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      Conservationists condemn France’s protest over UK’s bottom-trawling ban

      news.movim.eu / TheGuardian · Monday, 15 April - 17:54


    Paris claims ban breaches UK-EU trade deal but environmentalists say dispute is ‘hypocrisy’, given Macron’s rhetoric on saving oceans

    France has been accused of hypocrisy by conservationists over a fresh post-Brexit dispute with the UK over fishing rights.

    France launched an official protest after the UK banned bottom trawling from parts of its territorial waters last month, with the aim of protecting vulnerable habitats.

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      Amandine Le Pen, l’influenceuse d’extrême droite qui n’existe pas

      news.movim.eu / Numerama · Friday, 12 April - 15:27

    Amandine Le Pen, Chloé Le Pen, Léna Maréchal… Sur TikTok, plusieurs vidéos virales présentent les vies des nièces de Marine Le Pen, qui utilisent le réseau social pour défendre leur « famille » et les idées du Rassemblement national. Il s'agit en réalité de deepfakes, créés avec une intelligence artificielle.

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      The pro-Putin far right is on the march across Europe – and it could spell tragedy for Ukraine | Armida van Rij

      news.movim.eu / TheGuardian · Thursday, 11 April - 14:15

    With Slovakia the latest member to elect a Russia-leaning leader, the EU is increasingly open to hostile interference

    The victory for Peter Pellegrini in Slovakia’s presidential election is just the latest triumph for the far right in Europe. Even though the role of president is largely symbolic, his win over his pro-European rival, Ivan Korčok, by a comfortable six-point margin, consolidates the power of the prime minister, Robert Fico. The result is one of a growing number of victories for politicians supportive of Vladimir Putin in Europe.

    Public support for the far right is sweeping across the continent. In the Netherlands and Portugal , far-right parties have also increased their vote share in recent national elections. Meanwhile, polling ahead of German local elections, and Austrian and Belgian parliamentary elections this year, suggests they are likely to make gains in these countries too. There is a real possibility that Austria’s elections might see a return to power for the far right, Putin-supporting Freedom party, if another party can be convinced to join it in a coalition. There is a sense across Europe that the far right is gathering momentum and expanding beyond its usual core vote.

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      The Guardian view on Aya Nakamura: gifted, black and French | Editorial

      news.movim.eu / TheGuardian · Sunday, 24 March - 17:28 · 1 minute

    A racist backlash to rumours that the pop star may sing at the Paris Olympics should be resisted

    Opening ceremonies to Olympic Games are an opportunity for nations to tell a positive story to the world and to themselves. In 2012, Danny Boyle’s virtuoso portrait of a vibrant, multicultural Britain did just that. Sadly, a far less uplifting narrative has been taking shape across the channel, ahead of this summer’s Olympics in Paris .

    A vicious outpouring of bile from far-right politicians has followed unconfirmed rumours that Aya Nakamura, a black French-Malian pop star, may be chosen to sing at the Paris Games. On the banks of the Seine, a racist banner was unfurled by far-right activists that read: “No way Aya; this is Paris, not the Bamako market.” Last week, Marine Le Pen weighed in , denying Ms Nakamura’s fitness for the Olympics role and ridiculing her lyrics, which deploy the argot typical of the working-class Parisian suburb where she grew up. “I’m going to talk to you about her outfit, her vulgarity, the fact that she doesn’t sing French,” Ms Le Pen said on national radio. “She doesn’t sing foreign either. She sings we don’t know what.”

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      The Guardian view on the 2024 European elections: a continent at the crossroads | Editorial

      news.movim.eu / TheGuardian · Tuesday, 5 March - 18:25

    As campaigning begins for the most important pan-European vote for decades, progressive parties need to respond to the radical right threat

    Across Europe, the sound of starting guns can be heard, as campaigning for the most consequential elections to the European parliament since 1979 gets under way. In Marseille at the weekend, Marine Le Pen and her Rassemblement party’s president, Jordan Bardella, pledged to roll back the European Union’s green deal and take back multiple powers from Brussels – including the right to impose draconian anti-migrant laws. Current polls suggest that this agenda will hoover up a record 30% of votes for Rassemblement, and inflict a humiliating defeat on President Emmanuel Macron.

    Elsewhere, the overall numbers look equally grim from a progressive perspective. According to one analysis , the Eurosceptic, nationalist right is likely to top polls in nine EU states – including founding members Italy, Belgium and the Netherlands, as well as France – and come second or third in nine more, including Germany. In Rome, where Europe’s centre-left gathered to launch its own campaign on Saturday, the Spanish president, Pedro Sánchez, warned that “the very soul of Europe is at risk”.

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      Marine Le Pen could become next French president, minister warns

      news.movim.eu / TheGuardian · Friday, 25 August, 2023 - 13:22

    Gérald Darmanin sounds alarm over far-right leader as he positions himself as centre-right candidate

    The French far-right leader Marine Le Pen could win the next presidential election in 2027, the interior minister, Gérald Darmanin, has warned, as he positions himself as a potential candidate for the centre-right.

