pensant avoir une chance de gagner. Ils prennent souvent pour une victoire le fait de limiter leurs pertes, de garder leur produit sur le marché pour quelques années de plus, de ne pas laisser la législation mettre leurs affaires en faillite. Le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent.

    Les dirigeants de l’industrie doivent être très fâchés avec Bruxelles : ils ont pris l’habitude de perdre la bataille réglementaire, ils ont appris qu’ils ne sont pas les bienvenus dans les bureaux de la Commission européenne, leur science et leurs données sont ignorées et ils doivent poliment écouter les insultes scandaleuses et haineuses de ces soi-disant prêcheurs de l’équité et de la tolérance. Je connais des cas de représentants de la Commission qui sont très énervés par les fanatiques bruyants et sans pitié qui refusent le compromis et font tout pour gagner. Mais les désagréments ne se traduisent pas en actions correctrices – ces représentants ont été malmenés et intimidés au point de se soumettre. Et les ONG sont certainement très fâchées de ne pas pouvoir obtenir tout ce qu’elles exigent.

    Je ne pense pas que c’était l’intention initiale lorsque la Commission européenne a lancé la démarche de dialogue entre parties prenantes voici deux décennies avec le livre blanc sur la gouvernance. Peut-être qu’un retour à une approche technocratique pour la plupart des politiques de l’UE ne serait pas une mauvaise idée ? C’est le sujet de la prochaine analyse.

    —-

    Les militants ont réussi à détruire la confiance du public envers l’industrie. Les entreprises ont été exclues de la démarche réglementaire de l’UE, leurs données de recherche sont discréditées. Les idéologues bâtissent leurs organisations sur la peur et la détestation de l’industrie et, pour une grande part, l’industrie est restée silencieuse et polie. Le Complexe de l’industrie est le fait que ces attaques concertées contre les entreprises sont restées sans réponse pendant beaucoup trop longtemps, que l’industrie se satisfait d’être le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent de la horde et de continuer à perdre au jeu politique avec des outils comme le principe de précaution qui garantit l’échec. Le capitalisme est en train d’être éliminé des politiques de l’UE.

    Désolé d’être sombre (mais j’ai appris récemment que je ne suis pas seul dans ce cas) mais si l’industrie ne change pas de stratégie, au moins en Europe, elle va disparaitre.

    La troisième partie de cette série examinera un élément positif sur laquelle l’industrie devra capitaliser si elle doit survivre.

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      Comment détruire l’industrie (1)

      David Zaruk · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 8 December, 2022 - 03:30 · 21 minutes

    Ceci est la première partie d’une analyse sur la disqualification de l’industrie.

    Je suis souvent perplexe devant la manière dont les acteurs de l’industrie se perçoivent. Ils se contentent souvent d’être le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent de la horde, qui continue de brouter joyeusement parce qu’aujourd’hui les lions se repaissent de la carcasse d’un autre.

    Mais que feront ces zèbres demain, lorsque des militants anti-industrie reviendront dans la savane réclamer du sang ? Vont-ils radicalement changer d’attitude ? La horde va-t-elle s’unir pour former un front uni de défense ? Ou vont-ils attendre aveuglément, sans rien faire, en espérant que l’inévitable ne se produise pas ?

    Hélas, ces zèbres pas-tout-à-fait-les-plus-lents ne font rien du tout. La plupart des lobbyistes de l’ industrie semblent avoir baissé les bras face au processus réglementaire (tout en suivant le mouvement). Conscients que leur voix est censurée à Bruxelles , ils se battent juste pour conserver leur substance ou leur procédé sur le marché pour trois années supplémentaires. Ils ne peuvent pas lutter contre le rouleau compresseur du principe de précaution de l’UE, alors ils se tortillent pour obtenir des dérogations, fournissent des données industrielles que personne ne lit et font continuellement appel des décisions juridiques inévitables.

    Mais rester sur le marché pour trois ans de plus n’est vraiment pas une stratégie.

    Comment la chaîne de valeur devrait-elle réagir face à une telle absence de leadership, d’innovation et de position favorable ? Les utilisateurs en aval vont-ils garder dans la formulation de leur produits une substance visée par le principe de précaution s’ils peuvent trouver une alternative (même moins séduisante) qui n’est pas attaquée par la réglementation ? Certains zèbres plus agiles ont quitté la horde et contribuent à la débâcle du marché au nom d’un « opportunisme d’alternatives ».

    Les entreprises ne tentent pas de changer la démarche réglementaire qui a été mise sens dessus dessous au cours des deux décennies écoulées et qui maintenant travaille contre elles (par exemple l’utilisation de l’approche basée sur le danger ou le principe de précaution appliqué comme un renversement de la charge de la preuve). Elles ne voient pas les ramifications – le fait que les assauts constants des médias, la destruction de la réputation et de la confiance ainsi que l’élimination politique de l’industrie, sont des menaces existentielles. Au lieu de cela, le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent se félicite pour ce qu’il n’est pas. Dans le secteur de la protection des cultures, il peut exprimer son soulagement que son entreprise est moins mal que Monsanto. Dans le secteur pétrolier, certains acteurs clament fièrement qu’ils ne sont pas comme ExxonMobil . Et alors qu’elles travaillent mollement pour accumuler des points ESG, toutes les industries s’exclament fièrement qu’elles ne sont pas comme celles du tabac ou de l’armement.

    Mais aux yeux du grand public, elles sont tout comme.

    Pendant ce temps, les militants des ONG à Bruxelles ont la vie plutôt facile.

    Leur stratégie est simple :

    1. Trouver une industrie vulnérable.
    2. Apporter de l’incertitude.
    3. Créer un lien entre un produit ou un mode de vie et une forme de cancer ou de destruction de l’environnement.
    4. Mettre en avant les victimes potentielles pour susciter l’indignation du public.
    5. Souligner les profits des entreprises.
    6. Aller à la case départ et toucher 200 dollars.

    On peut l’appliquer à presque toutes les hordes de zèbres. « Laver, rincer, recommencer ».

    La décennie écoulée a vu un coup plutôt audacieux d’ONG militantes (ainsi que d’acteurs de la réglementation, en particulier à Bruxelles) visant à écarter du dialogue sur les politiques publiques la plupart des industries, à susciter le dégoût du public et à éliminer les entreprises en tant que parties prenantes et acteurs de la société.

    Cette stratégie a réussi pendant la guerre contre le tabac et beaucoup de leurs moyens d’action sont à présent copiés-collés pour d’autres industries. Certains, en particulier dans l’industrie de la finance, se sont engagés dans les campagnes militantes et tentent d’obtenir les faveurs du public en envisageant une stratégie de décroissance ou une remise à zéro du capitalisme.

    Mais pensent-ils vraiment qu’on ne voit pas leurs zébrures ?

    Tabassage 1 : la réglementation par les tribunaux

    J’ai beaucoup écrit sur une partie de la démarche de tabassage dans ma série SlimeGate , où des ONG travaillent ouvertement et sans vergogne avec des cabinets d’avocats américains spécialisés dans les dommages et intérêts ainsi qu’avec quelques scientifiques militants frustrés pour contourner la démarche de réglementation.

    Pour l’essentiel, elles identifient une incertitude, créent des campagnes effrayantes, produisent quelques données scientifiques, composent un groupe de victimes, suscitent l’indignation envers des entreprises, puis déchainent un enfer de procès contre une société ou une industrie, jusqu’à ce que, acculées à la faillite, ces dernières se soumettent aux changements exigés ou abandonnent simplement un marché. Les militants ont un terme pour cette imposition plutôt indirecte d’une politique hors du processus démocratiques : la réglementation par les tribunaux.

    J’ai rencontré le mot « tabassage » en lisant le rapport d’une conférence « Établir la responsabilité des dommages du changement climatique : les leçons de la maîtrise du tabac » , supervisée par Naomi Oreskes, Union of Concerned Scientists, et le Climate Accountability Institute en 2012 à La Jolla, Californie. Cette réunion de juristes, de militants et de scientifiques avançait la thèse selon laquelle le lobby de l’industrie du tabac n’a pas capitulé avec l’accord-cadre sur le tabac en raison de la science, des contraintes réglementaires ou de l’indignation du public. Il a cédé à cause du coût financier insurmontable des procès en dommages et intérêts incessants qui menaçait de détruire totalement son industrie. Donc le petit manuel du plaignant de La Jolla consistait à appliquer la même stratégie à l’industrie du pétrole – à détruire la confiance du public puis à déchaîner sur les entreprises pétrolières un enfer de procès en dommages et intérêts en raison du changement climatique, jusqu’à ce qu’elles fassent faillite ou qu’elles changent leur modèle d’affaires.

    Peu après le rapport de La Jolla, des acteurs de la conférence ont été impliqués dans des dossiers en relation avec la convocation d’ExxonMobil par le procureur de l’État de New-York qui a mené à des procès contre la compagnie (pour ne pas avoir révélé ce qu’ils savaient au sujet du changement climatique). Ce n’est que le début d’une longue liste de procès en dommages et intérêts visant l’industrie du pétrole.

    Quelques années plus tard, lorsque le CIRC a conclu que l’herbicide nommé glyphosate était un cancérogène probable (c’est la seule agence scientifique ayant jamais atteint cette conclusion), des cabinets d’avocats américains spécialisés en dommages et intérêts, qui ont payé au moins quatre des scientifiques participant à ce comité d’évaluation du CIRC, ont déposé plus de 100 000 plaintes contre Monsanto. Pendant ce temps la compagnie a été absorbée par Bayer (qui a ensuite perdu la moitié de sa valeur en bourse). Nous voyons maintenant des scientifiques financés par ces mêmes cabinets d’avocats qui tentent de trouver des preuves reliant les tumeurs au cerveau et l’usage du téléphone mobile.

    Je suis certain que ces zèbres vont nier qu’il y a une stratégie de tabassage à l’œuvre contre leur industrie.

    Tabassage 2 : limiter la communication et interdire la publicité

    Les militants jouent un rôle-clé dans ce mode d’emploi afin de susciter l’indignation du public envers les compagnies visées, non seulement pour s’assurer que les jurys seront influencés au maximum mais encore pour inciter les acteurs de la réglementation à imposer des règles encore plus dures.

    Pour ce faire, ils ont besoin d’ostraciser la compagnie ou l’industrie et de lui retirer tout rôle en tant qu’acteur de la société. Elles doivent avoir le mauvais rôle. Pour y parvenir, les ONG ont repris la stratégie gagnante consistant à exclure l’industrie du tabac et à interdire la publicité pour le tabac.

    Il ne faut donc pas s’étonner qu’un groupe d’ONG anti-industrie mené par Greenpeace ait lancé une initiative citoyenne européenne pour tenter d’interdire la publicité de l’industrie des combustibles fossiles. Elles n’essaient même plus de faire preuve de créativité.

    Au cœur de la stratégie d’exclusion se trouve l’idée que les géants du pétrole ne sont pas des acteurs tolérables en société et qu’il faut ajouter leurs entreprises à une sorte de registre des agresseurs de l’environnement. Une organisation à laquelle il est interdit de communiquer vers ses consommateurs perd sa légitimité et son autorité (elle est sur liste noire alors que ses produits restent sur le marché).  Mais la société repose encore sur les combustibles fossiles et les consommateurs devraient pouvoir profiter des informations émises par tous. Réduire l’industrie du pétrole au silence entravera ses marques, limitera l’attrait pour ses innovations, lui retirera le moyen de répondre correctement aux campagnes et réduira ses parts de marché. C’est bien le but.

    Le tabac est resté sur le marché uniquement en raison de la fiscalité rapportant aux États, fiscalité qui a été régulièrement augmentée . Attendez-vous à la même chose à la pompe lorsque la crise de l’énergie en cours sera passée. Qui va pleurer lorsque les taxes sur le carburant vont crever le plafond pendant que le lobby vert subventionnera les solutions alternatives moins efficientes ? Tu n’as que ce que tu mérites, abruti qui roule au diesel au lieu de laisser tomber (c’est-à-dire au lieu d’acheter une voiture électrique). Peu importe que les véhicules électriques ne soient pas tout à fait verts ou que la plupart des consommateurs n’aient pas les moyens de se les payer.

    De plus, et on en a très peu parlé, la Commission européenne a maintenant interdit à tous ses représentants et fonctionnaires de parler directement à des employés d’entreprises en dehors des organisations professionnelles (alors que les lobbyistes de n’importe quelle ONG peuvent rencontrer facilement des représentants de l’UE). Cet honneur était autrefois réservé aux lobbyistes de l’industrie du tabac.

    Tabassage 3 : l’indignation publique plus forte que la science poubelle

    L’indignation publique contre les géants du tabac a fait que des travaux scientifiques de mauvaise qualité (sur les risques dus au tabagisme passif ou au vapotage) ont pu être examinés avec bien peu d’attention au cours de la démarche réglementaire.

    Les gens ne pouvaient plus supporter l’industrie et voulaient simplement croire que les conclusions de ces recherches étaient justes. Nous voyons que des affirmations infondées similaires contre le glyphosate prennent de l’ampleur, principalement grâce à l’indignation contre Monsanto et à cause d’acteurs de la réglementation trop peureux pour défendre les agriculteurs. À partir de conclusions littéralement fabriquées par plusieurs scientifiques militants (très bien payés par des cabinets d’avocats américains spécialisés en dommages et intérêts pour produire une phrase utilisable pendant les procès contre Monsanto), le public est maintenant prêt à accepter l’interdiction de tous les pesticides (sauf, bien entendu, ceux qui sont produits pour l’agriculture bio).

    Les fonctionnaires opportunistes qui veulent amadouer la foule des militants bruyants ont juste besoin de se saisir de l’ épingle de sûreté du principe de précaution pour obtenir leur faveur sans le moindre risque que des données ou des preuves viennent interférer avec cette stratégie. Pour les acteurs de la réglementation, pas besoin de réfléchir pour jouer la carte de la précaution (exiger qu’une substance soit prouvée sûre à 100 % avant toute chose) plutôt que de heurter de front des groupes de militants en colère ayant des amis dans les médias. Quel acteur de la réglementation raisonnable voudrait se faire l’avocat des faits scientifiques et porter un badge « Je suis Monsanto » au revers de sa veste ?