    “The fact of the matter is that in five years’ time, a victory for Madame Le Pen is quite probable,” Darmanin told La Voix du Nord , in an interview published on Friday.

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      Le retour du clivage gauche-droite : une nécessité pour un système politique sain

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 20 April, 2023 - 03:15 · 9 minutes

    Qui ne connaît pas le naufrage du Radeau de la Méduse ? Il y a le tableau de Géricault et le récit historique qui, par certains aspects, peut évoquer la situation politique actuelle.

    Le navire Méduse partait de France pour rallier Saint-Louis au Sénégal et reprendre cette colonie perdue. Il était commandé par Chaumareys, un officier de marine qui n’avait plus exercé depuis deux décennies. Proche de l’Afrique, le navire heurte un banc de sable et s’échoue. Alors, tous les passagers partent à bord de chaloupes, canots et du fameux radeau qui sera abandonné en mer. Ce qui est intéressant à mettre en parallèle pour nous est que le radeau, transportant une centaine de personnes, était immergé à un mètre sous l’océan tant il succombait sous son poids. Sur un radeau de 120 mètres de long, les officiers prenaient la meilleure place au centre, là où l’eau était la moins haute et les conditions plus vivables. Les simples soldats et matelots étaient relégués à l’extrême gauche et à droite du radeau.

    Dans un état extrême, les personnes présentes se sont battues, tuées et même dévorées. Tout le monde voulait éjecter les officiers du centre du radeau et prendre leur place. Les officiers rejetaient leurs assaillants sur les extrémités. Au final, quinze survivants sont arrivés à Saint-Louis.

    Ce drame de l’ histoire de la marine fait étrangement écho à la situation politique actuelle. La scène est divisée en trois blocs, chacun accusant l’autre d’une forme d’extrémisme. Cela laisse peu de place aux idées nuancées et modérées. Et si nous en venions à regretter le vieux clivage gauche-droite ?

    Le chaos des partis de gouvernement depuis 2017

    Que n’a-t-on réclamé pendant des années la fin des partis ! Vieille rengaine électorale, les partis  classiques devaient disparaître.

    En 2017 Jean-Luc Mélenchon réclamait déjà, dans une formule pleine de poésie « dégagez-les tous ! »  et « sortez les sortants ! ». Droite, gauche, centre, FN, RN, MoDem, LR, PS : tous semblables et tous devaient céder leur place. Une volonté quasiment réalisée puisque 2017 a tout chamboulé dans le jeu politique national. Un nouvel ordre est né du chaos avec l’élection du président Macron . Un nouvel ordre qui n’a toujours pas trouvé son agencement car, en 2023, le paysage politique n’est toujours pas clair, les partis dits de gouvernement ne sont pas reconstruits et cherchent encore des leaders.

    Regardons la situation du Parti socialiste.

    L’élection de 2017 fut rude. François Hollande a dû renoncer bien tôt , en décembre 2016 : une réelle erreur stratégique car il a ouvert le boulevard à Emmanuel Macron alors qu’au fond, rien ne le pressait, si ce n’est l’organisation de la primaire de la « Belle Alliance Populaire ». Lors de celle-ci, Manuel Valls , l’héritier présomptif a perdu et n’a pas respecté son engagement de soutenir le vainqueur, qui fut Benoit Hamon , le plus à gauche d’entre tous. Il n’a finalement récolté que 6 % des suffrages.

    S’en est suivie la fuite des grands noms vers le macronisme naissant et triomphant ou la disparition des poids lourds du socialisme dans les élections législatives suivantes. Le vieux parti de Mitterrand a totalement perdu pied jusqu’à devenir invisible pendant tout le premier quinquennat du président Macron. Un parti qui se revendiquait de gouvernement, naviguant sans boussole ni inspiration ne pouvait, à terme, que se dévoyer et se perdre. Ce fut chose faite puisque le parti s’est dirigé vers Olivier Faure qui a su lui redonner, contre toute attente, une forme de vie. C’est son mérite. Mais il n’en devient pas plus crédible aux yeux des électeurs. Depuis un an, le vieux PS est sous la coupe de la France Insoumise. Cette année, il est bousculé par une scission interne qui menace de le diviser de façon définitive. Hors de la NUPES, aucune alternative de gauche pour l’instant et d’autant moins lorsqu’on voit comment Olivier Faure a fait du PS un parti d’agitateurs et non plus un parti digne de diriger le pays.