    Aujourd’hui nous voyons comment la « stratégie » de la Ferme à la Fourchette de la Commission européenne prévoit d’éliminer 50 % des pesticides utilisés actuellement et 20 % des engrais d’ici à 2030 sans la moindre base scientifique… Et personne ne semble avoir le courage de s’y opposer (en dehors de quelques agriculteurs et de l’industrie de la protection des plantes muselée et ostracisée). Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a même ignoré l’avis des scientifiques de la Commission européenne qui ont émis un avis négatif contre la stratégie de la Ferme à la Fourchette. Alors comment pourrait-on espérer que des données produites par l’industrie aient le moindre impact ?

    Des politiques qui manquent clairement de données et de preuves scientifiques passent chaque jour au travers de la démarche réglementaire de l’UE sur un large éventail de sujets, tels que le renouvellement de l’autorisation de nombreux pesticides (dont le glyphosate) ; des minéraux comme le lithium ; des produits chimiques comme le formaldéhyde ; des nanomatériaux dans les produits cosmétiques et les déchets d’emballages en plastique.

    Pendant ce temps, les acteurs de la réglementation font aveuglément la promotion d’alternatives vertes bien soutenues par des lobbys comme les énergies renouvelables, les véhicules électriques et des produits chimiques alternatifs sans données ou études suffisantes. Y a-t-il une seule organisation pan-industrielle ou pan-scientifique pour se lever et prendre la défense des politiques fondées sur la science ou lutter contre l’usage arbitraire du principe de précaution ? La science de l’industrie est réduite au silence ; ses données ont été dénigrées (tabassées).

    Si la plupart des parties prenantes et le public sont perçus comme étant opposés aux intérêts de l’industrie et à son engagement, alors des décideurs non élus et ambitieux comme Frans Timmermans n’ont pas besoin d’encombrer leur idéologie avec la réalité scientifique. Bienvenue à Bruxelles.

    Après le tabac, à qui le tour ?

    Les victoires obtenues contre l’industrie du tabac ont été simplement copiées-collées dans des stratégies militantes contre d’autres industries (avec ce qui semble être des trajectoires semblables vers la victoire). Alors, après le tabac, à qui le tour ? Quel est le zèbre qui sera demain au menu des ONG militantes ?

    La réponse à cette question dépend de vos intérêts.

    Il n’y a aujourd’hui qu’un nombre limité de lions (avec des objectifs de collecte de fonds croissants).

    Si vous êtes soucieux de la mondialisation, des conditions de travail dans les pays en développement et du commerce équitable, alors l’industrie du textile et de la mode bas de gamme est mûre pour une remise au pas forcée.

    Si vous travaillez pour le lobby de l’industrie de la nourriture bio, alors vous avez intérêt à écrabouiller l’agriculture conventionnelle et l’industrie des pesticides.

    Si vous êtes embarqué dans le mouvement pour le climat ou que vous avez des intérêts dans l’énergie renouvelable, alors les géants du pétrole sont en bonne posture pour être le prochain tabac.

    Les avocats américains assoiffés de sang (le lubrifiant de la machinerie de tabassage) semblent saliver sur la 5G et les risques sanitaires du téléphone mobile (qui transformeraient des compagnies comme Apple et Samsung en pots de miel).

    Quant aux géants de la pharmacie, choisissez votre poison : opioïdes, vaccins, dispositifs médicaux…

    Chaque industrie semble mûre pour le tabassage et les conséquences prévisibles sont effrayantes. Le seul espoir est que des crises surviennent avant que l’industrie soit complètement délégitimée. Que se serait-il passé pendant la crise Covid-19 si l’indignation envers les plastiques avait persisté au niveau politique ?

    La crise énergétique (après une stratégie de transition énergétique qui se passe de faits) a produit une recherche désespérée de tous les carburants fossiles disponibles dont nous n’étions pas encore désinvestis. Avec des pénuries et l’augmentation des prix de l’alimentation à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, certains dirigeants comme Emmanuel Macron suggèrent que la stratégie de la Ferme à la Fourchette de la Commission européenne pourrait être mise en sourdine. Pour des idéologues comme Frans Timmermans, il ne s’agit que de pauses temporaires dans leur inlassable stratégie de désindustrialisation.

    Que doit-il se produire pour que le public et l’industrie prennent conscience de cette absurdité ?

    Tant que le milieu des affaires ne se protège pas et ne riposte pas contre des stratégies de tabassage creuses, toutes les industries sont vulnérables.

    Il faut s’opposer collectivement à toutes les décisions politiques qui ignorent les preuves scientifiques ; il faut condamner énergiquement toutes les actions malhonnêtes ou opaques de groupes militants ; et il faut que toutes les parties prenantes s’unissent pour s’opposer à tous les opportunismes populistes des acteurs de la réglementation (c’est-à-dire refuser de participer à la démarche réglementaire).

    Il ne devrait pas y avoir de discrimination ni de sélection parmi les industries à défendre.

    Si l’industrie des pesticides lutte contre une démarche réglementaire qui fait fi des données scientifiques les plus claires, alors l’industrie des cosmétiques devrait aussi s’y opposer.

    Si l’industrie du pétrole est exclue de la table des négociations, alors l’industrie pharmaceutique devrait se lever et sortir jusqu’à ce que toutes les parties prenantes soient entendues.

    La communauté des ONG à Bruxelles a réussi car elle travaille ensemble d’une seule voix, exige des changements avec force et insiste pour être entendue. Elle ne se disperse pas comme des zèbres.

    Les lions tournent autour de la horde tout entière. Ne faisons pas semblant de croire que certains zèbres sont en sûreté.

    Les zèbres n’ont pas de dents

    La horde doit se regrouper et riposter plutôt que s’éparpiller et courir.

    Jusqu’à présent ses résultats ont été misérables et les terribles conséquences ont été, eh bien, comme prévu.

    Lorsque Volkswagen a été trainé dans la boue par les médias et par les tribunaux pour le Dieselgate , pas un seul constructeur automobile ne s’est levé pour mettre en évidence les restrictions sur les émissions ridiculement faibles et inatteignables de la Californie (alors que la plupart de l’industrie utilisait la même technologie Bosch, ils sont restés en retrait et ont laissé VW payer pour tout le monde).

    À présent le diesel est en voie de devenir un carburant du passé.

    Trois décennies d’attaques de militants contre les retardateurs de flamme au brome et le PVC ont porté atteinte aux plus petits producteurs en chimie dans beaucoup de chaines d’approvisionnement OEM.  Les éléments scientifiques contre ces substances étaient faibles mais les petites entreprises sont restées seules pour se défendre contre le déchainement militant. Hélas, de nombreuses grandes entreprises ont fait la promotion de leurs alternatives moins durables et moins efficientes pendant que la confiance du public envers tous les produits chimiques s’évanouissait.

    Aujourd’hui tous les plastiques de la chaine d’approvisionnement sont attaqués.

    Des données faibles et de la science de mauvaise qualité ont été utilisées dans l’énergie, les pesticides, le tabac, la production de semences, les produits chimiques, la pharmacie, ce qui a miné la démarche réglementaire sans que le public ne le comprenne ni s’en indigne. Il y a eu autrefois un conseiller scientifique auprès du président de la Commission européenne, Anne Glover, chargée de défendre l’utilisation de la meilleure science disponible, mais des militants ont fait supprimer ce poste en raison de son attitude basée des preuves au sujet des OGM.