    De l’autre côté, la situation de la droite dite de gouvernement n’a pas été plus glorieuse. Pulvérisée par l’affaire Fillon , elle pensait avoir du temps pour penser sa refondation autour d’idées nouvelles, d’un projet innovant et de personnalités marquantes. Problème, il n’y a rien eu de tout cela. Pire, aucun observateur politique n’est capable de dire qui incarne franchement cette droite historiquement habituée à diriger le pays, puisqu’Éric Ciotti, jadis si farouchement opposé au président, se dirait désormais prêt à accepter d’entrer au gouvernement, Laurent Wauquiez déçoit car il n’intervient jamais, Xavier Bertrand court les plateaux et les médias mais n’imprime pas. La droite n’a plus ses vieux ténors. Elle voulait dépoussiérer et proposer de nouveaux visages et usages. Jusqu’à présent, ce n’est pas un pari réussi.

    Ce constat des vieux partis en déshérence interpelle le commentateur politique et appelle à un constat : après plusieurs années de gouvernance par le bloc central, il est temps de ressusciter le clivage gauche-droite.

    L’impossibilité du en même temps

    Plaider pour le retour du vieux clivage oblige à dénoncer le fameux « en même temps ». L’honnêteté intellectuelle exige de constater qu’il est impossible d’être ET de gauche ET de droite, tant sur le plan philosophique que dans la traduction politique concrète. On ne peut penser une chose et son contraire. On ne peut s’accommoder de tout et avec tout le monde. Autrement, cela s’appelle le renoncement et le projet initialement pensé ne peut aboutir. Les petits arrangements, les pas de deux prennent l’ascendant.

    Or, lorsqu’on a une vision politique, un but et des objectifs pour son pays, on les présente frontalement aux électeurs et on les porte. Depuis 2017, cette philosophie était dénoncée mais elle est devenue une faille béante en pleine majorité relative depuis l’échec, relatif, des législatives 2022 . Cela se voit notamment avec ce que propose la Première ministre et ses « majorité de projet » ou majorité texte par texte. Il s’agit de saucissonner les propositions de lois, de faire en sorte que telle partie plaise à tel groupe et que l’on puisse s’accommoder avec un autre pour ne pas renoncer totalement au projet de loi. Par nature, cela implique un texte dénaturé et une forme de renoncement.

    Autre exemple à venir du problème que représente le « en même temps » avec le projet de loi sur l’immigration portée par la majorité dans les prochains temps. Elle aura énormément de mal à aboutir à moins de plusieurs renoncements. Il faudra aller chercher des voix à droite sans pour autant déplaire à l’aile gauche de Renaissance. Les Républicains pensent pouvoir imposer leurs idées à un gouvernement affaibli par la séquence des retraites mais encore faut-il qu’elles soient acceptées et que la partie gauche de la majorité y souscrive, ce qui est loin d’être gagné. Finalement, face à l’électeur, que reste-t-il ? Une mesure de droite, de gauche ? Juste, injuste ? Utile ou inutile ? C’est flou et c’est ce balancement qui ne fait qu’agrandir l’incompréhension des citoyens.

    La place pour les vieux partis et des nouveaux visages

    Tout système politique sain doit naviguer dans la clarté. Dans la mesure du possible, les hommes et les partis doivent être identifiables.

    À une époque pas si lointaine et imparfaite nous avions des personnalités politiques avec des positionnements bien plus clairs que ce que nous voyons en 2023. Ainsi, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Laurent Fabius, Philippe Séguin, Michel Rocard, Lionel Jospin, Raymond Barre étaient clairement identifiés par les Français. Aujourd’hui, peut-on sincèrement dire qu’un LR est réellement LR ou un socialiste un socialiste ?

    Geoffroy Didier, ancien directeur de la communication durant la campagne de Valérie Pécresse l’a formulé dans une jolie formule récemment :

    « Macron fait semblant de vouloir une alliance avec la droite mais ne la veut pas. À droite, ils font semblant de ne pas la vouloir alors qu’ils la veulent ».

    Malgré tout, il y a un point positif dans cette situation : le paysage semble se renouveler et proposer des profils intéressants de tous les côtés. Peu importent nos opinions, nos positions, dans un pays libre politiquement il est toujours sain de voir des nouvelles têtes et de ne pas être réduit à devoir choisir entre le président, Jean-Luc Mélenchon Marine Le Pen. En ce sens, il est intéressant de voir émerger des François Ruffin , David Lisnard , Bernard Cazeneuve, Nicolas Meyer-Rossignol, Jordan Bardella, Aurélien Pradié, Carole Delga tout simplement parce qu’ils offrent des alternatives, des choix différents, des perspectives. Beaucoup craignent d’être enfermés, et les derniers sondages le montrent, dans un sempiternel combat entre Renaissance et les extrémités du paysage politique. Mais ce n’est pas une fatalité.

    Si un citoyen ne vote pas pour l’alliance NUPES, peut-être ne se tournera-t-il pas pour autant vers Renaissance car il estimera qu’il existe un monde entre sa vision de la gauche et les deux seules options proposées. Si un autre vote à droite, peut-être qu’il ne se retrouvera pas dans les idées prônées par le Rassemblement national sans pour autant se retrouver dans l’aile droite de la majorité ou Horizons. Il est donc vital de proposer des projets qui ne soient pas nécessairement des outrances ou des ruptures fondamentales.