    Aucun autre groupe industriel ne s’est soucié de protester et aujourd’hui nous avons une Commission européenne qui est au mieux scientifiquement inculte et dans la plupart des cas menée par des idéologues ambitieux qui ne s’intéressent ni aux faits ni aux données.

    Il est temps de montrer les dents

    Comment la horde peut-elle riposter ? Tout d’abord, le terrain de la savane est à l’avantage du lion.

    Premièrement, l’industrie doit s’unir pour exiger un livre blanc qui formule une stratégie rationnelle concernant l’usage du principe de précaution au sein d’une démarche claire de gestion des risques (et abandonner toute démarche politique de l’UE qui ne le respecte pas). Il ne semble pas y avoir la moindre stratégie de gestion des risques à la Commission européenne (il n’y a qu’une stratégie naïve de risque zéro).  L’approche réglementaire basée sur le danger doit être dénoncée pour ce qu’elle est : irrationnelle.

    Deuxièmement, les lions prétendent être des agneaux. Lorsque des ONG enfreignent les règles, agissent sans respecter de principes moraux (contrairement à l’industrie, très peu d’ONG ont une charte éthique pour guider leur comportement) et ignorent les preuves et les données dans leurs campagnes, on doit mettre davantage en lumière ces transgressions. Souvent, ces groupes sont financés par d’autres groupes d’intérêt (comme le lobby de l’industrie de l’alimentation bio). Franchement, le Risk-Monger ne devrait pas être le seul à Bruxelles à avoir le courage de mettre en évidence l’hypocrisie des militants.

    De plus, les règles sur le lobbying doivent s’appliquer à tous. Les restrictions concernant les rencontres avec les représentants de l’UE doivent être les mêmes pour toutes les parties prenantes, industrie comme ONG. Il n’y a pas de raison d’exclure des pans entiers de ceux qui innovent, qui résolvent des problèmes et qui fournissent des emplois. Et si ces restrictions continuent, alors toutes les industries devraient se lever, protester et menacer d’abandonner la démarche réglementaire jusqu’à ce que les acteurs de la réglementation deviennent équitables et respectueux.

    Enfin, l’industrie doit trier le bon grain de l’ivraie. Aux débuts du dialogue entre parties prenantes il y avait quelques ONG et autres organismes comme des groupes de protection de la nature, le WWF ou le Fonds de défense de l’environnement qui étaient prêts à travailler avec l’industrie pour promouvoir des technologies plus durables, alors que d’autres organisations plus radicales cherchaient à attaquer le droit de l’industrie de participer à la démarche réglementaire.

    Ces derniers ont réussi et aujourd’hui beaucoup d’ONG (comme Corporate Europe Observatory, US Right to Know, Extinction Rebellion… ) se sont définies elles-mêmes comme anti-industrie et attaquent arbitrairement toute politique qui pourrait être favorable au capitalisme. Lorsque ces trotskystes se comportent de manière détestable, les autres ONG gardent le silence. Ces militants ne représentent pourtant qu’une petite minorité de la population et lorsque le public est justement scandalisé, par exemple par des fanatiques qui souillent des œuvres d’art classiques, il devrait être tout autant scandalisés lorsqu’ils souillent injustement des employeurs, des innovateurs et des apporteurs de solutions.

    —-

    Les zèbres semblent en mauvaise posture alors que la peur domine la savane et qu’il n’y a aucune pression sur les acteurs de la réglementation pour qu’ils maîtrisent la sauvagerie. Alors que personne au sein de l’industrie ne semble prêt à défendre les autres lorsque leurs innovations sont attaquées par des militants, alors que la science de mauvaise qualité et l’indifférence réglementaire ont libre cours, c’est toute la horde qui va souffrir. Le petit manuel utilisé contre l’industrie du tabac est utilisé contre toute l’industrie impunément et dans l’indifférence générale. Laver, rincer, recommencer.

    Ce soir le zèbre pas-tout-à-fait-le-plus-lent dormira sur ses deux oreilles. Mais demain il a intérêt à changer de stratégie… ou à courir plus vite.

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      La droite ne se redressera que si elle redresse l’industrie

      Claude Sicard · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 2 December, 2022 - 03:40 · 7 minutes

    Le débat du 21 septembre sur LCI entre les trois candidats à la présidence des Républicains a été fort décevant.

    Comme à son habitude, Éric Ciotti a joué la carte de la fermeté en défendant une droite « qui ne s’excuse plus d’être elle-même » ; Bruneau Retailleau s’est fait le partisan d’une droite « fière de ses valeurs avec une ligne claire sur le régalien et l’économie » ; Aurélien Pradié n’a rien trouvé de mieux que de vanter son expérience de maire et de pompier.

    Dans son éditorial du journal Le Figaro des 26 et 27 novembre dernier Yves Thréard déplore :

    « Elle [la droite] ressasse, hésite et doute : il lui manque un projet solide et surtout quelqu’un pour l’incarner ».

    Valérie Pécresse a fait le score désastreux de 4,8 % à l’élection présidentielle. Et ce n’est pas avec l’un de ces trois candidats que la droite va se redresser.

    Pourquoi donc ce débat a-t-il été aussi décevant ? Parce qu’aucun des sujets importants concernant le redressement de notre pays n’a été abordé : rien sur la manière de procéder pour redresser l’économie du pays, rien sur l’Europe et la sauvegarde de notre autonomie de décision face aux oukases de la  Commission de Bruxelles et rien sur la manière de faire face, demain, au déversement sur l’Europe de flux migratoires qui vont la submerger.

    Il faut dire que les deux journalistes qui ont interrogé ces trois candidats n’ont pas été non plus très brillants en posant des questions chrono en main pour faire respecter les temps de parole.

    Ce que nous aurions aimé entendre

    Le redressement de l’économie française

    Depuis des années, les clignotants sont au rouge :

    • chômage excessif bien plus élevé que celui des autres pays européens,
    • balance commerciale déficitaire depuis vingt ans,
    • dépenses publiques et prélèvements obligatoires les plus élevés de tous les pays de l’OCDE,
    • endettement extérieur croissant d’année en année.

    Les trois candidats n’ont rien eu à dire sinon qu’il fallait réduire les dépenses publiques, ce qui est le discours habituel des libéraux, un propos de café du commerce formulé par des personnes qui n’ont pas compris que le mal dont souffre le pays est sa très grave désindustrialisation .

    Le secteur industriel n’a pas cessé de fondre depuis la fin des Trente glorieuses. Ses effectifs sont passés de 6,5 millions de personnes à 2,7 millions aujourd’hui. Depuis Jean Fourastié , ce secteur désigné comme le « second secteur de l’économie » n’intervient plus que pour 10 % dans la  formation du PIB au lieu de se situer à minimum 18 %. C’est donc en redressant le secteur industriel que l’économie du pays se redressera : il n’y aura plus de chômage, la balance commerciale redeviendra positive, les dépenses sociales pourront être réduites puisque le pays sera devenu beaucoup plus riche. Et l’économie ayant retrouvé sa vigueur l’endettement ne sera plus nécessaire.