    À cette aune, il faut saluer tous les partis, toutes les initiatives et tous les visages qui vivent, se déploient, font preuve de différence dans le paysage actuel. De droite ou de gauche, ils sont essentiels à un système politique sain. La situation du Parlement remet beaucoup de choses en perspective et offre des opportunités. À tous les volontaires de les saisir et surtout à la droite et à la gauche classiques de profiter de cet espace pour se reconstruire une légitimité, un cadre, un corpus et avancer.

    Alors, oui, il faut revenir au vieux clivage gauche-droite d’antan : parce qu’il avait le mérite d’être clair, de différencier les partis, d’avoir des offres rationnelles et pas exclusivement radicales, parce qu’il laissait la place à des oppositions et personnages modérés alors qu’aujourd’hui le système politique ne laisse la place qu’aux outrances, à beaucoup d’inculture et d’inconséquence.

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      Réforme des retraites : Macron face au pays

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 4 February, 2023 - 11:18 · 13 minutes

    Si la mobilisation dans la rue et l’opposition à la réforme des retraites grandit, le gouvernement reste pour l’instant inflexible. Une opposition frontale qui risque de durer : la détermination des manifestants s’explique par la dureté des conditions de travail et la certitude que cette bataille sera déterminante pour bloquer l’agenda néolibéral d’Emmanuel Macron. Une analyse partagée par la majorité, ce qui explique qu’elle n’entende rien lâcher. Alors que la bataille se déroule désormais sur deux fronts, le Parlement d’un côté, la rue et les entreprises de l’autre, une défaite des syndicats offrirait un boulevard vers le pouvoir pour l’extrême-droite. Seule une grande vague de grèves peut entraver ce scénario.

    Plus le temps passe et plus l’opposition à la réforme des retraites s’étend. Après une première journée très réussie le 19 janvier, le gouvernement a passé les deux dernières semaines à se prendre les pieds dans le tapis. Arguments contradictoires, refus de toute modification du cœur du projet, tentative de manipulation de l’opinion par un dîner entre Macron et 10 éditorialistes , humiliation du Ministre du travail Olivier Dussopt durant des débats télévisés… Le plan de bataille concocté par les cabinets de conseil et les technocrates a lamentablement échoué. Comme lors du référendum de 2005 sur la Constitution européenne, plus les élites font de la « pédagogie », plus les Français s’informent et leur opposition s’étend. Résultat : le 31 janvier, le nombre de manifestants a augmenté de 40% et atteint des niveaux historiques depuis 30 ans avec 2,8 millions de personnes dans la rue selon les syndicats. En parallèle, les sondages successifs indiquent tous une hausse du soutien à la contestation et une colère croissante contre la réforme et le gouvernement .

    Pourquoi la réforme passe si mal

    Si l’issue de la réforme est encore incertaine, la bataille de l’opinion aura donc été gagnée rapidement. Outre les couacs et la suffisance des ministres et des députés macronistes, cette victoire écrasante des opposants s’explique par trois facteurs : l’absence de justification de la réforme, un changement de perception du travail et un contexte de colère sociale latente depuis des mois.

    D’abord, la réforme elle-même. A mesure qu’elle est étudiée sous tous les angles, chacun découvre une nouvelle injustice. On pense notamment aux femmes, pénalisées par leurs carrières souvent incomplètes de l’aveu même du ministre Stanislas Guérini ou au minimum vieillesse à 1200 euros rendu incertain par des « difficultés techniques » (sic). Surtout, la grande majorité des Français a compris que le régime actuel de retraites n’est pas en péril et que cette réforme n’a rien d’inéluctable, comme l’a rappelé à plusieurs reprises le Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Les arguments de la gauche, qui propose d’autres méthodes pour équilibrer le système et ramener l’âge de départ à 60 ans, ont aussi réussi à percer : l’augmentation des salaires, la suppression des innombrables exonérations de cotisations , l’égalité de salaires entre les femmes et les hommes, la taxation des patrimoines et dividendes, voire la hausse des cotisations sont d’autres possibilités, bien plus justes que de forcer les Français à travailler deux ans de plus. A force de miser sur le caractère technique de la réforme pour la faire passer, le gouvernement aura finalement réussi à intéresser les citoyens au fond de son projet. Le mépris permanent des macronistes a fait le reste. Comme l’a résumé Richard Ramos, député MODEM (parti membre de la majorité), « la pédagogie c’est dire “j’ai raison, vous êtes des cons ” ».

    Si les Français restent attachés à la « valeur travail », ils sont également 45% à déclarer se lever uniquement pour le salaire.

    Outre le caractère injustifié de la réforme, celle-ci se heurte aussi à un changement de regard sur le travail . Rester deux ans de plus dans l’emploi est d’autant plus impopulaire que cela paraît impossible pour beaucoup. D’abord, il y a ceux qui craignent de mourir avant la retraite . Pour les autres, il faut conserver son poste dans un pays où le taux d’emploi des seniors est particulièrement bas ( 35,5% chez les 60-64 ans ). Un problème sérieux auquel le gouvernement entend répondre par un index, un dispositif qui a déjà montré son inutilité totale contre les inégalités de salaires entre hommes et femmes. En outre, le travail devient plus dur pour beaucoup : le nombre de travailleurs cumulant au moins trois critères de pénibilité physique a triplé depuis les années 80 en raison de l’intensification du travail. La souffrance psychique et les burn-outs ont eux aussi explosé. S’ajoute aussi la crise de sens du travail, un phénomène d’autant plus important ( 60% des actifs sont concernés ) qu’il peut s’expliquer par des facteurs très divers (sentiment d’exercer un « bullshit job », manque de moyens pour bien faire son travail, contradiction avec ses valeurs…). Enfin, ce panorama est complété par une instabilité croissante de l’emploi avec la multiplication des CDD, intérim et autres régimes précaires. Ainsi, si les Français restent attachés à la « valeur travail », ils sont également 45% à déclarer se lever uniquement pour le salaire . Dans ces conditions, on comprend que 93% des actifs rejettent la perspective de se voir confisquer deux années de repos mérité.

    Enfin, cette contre-réforme arrive dans une période de grande tension sociale dans le pays. Alors que les salaires sont rognés par une inflation inédite depuis des décennies, le sentiment de déclin et d’appauvrissement se généralise. Les petits chèques, la remise à la pompe ou le bouclier tarifaire n’ont en effet pas suffi à contenir la baisse de pouvoir d’achat de la majorité de la population. Pendant ce temps, les multinationales de certains secteurs (énergie, transport maritime, négoce de céréales…) ont réalisé des superprofits colossaux que le gouvernement se refuse à taxer. Un deux poids deux mesures qui a de plus en plus de mal à passer. L’inaction face à la dégradation de plus en plus visible des services publics (santé, éducation, justice) et au changement climatique après un été caniculaire et une sécheresse historique inquiète aussi une grande part de la population, qui craint de laisser un pays « tiers-mondisé » à ses enfants. Ajoutons enfin que les élections de 2022 dont se prévaut le Président de la République pour justifier sa réforme ne lui ont pas donné une grande légitimité : il a en effet été réélu en grande partie par défaut et a perdu sa majorité absolue au Parlement. Dans un tel contexte, l’écrasante majorité de la population ne comprend pas pourquoi cette réforme non nécessaire est une priorité politique.

    Une bataille parlementaire compliquée

    La réponse à cette interrogation est double. D’une part, Macron ne digère toujours pas de ne pas avoir pu aller jusqu’au bout de sa tentative d’attaque du système de retraites en 2020. Son électorat attend d’ailleurs de lui qu’il renoue avec l’ardeur néolibérale dont il faisait preuve jusqu’à la crise sanitaire. Affaibli par les dernières élections, le chef de l’Etat compte sur cette réforme pour indiquer à ses soutiens qu’il ne compte pas se « chiraquiser », c’est-à-dire être un Président plutôt absent et sans cap pour son second mandat. D’autre part, Emmanuel Macron veut achever ce qui reste des Républicains, en les forçant à le soutenir ou à rejoindre Marine Le Pen. Or, la réforme des retraites est depuis longtemps une revendication majeure des élus LR. Macron espère donc leur tendre un piège : soit ils la votent et devront finir par assumer que le locataire de l’Elysée applique leur programme, et donc le soutenir; soit ils ne la votent pas et leur retournement de veste les pulvérisera à la prochaine élection.

    Initialement, ce calcul politique semblait habile. Mais l’ampleur de la contestation inquiète jusque dans les rangs de la Macronie et des LR. Or, 23 défections dans le camp présidentiel ou chez les Républicains suffisent à faire échouer l’adoption du texte à l’Assemblée Nationale. Un scénario possible selon les derniers décomptes menés par Libération et France Inter , qui indiquent un vote très serré. Pour trouver une majorité, le gouvernement n’a donc plus d’autre choix que de menacer les parlementaires : sans majorité, il dégainera l’article 49.3 et envisagera sérieusement de dissoudre la chambre basse . Or, nombre de députés ont été élus par une très fine majorité en juin dernier et craignent de voir leur siège leur échapper. Cette perspective peut les conduire à réfléchir à deux fois avant de rompre la discipline de vote.

    Cette réforme est une occasion en or pour Marine Le Pen de faire croire qu’elle défend les conquêtes sociales, tout en ne prenant aucun risque.