    Relations avec Bruxelles et construction d’une nouvelle Europe

    La France doit-elle se fondre dans une vaste communauté européenne ou bien doit-elle conserver la maitrise de son destin ? Cette question est essentielle.

    Emmanuel Macron n’a qu’un seul projet : dissoudre la France dans l’Union européenne et confier aux autorités de Bruxelles le destin du pays. Il plaide pour une Europe de la défense et la constitution d’une armée européenne : cela suppose qu’une autorité suprême à Bruxelles soit capable de décider de l’emploi de cette force, au lieu des décisions à prendre à l’unanimité dans 27 pays.

    Du fait de la faiblesse de son économie la France ne peut pas s’extraire de la zone euro, mais doit-elle pour autant abandonner à une autorité étrangère la maitrise de son destin ? Il est curieux que sur une question de cette importance les trois candidats n’aient rien eu à dire.

    Maitriser les flux migratoires

    Ils ne vont pas manquer de se renforcer en direction de notre continent.

    Il s’agit de s’attaquer à la racine du mal et de se donner les moyens de surmonter l’obstacle constitué par les refus systématiques des pays africains de récupérer leurs nationaux lorsque le pays souhaite renvoyer chez eux des migrants qu’il ne peut pas prendre en charge.

    La coopération avec l’Afrique

    La seule solution consiste à lancer un grand plan européen de coopération avec le continent africain visant à aider certains de ses pays à se développer économiquement. C’est indispensable puisque ces migrations sont l’expression de l’extrême pauvreté dans laquelle ils se trouvent. Par ailleurs, cela procurerait des moyens de négociation efficaces pour amener les pays qui font les sourds à rapatrier leurs nationaux.

    Il s’agirait donc de modifier totalement la politique de coopération avec les pays africains en limitant cette aide aux trois objectifs suivants :

    Grands travaux d’infrastructures

    Ils seraient réalisés par les entreprises européennes et répondraient aux besoins de ces pays : routes, voies ferrées, réseaux d’électricité et de communication, ports, aéroports…

    Alimentation d’un fonds d’indemnisation

    Il serait alimenté par l’UE et destiné à couvrir les investissements contre les risques politiques africains.

    Aide à la réinstallation dans leur pays d’origine

    Elle concernerait les migrants faisant l’objet d’une procédure d’expulsion, comme par exemple les  OQTF en France.

    Actuellement, les aides à l’Afrique sont complètement dispersées et totalement inefficaces, chaque pays européen menant sa propre politique d’aide au développement. La Commission européenne  intervenant elle aussi via le Fonds européen de développement devenu « Europe dans le Monde » en 2021.

    Il faut renoncer à ce type d’aide. Avec cette nouvelle manière d’opérer, les pays européens renonceraient donc à procéder à de l’aide bilatérale, tous les moyens se trouvant dorénavant concentrés dans les mains de la Commission. L’Europe ne s’occuperait plus que des pays africains, et non plus, comme actuellement, de tous les pays sous-développés du monde.

    La création d’un système d’assurance des investissements des entreprises dans les pays africains serait un élément essentiel de ce plan : en effet des pays en voie de développement ne peuvent pas évoluer sans le concours d’investissements étrangers, ce que les économistes nomment des investissements directs étrangers. Les entreprises étrangères apportent non seulement des capitaux pour créer des usines ou mettre des territoires en valeur mais aussi les know-how dont ces pays sont dépourvus, et elles forment sur place la main-d’œuvre. De surcroît, leur concours est indispensable car ce sont elles qui vont nourrir les exportations avec leurs réseaux de distribution dans les pays développés, là où précisément se trouvent les marchés.

    C’est d’ailleurs de cette manière que s’est développée la Chine.

    Selon une étude de la CNUCED, en 2007 les capitaux étrangers intervenaient en Chine pour 30,9 % dans la production industrielle du pays et pour 60 % dans les exportations.

    Actuellement, l’Afrique bénéficie très peu des investissements directs étrangers car les entreprises redoutent d’être spoliées. D’où la nécessité d’un système d’assurance européen contre les risques politiques à l’exemple de la MIGA créée à Washington par la Banque mondiale.

    L’Europe interviendrait donc dans tous ces pays en retard en termes de développement pour les doter des grandes infrastructures qui leur font défaut. Elle ouvrirait ainsi la voie à ses entreprises pour leur permettre d’agir en Afrique. On en serait à l’objectif OCDE de 0,7 % du revenu national brut de l’Europe, c’est-à-dire environ 100 milliards d’euros par an. On agirait sans intervenir dans les affaires internes de ces pays, la seule préoccupation étant d’être efficaces car il y a urgence.

    Un sondage OpinionWay pour le Cevipof du 10 janvier 2022, indiquait que 32 % des Français se considèrent de droite.

    Pour que le parti LR soit en mesure de les mobiliser, il faudrait qu’il puisse se doter d’un programme d’action bien structuré traitant des trois questions fondamentales qui conditionnent l’avenir du pays :  le redressement économique, construire l’Europe de demain et éviter la submersion de flux migratoires incontrôlables.

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      Lithium pour les batteries : le nouvel or blanc ?

      Michel Gay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 8 November, 2022 - 04:30 · 12 minutes

    Librement inspiré par ce document (25 pages) :

    « Le lithium (Li) : aspects géologiques, économiques et industriels »

    Depuis le début des années 2010, le lithium, un métal blanc et léger jusque-là peu connu attise les convoitises. Sa notoriété nouvellement acquise provient du développement sans précédent des batteries, lié à la transition énergétique et à la mobilité « bas carbone » .

    La France pourrait devenir le plus grand producteur de lithium en Europe en 2027.

    Pourquoi cette ruée vers ce nouvel « or blanc » ?

    Les voitures deviennent électriques, les bicyclettes et les trottinettes suivent.

    En Europe, certains gouvernements veulent même reléguer les véhicules thermiques au rang de lointain souvenir pour rouler « vert », c’est-à-dire électrique dans un futur proche ( entre 8 et 15 ans ).

    La Norvège s’est engagée à bannir les ventes de véhicules à moteur à combustion interne dès 2025 l’Irlande, les Pays-Bas et la Slovénie en 2030, l’Écosse en 2032, et l’Union européenne en 2035 .

    Or, toute cette effervescence autour du transport du futur se fonde sur le stockage de l’électricité dans des batteries dont le lithium est aujourd’hui, et pour longtemps encore, l’un des principaux composants. Sans lui, pas de batterie ni de transition vers un parc automobile « bas carbone » . Des technologies alternatives (au sodium, à l’air…) existent, mais elles ne permettent pas des performances équivalentes à la batterie lithium – et ce probablement pour de nombreuses années encore.

    D’où cet engouement pour cet « or blanc » dont les prix s’envolent ces derniers mois ( +1000 % en deux ans ) alors que jusqu’à récemment ses applications industrielles intéressaient peu de monde et restaient invisibles pour le grand public.

    Ainsi, le carbonate de lithium est par exemple utilisé dans l’industrie du verre (baisse de la température de fusion et amélioration de la résistance physique), dans les céramiques et le raffinage de l’aluminium (abaissement du point de fusion).