    Pour les deux autres blocs politiques, la NUPES et le Rassemblement National, cette séquence paraît plus simple à aborder : leur opposition au texte les place du côté de la majorité des citoyens. A gauche de l’hémicycle, on se prend à espérer une première victoire majeure contre Macron. Un succès dont l’alliance bâtie hâtivement à la suite des présidentielles aurait bien besoin pour survivre : l’affaire Quatennens, le congrès du PS, les petites polémiques successives et la perspective des élections européennes fragilisent fortement l’union. Une attaque sur un symbole aussi fort dans l’imaginaire du « modèle social » français – ou du moins ce qu’il en reste – offre donc une occasion de tourner la page des derniers mois. Toutes les armes sont donc sorties : réunions publiques en pagaille, participation aux manifestations, tournée des plateaux, tsunami d’amendements…

    Du côté du Rassemblement National, on jubile. Cette réforme est une occasion en or pour Marine Le Pen de faire croire qu’elle défend les conquêtes sociales, tout en ne prenant aucun risque. Le RN doit en effet faire oublier qu’il a voté contre l’augmentation du SMIC et proposé de supprimer des cotisations patronales , ce qui revient à fragiliser la Sécurité sociale dont le système de retraites fait partie. Heureusement pour la dynastie Le Pen, le gouvernement lui a offert une belle opportunité de marquer des points. Ainsi en est-il de la demande de référendum sur la réforme des retraites, une proposition initiée par les communistes, reprise ensuite par la NUPES et le RN : au terme d’une procédure contestable, la défense de cette motion référendaire a été confiée à l’extrême-droite. D’ores-et-déjà, le PS et EELV annoncent qu’ils ne la voteront pas afin de ne pas légitimer le RN. Avant même le vote le 6 février prochain, Marine Le Pen a donc déjà gagné : si cette motion est soutenue par la FI et le PCF, elle pourra affirmer qu’elle est rassembleuse; si les députés de gauche la rejettent, elle pourra les accuser de sectarisme et de malhonnêteté.

    L’urgence d’une grève générale

    Pour chacun des trois blocs politiques majeurs, la bataille des retraites est donc décisive. Du côté de la Macronie, arriver à passer en force contre les syndicats et la majorité de la population sur un sujet aussi essentiel serait une victoire comparable à celle de Margaret Thatcher contre les mineurs britanniques en 1984 . Le pouvoir espère qu’une telle démonstration de force permettra de réinstaurer un climat de résignation et de nihilisme pour un moment, lui permettant de terminer son œuvre de destruction du pays. Dans le cas où ce scénario deviendrait hors de portée, Macron a cependant élaboré un plan B : la dissolution de l’Assemblée. « Au mieux, ce serait l’occasion de retrouver une majorité absolue dans l’hémicycle. Au pire, le Rassemblement national (RN) remporterait une majorité de sièges » estime le camp présidentiel . Macron ne paraît pas très inquiet par cette seconde éventualité : si Marine Le Pen accepte Matignon, il espère que cela l’affaiblira; si elle refuse, il pourra affirmer qu’elle ne veut pas le pouvoir ou n’est pas capable de l’exercer.

    Si ce scénario est évidemment risqué, le chef de l’Etat sait que son camp a tout intérêt à affronter l’extrême-droite au second tour. Il espère donc la renforcer juste assez pour qu’elle passe devant la gauche au premier tour, puis la battre au second. Ce calcul cynique convient très bien à Marine Le Pen, puisqu’il la renforce sans qu’elle n’ait besoin de faire de grands efforts. La cheffe des députés RN a également un discours bien rodé en cas de passage de la réforme : comme avec la NUPES dans l’hémicycle, elle n’hésitera pas à accuser les syndicats d’incompétence et d’hypocrisie, en arguant que ceux-ci ont appelé à la faire battre au second tour. La combinaison de cette délégitimation du mouvement syndical et de la gauche avec la colère de Français exaspérés par la dégradation de leur niveau de vie lui offrirait alors un boulevard vers l’Elysée.

    Le mouvement social compte un soutien de poids : l’opinion. 64% des Français tiendraient le gouvernement pour responsable en cas de blocage du pays.

    Ainsi, au-delà de la protection d’une conquête sociale majeure, la bataille actuelle risque de peser lourd dans la prochaine élection présidentielle. Casser la relation vicieuse de dépendance mutuelle entre le bloc bourgeois et l’extrême-droite nécessite une victoire du mouvement social contre cette réforme. Si la mobilisation des députés dans l’hémicycle et des manifestants dans la rue constitue deux points d’appui importants, ils risquent cependant de ne pas suffire. Au Parlement, le temps contraint du débat, le probable retour à la discipline de vote chez Renaissance et LR et la possibilité d’un 49.3 laissent peu d’espoirs. Dans la rue, la mobilisation considérable est encourageante, mais elle risque de s’étioler au fil des semaines et la répression – pour l’instant très faible – peut faire rentrer les manifestants chez eux.