    L’hydroxyde de lithium est utilisé dans les lubrifiants ou dans les colorants. Les batteries utilisent les deux formes, carbonate et hydroxyde de lithium.

    Le lithium métal est utilisé en pharmacie et dans le nucléaire militaire avec la bombe H, ou civil avec le projet de réacteur nucléaire par fusion ITER .

    Or aujourd’hui, les batteries occupent une place de plus en plus importante dans le mix de la demande mondiale.

    Source – © 2018 D’après données SQM

    Répartition de la demande en lithium dans les applications industrielles en 2017

    Origine et abondance

    Avec l’hélium et l’hydrogène, le lithium fait partie des trois seuls éléments engendrés par le Big Bang à la naissance de l’Univers, mais il n’est apparu qu’à l’état de trace (10−10 des noyaux formés).

    Il n’est pas non plus synthétisé dans les étoiles où, au contraire, il est détruit par les réactions de fusion nucléaire qui s’y produisent.

    La majorité du lithium de l’Univers (sauf celui issu du Big Bang) est obtenu lorsque des rayons cosmiques cassent des noyaux de carbone, d’azote, d’oxygène en fragments plus petits.

    Ces mécanismes particuliers de formation font que le lithium est un élément beaucoup plus rare dans l’Univers que l’hydrogène et les autres métaux alcalins légers (sodium et potassium).

    Le lithium tire son nom du grec lithos , la pierre, car il a été découvert en 1817 dans des minéraux.

    Sa haute réactivité avec l’oxygène et l’eau l’empêche d’être présent seul dans la nature. Il est toujours sous forme de sels ou d’oxydes dans des minéraux.

    La croûte terrestre en contient environ 20 parties par million (ppm), les océans environ 17 ppm. Des accumulations naturelles en Amérique du Sud en contiennent jusqu’à 0,16 % (1600 ppm, soit 1,6 kg/tonne), et certaines en Australie jusqu’à 4 % (40 000 ppm, soit 40 kg/tonne).

    Le lithium métallique ne peut être stocké que dans l’huile (dans laquelle il flotte) et sous atmosphère protectrice, car il est trop réactif pour être stocké dans l’eau ou l’air.

    Réserves et ressources

    La géologie évoque généralement des « ressources », tandis que l’industrie minière s’intéresse plus particulièrement aux « réserves ». Ces deux notions distinctes méritent d’être éclaircies pour éviter tout malentendu :

    1. Les ressources désignent l’ensemble des volumes d’une matière première contenue dans le sous-sol terrestre. Les « ressources ultimes » désignent la quantité théorique d’une matière contenue dans un volume étudié.
    2. Les réserves tiennent compte surtout des contraintes techniques, économiques, temporelles… Elles désignent les volumes récupérables – d’une matière première, à un instant donné – aux conditions techniques, économiques, environnementales, politiques… ou en passe de l’être.

    Ainsi, les réserves ne constituent qu’une partie seulement des ressources (environ un tiers en ce qui concerne le lithium d’après la Deutsche Bank , un quart pour le pétrole d’après les données de l’Agence Internationale de l’Énergie).

    Plus le prix auquel est vendue la matière première considérée augmente, plus il est possible d’exploiter des gisements plus faiblement concentrés ou plus profonds… et plus les réserves augmentent. À l’inverse, plus le prix décroît, moins les réserves sont importantes.

    Un gisement est quant à lui défini comme une accumulation de matériaux dont l’exploitation fait sens à un moment donné.

    Où se trouve le lithium

    Les deux principaux types de gisements de lithium se trouvent dans des saumures de lacs salés partiellement ou totalement asséchés en altitude (~2000 à 4000 m) dans la cordillère des Andes ( les salars ), ainsi que dans des pegmatites et certains granites.

    Les ressources mondiales de lithium varient beaucoup selon les sources. Elles sont évaluées par la Deutsche Bank en 2017 à 273 millions de tonnes (Mt Li).

    Quant aux réserves mondiales de lithium déclarées aujourd’hui, le chiffre « assez partagé » est de 100 MT Li (c’est un ordre d’idée).

    Les deux figures suivantes montrent que les ressources de lithium sont concentrées d’abord en Amérique du Sud avec plus de 53 % des ressources mondiales.

    Suivent la Chine, avec 30 Mt Li, les États-Unis avec 19 MT Li. L’Australie n’est pas en reste avec 11 Mt Li de ressources. Le reste du monde se partage les 25 % restants.

    Mais les réserves présentent une distribution différente.

    L’Amérique du Sud possède plus de 59 % des réserves mondiales de lithium (60 Mt Li). La Chine suit toujours, mais les États-Unis et l’Australie sont loin derrière. La Bolivie ne figure pas dans ce classement, étant donné qu’aucune des ressources ne sont économiquement exploitables aux conditions techniques, économiques et politiques actuelles.

    Source – © 2019 Adapté de données Deutsche Bank

    Répartition géographique des ressources de lithium (total : 273 MT Li)

    Source – © 2019 Adapté de données Deutsche Bank

    Répartition géographique des réserves de lithium (total : 102 MT Li)

    Il y a une mainmise des pays du triangle du lithium (Argentine, Bolivie, Chili) sur les ressources, et donc sur le potentiel de développement de projets miniers visant son exploitation à long terme.

    De même, la Chine, qui détient des réserves significatives ainsi qu’un tissu industriel développé de la transformation du lithium en produit fini, participe de la concentration de l’exploitation du lithium.

    Or, le contrôle de la production de lithium et de sa transformation pourrait entraîner une forte dépendance de l’Europe (comme pour le pétrole et le gaz) et représenter un risque pour les pays dépourvus d’une telle chaine d’approvisionnement et de ressources suffisantes en lithium.

    Les batteries actuelles nécessitent environ 10 kg de lithium par voiture électrique ayant une batterie de 50 kWh de capacité de stockage, soit environ 50 kg de carbonate de lithium.

    Un parc mondial d’un milliard de voitures électriques en service nécessitera 10 milliards de kg, soit 10 millions de tonnes, soit 10 % des réserves mondiales actuelles.

    Le lithium dans les pegmatites et les granites

    La deuxième catégorie de gisement de lithium est constituée principalement de certaines pegmatites et plus rarement de certains granites riches en lithium.

    Les projets les plus récents ont été développés dans les salars d’Amérique du Sud pour des raisons économiques. Cette situation est susceptible de changer dans les années à venir, étant donné l’importance grandissante de l’hydroxyde de lithium face au carbonate de lithium dans la fabrication de batteries.

    Or, l’hydroxyde de lithium est moins coûteux à produire à partir de « lithium roche ». Et ce dernier est bien réparti sur tous les continents, ce qui est rare dans l’industrie minière, alors que le carbonate de lithium est plus facilement obtenu à partir des saumures d’Amérique du Sud.

    Conséquences géopolitiques et économiques directes : le basculement de l’utilisation des carbonates vers l’utilisation de l’hydroxyde entraînera un rééquilibrage des sources de production engageant une  bataille industrielle entre l’Amérique du Sud, l’Australie, la Chine et l’Europe.

    Plusieurs gisements sont signalés en France, notamment dans les pegmatites des Monts d’Ambazac et dans le granite d’Échassières.