    Seules de grandes grèves peuvent faire plier le gouvernement : si les salariés ne vont plus travailler ou que l’approvisionnement des entreprises est remis en cause, le patronat se retournera contre le gouvernement, qui n’aura d’autre choix que de reculer. Pour l’instant, les syndicats se montrent plutôt timides, préférant des « grèves perlées » environ un jour par semaine à des grèves reconductibles. Bien sûr, l’inflation et l’affaiblissement du mouvement ouvrier rendent l’organisation de grèves massives plus difficile que par le passé . Mais le mouvement social compte un soutien de poids : l’opinion. Selon un récent sondage, 64% des Français tiendraient le gouvernement pour responsable en cas de blocage du pays . Un tel chiffre étant particulièrement rare, les syndicats ont tout intérêt à s’en saisir. En outre, des actions comme le rétablissement de l’électricité à des personnes qui en ont été coupé pour impayés ou sa gratuité pour les services publics conforte l’appui des Français à la lutte des salariés. Après la victoire de la bataille de l’opinion et du nombre dans la rue, il est donc temps de passer à l’étape supérieure : la grève dure. Face aux tactiques immorales du gouvernement et de l’extrême-droite, cette stratégie apparaît désormais comme la seule capable de les faire battre en retraite.

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      Langue de bois 2.0 : le langage unique

      Pascal Avot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 20 December, 2022 - 03:50 · 7 minutes

    Le peuple pense que le monde politique et médiatique contemporain parle la langue de bois. Il dénonce par là un langage cynique, tissé de mensonges, affreusement prévisible et parfaitement lisse. Il part du principe que tous les politiciens en usent tout au long de leurs carrières, à droite comme à gauche. C’est une des raisons principales du rejet dont ils font l’objet, car cela démontre, pense-t-on, qu’aucun n’est sincère et que tous se valent.

    La vaine promesse de Jean-François Copé

    En mars 2006, Jean-François Copé publiait chez Hachette un livre au titre emblématique : Promis, j’arrête la langue de bois . Comme lui, la plupart des leaders politiques français, conscients de l’aversion des électeurs pour la langue de bois, assurent la détester. À tel point que le simple fait de déclarer qu’il faut en finir avec elle est devenu un de leurs éléments de langage prioritaires, un passage obligé dans le contexte électoral et, surtout, l’alibi idéal pour la parler impunément. Dans le brouhaha politique français, « Je veux vous le dire sans langue de bois » est devenu aussi courant que « Je crois aux valeurs de la République » ou « Je suis allé à la rencontre des Français ».

    Selon le peu de style de chacun, tout est bon pour signaler frauduleusement que l’on s’exprime en français courant et non en langue de bois. On peut intercaler dans ses discours des jurons (Fabius : « On est la France, nom de Dieu !), des onomatopées (Chirac : « Ça a fait pschit ! »), des jeux de mots (Aubry : « Quand c’est flou, il y a un loup ! ») ou de l’argot (Sarkozy : « On va vous en débarrasser, de ces racailles ! »). La résonance médiatique est alors assurée, même si elle ne dure guère plus de vingt-quatre heures. Lorsqu’un politicien sort du cercle magique de la langue de bois pour, l’espace d’une phrase, s’exprimer tel un être humain digne de ce nom, les journaux télévisés et les réseaux sociaux s’en emparent comme d’un événement majeur. C’est dire si la nation souffre que l’on ne s’adresse plus à elle que de façon stéréotypée, impersonnelle et glaciale.

    Le peuple torturé

    Emmanuel Macron, bien conscient d’incarner aux yeux du citoyen la technocratie unanimement exécrée, est spécialiste de ces bonds de côté linguistiques lui permettant, croit-il, de passer pour un homme insolent, doté d’une âme fraîche et libre. « C’est de la poudre de perlimpinpin», « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder », « Un pognon de dingue » : on ne compte plus ses bons mots de mauvaise facture. Embarrassée, la population assiste à ces foucades verbales comme le laquais embarrassé écoute l’aristocrate, son maître, ayant bu le verre de trop et narrant, le jabot de travers et l’œil vitreux, des anecdotes graveleuses sur son épouse. Ces épisodes sont interprétés comme autant de signes contradictoires de l’enfermement à vie de Macron dans la forteresse de la langue de bois. Car tout le monde voit le truc : il n’y a aucune magie. Si le président exhibe ses dérapages, ce ne sont plus des glissades imprévues mais des calculs pervers de trajectoire.

    Entendre, diffusée en boucle depuis des décennies, sur toutes les chaînes de télévision, la langue de bois du pouvoir – et sa jumelle monozygote, celle de l’opposition – est une souffrance pour la communauté entière. Mais l’affaire est encore plus douloureuse si la classe politique joue à ne plus être elle-même et prétend s’affranchir de sa propre pesanteur en parlant une langue de bois dont le motif central est de mimer la lutte contre la langue de bois.

    La langue concentrique

    Historiquement, il a existé une langue de bois première, celle de l’URSS et du marxisme-léninisme, admirablement décrite par Françoise Thom dans La langue de bois , ouvrage définitif sur la question, d’une précision scientifique et d’une profondeur remarquable. En France, cette langue de bois originelle, pure et dure, se cantonne aujourd’hui aux groupuscules de la gauche la plus rouge. Dans les autres formations politiques, on peut toute fois trouver ce que nous appellerons, faute de mieux, la langue concentrique.

    Citons-en un exemple : « Nous sommes entrés dans un cycle de crises aiguës, sanitaire, écologique, économique et sociale. La guerre tue à nouveau sur le continent européen. Cette réalité est devenue une source de profonde inquiétude pour nos concitoyens. L’inquiétude de ne pas pouvoir payer ses factures à la fin du mois, l’inquiétude de ne pas avoir de quoi faire le plein d’essence pour aller travailler, l’inquiétude de ne pas trouver un médecin près de chez soi pour ses enfants ou une place aux urgences, l’inquiétude pour un parent âgé et dépendant, l’inquiétude de ne pas bénéficier d’une retraite digne, l’inquiétude du réchauffement climatique que nous avons vécu concrètement cet été, l’inquiétude de l’érosion massive de la bio-diversité, l’inquiétude que nos enfants vivent moins bien que nous, l’inquiétude de la guerre. »

    Ce paragraphe est l’introduction d’une Contribution Générale du Parti socialiste en préparation de son 80ème congrès, prévu pour 2023. Elle est, on l’aura noté, d’un prodigieux ennui. On n’a pas terminé de la parcourir qu’elle est déjà oubliée : elle n’adhère pas au cerveau du lecteur. Et ce pour une raison très intéressante : elle pourrait convenir à n’importe quel parti. Imaginez-la en tête d’un document officiel ou d’un meeting de LFI, du PCF, du PS, du Modem, de LR, du RN, de Reconquête : il n’y aurait pas une seule virgule à changer. Sans la moindre exception, la totalité des éléments qui la constituent ont figuré dans des discours gauchistes, communistes, écologistes, socialistes, gaullistes, libéraux et nationalistes au cours de l’année écoulée. Un vertige étreint l’électeur : on a l’impression que la démocratie, différenciante par nature, a disparu.

    Pensée unique ?

    Ce copié-collé lancinant, ce jeu de miroirs où l’intelligence du citoyen se sent piégée, est vomi par l’accusation infamante de « pensée unique ».

    Or, la rue se trompe. Car la pensée unique n’existe nullement, pas plus que l’État profond dont nous avons parlé dans un article précédent . Jean-Luc Mélenchon et Éric Ciotti ne pensent pas de manière « unique » : même s’ils ont en commun l’ambition et l’arrogance propre à leur profession, même s’ils partagent l’étatisme qui ruine la France et même s’ils prononcent mot pour mot les mêmes phrases dans les mêmes émissions, leurs références et leurs visions du monde diffèrent, leurs projets et leurs stratégies également, tout comme leurs électorats et leurs bases militantes. Omniprésente de nos jours, l’exclamation « Ils sont tous pareils ! » est une grave erreur d’appréciation. Elle favorise le relativisme, le pessimisme, l’extrémisme et le complotisme.

    Il fut un temps où seule la gauche parlait la langue de bois. Son vocabulaire pierreux et ses formules tétanisées était l’apanage des staliniens, des trotskistes et des maoïstes. Mais au fil des alliances électorales et des manifestations unitaires, le PS a adopté ces clusters idéologiques tout en les adoucissant légèrement. Les termes les plus brutaux et les formules les plus vengeresses ont disparu, faisant place à des appellations plus présentables à la classe moyenne. « Prolétaire » est devenu « défavorisé ». L’ennui est que via son aile giscardienne, puis bayrouïste, la droite a prolongé la contagion : le centre-droit a adopté les tics de langage du centre-gauche. La propagation a continué chez les gaullistes. Elle s’est étendue jusqu’aux nationalistes. Si bien que lorsqu’elle parle d’économie, Marien Le Pen peut désormais singer le collectivisme sans la moindre vergogne – et ne s’en prive certes pas.

    Le cas Marine

    La socialisation du lepénisme est le phénomène le plus intéressant et le plus éclairant en politique française depuis trente ans.

    À la fin les années 1980, se glissant dans le sillage de Thatcher et Reagan, Jean-Marie Le Pen prônait une libéralisation massive de l’économie. À l’inverse, la course à la présidentielle de 2022 a vu sa fille foncer à gauche toute, adopter un positionnement économique furieusement antilibéral et obtenir un réel succès aux élections législatives. Comment a-t-elle été contaminée ? Ce sera l’objet de notre prochain article, qui examinera un virus très particulier : le mot « social », qui est le centre de la spirale de la langue concentrique.