    En Europe (hors France)

    Les niveaux de réserves et de ressources en Europe sont loin d’être significatifs sur le plan mondial.

    Cependant, le développement de projets miniers de production de lithium sur le sol européen participerait à la localisation de la partie amont de la chaine de transformation de la matière première en produit fini proche des centres de consommation. Consciente des enjeux de dépendance économique liés au développement de la mobilité électrique, l’Europe tente aujourd’hui de développer une filière industrielle intégrée de la batterie.

    Deux gisements ont attiré l’attention en Europe (hors France) ces dernières années :

    1. Le gisement de Jadar, en Serbie (projet de la multinationale minière Rio Tinto).
    2. Au Portugal, la société portugaise Lusorecursos espère aussi pouvoir développer une mine de lithium.

    Le lithium en France

    Il existe en France des gisements de lithium . Les réserves sont faibles pour le moment, mais les ressources potentielles importantes.

    Des filons de pegmatites existent dans l’ouest du Massif Central, ainsi que des granites en Bretagne et dans le Massif Central, des sources minérales (Massif Central, Vosges occidentales) et des eaux de forages géothermiques (Massif Central, Bassin Parisien, Alsace).

    Les pegmatites lithinifères du Limousin (Chédeville) associées aux leucogranites de la région d’Ambazac (en Haute Vienne) et un granite de la Creuse (Montebras) ont fourni du lithium depuis la fin du XIX e siècle.

    Au début du XX e siècle, Montebras était même l’une des principales sources de lithium du monde.

    Actuellement, le groupe Imerys exploite (pour l’industrie des céramiques) le granite de Montebras. Le granite d’Échassières fournit maintenant du lithium comme sous-produit de l’exploitation du kaolin. Ces produits lithinifères sont destinés à la verrerie. Les ressources importantes seraient de 24 000 tonnes de lithium.

    Le granite de Beauvoir contient 0,35 % de lithium. Cette mine devrait permettre de produire 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium par an et d’équiper 700 000 voitures électriques par an, selon Imerys.

    Mais au fur et à mesure que le temps avance et que les réserves de lithium sont exploitées, les paramètres économiques évoluent et de nouveaux gisements peuvent être découverts.

    Le ratio réserves/production n’est donc pas significatif car les réserves peuvent augmenter avec le temps…

    L’exemple du gaz et du pétrole est frappant : l’industrie pétrolière déclare des réserves qui augmentent parfois plus rapidement que la production. Ainsi, le ratio réserves/production annuelle est d’environ 50 ans (figure ci-dessous).

    Certes, l’Agence Internationale de l’Énergie déclare que le pic pétrolier pourrait arriver en 2025 et que le monde devrait s’y préparer. Mais pour le lithium, de nouveaux gisements se cachent peut-être sous nos pieds !

    Source – © 2018 D’après BP Statistical Review

    Ratio [Réserves / Production] pour le pétrole, au niveau mondial sur la période 1980-2017

    Impuretés – Le cas du magnésium

    Le magnésium est souvent présent aux côtés du lithium dans les saumures.

    Or, il est l’une des impuretés les plus difficiles et les plus coûteuses à séparer du lithium lors du processus de raffinage. Si sa présence est trop élevée dans les saumures, les exploitants anticipent des difficultés de traitement et abandonnent le projet.

    En Bolivie, les saumures sont beaucoup plus riches en magnésium qu’en Argentine ou au Chili. C’est l’une des raisons pour lesquelles les projets boliviens n’ont pas suscité le même engouement que leurs congénères chiliens ou argentins.

    Le lithium et la fusion nucléaire

    Produire de l’énergie par des réactions de fusion nucléaire contrôlée est le but du prototype expérimental ITER. La réaction nucléaire dans le cœur du soleil fusionne quatre noyaux d’hydrogène (4 protons) pour former un noyau d’hélium. La seule réaction actuellement envisageable sur Terre est la fusion deutérium (un proton collé à un neutron) + tritium (un proton collé à deux neutrons) qui forme aussi un noyau d’hélium.

    Or, si le deutérium s’extrait de la nature (33 g/m 3 d’eau de mer), ce n’est pas le cas du tritium très disséminé : il faut le fabriquer.

    Or, l’une des principales voix de synthèse du tritium utilise du lithium.

    Ainsi, il faudrait 300 kg de Lithium par an (qui correspondent à 30 batteries de véhicules électriques) pour produire les 150 kg de tritium nécessaires au fonctionnement annuel d’un réacteur à fusion de 1000 mégawatts. Ce ne sont pas les (éventuelles) centrales à fusion qui épuiseront les réserves de lithium…

    Étrange lithium qui n’a pas fini de faire parler de lui : après avoir servi au stockage de l’énergie, le lithium servira indirectement, peut-être un jour lointain , à sa production.

    À défaut d’être un nouvel Eldorado, il pourrait bien devenir un nouvel élément naturel stratégique pour l’économie et l’industrie engagées dans la transition énergétique « post hydrocarbure ».

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      L’Allemagne se détourne de la France : c’était à prévoir

      Jean Kircher · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 3 November, 2022 - 04:20 · 3 minutes

    Le mythe de l’amitié franco-allemande est en train d’en prendre un coup. L’Allemagne est fatiguée de nos frasques et de nos éternelles explications pour démontrer que nous restons le stratège politique de l’ Europe et elle le financier bienveillant.

    Depuis des dizaines d’années nous affirmons être d’égal à égal avec l’Allemagne. Or cela n’a jamais été le cas même si pendant les années 1990 le PIB par habitant était comparable.

    Entre-temps, l’Allemagne a récupéré sa sœur de l’est et l’a reconstruite. Bien sûr aussi avec les subventions européennes. Mais contrairement à la France qui telle la cigale chantant haut et fort en se désindustrialisant, l’Allemagne a continué de produire des machines-outils, des automobiles haut de gamme et même des chars Léopard dont elle a vendu 1500 exemplaires à la Grèce en pleine crise économique de cette dernière. La moraline française était remplacée par le pragmatisme et l’efficacité germaniques. L’Allemagne n’a pas eu besoin d’ annuler des ventes de bateaux de guerre à la Russie pour raison de droits de l’Homme. Elle se contentait de faire du commerce sans vouloir redresser le monde et donner des leçons à toute la planète.

    Avec le Brexit, la France s’est soudainement retrouvée en face-à-face avec son puissant voisin.

    Avec la crise énergétique, l’Allemagne réagit enfin après s’être laissée embobiner par les Grünen destructeurs qui en réalité partageaient la vision très française d’un pays à nettoyer de toute pollution et puissance industrielles. Et elle s’en donne les moyens, ce que la France ne peut plus faire car fauchée, endettée, dirigée par des idéologues et des incompétents sans aucune vision d’avenir.

    Et voilà nos médias qui s’effarouchent de cette nouvelle arrogance allemande qui refuse de participer à la construction du SCAF avec la France, qui achète des avions américains, qui prépare un bouclier militaire en excluant la France, qui investit 100 milliards pour reconstituer son armée….

    Et hop ! la France s’affole ! Aucun doute que nos mêmes médias nous serviront bientôt le retour de l’ogre allemand…

    Or il n’y a rien à faire d’un pays qui s’applique à se ruiner lui-même…

    Cette arrogance politique doublée d’une piètre performance économique, l’Allemagne l’a docilement acceptée pendant longtemps car à la sortie de la dernière guerre mondiale on a interdit aux Allemands de penser et de se contenter de travailler pour reconstruire leur pays. Ce qu’ils ont fait…

    Ils ont donc progressivement remonté la pente tout en restant un nain politique, ce qui faisait se  gonfler la grande nation.

    Aujourd’hui ce statu quo est rompu et le risque de partage de l’Europe est grand car les Hollandais, les Danois, les Polonais, les Hongrois et tous les nordiques ne croient plus non plus à la vision française de gestion du monde !

    Il est ridicule de voir notre Macron national tout excité en montant les marches des palais bruxellois et gesticulant devant un Scholtz ébahi de tant de gaieté d’un adolescent revenant d’un camp de vacances.

    Ou ce même Macron se féliciter par téléphone de la victoire de Lula au Brésil . On est un peu gêné d’un président si immature et si peu digne de sa fonction…

    Pour jouer au montreur d’ours encore faut-il qu’il y ait un ours et une France en déclin économique en perd tout crédit politique. Comme le disait à la droite défaite le député André Laigniel au début de la saga mitterrandienne : vous avez juridiquement tort car vous êtes politiquement minoritaires.

    C’est la position actuelle de la France face à l’Allemagne !

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      "Choose France": Où les 6,7 milliards vont-ils être investis?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 11 July, 2022 - 05:33 · 4 minutes

    Ce lundi 11 juillet se tient à Versailles la 5e édition du sommet Ce lundi 11 juillet se tient à Versailles la 5e édition du sommet "Choose France", qui vise à attirer dans le pays des investissements étrangers (photo prise à l'Élysée en 2021).

    ÉCONOMIE - Un record de 6,7 milliards d’euros, 4.000 emplois pérennes et une énorme usine de semi-conducteurs à venir. La cinquième édition du sommet “Choose France” , qui se tient ce lundi 11 juillet au château de Versailles en présence d’Emmanuel Macron, va apporter son nouveau lot d’investissements étrangers en France, dans la santé, les services ou les nouvelles technologies.

    Ces annonces -14 projets au total à travers le territoire- “confirment l’attractivité de notre pays dans les nouvelles technologies” et contribuent à sa “réindustrialisation”, s’est félicité la présidence française dans un communiqué.

    Une usine de quatre milliards d’euros

    Le plus gros projet, une usine de semi-conducteurs pour un “investissement voisin de quatre milliards d’euros”, a notamment été conjointement annoncé par STMicroelectronics, fabricant franco-italien de semi-conducteurs, et Global Foundries, fabricant américain de puces. Une information annoncée en premier par Le Figaro et confirmée par les entreprises ce lundi matin.

    Emmanuel Macron doit effectuer un déplacement mardi à Grenoble, en Isère, lié à cette annonce, poursuit le quotidien.

    Fedex va de son côté créer 1.200 emplois permanents à Roissy, dans le Val-d’Oise; l’Espagnol Amadeus (gestion de réservations touristiques) 800 emplois, notamment à Sophia Antipolis, dans les Alpes-Maritimes; le cabinet de conseil Accenture 500 en Bretagne et le vietnamien Vinfast (automobile) 350 à 400 dans des showrooms et ateliers, a par ailleurs détaillé l’Élysée.

    Par ailleurs, le groupe italien Iveco va développer son site de bus électriques de Rorthais, dans les Deux-Sèvres, ainsi que ses sites d’Annonay (en Ardèche) et Vénissieux (dans le Rhône), a ajouté la présidence française.

    Thermomix, médicaments et intérim

    Le géant britannique du médicament GlaxoSmithKline (GSK) va quant à lui investir dans des essais cliniques, l’Américain Collins Aerospace (avionique, systèmes d’information, qui appartient au groupe Raytheon Technologies) dans la recherche-développement et l’allemand Vorwerk, fabricant du Thermomix, se doter d’un deuxième site de production en Eure-et-Loir, à Donnemain-Saint-Mamès.

    Le groupe néerlandais de travail temporaire Randstad va recruter par ailleurs 7.000 collaborateurs en CDI intérimaire d’ici la fin 2022.

    Le sommet, destiné à vanter l’attractivité de la France, réunira 180 PDG de grands groupes étrangers autour du chef de l’État et des ministres de l’Économie Bruno Le Maire, de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher ou de l’Industrie Roland Lescure.

    Cette participation record (ils étaient 120 à 150 lors des précédentes éditions ) montre un “très fort intérêt des patrons étrangers, suite à la réélection du président”, souligne l’Élysée, toujours dans la son communiqué. Les dirigeants de Coca Cola, Disney, Siemens, Merck Allemagne, des banques américaines Citi, JP Morgan, Morgan Stanley, du conglomérat chinois Fosun ou du groupe australien de services financiers Macquarie se retrouveront sous les ors de Versailles.

    Un agenda économique pour les cinq prochaines années va être détaillé

    Emmanuel Macron rencontrera aussi les “grands fonds souverains”, a précisé l’Élysée. Seront notamment présents ceux des Émirats arabes unis, d’Arabie saoudite, du Koweït, du Qatar et de Corée, ainsi que des fonds canadiens sont cités.

    Comme chaque année, il s’agit de “mouiller le maillot pour défendre la France auprès de ces acteurs étrangers”, relève la présidence. Emmanuel Macron va dérouler son “agenda économique pour les cinq années à venir, notamment sur tout le caractère pro-business et pro-innovation de la France”, ajoute-t-elle.

    La France s’enorgueillit d’être le pays le plus attractif en Europe pour les investisseurs étrangers par le nombre de projets (1.222 en 2021), leur taille étant en revanche généralement plus petite, selon le baromètre du cabinet EY. Le pays bénéficie du “prolongement d’un effet Macron” de libéralisation du marché du travail et de baisse de la fiscalité des entreprises, quand le Royaume-Uni reste pénalisé par un “effet Brexit” et l’Allemagne par un “effet plein emploi” qui complique les recrutements, notait EY en mai.

    Près de 80 projets d’investissements, représentant 12 milliards d’euros et 21.000 emplois, ont été annoncés dans le cadre des sommets “Choose France” depuis 2018. Sur ce total, 25 ont été complètement réalisés, 50 sont en cours de réalisation (dont une usine de batteries dans le Nord) et cinq ont été abandonnés ou reportés. Selon les projets, la part d’aides publiques s’élève de 5 à 10%.

    À voir également sur le HuffPost : Voitures électriques, hydrogène vert, industrie décarbonée... les promesses écologiques de Macron pour 2030

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      Rodolphe Saadé, le milliardaire chouchou d’Emmanuel Macron

      news.movim.eu / Mediapart · Tuesday, 31 May, 2022 - 16:47


    Le patron et propriétaire du groupe CMA-CGM est l’un des milliardaires les plus fortunés du pays. En bonne position pour prendre le contrôle de «La Provence», il va aussi devenir l’un des principaux actionnaires d’Air France. En coulisses, l’Élysée œuvre à cette spectaculaire ascension.